428 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ( f brumaire 1%” à Brest sur-le-champ, et qu’il en a fait part au capitaine du Tourville, et lui en a témoigné sa surprise. Signé : Kerguelen. ' Les capitaines des frégates, VEngageante, la Galathée, la Sémillante et la Nymphe, ont dé¬ claré être prêts à tenir la mer, ainsi que leurs équipages. Le capitaine de TEpervier a annoncé n’avoir que pour 21 jours d’eau et de vivres. Le capitaine Dordelin a cependant annoncé que la Nymphe fatiguait beaucoup, et faisait de l’eau. Signé : Dordelin, Charles Flotte, Bou-LAINE, LA BrETÈCHE et ÉMERY. Après l’énoncé de ces diverses opinions sur la situation des vaisseaux et des équipages, le citoyen Tréhouard, représentant du peuple près les ports de Brest et de Lorient, a proposé au conseil les questions suivantes; 1° Est-il possible, avec l’eau que l’on a ac¬ tuellement dans l’escadre, de se rendre de suite sur la croisière indiquée par le ministre de la marine? 2° S’il n’y a pas assez d’eau à bord des vais¬ seaux pour se rendre sur la croisière indiquée, combien faudrait -il de temps pour s’en procu¬ rer? 3° Serait-il nécessaire de mettre les malades à terre avant d’aller au combat? les équipages, dans ce cas, seraient -ils trop affaiblis? 4° L’esprit d’insubordination qui s’est ma¬ nifesté parmi les équipages de différents vais¬ seaux, et leur vœu plusieurs fois prononcé avec effervescence de rentrer à Brest, laissent-ils es¬ pérer que, rendus à la discipline, ils suivront, en vrais républicains, les ordres du ministre de la marine pour entreprendre une nouvelle croisière? 5° Quelle est la cause qui a pu produire l’in¬ surrection coupable qui a surtout éclaté le 1 4 sep¬ tembre? 6° Les différents besoins de l’armée, la sai¬ son, l’esprit d’insubordination des équipages, permettent -ils de faire voile sans délai pour la croisière indiquée? 7° Enfin, le salut de l’armée de la République exige-t-il impérieusement qu’elle relâche à Brest avant de reprendre la mer? Les généraux et capitaines répondent collec¬ tivement et après un mûr examen aux questions du citoyen Tréhouart, de la manière suivante : A la première. Non. A la deuxième. La quantité d’eau nécessaire à quatorze vaisseaux retiendrait l’armée au mouillage plus de 3 semaines, et conséquem¬ ment lui rendrait impossible l’exécution que lui prescrit le ministre de la marine ; cette impossi¬ bilité serait encore accrue par la consommation des vivres qu’il faudrait remplacer. A la troisième. Il est nécessaire de débarquer les malades qui, un jour de combat, embarras¬ sent extrêmement le poste destiné aux blessés. Un débarquement de malades, sans rempla¬ cement, affaiblirait encore des équipages in¬ complets. A la quatrième. Depuis le 14 septembre, le vœu fortement prononcé des équipages a été de rentrer à Brest ; les généraux et capitaines croient impossible de les rendre actuellement à la dis¬ cipline, et dans l’instant même un officier de la Côte-d'Or vient annoncer au général qu’un soulèvement se manifeste à bord de ce vaisseau, et que l’équipage, après avoir formellement an¬ noncé qu’ü veut mettre à la voile à la pointe du jour, a placé une sentinelle à la porte de la Sainte-Barbe et à l’entrée de la Fosse-aux -lions. A la cinquième. L’on ne saurait déterminer précisément la cause de cette funeste insurrec¬ tion ; mais l’on ne peut douter que des malveil¬ lants n’aient semé le trouble, que plusieurs vais¬ seaux plus effervescents n’aient contribué à propager les inquiétudes et le désordre qui dans ce moment s’est prodigieusement augmenté et paraît s’accroître encore. A la sixième. Non. A la septième. Les généraux et capitaines, pro¬ fondément affligés des maux qui désolent l’ar¬ mée navale de la République, et voulant la sau¬ ver, déclarent qu’ils ne peuvent espérer de par¬ venir à cet heureux résultat, si elle ne fait route au plutôt pour entrer à Brest. Fait à bord du vaisseau le Terrible, le 21 sep¬ tembre 1793, l’an 2 de la République une et indivisible. Signé : Vanstabel, Thomas, Dorré, Lan¬ glois, Bertrand Keranguen, Tiphai-gne, Henry, l’Évesqtje, Bouvet, Coet-nempren, Obet, Bonnefous, Bruix, Ri-CHERY, LabATUT, DüPLESSIS -GRENÎîD AN, Bois-Sauveur, Joyeuse, Terrasson, Ker¬ guelen, Lelarge, Landais, Trenquel-LEON, et MORARD DE GaLLES._ Les généraux et capitaines de l’armée navale de la République française, ayant unaniment re¬ connu que le salut de l’escadre dépendait essen¬ tiellement de sa prompte rentrée à Brest, et qu’ils ne trouvaient de possibilité d’exécuter pour l’instant les ordres du ministre de la marine, sans compromettre les forces qui leur sont confiées ; le vice-amiral Morard de Galles, commandant l’es¬ cadre, voudra bien prendre toutes les disposi¬ tions pour entrer à Brest dans le plus court délai, et rendra compte de cette mesure au co¬ mité de Salut ‘public et au ministre de la marine. A bord du vaisseau le Terrible, en rade du Palais, le 21 septembre 1793, l’an II de la Ré¬ publique une et indivisible. Signé : Les représentants du peuple près des ports de Brest et de Lorient. « Citoyens représentants, « Il y a 8 jours environ que je déposai entre les mains d’un de vos collègues (le citoyen Tréhouard), les faits que je dépose aujourd’hui dans les vôtres : alors je le fis de vive voix; il m’ordonna de le faire par écrit; je promis et je vais obéir. Son absence a produit mon retard : j’attendais son retour; mais les circonstances me font loi et je dois parler. Citoyens représen¬ tants, mon vaisseau va partir, c’est le bruit général, et, je vous le déclare, j’aimerais presque autant subir la peine de mort que de retomber une seconde fois sous le commandement d’un être tel que mon capitaine. « Je suis patriote, je n’ai pas cessé de l’être; je suis républicain, j’en ai des preuves bien con¬ vaincantes à vous donner. Avec cela, citoyens