306 [Contention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. J «J» admirer vos décrets, nous les exécutons et nous employons tous les moyens que la loi a remis entre nos mains pour les faire respecter. « Déjà il ne reste presque plus à vendre des nombreux domaines dont la superstition de nos pères avait enrichi les fainéants qui les trom¬ paient, et les prix auxquels ils ont été portés marquent assez la confiance de nos concitoyens dans le succès de nos travaux. Maintenant, citoyens représentants, nous nous occupons d’assurer à la République l’in¬ demnité qu’elle doit trouver dans la vente des biens de ces hommes qui, en abandonnant leur patrie, espéraient y rentrer pour y dominer de nouveau et rendre au peuple les fers qu’il a brisés. « Quoique les cohortes des tyrans soient pour ainsi dire à notre porte, que le théâtre de la guerre soit sur notre frontière, la confiance de nos concitoyens est telle que les premiers biens des émigrés qui ont été mis en vente ont été portés à un prix qui n’a aucun rapport avec les estimations. « Ces estimations n’étaient que de 2,948 li¬ vres et la vente s’est portée à 16,600 livres. Nous continuons ces ventes, et nous sommes assurés que si toutes n’apportent pas autant de bénéfice, elles s’élèveront au moins au double des évaluations. « Continuez, citoyens représentants, à affer¬ mir l’unité et l’indivisibilité de la République ; ce sera en consacrant nos veilles et notre vie aux travaux qui sont notre partage que nous prouverons que nous sommes dignes de la confiance que l’on nous a accordée. « Les administrateurs du district de Metz . » (Cette lettre n’est pas signée). Le conseil général et le comité de surveillance de Givet et Fort de la Montagne écrivent que les habitants de cette commune et des environnan¬ tes rendent hommage à la philosophie, en abju¬ rant toutes les meuneries superstitieuses ; ils en¬ voient environ mille marcs d’argent, et invitent la Convention nationale à rester à son poste jusqu’à la paix. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du conseil général et du comité de surveillance de Givet et Fort-de-la-Mon¬ tagne (2). Le conseil général de la commune et le comité de surveillance de Givet et Fort-de-la-Mon¬ tagne, au Président de la Convention natio-i Thaïe. « Givet, 10 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyen Président, « La voix de la raison et de la vérité s’est fait entendre dans nos cantons, et quoique éloignés du centre des lumières, nous avons ressenti son influence qui a disipé les ténèbres f (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 108. [ (2) Archives nationales , carton C 284, dossier 814. des préjugés dont nous pouvions être encore enveloppés. Les habitants des communes de Givet, Fort-de-la-Montagne et environnantes, se sont empressés de rendre leur hommage à la philosophie, en abjurant toutes les mô-meries superstitieuses qui couvraient l’idole de l’ineptie et de l’imposture. « Le conseil général de la commune de Givet et Fort-de-la-Montagne, le eomité de surveillance qui y est établi et la Société populaire ont, par la seule force de l’opinion, déterminé tous les vrais républicains à rompre les liens qui les gênaient, en se livrant à cet élan majestueux qui, des Français esclaves, en ont fait des hommes dignes d’habiter le sol de la liberté. « La lumière a paru, et de son jour tous les prestiges de la superstition ont été anéantis, et tous les joujoux du fanatisme ont quitté leurs cavernes religieuses pour venir préalablement établir leur domicile tant à la maison commune, qu’au comité de surveillance. Nous vous en¬ voyons environ mille marcs d’argent qui en proviennent, et nous vous exprimons le vif désir de nos braves habitants, en vous deman¬ dant de faire changer leur costume mystique en habit de vrai républicain. « Deux caisses mises à ton adresse te par¬ viendront en même temps que la présente, et nous profitons de cette occasion pour te prier d’être notre interprète auprès des représentants du peuple, et leur témoigner notre reconnais¬ sance et le vif désir de les voir à leur poste jus¬ qu’à la paix. « Salut et fraternité. « Le conseil général de la commune et le comité de surveillance de Givet et Fort-de-la-Montagne ». ( Suivent 16 signatures .) Le citoyen Berle, commissaire du conseil exé¬ cutif au Havre, fait part à la Convention natio¬ nale qu’un jeune volontaire d’un bataillon qui s’embarquait pour Honfleur, étant tombé dans la mer, le capitaine Pery, commandant l’aviso Larmande ( VArmande ), se jette aussitôt tout ha¬ billé dans cet élément, et reparaît trois minutes après avec l’objet qui l’y avait fait précipiter; le jeune volontaire est rappelé à la vie, et se rem¬ barque avec ses camarades : on sollicite en vain Pery de faire connaître cette action à la Conven¬ tion nationale; il s’y refuse, en disant qu’iï n’a fait que son devoir , que le succès Ven a bien am¬ plement payé. Mention honorable, insertion en entier de la let¬ tre au « Bulletin », renvoyé au comité d’instruc¬ tion publique pour l’action de courage, et au ministre de la marine pour l’avancement du ci¬ toyen Pery (1). Compte kendu du Bulletin de la Convention (2). Le citoyen Berle, commissaire du pouvoir exécutif, chargé de mission importante, fait part à la Convention nationale d’un trait de courage dont voici les détails : (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 108. (2) Supplément au Bulletin de la Convention natio¬ nale du 1er jour de la 3e décade du 3* mois de l’an II (mercredi 11 décembre 1793). [ConTention nationale.J ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { JJ 307 « Du Havre i le 7 frimaire. « Aujourd’hui le capitaine Pery, commandant l’aviso l’Armande, de la République, apprend qu’un jeune volontaire d’un bataillon qui s’em¬ barquait de ce port pour se rendre' à Honfleur, vient de tomber à la mer. Aussitôt, sans consul¬ ter ni le froid ni le danger, ce brave capitaine se jette tout habillé dans cet élément, et reparaît trois minutes après, aveo l’objet qui l’y avait fait s’y précipiter. Il est rappelé à la vie, et se rembarque avec ses camarades. Un nombre considérable de spectateurs, témoins de cette action, sollicitent Pery à la faire connaître à la Convention nationale; il s’y refuse, disant : « Je n’ai rien fait que mon devoir ; le succès m’en a bien amplement payé (1) ». Le citoyen Berle observe que ce brave marin a trente années de navigation, dont douze de capitaine d’aviso, et toujours ën activité; qu’il est surnommé par tous les habitants de ces con¬ trées, le loup de mer, et la terreur des Anglais ; qu’il est aussi le seul dans ce port qui ait arboré le bonnet rouge à son grand mât. La Convention renvoie au comité d’instruc¬ tion publique pour l’action de courage, et au ministre de la marine pour l’avancement du citoyen Pery. La commune de Chesy-sur-Marne, départe¬ ment de l’Aisne, offre, pour les défenseurs de la patrie, 152 chemises, 27 paires de souliers, 2 paires de bas et un morceau de toile neuve; elle offre en outre 19 chemises, 67 liv. 17 s. provenant des dons des citoyens de la commune de la Chapelle, et enfin 43 chemises et 47 livres en assignats, déposés par la commune de Viffort. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre de la commune de Chesy-sur-Marne (3). La commune de Chezy -sur-Marne, district $ Ega¬ lité-sur-Marne, département de V Aisne, aux citoyens représentants du peuple français. « La commune de Chezy-sur-Marne, district d’Egalité-sur-Marne, département de l’Aisne, fait offre aux défenseurs de la patrie de la quan¬ tité de cent cinquante-deux chemises, vingt-sept paires de souliers, deux paires de bas et un morceau de toile neuve, qu’elle a en dépôt à la chambre commune. « Elle demande que la Convention nationale lui indique où letout doit être déposé afin que le tout parvienne promptement aux braves soldats qui en ont le plus besoin. « L’offre a été reçue par des commissaires nommés à cet effet, dont a été dressé procès-verbal. « Fait offre aussi de la quantité de dix-neuf chemises et soixante-sept livres dix-sept sols que la commune de la Chapelle, même canton, a déposées, et venant de l’offrande des habitants de ladite commune. (1) Applaudissements, d’après les Annales patrio¬ tiques et littéraires jjn° 345 du 22 frimaire an II (jeudi 12 décembre 1793), p. 1561, col. 1], (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 109. (3) Archives nationales, carton C 284, dossier 814. « Fait offre aussi de quarante-trois chemises et quarante -trois livres en assignat» dépo¬ sées parla commune de Viffort, même canton. « Le tout constaté par procès-verbaux et délibérations signés par les citoyens des com¬ munes et commissaires nommés à cet effet. « G-alien, maire; P. Deneuchatelle, officier municipal. » « G-alien, maire; P. Deneuchatelle, officier municipal. » Le tout pour copie conforme : Y. A. Fayet; Lelong, procureur de la com¬ mune; A. Mercier, secrétaire-greffier. La Société républicaine de la Rochelle fait pas¬ ser à la Convention nationale sa profession de foi politique et le rapport de la fête populaire qui a eu lieu dans cette commune le 30 brumaire; cette Société demande la suppression du traite¬ ment fourni par le Trésor public aux ministres du culte catholique. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au comité des finances (1). Le citoyen Etienne-Théodore Salsoy, dit la Boulaye (Saulsoy dit Laboulaye), dépose sur l’au¬ tel de la patrie, jusqu’à la paix, les arréragea échus et à échoir d’une pension de 800 livres qu’il a obtenue après trente et un ans de service dans les ci-devant gardes du corps. (Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2) . Suit la lettre du citoyen Saulsoy dit Labou¬ laye (3). « Citoyen Président, « Le citoyen Etienne-Louis-Théodore Saul¬ soy, dit Laboulaye, n’est point noble et peu fortuné; il s’est toujours fait un devoir de venir au secours de la République dans toutes les cir¬ constances qui se sont présentées depuis le commencement de la Révolution. Il a servi trente-un ans dans les ci-devant gardes du corps, et il s’est retiré du service le 1er octobre 1788, et le 26 avril 1789, il a obtenu une retraite de huit cents livres dont il lui est dû les 6 pre¬ miers mois 1793 et le courant. Il en a payé l’imposition mobilière pour 1792 et il déclare par la présente qu’il remet la totalité de sa pension jusqu’à la paix, ainsi que les arrérages qui peuvent lui être dus jusqu’à ce jour. « Je te prie, citoyen Président, de vouloir bien faire part à la Convention nationale de ma résolution et d’en faire tenir note sur le registre et de me croire fraternellement, et en bon républicain, ton concitoyen. « Saulsoy -Laboulaye. « A Coulommiers-en-Brie, district de Rozoy, département de Seine-et -Marne, le 5 de fri¬ maire de la première décade de 1793, l’an II de la République française une et indivisible. » (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 109. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 109. (3) Archives nationales, carton C 284, dossier 814.