282 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE oreilles, qu’ils reçoivent enfin la punition réservée à leurs forfaits ! Législateurs, quel spectacle vous venés de donner à la France, à l’Europe entière ! En abatant les têtes du nouveau Catilina et de ses nombreux complices, vous venés de prouver que la vertu a entièrement remplacé le crime, et que vous êtes toujours debout pour sévir contre les oppresseurs de l’humanité. Pères du peuple, recevés nos félicitations sur l’énergie que vous avés déployée dans les journées orageuses du 9 et 10 thermidor, et sur la joye que vous font éprouver vos nouveaux triomphes. Dutrouilh l’aîné ( présid .), Caussade ( secrét .) et 10 autres signatures. k [La Ie cie des canoniers volont. nat. soldés du départ ‘ du Cantal, aux c"* représentants composant la Conv. nat.; Grenoble (1), 22 therm. II] (2) Liberté, égalité, guerre à mort aux ennemis du peuple souverain ! Citoyens représentants, Pères de la patrie, au bruit des dangers qui ont menacé la liberté et la Convention nationale, nos cœurs ont frémi d’horreur... Non, le crime ne pourra jamais prévaloir sur les vertus. La Montagne triomphera toujours des efforts et des trames ourdies par les monstres qui se font un jeu de l’estime du peuple pour mieux s’abreuver de son sang. Vous êtes là, infati-guables Montagnards. L’œil de la vigilance vous accompagne, et vos vertus arrêtent aussitôt dans leur marche odieuse ceux qui veulent s’élever au-dessus du peuple. Le glaive de la loi frappe les tyrans et purge le sol de la liberté. Plus les dangers ont été grands, plus vous avez montré de force et d’énergie. Restez à votre poste, le peuple vous y a placés, et la République triomphera de tous ses ennemis. Quant à nous, citoyens représentants, nous jurons un attachement inviolable à la Convention nationale. Ce serment ne peut être oublié parmi nous, étant l’emblème de notre guidon et gravé dans nos cœurs. Citoyens représentants, nous vous adressons en même temps la somme de 269 liv. 15 sols, produit d’une collecte faite parmi nous, et nous la destinons à être employée à la construction du vaisseau Le Vengeur qui doit remplacer et immortaliser les braves républicains qui composaient cet équipage, morts si glorieusement pour la cause publique. Ce vaisseau va bientôt voguer sur les mers et va porter la mort à cette race perfide des infâmes Anglais, et sur touts les points, la République sera sauvée. Et, pour ce raliement à la Convention, vive la République, vive la Montagne ! Guillaume ( capitaine commdt), Besse (1er lieut1) et 16 autres signatures (3). (1) Isère. (2) C 318, pl. 1291, p. 7. (3) Mention marginale : Reçu les 269 liv. 15 s. le 2 fructidor. Signé Ducroisi. 1 [Le receveur de l’agence nat. de l’enregistrement et des domaines nat. du distr. de Decize-le-Rocher (1), à la Conv.; Decize, 25 therm. II] (2) Citoyens représentants, Vous avez décrété dans votre sagesse que la probité, les vertus étoient à l’ordre du jour. Oui, c’est sur cette double garrentie que doit reposer le bonheur de la République, celui de l’Europe entière. Vainement le crime travesti sous des formes séduisantes et perfides tenteroit-il d’altérer la pureté de ces principes, tôt ou tard le voile épais dont il s’envelope se déchire, la vérité perce, le coupable se montre tel qu’il est et finit par recevoir le prix dû à ses forfaits. Le glaive national qui ne devoit atteindre et frapper que les têtes coupables étoit devenu un objet de terreur et d’effroi pour l’innocence confondue dans la foulle des personnes véritablement suspectes. Un astucieux machiavéliste, un perfide sous les dheors imposants du bien public, méditoit depuis longtems, dans le sanctuaire même des loix, un sisthème destructeur de tout vrai principe. Combien d’innocentes victimes n’a-t-il pas sacriffié à ses vues ambitieuses ! La proscription ou la mort préludoient déjà les excès auxquels devoit se porter un jour la cruauté de sa perfidie. C’étoit au sein de la représentation natio-nalle que le Catillinat de nos jours, cet autre Cromvel, comme eux les mains dégoûtantes de sang, vouloit se fraiyer une routte à l’hotorité souveraine; mais le génie tutélaire qui veille sans cesse sur les destinées de la République a sçu déranger les plans combinés de cette détestable conjuration. Que sa mémoire et son nom, celui de tous ces coupables complices soyent à jamais en exécration ! Périssent comme eux tous ceux qui tenoient à ce sisthème d’usurpation ! S’il étoit réservé à votre vigilance de démasquer les traîtres, il ne falloit rien moins que le courrage et l’attitude imposante qui ont fait disparoître les dangers dont vous étiés menacés. Puisse un exemple aussi salutaire paraliser les mains paricides qui oseraient porter atteinte à la souveraineté du peuple dans la personne de ses représentants ! Qu’ils sachent, ces lâches conspirateurs, que l’unité, l’indivisibilité et l’authorité suprême de la République reposent essentielement sur le respect dû à la représentation nationale qu’on ne saurait violer impunément. En témoignage des vœux que forme ici le receveur de la régie des biens nationaux du district de Decize, daignez agréer, citoyens représentants, l’offrande de 25 livres qu’il dépose sur l’autel de la patrie pour être offerte à celui qui, le premier, a ozé affronter les dangers lorsqu’il s’est agi d’arrêter les conspirateurs. S’il doit s’honnorer des blessures qu’il en a reçu, je crois devoir à son patriotisme et à son courage ce léger tribut de reconnoissance. S. et F. (1) Nièvre. (2) C 318, pl. 1291, p. 9. SÉANCE DU 2 FRUCTIDOR AN II (19 AOÛT 1794) - N° 1 283 Maldant ( receveur de l’agence nat. de l’enregistrement et des domaines nat. du distr. de Decize-le-Rocher) (1). m [Le cn capitaine commdt la Ie c‘e des canoniers uolont. nat. soldés du départ1 du Cantal, à la Conv.; Armée des Alpes, 4e division] (2) Citoyen président, Les dangers que viennent de courir la liberté et la représentation nationale ont fait frémir tous les cœurs qui ont l’amour des vertus et de la liberté. J’ai le bonheur de commander une compagnie de républicains; je les ai assemblés ce matin, je leur ai parlé de l’énergie de la Convention nationale à punir les crimes et récompenser les vertus; je leur ai démontré les avantages qu’il y avoit à ce que la Convention nationale restât à son poste. Ces cœurs vrai-ments purs se sont levés d’un mouvement spontané et ont voté une adresse de félicitation à la représentation nationale; je leur ai exposé le trait héroïque des républicains qui composoient l’équipage du vaisseau Le Vengeur, qui sont morts si glorieusement pour la cause publique; aussitôt il s’est ouvert une subscription et chacun y a coopéré selon ses moyens. Cette somme m’a été déposée pour vous être envoyée et destinée à la construction du vaisseau qui doit remplacer l’immortel équipage et qui va bientôt flotter sur les mers pour anéantir la race anglaise. Citoyen président, je te prie de vouloir bien faire part à la Convention nationale de l’adresse cy-jointe (3) et de faire agréer l’offrande par nous faite. Je suis avec attachement, union et fraternité, le républicain Guillaume ( capitaine commdt). A Grenoble, le 22 thermidor, 2 e année de la République une, indivisible et démocratique. n [Les républicains de Smyrne (4) écrivent à la Convention nationale que, quoique séparés d’elle par de vastes mers, ils n’en ont pas moins frémi d’horreur en apprenant l’atroce conjuration qui menaçoit la liberté; ils applaudissent au supplice des conspirateurs, la félicitent sur ses travaux, l’invitent à rester à son poste, à déchirer tous les masques, l’assurent de leur entier dévouement à la révolution et lui annoncent que, malgré qu’une nombreuse aristocratie et des fonctionnaires liberticides aient voulu comprimer les élans de leur patriotisme, ils ont proclamé dans les contrées qu’ils habitent les principes de la France régénérée et libre] (5). (1) En marge : Reçu les 25 liv. le 2 fructidor. Signé Ducroisi. (2) C 318, pl. 1291, p. 8. (3) Voir ci-dessus k. (4) Empire Ottoman. (5) Bin, 2 fruct.; Ann. pair., n° DXCVII. O [La conseil gal et la sté popul. réunis, de Donzy (1), à la Conv.; Donzy, 23 therm. II] (2) Fidèles et courageux représentans, Enfin nous respirons l’air pur de la liberté. Le spectre hideux des Catilina l’avoit empesté de son haleine sanguinaire. La chute de ces monstres vient d’embélir le ciel et proclamer encore l’existence de l’Etre suprême. C’est à vous, illustres Montagnards, que nous sommes redevables de cet inappréciable bienfait. Grâces immortelles vous en soient rendues; nous bénissons à jamais vos impérissables travaux, et partout, en les partageant, nous saurons combattre vos dangers. Qu’ils savaient mal connaître le peuple fran-çois, les monstres ambitieux qui croyaient pouvoir élever impunément sous ses yeux le trône durable d’un nouveau despotisme sur la vile poussière du dernier des tyrans qu’il venait d’écraser ! L’amour sacré de la liberté ne l’enflamme-t-il pas tout entier, comme il embrase vos cœurs généreux ? En osant tourner contre vous leurs mains parricides, pensoient-ils donc éteindre ce feu qui se nourrit et s’accroît du souffle des orages élevés contre la patrie ? Avoient-ils donc oublié que ce peuple est toujours autour de vous et que l’i[n]fatiga-ble, l’incorruptible Parisien ne chérit pas en vain la liberté lorsqu’il sait si bien et si constamment montrer comme on la défend et comme on écrase les traîtres qui veulent la détruire ? 0 fille Renaud, s’il étoit vrai que ta main n’eût voulu frapper qu’un tyran, quel service ne rendais-tu pas à la patrie, sous les dehors du crime, en la délivrant alors d’un monstre qui n’a que trop vécu, et n’aurions-nous pas à donner à ta mémoire les regrets et la douleur que sa cruelle hipocrisie nous a ravis pour lui ? Non, jamais les réputations ne nous en imposeront à l’avenir : c’est à l’ombre des plus grands renoms que se couvèrent les plus grands forfaits. L’infâme Robespierre et les siens marchoient ainsi au trône des Cromwel mais ils ne se rappelloient pas que du trône à l’échaf-faud il n’y a qu’un pas. Le monstre jouoit toutes les vertus et son cœur renfermoit tous les crimes. Pensoit-il donc par cette infernale manœuvre nous persuader que la vertu n’est qu’une chimère, et ne nous parloit-il sans cesse depuis peu de l’existence de l’Etre suprême, que pour nous arracher par la sienne cette consolante idée ? Ah sans doute il y seroit parvenu s’il se fût assis tranquillement sur son trône de sang et si nul François ne se fût levé pour le poignarder; mais sa chute vient d’affermir notre foi, et votre courage, secondé par le fidèle Parisien, de nous convaincre que la vertu n’est pas un vain mot et ne peut l’être parmi des républicains. (1) Nièvre. (2) C 319, pl. 1300, p. 10, 12. Bin , 3 fruct.; Ann. pair., n° DXCVIII.