SÉANCE DU 27 BRUMAIRE AN III (17 NOVEMBRE 1794) - N° 12 319 v [La société populaire de Castelnaudary à la Convention nationale, s. d.] (50) Liberté, Égalité, unité, indivisibilité de la République. Représentans Le tiran n’est plus. Votre male énergie en abbattant la tirannie a renversé le sistème de terreur qui versa impunément le sang des patriotes, porta la désolation dans toutes les familles, et fit à la patrie une plaie qui sera longtems a se cicatriser; dans ce tems malheureux où la morale fut portée au dernier degré de corruption par ceux la même qui parlaient sans cesse de probité et de vertu, où une longue suite de crimes fut un titre pour aspirer aux places publiques, le patriote vertueux n’eut qu’a gémir et attendre en silence que l’Etre suprême invoqué sans cesse par les scélérats qui dechiroient la patrie en son nom, en vengeant sa propre cause vengeât celle du genre humain opprimé. Vous venez d’une main hardie d’arracher le masque dhipocrosie qui couvrait les prétendus amis du peuple qui avaient comblé la mesure de ses calamités en parlant sans cesse de son bonheur. . . Ainsy finiront tous les ambitieux ; on peut a force de crimes obtenir quelques succès, opprimer même le peuple en le frapant de stupeur mais son reveil est terrible et sa volonté consta-ment dirigée vers le bien, n’a qu’a se prononcer pour renverser l’idole et anéantir les oppresseurs. Représentans, l’univers vous contemple avec admiration, le peuple français se glorifie de vous avoir fait les depositaires de son aurorité souveraine. Vous avez déclaré dans votre adresse immortelle aux français que vous ne souffri-riés pas qu’aucune voix parlât plus haut que celle de la Convention et nous vous declaront que nous ne connaissons d’autres législateurs que vous, sans doute chaque citoyen doit a sa patrie le tribut de ses talents et de ses pensées, sans doute l’opinion publique doit être éclairée par les discutions des sociétés populaires mais il n’appartient qu’a vous, Représentans du peuple, de dicter des loix : la vertu qui les inspire ne leur donne d’autre base que la justice. Justice par tout le monde, Representans, partout on peut trouver le républicain vertueux, partout les loix doivent le protéger, partout l’homme coupable doit être puni. Qu’il est humiliant pour les tirans de la terre ! qu’il est beau pour le philosophe sensible et vertueux, le spectacle d’une nation libre, d’un peuple de frères, qui gouvernés par des loix dictées par la justice, ne reconnaissent d’autre idole que la patrie, d’autre ennemi que celui qui la trahit. (50) C 326, pl. 1420, p. 10. Bull., 28 brum. Cette république se compose essentiellement d’hommes vertueux et à coté du crime n’a jamais siégé le républicain. Le régné des charlatans est passé, et désormais pour croire au patriotisme il faut que la probité ( illisible ) la conviction. Le tyran en déviant la révolution de son but avoit fait triompher le crime, votre courage en la ramenant a son unique fin a fait triompher la justice et la vertu. Représentans, vous avez bien mérité du genre humain, votre récompense est dans vos coeurs, elle est dans notre reconnaissance, elle est dans la rage et le désespoir des intrigans, des hipocrites et des fripons dont le régné est passé ; Représentans, vertu, justice, amour sans borne pour la patrie, voila nos principes, ils sont immuables, ralliement a la Convention, soumission entière a ses décrets; voila nos serments, ils sont inviolables ; vive le peuple, vive la Convention. Suivent 50 signatures. La société a délibéré dans sa séance du vingt-six vendémiaire que la présente adresse serait signée individuellement. w [La société populaire de Xantes (ci-devant Saintes) à la Convention nationale, le 29 vendémiaire an III] (51) Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort Représentans du peuple, Depuis quelques jours, des nuages obscurcissaient l’horison révolutionnaire, la majesté de la représentation nationale s’est montrée et tous les élémens d’orages ont disparus. Chacun a vû clairement dans l’exposition de vos principes, le triomphe des patriotes irréprochables, l’excuse du patriote égaré; la honte et le tombeau de ceux qui n’ont pris de patriote que le masque et le nom. Ainsi finiront toutes les luttes de la malveillance et de l’intrigue contre les règles éternelles de justice et de morale sans lesquelles il n’est point de gouvernement. Vous ne vous en tiendrés pas législateurs a la seule profession de ces grandes maximes; toutes vos loix en auront l’auguste caractère. Robespierre n’avait de probité et de justice que dans ses discours et ses astucieux raports, vous, vous les pratiquerés... il outrageait dans son ame l’être suprême que sa bouche exaltent, et vous, vous le servirés et le ferés aimer sans en parler. Déjà nous voyons prononcer ces décrets salutaires et si attendu qui doivent assurer à la jeunesse française les fruits heureux d’une éducation démocratique, qui sous le nom de Code civil porteront les derniers coups à l’hidre (51) C 326, pl. 1420, p. 11. 320 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE dévorant de la chicane, qui completteront, purifieront notre législation criminelle qui rendront la vie au commerce et aux arts, encourrageront l’industrie et feront fleurir l’agriculture la première et la plus sure des richesses. Alors, Représentans, et seulement alors, vous viendrez partager avec vos frères, les douceurs d’une constitution que vous aurés faites, et pour laquelle vous aurés bravé tous les obstacles, affrontés tous les dangers. Salut et fraternité. Suivent 187 signatures. x [La société populaire de Clamart-le-Vignoble à la Convention nationale, le 21 brumaire an III\ (52) Citoyens Representans, Nous avons vû avec d’autant plus de satisfaction votre dernière adresse, qu’elle exprime les sentimens dont nous sommes pénétrés depuis qu’en proscrivant de la france les tyrans, vous en avés frapé jusqu’à l’ombre et que par là vous y avés jetté les derniers fondemens de la République la plus puissante et qui servira de modèle a tous les peuples de la terre. Continués, citoyens représentans de déployer l’énergie salutaire que vous venés de manifester avec tant de succès. Fermes et inébranlables a votre poste, main-tenés a l’ordre du jour la justice, la probité, les moeurs et ne vous lassés pas de poursuivre les ambitieux, les égoïstes, les désorganisateurs et les vampires de la fortune publique, tous héritiers et partisans de la tyrannie, monstres d’autant plus a craindre dans une république, qu’ils se voilent du masque du patriotisme. C’est par là, Citoyens représentans, que vraiment dignes de notre admiration et de notre reconnoissance vous meriterés les bénédictions de la postérité. Fait, arrêté et rédigé dans la séance du 21 brumaire, l’an 3 de la république française, une et indivisible. Fillassier, président, Corquel, vice-président, Savary, secrétaire. Suivent les [18] signatures originalles des membres présents a la ditte seance. En présence des [17] citoyens cy-après nommés et ont déclarés ne scavoir signer. Savary, secrétaire. (52) C 326, pl. 1420, p. 20. y [La société populaire et les citoyens de la commune de Bourg à la Convention nationale, s. d.] (53) Citoyens Représentans du peuple, Les journées à jamais mémorables des 9 et 10 thermidor ont rappellé le régné de la justice trop longtems enchainée par des hommes de sang, par des monstres disséminés sur tous les points de la République, leur mot de ralliement étoit Robespierre et ses complices et leurs mots d’ordre, la terreur et la mort, leur projet, le pillage, l’incendie et l’anéantissement de la République. Ils ne sont les chefs de cet atroce fédéralisme. Leurs tombeaux couvrent leurs crimes mais leurs coupables imitateurs et agents s’agitent encore dans les convulsions de l’agonie de leurs forfaits, ils osent persister à invoquer la terreur. Pères de la patrie, vous avés détruit leur espoir et dissipé nos craintes par votre adresse au peuple français. Sa brûlante energie a électrisé nos âmes qui ne sont plus comprimées. Vos principes fondées sur les réglés immuables de la justice etoient et seront toujours les nôtres. Oui, citoyens Représentans, des vandales modernes, des français infâmes suppôts de la tyrannie, conduisoient au naufrage le vaisseau de la République, et en tenoient le gouvernail, votre courage l’a arraché de leurs mains parricides et la République est sauvée. Continués à mériter si dignement notre estime et notre confiance, restés au poste qu’elle vous ont assignées, pour ne ceder à d’autres les rennes du gouvernement, que lorsque nos ennemis extérieurs auront obtenu leur grâce d’un grand peuple offense et que ceux de l’interieur terrassés par la loi n’auront plus le pouvoir de nuire. Ne souffrés pas surtout que des hommes qui se prétendent exclusivement des patriotes et qui par la sont dangereux se placent entre le peuple et la Convention. Pour nous que vous avés rendus heureux par les soins du vertueux Boisset votre collègue, nous jurons en hommes libres : Soumissions sans bornes aux loix et maintien du decrêt sur le gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix. Attachement inviolable à la Convention, notre centre de réunion. Obéissance aux authorités constituées, imité et indivisibilité de la république, amitié aux hommes probes, haine aux pervers. Guerre a mort, aux intrigans, aux hommes de sang, aux fripons et aux dilapidateurs de la fortune publique. Périssent les traitres. Vive la République. Suivent 193 signatures. (53) C 326, pl. 1420, p. 18. Le décompte des signatures est indiqué sur l’adresse elle-même.