[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j j�tilrîw* 588 ûttr faite l’épurement des différente membres es Administrations de leur département. Renvoyé an comité de Salut public (1). Les citoyennes des halles apportent un don patriotique en réjouissance de la reprise de Toulon, elles demandent grâce en faveur du citoyen Vizon, condamné à la déportation par un jugement. La Convention ordonne la mention honorable du don, l’insertion au « Bulletin » et, sur la pro¬ position d’un membre, elle passe à l’ordre du jour sur la demande à fin de grâce en faveur du citoyen Vizon (2). Comme rendu du Journal de la Montagne (3). Les citoyennes des Halles sont admises à la barre. Elles offrent, pour les femmes et enfants des libérateurs de Toulon, une portion du fruit de leurs pénibles travaux et sollicitent avec instance la grâce d’un nommé Vizon, condamné à être déporté pour propos inciviques. Mention honorable de leur offrande et l’ordre du jour sur l’objet de leur pétition. (1) Procès-verbaux de la Convention, t, 28, p. 229. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 229. (3) Journal de la Montagne [n° 51 du 14 nivôse. an II (vendredi 3 janvier 1794), p. 406, col. 2], D’autre part, le Mercure universel [14 nivôse, an II (vendredi 3 janvier 1792), p. 223, col. 1], et le Journal de Perlet [n° 468 du 14 nivôse, an II (ven¬ dredi 3 janvier 1794), p. 266] rendent compte de la pétition des citoyennes des Halles dans les ternies Suivants. I Compte rendu du Mercure universel. Des citoyennes des Halles viennent réclamer l’indulgence de la Convention pour un inspecteur à la vente des marées, dénoncé par l’un de ses ennemis et condamné par le tribunal révolutionnaire à la peine de la réclusion. Ce fui lui, Vizon, qui le premier, planta l’arbre de la liberté au milieu des halles. Il fut l’un des plus ardents et des premiers défenseurs de la Révolution, dit l’orateur, les citoyennnes du 5 oc¬ tobre 1789, qui se transportèrent à Versailles pour soumettre le tyran, réclament la grâce de Vizon. La Convention adopte l’ordre du jour sur cette pétition. II. Compte rendu du Journal de Perlel. Une dépulalion des citoyennes des Halles est admise à la barre. L’orateur après avoir assuré qu’elles partagent la joie commune sur nos glorieux triomphes, fait hom¬ mage, en leur nom, d’une offrande patriotique en faveur des libérateurs indigents du Port-de-la-Mon-tagne. Il sollicite ensuite la grâce d’un particulier sur le sort duquel le tribunal a prononcé. La Convention nationale décrète la mention hono¬ rable de l’offrande et passe à l’ordre du jour sur la grâce demandée. Suit l’adresse dos citoyennes des Halles (1). Lee citoyennes des Halles, à la Convention nalionale. « Représentants du peuple, « Les citoyennes des Halles ont entendit les cris de Victoire qui Ont retenti dans lès murs de Toulon ; elles partagèrent avec tous les bons Français l’indignation qu’excita l’infâme trahi¬ son des habitants de cette ville; elles partagent aujourd’hui la joie commune et la reconnais¬ sance due aux soldats intrépides qui ont arra¬ ché ce port à la stupide et féroce domination de l’Espagnol et de l’Anglais, « Représentants du peuple, les citoyennes des Halles ne se borneront point à des hom¬ mages stériles, elles déposent entre vos mains une portion du fruit de leurs pénibles épargnes; elles vous prient d’ajouter cette modique offrande aux secours destinés aux enfants et aux femmes des libérateurs du Port-de-la-Mon-tagne dont nous avons à regretter la perte. « Grâces vous soient rendues, à Vous tous, dont les mesures prudentes et vigoureuses ont sauvé tant de fois le vaisseau de l’Etat ! Répon¬ dez toujours ainsi à vos calomniateurs par de» victoires ! « Représentants du peuple, lorsque les escla¬ ves du Nord et du Midi, lorsque les fanatiques de l’intérieur cèdent partout à l’ardeur infa¬ tigable des armes républicaines, lorsque toutes Vos heures sonnent pour la victoire, qu’il soit permis aux citoyennes des Halles de vous en demander une pour l’indulgence. « Il y a quatre mois, vivait au milieu d’elles un homme qu’une probité sans tache, un patriotisme pur leur avait rendu depuis long¬ temps bien cher; son nom est Jean-Jacques-Claude Vizon. Il remplissait dans les Halles les fonctions d’inspecteur à la vente de la marée, Une rixe violente s’élève entre lui et l’un de ses collègues, celui-ci court aussitôt le dénoncer; deux mois auparavant un propos plus indis¬ cret que criminel, provoqué par les plaintes de son dénonciateur sur la rareté du pain avait échappé à Vizon; ce propos a fait la matière d’un procès au tribunal révolutionnaire; les jurés ont cru trouver dans celui qui l’avait tenu des intentions inciviques; les juges ont condamné Vizon à la peine de la déportation. « Les citoyennes des Halles, pleines de res¬ pect pour la loi et ses organes, n’ont point murmuré contre ce jugement, Elles n’ignorent pas que le fait qui, dans un temps 'de calme est à peine un léger délit, devient un crime dans les temps de révolutions, qü’èntôurée d’ennemis de toute espèce, la République française ne peut s’établir que par une effrayante sévérité; mais elles pensent aussi qu’elle ne peut que s’affermir par des actes de clémence exercés avec sagesse; elles savent aussi qü’Un grand peuple, à qui des triomphes multipliés ont donné la conscience de ses forces, pardonne facilement de légères erreurs. Représentants du plus fort et du plus généreux des peuples, c’est un de ces pardons que les citoyennes des Halles sollicitent auprès de vous. (1) Archives nationales, carton G 287, dossier 866, pièce 3.