SÉANCE DU 29 THERMIDOR AN II (16 AOÛT 1794) - N° 43 145 ourdie par des scélérats qui n’avaient usurpé une réputation qu’en abusant de votre confiance; par des hypocrites qui, la vertu et la justice dans la bouche, avaient la perversité et le crime dans le cœur. Oui, législateurs, la journée du 10 thermidor a affermi la République. Elle apprendra que le sort de la liberté ne tient pas à l’existence de quelques hommes; elle prouvera qu’elle est impérissable lorsqu’elle est dirigée par une Convention pure et soutenue par les vertus et le courage d’un peuple. Législateurs, nous avons arrêté de célébrer décadi prochain une fête en mémoire de la chute du triumvirat qui voulait remplacer le tyran. Nous fêterons en même tems les victoires des armées de la République, nottanment celles de l’armée des Pyrénées-Occidentales, qui vient de conquérir Saint-Sébastien, le Passage et plusieurs vaisseaux richements chargés. Bientôt le tyran espagnol n’existera que dans l’histoire. Périssent tous les tyrans de l’univers ! Vive la République, vive la Convention nationale ! Lacoste ( présid . ), Tuyés fils ( secrét .). [Le c. de surveillance révolutionnaire d’Orthez, à la Conv.; Orthez, 19 therm. II] De nouveaux tyrans ont entraîné la patrie sur le bord du précipice le plus affreux, mais le génie de la liberté qui préside aux destinées de la République française l’a encore une fois sauvée. Que ne pouvons-nous exprimer, citoyens représentants, toute l’horreur et l’indignation dont nous avons été pénétrés en apprenant l’horrible complot que des monstres, plus cruels que les Néron, les Cromwel et les Catilina ont tramé contre les vrais amis de la patrie ! Que n’avons-nous pu, comme nos braves frères de Paris, voler au devant des poignards et des canons que des tyrans altérés de sang avoient dirigé contre vous ! Que n’avons-nous pu être témoins de ce spectacle touchant que vous avez donné à l’univers, au moment où, entourés d’assassins prêts à vous égorger, vous avez déclaré que vous sauveriez la patrie ou que vous sauriez mourir à votre poste ! Oui, vous avez fait plus que les sénateurs romains qui, revêtus de leurs marques de dignité, furent égorgés sur leurs chaises curules. Ils surent mourir avec courage, mais vous, par votre énergie et par votre fermeté vous avez sauvé la liberté, et les chefs de la conspiration ourdie contre elle ont déjà expié sur l’échaffaud la peine due à leurs forfaits. Leurs complices sont nombreux mais vous allez prouver, par votre justice et par votre sévérité, que l’indulgence en faveur de ces hommes avides de pouvoir et de domination, de ces scélérats qui voudraient usurper la souveraineté d’un grand peuple, seroit un crime contre la liberté. Que le supplice de tous les partisans de la tyrannie soit un exemple frappant qui apprenne à toutes les nations que ce n’est pas en vain que le peuple français a proclamé son entière indépendance. La justice, la vertu, le courage, l’héroïsme et la victoire sont à l’ordre du jour dans la République. Les vils esclaves de l’Angleterre, de la Prusse et de l’Autriche n’osent plus se mesurer avec nos braves républicains. Les féroces Espagnols ne trouvent leur salut que dans la fuitte. Saint-Sébastien avec 2 000 prisonniers de guerre, 18 à 20 bâtimens chargés de poudre, de farine, de riz, de salé et environ 100 pièces de canon, ainsi que le Passage viennent de tomber en notre pouvoir. Nous avons perdu deux hommes dans cette affaire. Le tyran de l’Espagne, à l’approche des soldats-citoyens, tremble et pâlit sur son trône qui s’écroule et bientôt les drapeaux de la liberté flotteront sur les murs de Madrid. Les projets liberticides sont déjoués; toutes les factions anéanties; les traîtres, les conspirateurs envoyés à l’échaffaud; chaque jour vous faittes des loix salutaires qui assurent le triomphe de la raison et le bonheur du peuple. Voilà, dignes représentants, le fruit de votre zèle, de votre énergie, de votre courage et de votre patriotisme. Nous venons applaudir à vos glorieux travaux et vous protester que, fidèles aux principes qui nous ont toujours dirigés, nous ne serons jamais idolâtres des individus; la Convention seule est et sera notre guide et notre prototype; elle seule est digne de la reconnoissance publique. Nous saurons mourir, s’il le faut, pour la faire respecter et pour assurer l’exécution des loix qui émanent d’elle; nous sommes prêts à sceller de notre sang notre attachement, notre amour et notre respect pour la représentation nationale, et notre dévouement à la chose publique. Périssent tous les traîtres, tous les intrigants et tous les ambitieux ! Vive la liberté, vive la Convention, vive à jamais la République française ! Roumicq, Noisetier-Lajusan, L. Lamatabois, L. Preville, J. Larroque, Mânes, Labaste, PlNSUNY, BORDENAVES, JALIATX. 43 La société populaire de Josselin (1) s’exprime en ces termes : continuez, braves représentans, continuez vos glorieux travaux; vous aviez la confiance de tous les Français, et vous l’avez méritée de plus en plus en affrontant avec tant d’énergie les poignards des modernes Catilina. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [La sté popul. de Josselin, à la Conv.; Josselin, 17 therm. II] (3) Liberté, égalité, ou la mort ! Républicains représentants, De nouveaux Cromwel ont osé vouloir usurper la souveraineté nationale. Les conspirateurs ne sont plus, le glaive de la loi en a fait justice. Votre énergie a encore une fois sauvé la patrie. Vive la République ! (1) Morbihan. (2) P.V., XLIII, 254. (3) C 316, pl. 1267, p. 52. Mentionné par Bm , 3 fruct. (suppl l). 10 146 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Continuez, braves représentants, continuez vos glorieux travaux. Vous avez la confiance de tous les Français; vous la méritez. Poursuivez sans cesse les traîtres et les factieux . Vous nous avez donné la liberté : achevez votre sublime ouvrage. Sans cesse unis à la représentation nationale, nous ne cesserons de répéter : Vive la République ! Vive la Convention ! Delaporte ( secrét . ), Dahirel ( secrét .), Cèdre Champeaux (secrét.), Champeaux aîné ( pré - sid.), Puches ( membre du c. de correspondance), Chantre ( membre du c. de correspondance). 44 Le conseil général de la commune de Rodez (1) rend compte à la Convention nationale des différens sentimens que tous les membres et les autres citoyens présens à la séance du 17 thermidor ont éprouvés à la lecture des attentats des nouveaux tyrans, et du triomphe remporté sur eux. L’horreur, l’indignation la plus profonde et la joie la plus vive se sont manifestées tour à tour, et dans ces transports le peuple s’est écrié à plusieurs reprises : Vive la République ! Vive la Convention ! Vive la liberté ! Vive l’égalité ! A bas les tyrans et les dominateurs ! Mention honorable, insertion au bulletin (2). LOUCHET : Le conseil général de la commune de Rodez m’a aussi (3) chargé de mettre sous les yeux de la Convention le procès-verbal qui constate les sentimens d’horreur que l’infâme trahison de Robespierre a inspirés à tous les citoyens de cette commune, et l’enthousiasme avec lequel ils se sont écriés : « Vive la Convention nationale ! vive la liberté ! vive l’égalité ! A bas les tyrans et les dominateurs ! » (4). Extrait des registres des délibérations du conseil général de la commune de Rodez. Du 17e thermidor an II. Séance publique. (5) Assembléz en conseil général de la commune les citoyens Ginisty, maire, Vaisse, Brassat, Garrigues, Acquier cadet, Jouery, Raynal, Couly, Viala, officiers municipaux, Fabré, agent national, Dévie, Ferran, Besse, Benoit oncle, Besombes, Corchaud, Sahuc, Thedenat, Vigoureux, Antne Besse, Brunet, Boyer père, Lacoste, Arlaboise, Bessiere, Sales, Gally et Marty, notables. Il a été fait lecture des bulletins de la Convention nationalle et des papiers nouvelles relatant les circonstances de l’infâme trahison (1) Aveyron. (2) P.V. , XLIII, 254-255. (3) Selon le Moniteur, Louchet a tout d’abord donné lecture de l’adresse de la société populaire de Rodez et de celle des administrateurs du département de l'Aveyron. (4) Moniteur (réimpr.), XXI, 552. (5) C 313, pl. 1252, p. 33. Moniteur (réimpr.),, XXI, 552. et de la juste punition de l’astucieux Robespierre et de ses adhérans. Aprèz quoy, un membre, ayant pris la parolle, s’est écrié : telle est la fin tragique de tous les traîtres à leur patrie; ainsy périront tous les égoïstes orgueilleux qui voudront s’isoler du centre d’unité. C’est ainsy que seront abaissez ces aspirans à la tirannie, tous ces dominateurs qui cherchent à s’élever au-dessus du niveau de l’égalité. En prenant les moyens d’éloigner de nos frontières les ennemis extérieurs, nos représentans n’ont pas cessé de surveiller l’ennemi de l’intérieur. Depuis quelque tems les comités (sic) de salut public faisoit sentir qu’il se tramoit encore une nouvelle conspiration; cette idée, en vous faisant redoubler de surveillance, ne laissoit pas de troubler la joye que vous causoit le succèz de nos armées; mais depuis que Robespierre a cherché par son long discours à ôter la confiance au comité de salut public et à semer la discorde parmi les membres de la Convention nationale, vous avez été dans les plus vives sollicitudes sur vos représentants et sur la chose publique : la conspiration, au moment où elle alloit frapper son coup, a été éventée; les conspirateurs ont osé reparoître, ils ne sont plus, et la République est sauvée. Nos représentans ne se sont jamais montrés plus grands et plus dignes du peuple qu’ils représentent, et le danger étoit on ne peut plus grand, mais ils ont resté fermes à leur poste; leur vie, ils l’ont conté pour rien en comparaison de la liberté menacée et assassinée. C’est icy une victoire et une très grande victoire; empressons-nous de la publier; que les bons républicains soient rassurés, que les malveillans tremblent; que cette proclamation soit faitte ce soir; qu’on luy donne la plus grande publicité. Sur quoy perquises les opinions, il a été délibéré, ouï l’agent national, d’annoncer par une circulaire à toutes les autorités constituées que ce soir à 5 heures et demy la proclamation que la Convention nationale adresse à toutes les communes de la République à l’occasion de cette affreuse conspiration sera publié par la municipalité. Suitte de la séance du 17 e thermidor à 5 heures et demy du soir. La garde nationale, la compagnie des vétérans, le détachement du bataillon de Vaucluze et le membres des corps constitués s’étant rendus prèz de la maison commune, la municipalité est allée sur les places où nos concitoyens s’étoient rendus en foule; on y a fait lecture de ladite proclamation et des articles du bulletin relatif à cet objet. Les lecteurs ont pris la parole et ont fait sentir l’horreur que méritent les tyrans et la tyrannie. A ces mots on a vu frissonner les auditeurs, et dans les transports le peuple s’est écrié à plusieurs reprises : vive la République, vive la Convention, vive la liberté, vive l’égalité, à bas les tyrans et les dominateurs ! De retour à la maison commune, le conseil a délibéré qu’extrait de la présente sera envoyé à la Convention nationalle et au comité de salut public pour remercier nos dignes représentants de leur vigilance, les féliciter sur l’insigne victoire que la République vient de remporter sur les ennemis de l’intérieur et leur jurer de nouveau que jamais rien ne sera capable de