SÉANCE DU 22 FRUCTIDOR AN II (8 SEPTEMBRE 1794) - N° 2-4 353 infâmes projets seraient découverts et qu’ils recevraient la peine due à leurs forfaits; pouvaient-ils espérer que les républicains français eussent cédé à leur vile et criminelle ambition, non ! Jamais de maître sous quelque dénomination que ce soit. La liberté ou la mort. Notre centre est la Convention d’où partent les rayons de lumière et de justice. Vous avés dans la nuit du 9 au 10 thermidor en sauvant encore la patrie du danger où elle se trouvait plongée, fait trembler les tirans et leurs esclaves, leurs trônes ont perdu totalement l’équilibre et encore une victoire il n’existera plus sur le globe de brigands couronnés. La société populaire et la commune de Cloye sont réunies pour vous féliciter sur votre courage, votre attitude fière en imposera et fera frémir quiconque oserait attaquer l’unité de notre république. Notre commune et toute la jeunesse n’a jamais souffert que le hazard envoya des déf-fenseurs sur les frontières. La patrie a besoin de secours, partons ! pour ne revenir qu’avec la palme de la victoire. Notre district vient de monter et équiper douze cavaliers jacobins. Six jeunes citoyens de cette commune dont le plus âgé n’a que dix-huit ans se sont enrôlés sous l’étendard tricolore et ont juré de défendre la République jusqu’à la dernière goutte de leur sang. Et quoique utiles à leurs familles, ils ont préférer s’emparer du fer exterminateur pour purger le sol de la terre du dernier des monstres couronnés qui l’ont trop longtemps souillée; les pères ont eux-mêmes fait du meilleur cœur le sacrifice de leurs enfants qu’ils chérissaient et pendant qu’ils sont au champ de mars occupés à faire tonner l’airain ils s’occupent eux-mêmes à ramasser les matières nécessaires à la fabrication du salpêtre que notre commune a déjà fourni en bonne quantité. Confiants dans votre courage et votre énergie à terrasser les factieux, nous ne doutons pas que nous touchons de très près à notre parfait bonheur, il existe encore des ennemis de l’égalité au dehors, mais bientôt les peuples éclairés par le flambeau de la raison abandonneront leur timidité, et enhardis par le succès de nos armes victorieuses ils diront qu’ils ne veulent faire avec nous qu’une seule famille, et nous, nous' crions, vive nos sages représentans, vive la République une et indivisible. Suivent les noms des cavaliers jacobins : Vinsot, serrurier Drivet, maréchal Luxereau, cultivateur Pietre, serrurier Besley, meunier Lancelin, tailleur d’habits Picois, président, Marcel, secrétaire, et une demi-page de signatures. 2 Les administrateurs du département de police font passer l’état des détenus dans les différentes maisons de détention de Paris. Le total est 5 258. Insertion au bulletin (15). [Etat des détenus dans les maisons de justice, d’arrêt ou de détention du département de Paris, au 21 fructidor an 7/(16) Maison de justice du Département .......... 588 Petite-Force .................................................... 245 Pélagie ............................................................ 141 Magdelonnettes ............................................ 134 Abbaye ............................................................ 41 Bicêtre ............................................................ 759 La Salpêtrière .............................................. 447 Chambre d’arrêt à la mairie ...................... 40 Luxembourg .................................................. 403 Maison de suspicion, rue de la Bourbe .. 340 Picpus, faubourg Antoine .......................... 94 Les Carmes, rue de Vaugirard .................. 175 Les Angloises, rue Victor .......................... 131 Les Angloises, rue de l’Oursine ................ 89 Les Angloises, faubourg Antoine ............ 64 Ecossois, rue des fossés Victor ................ 71 Lazare, fauxbourg Lazare .......................... 276 Belhomme, rue de Charonne, n° 70 ........ 19 Bénédictins anglois, rue de /Observât. .. 88 Maison du Plessis ........................................ 385 Maison de répression, rue Victor ............ 49 Maison de Coignard, à Picpus .................. 33 Montprin ........................................................ 47 Fermes Caserne des Petits Pères ............................ 135 Caserne, rue de Sève .................................. 119 Caserne des Carmes, rue de Vaugirard .. 63 Vincennes ...................................................... 282 Total ................................................................ 5 258 3 La société populaire de Guéret, département de la Creuse, annonce que cette commune envoie à la poudrerie plus de 5 000 L de salpêtre. Insertion au bulletin, renvoi à la commission des poudres et salpêtre (17). La société populaire de Guéret annonce à la Convention que le dernier envoi de salpêtre fait par cette commune fut de 1 600 livres, et qu’il en est parti aujourd’hui plus de 5 000; que le salin, la potasse, et le charbon se façonnent avec la même activité, parce que les citoyens ont pour guide un agent salpêtrier intelligent en zélé (18). 4 La société populaire de Ribeauvillé [département du Haut-Rhin] félicite la Convention nationale sur la chûte du nouveau tyran, (15) P.-V., XLV, 145. (16) C 319, pl. 1 306, p. 28. Bull., 23 fruct. (17) P.-V., XLV, 145-146. (18) Bull., 25 fruct. (suppl.). 23 354 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE l’invite à rester à son poste et à se faire rendre un compte sévère sur la conduite des dépositaires du pouvoir dans les départements. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité de Salut public (19). 5 Les citoyens de la commune de Vers -les -Eaux, district de Brioude [département de la Haute-Loire], rappellent à la Convention nationale les différents dons que cette commune a faits à la patrie. Ils la félicitent sur ses glorieux travaux, et l’invitent à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoi au comité des Marchés (20). Les citoyens de la commune de Vers-les-Eaux, écrivent à la Convention nationale qu’au commencement de la guerre, ils ont fait un don patriotique de 450 L, et dans le courant de la dernière décade, ils ont déposé au district 42 chemises, 2 paires de bas et une somme de 100 L (21). 6 Les autorités constituées, la société populaire et tous les habitants de Cherbourg [département de la Manche] demandent l’autorisation de la Convention pour l’établissement d’une cale dans le port de Cherbourg, ainsi que ses ordres pour la construction d’un vaisseau du premier rang, dont ce département fait hommage à la patrie, et pour lequel il a ouvert une souscription. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité de Marine (22). 7 La société populaire d’Oradour [?] invite la Convention à sévir contre une foule d’individus qui, sous le masque du patriotisme, ne cherchent qu’à perdre la République. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité de Sûreté générale (23). 8 La section du Contrat-social [Paris] vient réclamer la liberté de huit détenus. Elle proteste de son entier dévouement au maintien de la liberté et de l’égalité. (19) P.-V., XLV, 146. (20) P.-V., XLV, 146. (21) Bull., 23 fruct. (suppl.). (22) P.-V., XLV, 146. (23) P.-V., XLV, 146. Mention honorable, insertion au bulletin; renvoi au comité de Sûreté générale, pour statuer dans trois jours sur la liberté des huit détenus réclamés (24). La section du Contrat-Social offre une somme de 24 000 livres pour la construction de cent bouches à feu, qui portera le nom de Commune de Paris (25). L’orateur, Citoyens représentans, La section du Contrat-Social nous députe vers vous pour effectuer l’engagement qu’elle avoit pris, le jour qu’elle vous présenta 6 cavaliers jacobins, de fournir la somme de 24 020 livres pour la construction d’un vaisseau qui servira à l’anéantissement des brigands maritimes; elle ose assurer la représentation nationale de son entier dévouement à tout ce qui pourra concourir au maintien de la liberté et de l’égalité; qu’elle fera exécuter le gouvernement révolutionnaire, le seul capable d’affermir notre indépendance, et qu’elle se ralliera toujours, ainsi qu’elle l’a déjà fait, à la Convention nationale, centre unique du gouvernement. Tous les citoyens de la section du Contrat-Social sont résolus de verser jusqu’à la dernière goutte de leur sang, plutôt que de laisser porter atteinte à l’intégrité de la représentation nationale. Le peuple veut la liberté et l’égalité; la liberté sera; les aristocrates, les malveillants, les intrigants passeront, et la République sera impérissable (26). 9 L’administration du département des Bouches-du-Rhône félicite la Convention nationale sur la chûte du nouveau Catilina, et demande le maintien du décret du 17 septembre. Mention honorable, insertion en entier au bulletin, avec renvoi au comité de Sûreté générale (27). [L’administration du département des Bouches-du-Rhône à la Convention nationale] (28). Citoyens représentants, une nouvelle tyrannie devait s’élever sur les cadavres sanglants de tout ce qu’il y avait de patriotes énergiques et éclairés dans la république. Le meurtre perfidement organisé devait commencer par les plus fidèles mandataires du peuple. Mais vous venez de déjouer glorieusement la plus scélérate, la mieux combinée, la plus (24) P.-V., XLV, 147. C. Eg., n° 751; J. Fr., n° 714; M U. XLIII, 364. (25) Moniteur, XXI, 706-707. (26) Bull., 25 fruct. (suppl.). (27) P.-V., XLV, 147. (28) Moniteur, XXI, 707.