244 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE rétribution. Le plus beau spectacle de la nation sera de voir les pères de la patrie devenir ceux du genre humain (1). Renvoyé à la commission de santé (2). I [ Lavalette , chirurgien dans les hôpitaux de la Républ., à la Conv.; 20 mess. II] (3) La liberté, l’humanité ou la mort ! Sans doute que l’entousiasme, qui est une suite naturelle du succès de nos armes, n’altè-rera jamais votre vigilence et que vous déjouerez toujours tout attentat contre la liberté et le salut de l’Etat. L’énergie que vous avez consta-ment développé doit être un sûr garant de votre sollicitude à faire son bonheur. Je le crois d’autant mieux que vous ne travaillez que pour rendre heureuses les générations futures de l’univers et que dans ces glorieux travaux vous y puisez tous vos délices. Fidelle interprète de l’humanité opprimée, je viens en son nom pour implorer le secours de ses délibérateurs. Vous avez sans doute beaucoup fait pour elle mais vous avez encore à faire pour la mettre à l’abri de la mauvaise contagion dont elle ne cesse d’éprouver les plus vives atteintes. Le peuple en supporte toute la douleur et me servira de témoin pour cette vérité dont je me fais un devoir sacré de deffendre pour lui. Mes jours, dès l’aurore de la révolution, ont été entièrement consacrés à la surveillance du système des hôpitaux de la République, et particulièrement de la médecine contre laquelle j’étettois (sic) déjà prévenu. Je ne fus point son seul censeur car elle en a autant que des personnes qui se sont fait un devoir de parcourir son domaine. Dans des hôpitaux du Nord, d’Italie, des Pirénées occidentales et orrientalles j’ai reconnu partout la même uniformité. Partout j’ai trouvé une énormité d’abus qui sont faits pour révolter l’homme le plus barbare, excepté à Nice, où le service en chirurgie et le relatif y est exercé au degré de perfection. Il seroit à souhaiter que tous les deffenseurs de la République fussent aussi bien traités partout. Mais non. Les pauvres malheureux, qui (sic), semblables à des agnaux que l’on mène à la boucherie, doutent encore par leur bonne foi de la cruauté du boucher lorsqu’il leur plonge le poison ou le poignard dans leur sein, exemple de l’exécrable Dumouriez et compagnie dont le but infâme étoit d’anéantir tous les plus zélés sans-culotes. Les médecins en grande partie ont pêché ainsi par négligence et par insoussiance. Ils n’ont jamais agi que par leurs propres caprices. Ils ont presque toujours répéttez les avis que des bons chirurgiens dont l’expériance consommée leur jugeroient. J’ai relevé les plus (1) A la suite, d’une autre main : « Approuve l’écrit ci-dessus comme fait de ma main est sans réserve ». Signé Segonts. (2) Mention marginale du 30 therm. signée Collombel. (3) C 316, pl. 1269, p. 44. grossières erreurs dont ils s’étoient rendus coupables et ils ont encore l’audace de persister dans leur mauvais procédés. Il faut croire, frères et amis, qu’il y a du malentendu dans tout cela, car la foudre de la guerre même n’en fait pas périr la dixième partie de ceux qui meurent par ces mêmes causes. Puis l’on dira qu’ils devaient mourir. Pourquoi se servoit-on donc des médecins ? Pour hatter sans doute leur destruction, puisqu’il est vrai qu’ils sont très rares ceux qui ont eu le bonheur d’échapper de leur main. Leur union avec les infirmiers, le vol, et par un sentiment commun, l’assassin[at] dont ces derniers se sont rendus coupables à l’égard de nos frères d’armes mallades, dont deux ont été fusillés à Perpignan pour ce sujet, confirme, pour ainsi dire, tout ce dont j’ai à dire à leur égard. Faites analiser les registres et cayers des hôpitaux du tems des guerres des tirrans, ceux depuis la révolution, et vous verrez qu’il n’en mourroit pas la vingtième partie au moins de ceux qui meurent aujourd’hui, tout égal d’ailleurs : encore les maladies sont-elles moins dangereuses aujourd’hui parce que les vivres sont de meilleur qualité qu’ils l’étoient dans ce tems aborrable du despotisme. S’ils sont mauvais quelquefois, ce n’est autre chose que l’effet de la méchanceté (sic) de certains individus dont l’âme est plus noire encore que celle de nos féroces ennemis exterrieurs. Car la Convention nationalle entend qu’ils soient traitéz emple-mant; il n’y a rien de cher pour leur salut puisqu’elle a décrété que nous devons tous nous sacrifier pour celui de la République. Comme l’un ne peut exister sans l’autre, la Convention nationalle voudra bien fixer sans doute ses regards sur leur malheureuse position. Les sentiments [de] dépit et [de mot illisible] ont-ils peut-être accès parmi eux ? Détruisez, détruisez, leur disent-ils, et nous viendrons à bout de nos dessins. Voit-on aussi que les Espagnols, à l’example des Englais et des Autrichiens, ne font presque plus de prisonniers, et bientôt nous reconnoîtrons sans doute que la plus dengereuses ramification de la même conspiration existe encore dans la République. O, perfidie ! Guerre à mort contre tous les assassins du genre humain, ou nous sommes très en denger de succomber aux coups de leurs poignards paricides. Non, non, l’Etre supprême veut la mort de tous les scélérats et le salut des humains vertueux. Le bruit s’est assez fait entendre que la vie pie des médecins rouloit par l’espérance qu’ils avoient, en étant bien unis, d’être les premiers de la terre. Quelle audace criminelle ! Croient-ils bonnement que des républicains ne se passeront pas aussi bien de leur ministère que de ceux des tirans couronnés ? Si, certes, et comment font ceux qui ne s’en sont jamais servis ? Ne s’en portent-ils pas mieux ? Les Corses de la montagne, par exemple, et tant d’autres peuples qui les ressemblent : lorsqu’ils sont malades, par la simplicité de leur traitement, par leur persévérance à supporter la douleur sans se frapper du denger, ils ne s’en relèvent que plus robustes. O simplicité, ô, nature ! quand seras-tu enfin le partage des humains ?