SÉANCE DU 20 THERMIDOR AN II (7 AOÛT 1794) - N° 1 287 Représentants, Quelle victoire vous venez de remporter, et combien elle est chère aux coeurs de tous les Français qui veulent être libres ! Des factieux, des scélérats vouloient nous donner des maîtres, peut-être même un Cromwel, mais votre surveillance active, votre énergie et votre amour pour la liberté ont encore sauvé la République. La société populaire de Maubeuge, en vous félicitant de vos travaux, vous invite à les continuer, quand il existeroit encore des factieux, persuadée que la Convention, mère aussi grande et aussi vertueuse que le peuple qu’elle représente et de la confiance méritée duquel elle est entourée, restera bonne, saine, ferme, inébranlable. Nous ne craignons point les complots des ennemis de la liberté. Leurs trames horribles toujours déjouées, les scélérats exterminés, les armées victorieuses, les rois trembleront, nous serons libres et jurons de vous seconder en activité, courage et surveillance pour la République une et indivisible. Vive la République et la Convention ! Olivier, Picard (présid.), Baudré (secret.). r" [La sté popul. de Bemayil) à la Conv.; Bemay, 15 therm. II] (2). Représentans du peuple, Grâce à votre héroïque courage, la République vient encore de sortir triomphante d’une des plus horribles conjurations qui aient été ourdies contre elle : que les bénédictions du peuple, que vous avez sauvé, en soient la récompense ! Législateurs, vous acquérez tous les jours de nouveaux droits à notre reconnaissance; nous ne récapitulerons pas tout ce que vous avez bravé de dangers pour nous; vous avez sauvé la patrie : voilà tout l’éloge que nous vous devons; si vous en aviez besoin d’un autre, vous n’en mériteriez aucun. Mais plus vous consolidez l’édifice de notre liberté, plus vous nous devez de nous prémunir contre l’enthousiasme et les dangers de la reconnaissance elle-même : oui, la reconnaissance a ses dangers, surtout parmi nous. C’est elle qui a ouvert la carrière à tant de conspirateurs; c’est par elle que, tant de fois, le peuple a été circonvenu et qu’il a failli devenir la victime de fourbes profonds et d’hypocrites machiavélistes. Mettez un frein à ce sentiment, si naturel, d’aimer ceux que nous croyons vertueux, mais si dangereux durant les révolutions. Tous les Français veulent être libres; tous les Français sçavent combattre et vaincre pour le triomphe de la liberté; qu’ils aprennent de vous que ce n’est pas assez; qu’il faut qu’ils sachent encore que, quelques grands que soient les services rendus par un citoyen à la patrie, il n’a fait qu’acquitter une dette, qu’en (1) Eure. (2) C 315, pl. 1262, p. 1. Bin, 20 therm.; F.S.P., n° 400; J. Sablier (du soir), n° 1483 (pour 1485); Rép., n° 232. un mot toute idolâtrie est abjection, esclavage; que la patrie doit exclusivement régner dans l’âme d’un vrai républicain. Représentans du peuple, continuez vos immortels travaux. Pulvérisez les trônes et les tyrans du dehors et, dans l’intérieur, rendez imperturbable le niveau de l’égalité. Nous vous jurons que la représentation nationale sera toujours notre point de raliement, l’objet de nos respects et de notre dévouement : mais chacun des membres qui la compose ne connaîtra toute l’étendue de notre reconnaissance que lorsque, revenu dans ses modestes foyers, il nous prêchera d’exemple en courbant sa tête sous le joug honorable des loix qu’il aura provoquées; alors nous lui dirons : tu as contribué à l’établissement de la liberté, à la gloire de ton païs; ô homme ! tu es parvenu au comble de la félicité; sois notre frère, notre ami, jouis enfin de tout le bonheur que tu nous as procuré : tu l’as mérité ! Harou (secret.), F.G. Boivin (présid.), Prêta-voine le jeune (secrét.). s" [La sté popul. d’Angoulême (1), réunie à tous les vrais sans-culottes de la comm., à la Conv.; Angoulême, 15 therm. 7/7(2). Représentans, Au récit de la conjuration de Robespierre, que vous avés courageusement étouffée, le peuple de cette commune s’est levé en masse, a donné carrière à tous les mouvements de son indignation contre le traître et ses complices, et, rappellant aussitôt ses sentiments vers l’unique centre de la République, il s’est écrié : vive la Convention nationale ! Infâme Robespierre, tu aspirois donc à la tiranie ! Sous le masque du patriotisme, tu voulois égorger le peuple, tu voulois éteindre dans le sang de ses vertueux deffenseurs le feu sacré de la liberté. Mais le génie conservateur de la République ne t’a pas donné le temps de consommer tes crimes. Tu viens de les expier sur l’échaffaud, et ta mémoire ne sera plus qu’un objet d’horreur. Nouveau Catilina, tu osas venir siéger au sénat français. Alors tu méditois le plan de la plus vaste destruction mais, abandonné de tous, tu fus livré à la honte, et la voûte du sénat ne retentit que de tes abominables complots. Quels cris douleureux (sic) et lamentables n’a pas épargné aux patriotes la punition de ce monstre ! La France, apprès tant de sacrifices et de combats pour sa liberté, devenoit la proye, ou d’un triumvirat insolent, ou d’un cruel despote. Les dissentions intestines se renouvel-loient avec fureur, et l’aristocratie se relevoit sur les ruines de la patrie en cendres. Tel est l’abyme qui eût englouti la République, et qui ne se présente à nos regards qu’avec le cortège des plus affreuses images. Vous l’avez (1) Charente. (2) C 315, pl. 1262, p. 10. EF, 20 therm.; J. Fr., n° 682. SÉANCE DU 20 THERMIDOR AN II (7 AOÛT 1794) - N° 1 287 Représentants, Quelle victoire vous venez de remporter, et combien elle est chère aux coeurs de tous les Français qui veulent être libres ! Des factieux, des scélérats vouloient nous donner des maîtres, peut-être même un Cromwel, mais votre surveillance active, votre énergie et votre amour pour la liberté ont encore sauvé la République. La société populaire de Maubeuge, en vous félicitant de vos travaux, vous invite à les continuer, quand il existeroit encore des factieux, persuadée que la Convention, mère aussi grande et aussi vertueuse que le peuple qu’elle représente et de la confiance méritée duquel elle est entourée, restera bonne, saine, ferme, inébranlable. Nous ne craignons point les complots des ennemis de la liberté. Leurs trames horribles toujours déjouées, les scélérats exterminés, les armées victorieuses, les rois trembleront, nous serons libres et jurons de vous seconder en activité, courage et surveillance pour la République une et indivisible. Vive la République et la Convention ! Olivier, Picard (présid.), Baudré (secret.). r" [La sté popul. de Bemayil) à la Conv.; Bemay, 15 therm. II] (2). Représentans du peuple, Grâce à votre héroïque courage, la République vient encore de sortir triomphante d’une des plus horribles conjurations qui aient été ourdies contre elle : que les bénédictions du peuple, que vous avez sauvé, en soient la récompense ! Législateurs, vous acquérez tous les jours de nouveaux droits à notre reconnaissance; nous ne récapitulerons pas tout ce que vous avez bravé de dangers pour nous; vous avez sauvé la patrie : voilà tout l’éloge que nous vous devons; si vous en aviez besoin d’un autre, vous n’en mériteriez aucun. Mais plus vous consolidez l’édifice de notre liberté, plus vous nous devez de nous prémunir contre l’enthousiasme et les dangers de la reconnaissance elle-même : oui, la reconnaissance a ses dangers, surtout parmi nous. C’est elle qui a ouvert la carrière à tant de conspirateurs; c’est par elle que, tant de fois, le peuple a été circonvenu et qu’il a failli devenir la victime de fourbes profonds et d’hypocrites machiavélistes. Mettez un frein à ce sentiment, si naturel, d’aimer ceux que nous croyons vertueux, mais si dangereux durant les révolutions. Tous les Français veulent être libres; tous les Français sçavent combattre et vaincre pour le triomphe de la liberté; qu’ils aprennent de vous que ce n’est pas assez; qu’il faut qu’ils sachent encore que, quelques grands que soient les services rendus par un citoyen à la patrie, il n’a fait qu’acquitter une dette, qu’en (1) Eure. (2) C 315, pl. 1262, p. 1. Bin, 20 therm.; F.S.P., n° 400; J. Sablier (du soir), n° 1483 (pour 1485); Rép., n° 232. un mot toute idolâtrie est abjection, esclavage; que la patrie doit exclusivement régner dans l’âme d’un vrai républicain. Représentans du peuple, continuez vos immortels travaux. Pulvérisez les trônes et les tyrans du dehors et, dans l’intérieur, rendez imperturbable le niveau de l’égalité. Nous vous jurons que la représentation nationale sera toujours notre point de raliement, l’objet de nos respects et de notre dévouement : mais chacun des membres qui la compose ne connaîtra toute l’étendue de notre reconnaissance que lorsque, revenu dans ses modestes foyers, il nous prêchera d’exemple en courbant sa tête sous le joug honorable des loix qu’il aura provoquées; alors nous lui dirons : tu as contribué à l’établissement de la liberté, à la gloire de ton païs; ô homme ! tu es parvenu au comble de la félicité; sois notre frère, notre ami, jouis enfin de tout le bonheur que tu nous as procuré : tu l’as mérité ! Harou (secret.), F.G. Boivin (présid.), Prêta-voine le jeune (secrét.). s" [La sté popul. d’Angoulême (1), réunie à tous les vrais sans-culottes de la comm., à la Conv.; Angoulême, 15 therm. 7/7(2). Représentans, Au récit de la conjuration de Robespierre, que vous avés courageusement étouffée, le peuple de cette commune s’est levé en masse, a donné carrière à tous les mouvements de son indignation contre le traître et ses complices, et, rappellant aussitôt ses sentiments vers l’unique centre de la République, il s’est écrié : vive la Convention nationale ! Infâme Robespierre, tu aspirois donc à la tiranie ! Sous le masque du patriotisme, tu voulois égorger le peuple, tu voulois éteindre dans le sang de ses vertueux deffenseurs le feu sacré de la liberté. Mais le génie conservateur de la République ne t’a pas donné le temps de consommer tes crimes. Tu viens de les expier sur l’échaffaud, et ta mémoire ne sera plus qu’un objet d’horreur. Nouveau Catilina, tu osas venir siéger au sénat français. Alors tu méditois le plan de la plus vaste destruction mais, abandonné de tous, tu fus livré à la honte, et la voûte du sénat ne retentit que de tes abominables complots. Quels cris douleureux (sic) et lamentables n’a pas épargné aux patriotes la punition de ce monstre ! La France, apprès tant de sacrifices et de combats pour sa liberté, devenoit la proye, ou d’un triumvirat insolent, ou d’un cruel despote. Les dissentions intestines se renouvel-loient avec fureur, et l’aristocratie se relevoit sur les ruines de la patrie en cendres. Tel est l’abyme qui eût englouti la République, et qui ne se présente à nos regards qu’avec le cortège des plus affreuses images. Vous l’avez (1) Charente. (2) C 315, pl. 1262, p. 10. EF, 20 therm.; J. Fr., n° 682.