[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j g dSmbr�nos 677 au pied de l’arbre de la liberté et brûlés au milieu des chants et des airs chéris des républi¬ cains. On est revenu ensuite au temple de la raison où. le citoyen président de la société a prononcé un discours destiné à démontrer que les dogmes absurdes, les pratiques extravagantes, les contes ridicules qui étaient ci-devant ensei¬ gnés, n’étaient bons qu’à dégrader la raison, étouffer le jugement et pervertir les esprits. Qu’ü était temps de leur substituer les principes de la justice, de l’amour de ses semblables, de l’attachement à la patrie, et que la loi, la liberté, l’égalité devaient être à l’avenir le seul évangile. Plusieurs citoyens ont appuyé, par leurs discours, les principes du président, en développant les maux inouis qu’avaient causés la superstition et le fanatisme, et ceux surtout qu’avaient faits les prêtres depuis le commencement de la Révolution. Tous ces discours ont été écoutés avec atten¬ tion et couverts d’un si grand nombre d’ap¬ plaudissements qu’il est impossible de douter que tous les auditeurs ne fussent persuadés que la religion de la loi sera bien plus profitable à tous que les arlequinades célestes qui stupé¬ fiaient ci-devant les hommes. Un citoyen a observé que c’était à la Conven¬ tion nationale que nous devions le bonheur d’être délivrés du bandeau qui obscurcissait nos yeux, èt d’avoir une Constitution établie sur les bases de la justice et de la raison, et qu’il con¬ viendrait de l’inviter à rester à son poste jus¬ qu’à la consolidation entière de son ouvrage, jus¬ qu’à l’extinction totale des ennemis de la liberté. Tous les assistants ont applaudi cette motion avec enthousiasme; tous ont juré de ne recon¬ naître d’autre symbole que celui de la liberté, de l’égalité; d’autre culte que celui de la loi natu¬ relle, de la fraternité et du républicanisme. On s’est donné universellement le baiser fra¬ ternel. On a commencé dans le temple même une farandole qui a entraîné tout le monde dans une vaste prairie où chacun apportant son pain, son vin et son plat, on a fait un repas amical où la cordialité, la gaieté et la fraternité ont véritablement présidé et qui a été suivi jusqu’à la miit par des danses et des chants. Quatre commissaires des autorités cons-tuées provisoires de Ville -Affranchie, tous bons jacobins, bons sans-culottes, ont assisté *à la fête et ont paru persuadés que les citoyens de cette commune et du canton étaient à la hauteur des circonstances. Ça va. Ça ira. Dont et de tout a été rédigé procès-verbal en deux doubles expéditions pour être envoyées, l’une au Président de la Convention nationale, l’aufre aux commissaires représentants du peuple à Ville-Affranchie. Fait à la Société populaire Jd’ Anse, les jour, mois et an susdits et ont signé tous les maires et officiers municipaux et autres citoyens de chaque commune du canton. ( Suivent 111 signatures.) Les officiers municipaux de la commune de Gauzac (1), district de Gannat, demandent que cette commune soit dispensée de fournir la tota¬ lité ou partie de 1,200 bateaux de froment qu’elle (1) Nous n’avons pas pu identifier cette commune. doit fournir à la commune de Moulins, d’après un arrêté du représentant du peuple Legendre. Renvoi à la Commission des subsistances (1). Le citoyen Mogue, commissaire délégué par le comité de Salut public près de l’armée et dans le département de l’Ouest, annonce à la Conven¬ tion nationale que les mesures révolutionnaires qui viennent d’être prises à Saumur et à Angers, y ont produit le meilleur effet. Le nombre des arrestations y est considérable : dans les visites, des dépôts précieux et en grande quantité, ap¬ partenant à des émigrés et à des déportés, ont été découverts et saisis. Parmi les contre-révolutionnaires arrêtés on compte particulièrement les nommés Laplanche de Rouliez, ex-constituant, Pignerolles et To-reau de la Martinière. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre du citoyen Mogue ( 3). Nicolas-Memmie Mogue, commissaire délégué 'par le comité de Salut public près Varmée et dans les départements de V Ouest, à la Conven¬ tion nationale. « Saumur, le 22 brumaire {sic) l’an II de la République, une et indivisible. « Représentants du souverain, « Je vous adresse un arrêté révolutionnaire que j’ai proposé au comité de surveillance établi dans la ville d’Angers, et qui a été ap¬ prouvé par vos collègues envoyés à l’armée de l’Ouest : son exécution simultanée a eu tout le succès qu’on pouvait en attendre. Les mesures qu’il renferme viennent aussi de s’exécuter avec fruit dans la ville de Saumur, d’où je vous écris. Il en est résulté l’ arrestation de plus de trois cents personnes suspectes dont une grande partie sont des contre-révolutionnaires et des agents des chefs de la Vendée. Une visite domi¬ ciliaire générale dans ces deux villes a produit la découverte de plusieurs objets d’accapare¬ ment; a procuré plus de trois mille paires de souliers pour les guerriers de Mayence, quantité de draps, de serviettes et de charpie pour les hôpitaux, de nombreuses têtes pour la guillotine qui est ambulante et dont les stations dans ces deux villes portent la terreur et l’effroi dans l’âme des conspirateurs. L’excellente Commis¬ sion militaire qui la précède dans ses processions révolutionnaires lui fournit chaque journée plusieurs têtes royalistes et fanatiques. « Dans la visite, des dépôts précieux, apparte¬ nant à des émigrés, �à des déportés, ont été dé¬ cou vers et saisis; le 'désarmement des gens sus¬ pects s �st effectué et une foule de femmes qui, au mépris des lois, suivaient l’armée, ont été mises en état d’arrestation. Parmi les contre-révolutionnaires arrêtés on compte Messieurs de la Planche de Ruillié, ex-constituant, de Pignerolles, Toreau de la Martinière, etc. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 312 (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 313 (3) Archives nationales, carton C 286, dossier 843 678 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. g Sé�mbre�S « A Saumur, les maîtres d’école et les insti-- tuteurs faisaient encore apprendre aux en¬ fants le catéchisme de Monseigneur l’ancien évêque d’Angers; tous les exemplaires ont été saisis et mis en pièces aux applaudissements de tous ces petits républicains à qui on va distri¬ buer des déclarations des droits de l’homme et des Constitutions, avec injonction à leurs péda¬ gogues de les leur expliquer et faire apprendre. « Il est probable que dans ce moment nos armées sont aux prises avec le reste des brigands qui,; investis et foudroyés de toutes parts, ne tarderont pas à être anéantis. L’opinion générale des rebelles est de gagner la mer et de s’em¬ barquer afin de soustraire leurs têtes à la ven¬ geance nationale. Tous les jours des citoyens égarés, qui avaient suivi les brigands, rentrent dans leurs foyers et remettent leurs armes en¬ tre les mains des municipalités et des comités de surveillance. « Dans ces contrées le peuple, et celui des campagnes surtout, est servile, pusillanime, sans lumières et sans énergie ; la plupart des vil¬ lageois ignorent même encore ce que c’est que la Convention nationale : partout le peuple a besoin d’être électrisé et principalement d’être instruit. Les autorités constituées sont faibles et ont besoin d’être stimulées. « Le fanatisme est l’enfant de l’ignorance et le nourricier du royalisme; voulez-vous anéantir l’un par l’autre, regardez l’instruction dans les villes et surtout dans les campagnes des dépar¬ tements qui environnent la Vendée; que ce der¬ nier département, le foyer de la guerre intestine qui n’attend peut-être que l’occasion d’éclater derechef, soit entièrement régénéré par des colons républicains choisis dans les meilleurs départements de la République; que les enfants, les femmes des rebelles et le reste des habitants de la Vendée soient dispersés sur tous les points de la France, sinon exportés à Madagascar. Tels sont, à mon avis, les seuls moyens de prévenir de nouvelles rébellions dans un pays où. le fana¬ tisme royal et sacerdotal est devenu une fré¬ nésie incurable. « Jusqu’à la réalité de cette mesure salutaire je pense que la Convention nationale porterait un terrible coup aux deux monstres qui désolent depuis huit mois le plus beau et le plus riche pays de la République, en décrétant l’envoi, dans chaque canton des départements de l’ouest d’un missionnaire jacobin dont la fonction serait de parcourir les communes de son arrondissement, de lire au peuple assemblé les écrits publics et les Bulletins de la Convention, de propager parmi les habitants des campagnes les principes des Droits de l’homme et de la Constitution répu¬ blicaine. Enfin de disséminer les journaux révolutionnaires et les plus à portée des bons et simples villageois; les jours de décades se¬ raient consacrés à cette instruction popùlaire. « Cette mesure, qui ne manquerait pas de réussir, devrait peut-être s’étendre à tous les cantons des départements de la République; insensiblement la lumière dissiperait devant elle les ténèbres de l’erreur, les préjugés disparaî¬ traient et la philosophie planerait à jamais sur la surface de la terre de la Liberté. « Les propagandistes seraient choisis dans les sociétés populaires qui sont affiliées aux Jaco-pins de Paris, et leur traitement coûterait moins à la nation que celui d’une foule d’imposteurs dont l’influence est d’autan-tjplus dangereuse qu’ils osent se dire les apôtres de la vérité, les ministres de la raison. « En attendant, je demande instamment que la Convention nationale ordonne au ministre de l’intérieur de répandre avec profusion dans les départements de l’ouest, les Bulletins de la Convention, les lois populaires et les journaux les plus patriotiques, et les plus à portée dès lecteurs des campagnes; de se faire rendre compte de la réception et de la publicité de ses envois pàr les autorités constitués, les Sociétés populaires et les comités de surveillance. « Le commissaire national, ; « Mogue, 'propagateur des Droits de Vhomme. Comité révolutionnaire établi à Angers par les représentants du peuple (1). Le comité révolutionnaire, établi à Angers par les représentants du peuple, extraordinai¬ rement assemblé au lieu de ses séances, pour délibérer sur le salut de la République. Considérant que la déroute que vient d’es¬ suyer l’armée française entre Laval et Château - Gontier, que les dénonciations de plusieurs bons citoyens, et que les renseignements pris par le comité ne permettent plus de douter qu’il existe dans les murs de la ville d’Angers un grand nombre de malveillants et de contre-révolutionnaires ; Considérant que le peuple qui, trop long¬ temps, a été la victime de l’égoïsme et le jouet de l’aristocratie féodale et sacerdotale, ne peut trouver son bonheur que dans l’exécution des lois révolutionnaires décrétées par la Con¬ vention nationale : Considérant que le salut du peuple est la loi suprême ; Considérant enfin que la liberté menacée de toutes parts par les suppôts de la tyrannie et du fanatisme, ne peut triompher que par l’anéantissement subit de tous les conspirateurs et de leurs agents, Arrête révolutionnairement, comme mesures de salut public, et sauf l’approbation des re¬ présentants du peuple, ce qui suit : Art. 1er. « Il serait fait une visite domiciliaire dans toutes les maisons de la ville et des faubourgs d’Angers; elle aura lieu le quatorzième jour du présent mois, commencera à dix heures du matin, et sera finie sans désemparer. Art. 2. « La visite se fera en même temps dans les faubourgs et dans la ville. Art. 3. « Le comité nommera incessamment des com¬ missaires pris dans son sein, qui, de concert avee des membres des conseils généraux du département, du district, de la commune d’An¬ gers, et d’autres républicains choisis par le comité, concourront à accélérer la perquisition (1) Afchives nationales, carton G 286, dossier 843.