[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. fÆ�mbre' 1793 683 et les bonnes mœurs. De puissants moyens ont opéré ces miracles: l’amour sacré de la patrie qui enflamme ses enfants, la punition des traîtres, la réclusion des ennemis de la liberté, la persuasion et l’instruction. « Citoyen Président, dis à la Convention que, forte de la puissance nationale, elle peut tout; la vie et l’or des Français sont à sa disposition; qu’elle ordonne, mais qu’elle éloigne toutes contributions arbitraires ; que la force des baïonnettes soit employée contre les seuls ennemis de la liberté (1). « Salut et fraternité. « Maure aîné. « P. S. A l’instant, un bien provenant de l’émigré Polignac, district de Sens, estimé 8,065 livres, a été adjugé 36,945 livres, ce qui présente 28,880 livres d’augmentation. Ces ventes seront activées avec un zèle patrio¬ tique. » Duroy, représentant du peuple dans les dépar¬ tements de la Marne, de la Meuse et des Ar¬ dennes, pour la levée des chevaux, annonce que, quoiqu’il soit dans des départements qui ont déjà été dévastés par les ennemis et le peu de temps qui lui reste jusqu’au 10 de frimaire, il laissera dans ce département de quoi monter 7 à 8 escadrons. Insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre de Duroy (3). J.-M. Duroy, représentant du peuple envoyé par la Convention nationale pour la levée extraordinaire de chevaux dans la 3 e division, au Président de la Convention nationale. « A Châlons-sur-Marne, le 30 brumaire de l’an II de la République, une et indivisible. « Citoyen Président, « Quoique les trois départements de la Marne, de la Meuse et des Ardennes, qui forment la division qui m’a été assignée, aient été en partie dévastés par les ennemis, et malgré le peu de délai que me laisse le décret qui nous rappelle pour le 10 frimaire prochain, je crois pouvoir annoncer à la Convention nationale que je ne rentrerai pas dans son sein sans avoir rempli ma mission. J’ai recueilli douze cents chevaux, et je n’en ai reçu que de bons. Le district de Reims surtout s’est exécuté avec un zèle vrai¬ ment patriotique. Il a été le premier à me fournir les chevaux et équipements de cavalerie, et hier il m’a envoyé soixante-quatre puissants chevaux d’artillerie, tous équipés à neuf. C’est particulièrement aux soins infatigables et à l’intelligence du citoyen Poinsinet, que la (1) Applaudissements, d’après le Journal de Per-let [n° 428 du 4 frimaire an II (dimanche 24 no¬ vembre 1793), p. 433]. Aulard ; Recueil des actes el de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 568. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 58. (3) Archives nationales, carton C 283, dossier 797. République est redevable de la célérité qui a été mise dans ce district à exécuter la loi. « La commune et chef-lieu de canton de Rarecourt, district de Clermont, département de la Meuse, fait don à la patrie de six bonnes paires de pistolets. « Je crois que la Convention nationale trouvera de sa justice d’applaudir au zèle du district de Reims, de la commune de Rarecourt et à celui du citoyen Poinsinet, que je vais envoyer dans les districts en retard. « Enfin, citoyen Président, il me semblera n’avoir pas justifié la confiance de la Conven¬ tion nationale si, en partant d’ici, je n’y laisse de quoi monter 7 à 8 escadrons et autant de brigades de chevaux d’artillerie et de charrois. « Duroy. '> Couturier, représentant du peuple à Etampes, annonce qu’il prend toutes les mesures pour faire travailler aux équipements des volontaires, il fait réunir toutes les richesses de l’église pour les faire passer au creuset, et que les prêtres vien¬ nent en foule abjurer leur erreur. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de Couturier (2) : « Etampes, ce 30 brumaire, l’an II de la République. « Mes chers collègues, « J’ai établi ici un comité de citoyennes patriotes pour recevoir des dons patriotiques en chemises et vêtements pour les volontaires. J’ai sursis de vous en prévenir pour pouvoir vous en annoncer le succès. « Maintenant, je puis vous assurer qu’on y porte des chemises, des toiles, même des man¬ teaux en abondance, et ici il n’est pas douteux que la ville d’ Etampes seule fournira au moins six mille chemises sans compter les autres effets. Mon cœur tressaille de joie de voir enfin, dans une contrée que le fanatisme obsédait, les citoyens se porter au dernier degré de la Révo¬ lution, c’est ce progrès rapide que je voulais voir avant de quitter ce territoire défanatisé. « La multitude de calices, de saints, de croix, de soleils, etc., m’a déterminé à les réduire à leur état naturel pour en faciliter le transport; demain, après la pesée de ce qui est déjà rassemblé, ces saints passeront par le creuset. « Une chose que je dois vous dire aussi, c’est qu’une femme de ce canton, étant devenue comme folle à la vue de la chute des cloches* a été amenée devant moi pour la guérir, je lui ai fait boire un verre d’eau fraîche de la source de la régénération, et au moment elle fut saine et sauve. « Vive la République ! « Couturier. « Les prêtres s’empressent à m’envoyer leurs lettres et grimoires avec leur abjuration, plusieurs déclarent renoncer à leur traitement : (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 58. (2) Archives nationales, carton G 283, dossier 797. Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 574. 684 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j �rinmire an ll L J (23 novembre 1793 ne serait-ce pas une malice pour donner à penser au peuple qu’on anéantit la religion? Quoi qu’il en soit, si c’est une ruse de guerre, ils n’en seront pas moins les dindons, car le peuple ne sera plus leur dupe, il voit clair, et bien clair. « N’oubliez pas, mes chers collègues, l’arrêté que j’ai pris et que je vous ai envoyé, par lequel j’ai mis les ci-devant, dont les héritiers sont émigrés, en tutelle. Cette mesure est de la der¬ nière conséquence pour les mettre hors d’état d’envoyer de l’argent au dehors, etc. « Nota. Ce qui a donné tant de progrès à mes opérations, ce sont les insertions qui en ont été faites au Bulletin. « A propos. J’ai lu dans le Bulletin que le sieur Obvier, curé de Mauchamp, a été à la barre et y a fait une offrande de 450 livres. Eh bien ! citoyens, il est bon que le pubbc sache que c’est une démarche captieuse et méprisable, par la raison qu’il a celé que cet argent existait dans le coffre de la fabrique lorsque j’ai fait représenter l’argenterie de l’éghse, pour se faire un mérite particuber, à la barre, d’un argent qui ne lui appartenait pas; c’est ainsi que la barre est souvent mus-cadinée. » Dumont, représentant du peuple à Amiens, se plaint, du 1er frimaire, de ce qu’on ne lit pas ses lettres; il annonce qu’il a fait arrêter plusieurs contre-révolutionnaires dans les environs de Saint-Quentin, fait la description d’une fête ci¬ vique qui s’est donnée dans cette commune et dit qu’il n’existe plus de prêtres dans ce département. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre d'André Dumont (2) : André Dumont, représentant du peuple dans les départements de la Somme, du Pas-de-Calais et de l'Oise, à la Convention nationale. « Amiens, le 1er jour de la lre décade du 3e mois de l’an II de la République ; française, une, indivisible et impé¬ rissable. « Il me paraît, citoyens collègues, qu’on enlève les lettres que je vous écris. Mes deux dernières contenaient des faits bien essentiels à connaître, et elles ne vous ont point été lues. Je vous engage à en demander les motifs au comité des dépêches. « Je suis revenu avant-hier de Saint-Quentin et de tous les environs, j’ai fait arrêter des contre-révolutionnaires bien connus et que je vais faire conduire à Paris sous bonne garde. « Nous n’étions pas sortis d’une demi-heure de chez Sainte-Foy, que l’ennemi y est entré. Il ne paraît pas douteux que dans toute cette partie de la frontière, il y existe des traîtres qui voient journellement les ennemis. Je ne vous marquerai pas les détails, je les adresse au comité de Salut pubbc. « A mon retour ici, je disposai, en 24 heures, la fête dont le détail est ci-joint, elle a été célébrée hier dans les épanchements de la fra¬ ternité par plus de 15,000 citoyens. Le cortège était imposant et d’une longueur énorme : on était déjà sur la place que la fin du cortège n’était pas encore en marche; le feu n’a pas été sitôt mis aux deux bûchers de la noblesse et du clergé, le premier couvert des faces ignobles de la ci-devant cour, le deuxième de tous les ornements d’église, croix, confes¬ sionnaux, qu’un seul cri s’est élevé : Vive la République ! « Une décharge d’artillerie a annoncé la destruction des prêtres. Le cortège s’est ensuite rendu au temple de la raison et de la vérité, et, là, plus de 15,000 citoyens qui venaient de faire retentir les voûtes des airs patriotiques, m’ont prêté leur attention, et, après leur avoir peint toute l’horreur du fanatisme et des privi¬ lèges, je les engageai à se jurer union et frater¬ nité et à ne jamais souffrir de prêtres. Tous, à l’envi, ont prêté ce serment solennel et se sont donné l’accolade fraternelle. La citoyenne représentant la liberté a couronné le vertueux Lavigne, déjà couronné à la Convention pour avoir perdu ses deux bras à la défense de la patrie. Cette cérémonie s’est terminée par des danses dans le temple sur la chaire duquel on lisait : l'imposture a disparu, la vérité reste. La ville fut illuminée, et les comédiens don¬ nèrent la représentation de Brutus. Pendant toute la fête, les cris mille fois répétés de Vive la Convention ! se sont fait entendre. Vive la Montagne ! Vive la République ! tels sont ici les cris de ralliement. « Il y a deux mois, je vous ai écrit que dans trois mois je ne laisserais pas de prêtres et ferais faire des autodafés de leurs confessionnaux, je vous ai tenu parole. « Salut et fraternité (1). « Dumont. » Marche de la fête civique et républicaine qui aura lieu le 30 brumaire de l'an II de la Répu¬ blique, une, indivisible et impérissable (2). Les autorités constituées s’assembleront au beu des séances de la commission révolution¬ naire, à une heure de relevée. La garde nationale et la force armée se rassembleront au Mail. Les femmes vêtues de blanc, et portant les couleurs nationales, se réuniront avec la Société popu¬ laire au département. Premier groupe. Les tambours et la musique, avec un pelo¬ ton de la garde nationale et la force armée, avec une bannière où sera inscrit : Le peuple est debout, il écrase les tyrans et le fanatisme. Deuxième groupe. Les femmes, ornées de rubans tricolores, porteront une bannière sur laquelle on lira : Nous élèverons nos enfants dans la haine des rois et des prêtres. (1) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 26, p. 58. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 797. Aulard i Recueil des actes el de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 596. (1) Applaudissements, d’après le Mercure univer¬ sel [4 frimaire an II (dimanche 24 novembre 1793), p. 60, col. 2]. (2) Archives nationales, carton AFn 152, pla¬ quette 1227, pièce 12.