390 fCoarention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ’ SicenÆr" "793 infiniment les magistrats qui se sont trouvés chargés de lui donner ces instructions salu¬ taires; il faut tout dire avec franchise, le citoyen Jamon et ses collègues nous ont beaucoup aidés dans cette tâche glorieuse, en ne prêchant que les maximes de la morale la plus pure; de son côté, le comité de surveillance n’a rien négligé à cet égard depuis son établissement, et nous lui devons de la reconnaissance. « Si, dans cette occasion, nous nous sommes entretenus de nous-mêmes, citoyens représen¬ tants, c’est parce que la gloire vous en est due tout entière; nous avons puisé cette sublime philosophie dans la lecture de vos décrets, c’est dans leur interprétation sage et fidèle que nous avons trouvé les moyens qui nous étaient né¬ cessaires pour faire triompher la raison dans tous les lieux qui nous avoisinent. « Nous allons vous expédier de suite tout l’or et l’argenterie de notre commune et celle de notre canton, comme aussi les ornements et habits sacerdotaux galonnés et tissus d’or ou argent. Nous vous prions d’agréer cet envoi avec bonté, ainsi que les nouvelles assurances de notre haute estime pour vos vertus. ( Suivent 13 signatures.) « Saint-Chamond, ce 18 frimaire, l’an II de la République, une, indivisible et démocra-tique. » La Société populaire de Quinson annonce qu’elle a recueilli pour les défenseurs de la patrie 63 chemises, 107 serviettes, 24 draps et 7 nappes. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit la lettre de la Société populaire de Quin¬ son (2). a Quinson, le 4 frimaire, an II de la Répu¬ blique, une et indivisible. « Citoyens représentants, « La Société populaire de cette commune, constamment animée de sentiments vraiment républicains, touchée d’humanité pour les dé¬ fenseurs de la patrie, n’a pas attendu des ordres pour penser à les secourir dans leurs maladies ou leurs blessures. « Dans le mois d’octobre dernier, elle prit un arrêté par acclamation portant nomination de deux commissaires pour inviter tous les zélés citoyens de la commune à faire des dons en linge. Son vœu n’a pas été trompé. Les habitants ont concouru avec empressement à cette œuvre de patriotisme, et les commissaires ont recueilli, des divers dons, 63 chemises, 107 serviettes, 24 draps de lit et 7 nappes. « La Société n’a pas voulu laisser dans l’oubli cet acte généreux et fraternel des habitants de sa commune; elle a cru devoir en faire l’offrande à la Convention, persuadée qu’à elle seule appartient la destination de ces linges. {!] Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 122, (2) Archivas nationales, carton G 287, dossier 866. pièce 26. « Avec joie, citoyens représentants, nous vous attestons, et à toute la République, que les soldats qui ont passé par ici pour le camp de Toulon brûlent tous d’une ardeur inexpri¬ mable pour la destruction des traîtres de cette ville infâme; il est sensible à nos cœurs d’avoir été les témoins de leur enthousiasme et de • vous en transmettre notre témoignage. « Nous sommes fraternellement, citoyens représentants, les membres du comité de cor¬ respondance de la Société populaire de Quin¬ son, département des Basses-Alpes. « Mauvek, président; Gilly, secrétaire; As-deé, secrétaire. » La Société populaire de Poitiers félicite la Convention nationale snr ses travaux, et de¬ mande la suppression de tons les extraits de baptême et de mort qui portent des marques distinctives. Renvoyé au comité d’instrnction publique (1). Suit l’adresse de la Société populaire de Poitiers (2). « Frères Montagnards, « Vous venez de recréer la nation par votre Constitution, et, nouveaux Prométhée, vous avez dérobé, je ne sais quel feu céleste qui l’anime et lui donne une nouvelle vie. « Conservez-la dans cet état de vigueur et de santé; coupez, tranchez sans miséricorde tout ce qui, même dans l’éloignement, menace d’y porter atteinte. « Ce n’est pas assez d’avoir extirpé le cœur de la féodalité, il faut en arracher jusqu’aux dernières racines, et par là nous défaire de toute crainte de le voir reparaître avant ou peu après sa guérison parfaite. Vous le savez, il s’était étendu dans toutes les parties de la vie civile depuis le berceau jusqu’à la tombe, comme si l’orgueil qui naissait avec un noble eût refusé de mourir avec lui. « Point d’extraits de baptême, point d’ex¬ traits mortuaires qui conservent des traces de ces distinctions bizarres des personnes aux¬ quelles vous avez substitué celles des talents et des vertus; et ces traces sont si bien suivies qu’il n’y a pas de ci-devant qui n’y puisse trouver la généalogie de sa famille jusqu’à la première génération. « Cet abus monstrueux, dont vous pres¬ sentez comme nous le danger, appelle à grands cris la hache de la réforme; dites, et que ces noms disparaissent des actes qui les contien¬ nent; dites, et qu’ils deviennent une injure, que tous ceux qui en ont des extraits soient contraints de les déposer comme des lettres de noblesse et sous les mêmes peines; après avoir paralysé dans les mains de nos ennemis les moyens de nous détruire, étouffez dans leur cœur ce qui meurt le dernier dans le cœur des contre-révolutionnaires : l’espoir de réussir. « Nous sommes, avec l’amour de la Répu¬ ll) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 122. (2) Archives nationales, carton F17 1703, dos¬ sier 1862. (Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j «f décembre 1793 391 blique une et indivisible, et la haine de ceux qui ne l’aiment pas, les sans-culottes compo¬ sant la Société populaire et montagnarde de Poitiers. « Raid, président; Mobxon, secrétaires; Cou-tubiee, secrétaire; Desmiee; Rigou-miee, secrétaire. » Les officiers de l’armée de l’Ouest présentent à la Convention nationale une adresse relative au siège d’Angers, dans laquelle ils font le plus grand éloge des citoyens et citoyennes de cette commune, dont ils ont célébré les vertus et le courage dans des couplets patriotiques joints à cette adresse. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au comité d’instruction publique (1). Suit le texte de cette adresse (2). Adresse à la Convention nationale par les offi¬ ciers de l’armée de l’Ouest, au sujet du siège d’Angers par les brigands. « A Angers, ce 15e jour du 3e mois de la 2e année de la République française, une et indivisible, 2e décade. « Citoyens représentants, « Depuis que nous remplissons la triste fonc¬ tion de combattre et de détruire nécessaire¬ ment des français dans la Vendée, voici la se¬ conde fois enfin que nous avons la consolation de nous trouver avec des citoyens qui soient véritablement dignes d’être appelés nos frères et d’être décorés du glorieux nom de répu¬ blicains. « Nous sommes maintenant si accoutumés à ne trouver partout que de l’artifice et du dan¬ gereux dessous de cartes, qu’en vérité nous pouvons bien regarder comme un vrai phé¬ nomène tout ce qui vient de se passer de beau sous nos yeux pendant les deux jours derniers qu’a duré le téméraire siège d’Angers par les audacieux brigands qui, non contents d’avoir été vigoureusement mis en déroute à Gran¬ ville, il y a trois semaines, ont encore voulu l’être aujourd’hui à Angers. « Le 12 de ce mois, ils bivouaquèrent à une lieue de cette ville, du côté de La Flèche. Sur cette nouvelle, on battit la générale à Angers et tout fut bientôt sur pieds, citoyens comme soldats. On se prépare a faire une vigoureuse résistance, et l’on détache un corps armé, de 5 à 600 hommes, pour aller conduire une pièce de canon au Pont-de-Cé, qui était défendu par 3,000 hommes. « Le 13 à 10 heures du matin, les brigands attaquent. Nos canons les reçoivent, pendant que toute l’armée et les citoyens de la ville se rassemblent et se rendent respectivement à leurs différents postes assignés par les géné¬ raux. Le feu tout aussitôt éclate dans plusieurs maisons dés faubourgs que les brigands au¬ raient pu prendre pour leur retranchement. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 123. (2) Archives nationales , carton F” 1703, dos¬ sier 1865. « C’était une précaution dont on s’était habilement avisé avant leur arrivée pour leur ôter le plus d’asiles possible dans le voisinage de la ville. « Ils n’en trouvèrent pas moins un ci-devant oouvent et plusieurs grandes maisons en état de les recevoir, tout vis-à-vis l’hôtel de la com¬ mune, qui donne précisément sur le rempart, non loin de la porte Saint-Michel, qui aboutit 4 la route de Paris, que les brigands tenaient en leur pouvoir. De là, ces malheureux fusil¬ laient et canonnaieat la ville et la municipalité surtout avec une ardeur indescriptible. Nous leur répondîmes sur le même ton, et cela dura toute la journée, une partie de toute la nuit et les trois quarts et demi du lendemain, ce -qui les lassa et finit par les mettre en déroute. « Voilà, en deux mots, le résumé de cette nouvelle tentative de la borde exécrable que, depuis sept à huit mois, sans trop savoir pour¬ quoi, nous avons tant de peine à exterminer. Mais voici maintenant, de quelle belle ma¬ nière nos magnanimes frères d’Angers se sont illustrés dans cette épineuse affaire et nous ont aidés à les délivrer du fléau d’un assaut que d’après toutes les funestes expériences réi¬ térées du trop traître passé, nous avions tout lieu de craindre, et pour la République, et pour eux et pour nous. « D’abord les officiers municipaux, dans la cour desquels il y avait une assez forte partie de notre armée qui combattait tour à tour sur leurs remparts, se trouvèrent tous en écharpe sur leur porte, quand nous entrâmes chez eux pour les -défendre. Ils nous reçurent très fra¬ ternellement et ne nous laissèrent manquer de rien de ce qui était en leur pouvoir, tant pour la défense générale de la place que pour les besoins les plus minutieux de tous les individus de notre troupe. On leur doit les plus grands éloges et en même temps la plus grande recon¬ naissance pour le zèle et Tardent patriotisme qu’ils ont tous montrés dans cette occasion dé¬ cisive. Ils ne s’écartèrent pas un instant de leuf poste, ni nuit, ni' jour, disant et répétant bra¬ vement à qui voulait l’entendre, qu’ils avaient juré d’y mourir et qu’eux ainsi que tous les habitants d’Angers étaient très disposés à s’ensevelir sous leurs murs plutôt que d’ouvrir leurs portes aux criminels assiégeants. « On jugea nécessaire de hérisser de petits sacs pleins de terre les rebords des murailles, qui sont trop basses, pour favoriser le soldat assiégé, pendant qu’il observe ou charge son arme; tout aussitôt ces bons magistrats se ré¬ pandirent dans les différents quartiers de la ville pour en solliciter aux femmes, et en moins d’une heure, on en vit déjà arriver de toutes parts. « On leur .fit entrevoir que, pendant que le soldat se battait, il ne pouvait pourvoir à sa subsistance, ils firent aussitôt proclamer au son de la caisse dans tonte la ville qu’on ait à leur faire des soupes pour les sustenter; mais leurs ordres étaient-déjà prévenus par l’hu¬ maine sollicitude du patriotisme rare des res¬ pectables femmes d’Angers; déjà les rues étaient pleines de ces dignes femmes qui s’entrecho¬ quaient et couraient vivement aux remparts, des terrines pleines de viande et de soupe à la main, pain et vin dessous le bras, pour res¬ taurer un peu, disaient-elles, leurs braves dé¬ fenseurs