502 [Conventiou nationale.] ARCHIVES FARLEMENÏA1RES. j délvmbre r Un membre, an nom du comité de la guerre, fait rendre le décret suivant : « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de ses comités de la guerre et de Salut public, considérant que la manière distinguée avec laquelle se sont comportés les braves gre¬ nadiers de la Convention nationale, puisque, de 180 dont était composée leur compagnie, à peine en reste-t-il un tiers propre à faire le service, et que les autres ont été tués, blessés, ou sont malades, décrète : « Que le ministre de la guerre donnera les ordres les plus prompts pour faire revenir à Paris ces braves vétérans, pour y faire, comme auparavant, le service auprès de la Conven¬ tion (1). » « Sur la proposition d’un membre [Goupille ai; (de Monlaigu ) (2)], la Convention nationale dé¬ crète en principe que les ventes que les brigands de la Vendée ont faites de leurs biens avant le commencement de leur révolte, sont déclarées nulles; et pour fixer le mode et l’époque de l’exécution, elle renvoie à la Commission des émigrés et au comité de législation, pour en faire le rapport sous huit jours. » Un autre membre demande que la Convention nationale charge ses comités des secours publics et de la guerre, de lui présenter le mode d’appli¬ cation et d’exécution du décret du 9 de ce mois qui déclare la loi du 4 juin dernier (vieux style) commune aux familles des citoyens tués aux armées en y faisant un service quelconque. Cette proposition est décrétée (3). Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (4). Goupilleau (de Montaigu ) fait une motion qu’il rédige en décret. Elle a pour-objet d’appli¬ quer aux ventes faites par les rebelles de la Vendée, avant leur rébellion, la loi qui frappe de nullité les ventes faites par les émigrés. Elle est adoptée. « La Convention nationale décrète en prin¬ cipe que les ventes que les brigands de la Vendée ont faites de leurs biens, avant le commencement de leur révolte, sont déclarées nulles; et pour fixer le mode et l’époque de l’exécution, elle renvoie à la Commission des émigrés et au comité de législation pour en faire le rapport sous huit jours. Le conseil général de la commune de Troyes, les citoyens des huit sections composant cette même commune, et la Société populaire, généra¬ lement assemblés, préviennent la Convention (I) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 183. (2) D’après le Moniteur universel [n° 103 du 13 nivôse, (jeudi 2 janvier 1794), p. 414, col. 3]. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 183. (4) Journal des Débats et des Décrets (nivôse an II, n»i468, p. 154). nationale qu’ils viennent de jurer, par un ser¬ ment inviolable, de maintenir de tout leur pou¬ voir l’exécution du décret qu’elle a rendu le 14 frimaire, sur le mode du gouvernement pro¬ visoire et révolutionnaire. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit V adresse du conseil général de la commune de Troyes (2). Les membres composant le conseil général et permanent de la commune de Troyes, départe¬ ment de l’Aube, à la Convention nationale. « Troyes, 3 nivôse, l’an II de la Répu¬ blique, une et indivisible. « Citoyens législateurs, « Le conseil général de la commune dé Troyes investi de la confiance entière de ses concitoyens, vient de jurer, par un serment irrévocable, de mettre à exécution et de maintenir de tout son pouvoir le décret que vous avez rendu le 14 fri¬ maire sur le mode de gouvernement provisoire et révolutionnaire. « Les citoyens de la commune de Troyes, généralement assemblés dans leurs sections respectives, ont fait le même serment. Le ser¬ ment des républicains n’est pas vain : ils n’oublieront jamais que les représentants du peuple français se sont toujours rendus dignes de la reconnaissance de la République entière, et particulièrement de la commune de Troyes. Sans doute que ces sentiments vont être expri¬ més, si déjà ils ne le sont, par huit députés des huit sections de notre commune, à la barre de la Convention nationale. « Législateurs, entendez ces huit sans-culottes, ils vous diront la vérité; ils vous énonceront le vœu de toute la commune sur différents fonc¬ tionnaires publics, qu’ils ont annoncé devant le citoyen Rousselin, commissaire civil national, avoir perdu leur confiance. « Rousselin ne travaillant que pour le peuple et par le peuple (c’est ainsi qu’il s’est annoncé en commençant ses opérations), Rousselin, instruit que les sans-culottes voyaient avec peine quelques places occupées par des citoyens qu’ils n’en croyaient pas dignes, a fait une proclamation par laquelle il les invite à s’assem¬ bler de nouveau pour lui témoigner leurs vœux : ils le font en ce moment. « Le conseil général en séance permanente veille jour et nuit à la tranquillité publique qui n’a point été troublée. Les sections déli¬ bèrent avec calme; leurs députés vous parleront en républicains, ils vous exposeront leurs motifs, vous les pèserez, vous rendrez la justice, le bonheur de notre ville sera consolidé, le conseil général vous le devra : il l’attend des repré¬ sentants du peuple. « Citoyens législateurs, nous travaillons, conjointement avec les autorités constituées et la Société républicaine, à faire passer à la Convention, le plus tôt possible, l’or, l’argent, (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 183. (2) Archives nationales, carton C 288, dossier 884, pièce 24. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. « S'ambre "793 503 le cuivre, le fer provenant de nos églises et d’ailleurs. « Depuis longtemps l’incarcération des gens suspects a lieu; déjà les maisons de réclusion en sont pleines. « Comptez, nous le répétons, sur la fidélité de notre serment; comptez sur le serment de nos concitoyens. « Représentants d’un peuple libre, n’aban¬ donnez pas la Montagne où vous êtes si heureu¬ sement placés, et d’où découle, tous les jours à grands flots, le bonheur de la République. « Egalité, liberté ou la mort. « Le conseil général de la commune de Troyes. (Suivent 29 signatures. ) La Société populaire de la commune de Mer, département de Loir-et-Cher, envoie à la Con¬ vention nationale les détails de la fête vraiment patriotique qu’elle vient de célébrer dans le temple de la Raison et de la Philosophie, en l’honneur de la liberté. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit la lettre de la Société populaire de Mer (2). « Citoyens représentants, « La Société populaire de la commune de Mer, département de Loir-et-Cher, se croirait cou¬ pable aux yeux de la Convention si elle ne s’empressait de lui retracer la fête vraiment civique qu’elle vient de célébrer dans le temple de la raison et de la philosophie en l’honneur de la liberté; elle se flatte qu’elle n’entendra pas sans intérêt le récit de toutes les circonstances qui l’ont accompagnée; elle y reconnaîtra que la commune de Mer est à la hauteur de la Révolution. « La Société avait arrêté dans une de ses séances, à l’unanimité, que le 30 frimaire, jour de décade, il y aurait dans le temple de la raison une fête patriotique en l’honneur de la Révolution, qui serait précédée de la plantation d’un arbre de la liberté sur la place de l’égalité, de l’incendie des restes de la féodalité, et ter¬ minée par un repas civique, auquel les citoyens de tout sexe et de tout âge seraient invités de venir fraterniser ensemble pour resserrer entre eux les liens de l’amitié et de la concorde. « Représentants, cette fête vraiment patrio¬ tique vient d’être célébrée le jour indiqué avec tout l’appareil et la solennité que méritait une aussi auguste cérémonie. Toutes les auto¬ rités constituées s’étaient réunies dans la maison commune, d’où le cortège est parti, précédé de la force armée, drapeau déployé, au son d’une musique guerrière, suivis de tous les vrais sans-culottes se tenant sous les bras et accompagnés d’un peuple immense qui fermait la marche, pour se rendre au pied de l’arbre sacré de la liberté. (1) Procès-verbaux de la Convention. I. 2S, p. 184. [2) Archives nationales, carton G 287, dossier 867, pièce 32. « Douze prêtres de ce distriot abjurant leurs erreurs : « Les citoyens : « Jean-Guy, curé de Vievy-le-Rayé; « Edme Toubault, curé de La Chapelle-Saint-Martin; « Antoine-Christophe Crenière, curé d’Ouc-ques; « Pierre-François Liger, curé d’Aunay; « Jacques Bruere, curé d’Ouzouer-le-Doyen; « Antoine-Louis Macquaire, curé de Boisseau ; « Pierre-Charles Andriès, curé de Moisy; « Georges Amaury, curé de Suèvres; « J ulien Bigot, curé de Villeneuve-Frouville; « Louis Mériault, curé d’Ecoman; « Jacques La Chaume, curé de Membrolles; « Louis-Joseph Thibault, curé de Mer; « Et Louis-Gaspard Viez, ci-devant aumônier, avaient fait hommage à la patrie de leurs lettres de prêtrise pour être la proie des flammes. Le même feu a fait disparaître en un instant les tristes restes de la féodalité et du fanatisme aux cris mille fois répétés de Vive la République l vive la Convention ! Le cortège s’est transporté aussitôt dans le même ordre sur la place de l’Éga¬ lité où l’on a planté un nouvel arbre vivace au son des instruments et aux chants de l’hymne � chéri des Marseillais et de diverses chansons patriotiques. « Rendus au temple de la raison et de la philosophie, l’on a procédé à l’inauguration du buste de l’immortel Brutus; un jeune orateur s’est présenté à la tribune pour faire un discours analogue aux circonstances, dans lequel il a déployé avec autant d’énergie que de sagacité l’amour sacré de la patrie et toutes les vertus républicaines dont ce grand homme nous a donné l’exemple. « Son discours terminé, l’on a dressé aussitôt ' dans l’enceinte quantité de tables sur lesquelles tous les citoyens à l’envi ont fait apporter chacun à raison de ses facultés tout ce qui était nécessaire pour fraterniser ensemble; hommes, femmes, vieillards, tout était confondu et ne faisait plus qu’un peuple de frères et d’amis. Ce repas vraiment attendrissant, qui honore à la fois et la raison et la philosophie, était d’au¬ tant plus flatteur qu’on a eu la satisfaction d’y voir réunis les citoyens Liger, Thoubault et Viez, ci-devant prêtres, dont la présence n’a pas peu contribué à la joie et à la gaieté qui éclatait dans tous les cœurs. « Ce joui-à jamais mémorable a vu verser dans le sein de nos frères indigents, dont les enfants ont volé au secours de la patrie, une somme de 2,000 livres, fruits du patriotisme de tous les bons citoyens de cette commune qui se sont empressés de concourir à cette offrande généreuse. « La fête républicaine s’est terminée par des danses prolongées bien avant dans la nuit, au son d’une musique guerrière, accompagnée de l’hymne sacré des Marseillais, de chansons — patriotiques, et aux cris mille fois répétés de Vive la Convention! vive la Montagne! vivent les sans-culottes! vive la République! « Les citoyens composant la Société populaire de la commune de Mer. , « Despaignol-Lafageîte, président; Rousseaü, secrétaire. « Duodi nivôse, l’an II de la République française une et indivisible.