284 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. \ 25 brumaire an tt ? 13 novembre 1793 N° 2. Extrait de la lettre du citoyen Souham, général de division, commandant depuis Arleux jusqu’à la mer, datée de Dunkerque , 21 brumaire (1). « J’ai instruit le général en chef d’une insur¬ rection très forte du peuple de la Belgique, prin¬ cipalement Grand et Anvers, à l’occasion d’une nouvelle levée que l’empereur voulait faire. Il a envoyé 100,000 fusils pour l’armée, et ils se tournent contre lui (2). Il est parti des camps de Cysoing, de Messin et de Courtrai des troupes pour s’y porter. J’attends les ordres du général en chef. « Signé : Souham. » N° 3. Extrait d’une lettre de Strasbourg, du 19e jour du 2e mois de l’an II de la République une et indivisible (3). « Citoyen ministre, les citoyens Saint-Just et Lebas, représentants du peuple près l’armée du Rhin, prennent les mesures les plus vigou¬ reuses pour purger Strasbourg et l’armée de tous les aristocrates et malveillants de toute espèce; nous faisons tous nos efforts pour secon¬ der leurs vues bienfaisantes. Reukin, mon collè¬ gue, est parti pour Neufbrisach faire mettre en exécution un arrêté des représentants. Une légère blessure que j’ai à une jambe m’oblige de garder la chambre quelques jours. Les représen¬ tants lèvent 9 millions sur les riches de Stras¬ bourg; ils crient, mais ils payent, c’est aujour¬ d’hui le jour fatal où la somme doit être versée entre les mains d’un trésorier. La guillotine est permanente; c’est ce qui les fait marcher. L’assignat a repris de la faveur; ils ne parlent plus d’argent qu’en cachette; sous peu, Stras¬ bourg ne sera plus reconnaissable. « Le colonel, un capitaine et un adjudant du 12e régiment de cavalerie ont été fusillés à la tête de l’armée, cette semaine, pour avoir suscité la désorganisation et tenu des propos inciviques. Nous ne négligerons rien pour ré¬ pondre à la confiance dont vous nous avez investis. « Salut et fraternité, « L’agent du conseil exécutif, « Berger. » N° 4. Les représentants du peuple près l'armée du Bhin au comité de Salut public. Strasbourg, le 19e jour de la 2e année de la République française, une et indivi¬ sible (4). « Citoyens collègues, nous vous adressons deux exemplaires de deux arrêtés qui achève-(1) Bulletin de la Convention du 5e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II (vendredi 15 no¬ vembre 1793). (2) Applaudissements, d’après le Mercure uni¬ versel [26 brumaire an II (samedi 16 novembre 1793), p. 255, col. 1]. (3) Bulletin de la Convention du 6e jour de la 3e décade du 2® mois de l’an II (samedi 16 no¬ vembre 1793). (4) Ibid. ront d’épurer l’armée, et qui pourront contri¬ buer au salut de la République. L’état-major de l’armée du Rhin avait été épuré trois fois par nous et nos collègues, trois fois la trahison s’est reproduite. Nous ne vous avions pas fait part de quelques succès de cette armée depuis sa retraite, parce que nous attendions tous les jours de vous en annoncer de décisifs. Nous avions été cependant témoins de la discipline et de la bravoure que nos troupes ont montrées dans les dernières affaires qui ont été très meur¬ trières pour l’ennemi, dont nous avons vu les morts qui ont été enterrés par les hommes et les femmes aristocrates d’un village qui s’était endimanché pour recevoir les Autrichiens. Nous pensons que les plus grands dangers sont passés, que les conspirateurs sont presque tous empri¬ sonnés ou exterminés sur cette frontière, et nous nous empressons de retourner à la Montagne de la Convention nationale, et nous laissons à d’au¬ tres le plaisir du triomphe que nous partageons tous ici en vrais républicains. « Salut, fraternité et liberté. « Signé : Milhaud et Guyardin. » Compte rendu du Moniteur universel (1). Barère, au nom du comité de Salut publié . Encore une trahison qui a été déjouée. Voici une lettre de Civet ; adressée au ministre des affaires étrangères. ( Suit le texte de la lettre du citoyen J unius Bambourg, que nous reproduisons ci-dessus d’après le Bulletin de la Convention.) Barère. Je dois vous apprendre une nouvelle qui prouve que les peuples cessent d’être aveu¬ glés sur les tyrans qui les oppriment et qu’ils tournent contre leurs despotes les armes que ceux-ci voulaient faire servir à combattre la liberté. Barère lit une lettre de Dunkerque. Elle porte que le peuple de Gand et d’Anvers s’est soulevé, à l’occasion d’une levée qu’on voulait faire; l’empereur envoyait, pour armer cette levée, 100,000 fusils, le peuple s’en est emparé et il les tourne contre lui. Il est parti des troupes qui s’y portent ; mais le temps rend les chemins presque impraticables. Barère. Voici plusieurs autres lettres que le comité m’a chargé de vous lire : ( Suit le texte de la lettre du citoyen Berger et de la lettre des représentants Milhaud et Guyar¬ din, que nous reproduisons ci-dessus d’après le Bulletin de la Convention.) Sur le rapport du comité de Salut public, la Convention nationale a rendu les décrets qui suivent : « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu le comité de Salut public, « Décrète que l’Administration des postes fera jouir la Commission des subsistances et appro¬ visionnements de la République, de la franchise des ports de lettres, et qu’il y aura un contreseing particulier pour cette Commission (2). » (1) Moniteur universel [n° 57 du 27 brumaire an II (dimanche 17 novembre 1793), p. 231, col. 3]. l$,)_Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 240.