[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. » 'L, 273 CONVENTION NATIONALE Séance du 5 nivôse an II (Mercredi 25 décembre 1793) Un secrétaire [Bourdon {de P Oise) donne lec¬ ture du procès-verbal de la séance des 21 et 29 fri¬ maire. La rédaction de l’une et de l’autre est adop¬ tée (1). Les citoyens Lacoste et Baudot, représentants du peuple près les armées du Rhin et de la Mo¬ selle, écrivent, de Niederbronn, que les défen¬ seurs de la République viennent de remporter une victoire signalée sur les Autrichiens; qu’ils leur ont pris 16 canons, 20 caissons, fait plus de 500 prisonniers, dans le nombre desquels se trouve le colonel du 1er régiment de l’empereur, tout chamarré de croix et de rubans. Le ministre de la guerre fait part de la même nouvelle à la Convention nationale. Insertion au « Bulletin » et renvoi des pièces au comité de Salut public (2). Suit le texte de la lettre de J. -B. Lacoste et Baudot d’après l’original qui existe aux Ar¬ chives nationales (3). J. -B. Lacoste et Baudot, représentants du peu¬ ple près les armées du Rhin et de la Moselle, à la Convention nationale. « A Niederbronn, quartier général de l’armée de la Moselle, le 2 nivôse, l’an II de la République française. « Les défenseurs de la République, citoyens collègues, viennent de remporter une victoire (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 87. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 87. (3) Archives du ministère de la guerre, armée du Rhin-, Bulletin de la Convention nationale du 5 ni¬ vôse an II (mercredi 25 décembre 1793); Moniteur universel n° 96 du 6 nivôse an II (jeudi 26 décem¬ bre 1793), p. 387, col. 3]. Il existe aux Archives du ministère de la guerre (Armée de la Moselle, carton 2/25) une seconde lettre de J. -B. Lacoste et Baudot, datée également de Niederbronn, le 2 nivôse. Nous la reproduisons en note parce qu’elle contient des détails que ne donne pas la première : J. -B. Lacoste et Baudot, représentants du peuple près les armées du Rhin et de la Moselle, à leurs collègues membres du comité de Salut public de la Convention nationale. « A Niederbronn, quartier général de l’armée de la Moselle, le 2 nivôse, l’an II de la Répu¬ blique française, à minuit. t Les armées de la République, citoyens collègues, lr# SÉRIE. T. LXXXII. signalée sur les Autrichiens. Vous savez que' les satellites des rois, comptant plus sur la force de leurs canons que sur leur propre courage, s’étaient retranchés sur les hauteurs de Reis-choffen, Goudershoffen, Frœschviller et Vœrth, en avant d’Haguenau, et avaient formé des redoutes à triple étage non moins formidables que celles de Jemmapes. La tête de leurs retranchements a été attaquée ce matin avec le plus grand succès. Les soldats de la Répu¬ blique ont pris 16 canons aux ennemis, 20 cais¬ sons, fait plus de 500 prisonniers, dans le nombre desquels se trouve le colonel du pre¬ mier régiment de l’empereur, tout chamaré de croix et de rubans, et 8 autres officiers. Le nombre de leurs morts a été très considérable, on ne s’est déterminé à faire des prisonniers que lorsqu’on a été fatigué de tuer. Nos pertes ont été peu conséquentes. Il serait trop long de vous détailler tous les prodiges de valeur de nos braves soldats, leurs succès en parlent mieux que tout ce que nous pourrions dire; les généraux s’empresseront d’ailleurs de vous communiquer tous les détails militaires. Cette victoire est d’autant plus importante que c’est l’ouverture qui doit nous conduire à Landau. Nous avons été pendant toute la journée sur le champ de bataille au milieu de nos frères d’armes, nous avons tiré nous-mêmes le canon sur l’ennemi et il ne dépendra pas de nous que le cours de cette victoire ne soit suivi sans rel⬠che et avec la plus gran de ardeur. « Salut et fraternité. « J. -B. Lacoste; M. A. Baudot (1). » viennent de remporter une victoire signalée sur les Autrichiens; la correspondance journalière a dû vous apprendre qu’ils étaient retranchés avec des redoutes à triple étage; leurs travaux n’ont servi qu’à leur faire faire de plus grandes pertes. Nos troupes se sont emparées des hauteurs de Reischoffen où étaient les plus forts retranchements et se sont bientôt portées sur Frœschviller et Wœrth. L’en¬ nemi a perdu 16 pièces de canon, 20 caissons, 500 pri¬ sonniers et une grande quantité de morts et de blessés; de notre côté, la perte a été conséquente. Indépendamment des prises, cette victoire est des plus importantes par l’ouverture du chemin de Landau. « Nous devons croire que nos harcèlements conti¬ nuels pour tirer les généraux de leur honteuse inac¬ tivité ont contribué pour quelque chose à leurs succès. Nous étions aujourd’hui dans la division d’Hatry en face de Reischoffen, occupés à surveiller toutes les opérations militaires et à mettre nous-mêmes la main à l’œuvre. Cependant, croiriez-vous que les généraux qui étaient du côté opposé ont dédaigné de nous faire part de leurs opérations pour en instruire Saint-Just et Lebas, qui étaient à Bitche à 8 lieues du champ de bataille. « Voilà l’effet de la différence des pouvoirs; il est tel, qu’en ne prenant ni repos, ni patience pour satis¬ faire le soldat et donner de l’activité aux généraux, notre mission paraît être en sous-ordre et soumise à la bienveillance des chefs à qui l’on prétend tout rapporter. « Nous ne sommes pas d’humeur à laisser avilir ainsi la représentation nationale. Nous répondrons à toutes les petites intrigues en partageant le pain et la paille du soldat, en forçant les généraux à faire leur devoir, et nos collègues, à marcher d’égal à égal. « Salut et fraternité. k J.-B. Lacoste; M.-A. Baudot. » (1) Vifs applaudissements, d’après le Moniteur universel jjn° 96 du 6 nivôse an II (jeudi 26 dé-18