[Convention nationale.] AftCBITO PARLEMENTAIRES. 77n5îSS“w iras* W ‘ Suit la lettre de Fouché (I) : Le représentant du peuple, député par la Conven¬ tion nationale près les départements du Centre et de l'Ouest, à la Convention nationale. « Nevers, 3e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II de la République, une et indivisible» « Citoyens collègues, « Je n’avais plus que des jouissances à. re¬ cueillir dans le département de la Nièvre; vous m’offrez des travaux pénibles à Ville affranchie, j’accepte avec courage cette mission; je n’ai plus lès mêmes forces, mais mon cœur a toujours la même énergie. « Les offrandes continuent d’abonder, à Nevers, sur l’autel de la patrie. Je vous fais passer un quatrième envoi d’or et d’argent qui s’élève à plusieurs millions. Le mépris pour le superflu est tel, ici, que celui qui en possède croit avoir sur lui le sceau de la réprobation. Le goût des vertus républicaines et des formes austères a pénétré toutes les âmes depuis qu’elles ne sont plus corrompues par les prêtres. Quelques-uns de ces imposteurs s’avisent encore de jouer leurs comédies religieuses, mais les sans -culottes les surveillent, renversent tous leurs théâtres, et plantent sur leurs débris l’arbre immortel de la liberté. « Vive la Bépublique! (2) « Fouché. » Lettre de Couturier, représentant du peuple, qui fait un envoi de saints et autres argenteries d’églises, et de 6 procès-verbaux des communes de Breux, BreuiUet, Boissi-sous-la-Montagne, d’Àuvers, Favières-déîanatisée, de Saint-Yon, qui invitent la Convention à rester à son poste jus¬ qu’à ce que la patrie ne soit plus menacée. Le curé de Saint-Sulpice, près Etampes, a ratifié par légitime mariage la communauté qui avait lieu avec sa gouvernante depuis dix ans; cinq autres curés ont imité cet exemple. Insertion au « Bulletin » (3). Suit la lettre de Couturier (4) : « A Favière-défanatisée, ci-devant Saint-Sulpice-de-Favière, ce 13e jour du 2e mois de l’an II de la République. « Citoyens mes collègues, « Je vous envoie six procès-verbaux qui sont {1) Archives nationales, carton AFii 170, pla¬ quette 1394, pièce 41. Bulletin de la Convention du 7e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II (jeudi 7 novembre 1793); Moniteur universel [n° 49 du 19 brumaire an II (samedi 9 novembre 1793), p. 199, col. 3]; Journal des Débals et des Décrets (brama re an II, nQ 415, p. 231); Journal de la Montagne [n° 159 du 18e jour du 2e mois de l’an II (vendredi 8 novembre 1793), p. 1170, col. 1]; Au-lard : Becueil des actes et de la correspondance du comité de Salut publie, t. 8, p. 217. (2) Applaudissements, d’après le Moniteur uni¬ versel [n° 49 du 19 brumaire an II (samedi 9 no¬ vembre 1793), p, 199, col. 3] et d’après le Mercure universel [18 brumaire an II (vendredi 8 no¬ vembre 1793), p. 120, col. 2]. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 36. « (4) Archives nationales, carton C 278, dossier 735; le résultat de ce que je vous ai annoncé par ma précédente; ils contiennent tous les six l’initiative des sentiments dont l’énergie ne peut être exprimée par des expressions dont la langue ne présente pas d’idée. Il faut avoir été sur les lieux, témoin du spectacle d’allégresse et d’enthousiasme auxquels se sont livrés des habitants qui, jusqu’alors, n’avaient de con¬ fiance que dans un Monsieur Saint-Sulpice; aussitôt qu’ils ont vu arriver leur représentant, les portes de l’église ont été ouvertes, tous les signes et armoiries de l’ancien régime ont été l’objet d’un autodafé; l’aigle de fer qui sur¬ montait un antique pupitre a été brisé par des bons sans-culottes qui, jusqu’à ce moment, avaient pu soutenir la vue des armes d’Autriche, ainsi que des figures sodomites taillées en pierre sur la porte d’ entrée de V église. « La commune n’a rien eu de plus pressé que d’offrir Monsieur Saint-Sulpice et les autres argenteries surnuméraires, avec le fonds de la caisse résultant des pèlerinages qui se faisaient pour la gloire de ce saint, auquel vous voudrez bien accorder les honneurs de la séance. « Le curé, réchauffé par ce généreux enthou¬ siasme, a à l’instant ratifié devant moi, par légL.me mariage, la communauté qui avait heu avec sa gouvernante, depuis dix ans. « Les procès-verbaux contiennent d’autres faits plus intéressants encore, notamment des réquisitions expresses à la Convention de rester inébranlable à son poste jusqu’à oe qu’elle pourra décréter que la patrie n’est plus menacée. « Le curé d’Auvers a hier légitimé, par ma¬ riage, devant moi et toute la commune, au milieu des applaudissements, un fils né de lui et de la citoyenne maintenant son épouse, et jour est pris à demain pour pareilles cérémonies entre quatre autres curés et leurs futures. « Yoilà donc une fois le fanatisme qui est expirant, comme l’aristocratie. Encore huit jours, j’aurai fait disparaître tous les malveil¬ lants des districts de Dourdan et d’Étampes; mais je lis à l’instant dans le journal que vous avez rappelé les commissaires à la vente des effets de la liste civile et des émigrés. En con¬ séquence je m’occupe à inventorier les dons patriotiques, et, cela fait, je me rendrai à mon poste le plus promptement possible, avec une douzaine de curés et leurs femmes, que j’ai mariés, qui veulent accompagner à la barre les saints et la vaisselle d’or et d’argent, pour réi¬ térer, dans le sein de la Convention, leur entier dévouement pour la liberté et l’ égalité. « Salut et fraternité. : « Couturier. » Ptemier procès-verbal (1). Don d'argenterie et d'espèces métalliques par la commune de Favières défanatisé. Mariage de Huet, prêtre. Aujourd’hui douzième jour du deuxième mois de l’an deuxième de la République fran¬ çaise une et indivisible, la commune de Saint-Sulpice assemblée, voulant manifester son con-Aulard ! Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 204. ( 1 ) Archives nationales, carton C 278, dossier 735* [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { *7 brumaire an II 1 9 (7 novembre 1793 520 tentement sur notre heureuse révolution au citoyen Couturier, représentant du peuple fran¬ çais, à son arrivée en notre commune, la muni¬ cipalité et la garde nationale lui ont fait à l’ins¬ tant l’ouverture des portes de l’église, et ont offert en don patriotique le buste du ci-devant Saint-Sulpice, une croix, deux chandeliers, l’en¬ censoir, une paix et une navette, le tout estimé être d’argent, et en outre en argent monnayé, savoir, en argent blanc, deux cent soixante dix livres douze sols ci .......... 270 liv. 12 s. En pièces de deux sols, trente-trois livres quatorze sols ........ 33 14 En pièces de un sol six deniers, la somme de cent douze livres sept sols ..................... 112 7 - En assignats, celle de cin¬ quante-huit livres sept sols ...... 58 7 475 Le tout provenant de la crédule simplicité des confrères, lesquels désormais désabusés du fana¬ tisme sont persuadés de les mieux employer en les offrant pour le service de la patrie. Tout cet argent monnayé portant l’enîpreinte du tyran, pour être purifié au creuset national. Et en ce qui concerne les anciens signes de féodalité, du fanatisme et même de scandale, à l’instant il en a été fait un autodafé au milieu des applau¬ dissements et des cris mille fois répétés de Vive la République! Vive la Montagne, où siège le citoyen Couturier! Vivent les bons scms-culottes ! Périssent les tyrans! La liberté, V égalité ou la mort! Que la Convention nationale reste stable à son poste j usquà ce que les tyrans aient mordu la poussière! Et au moment avons promis au citoyen Couturier, représentant, que sans délai les cloches seraient descendues, conformément à la loi, et qu’elles seront transportées au district d’Étampes. Et au moment de clore, un saint enthousiasme a déterminé le citoyen Pierre Nicolas Huet, né à Etrechy, en l’année mil sept cent trente-sept du mariage de Nicolas Huet, laboureur et de Périne Laînée, ses père et mère, curé de cette commune, à faire un élan bien civique, en pro¬ posant au citoyen Couturier, représentant, de vouloir bien ratifier révolutionnairement, pen¬ dant qu’il est sur les lieux, le mariage que depuis longtemps il aurait désiré consolider si la loi absurde de l’ancien régime et le despotisme sacerdotal ne l’en eussent empêché, avec la citoyenne Marie-Elisabeth Buisson qui, depuis dix ans, est à son service, lesquelles parties étant-toutes deux présentes, ont réciproque¬ ment manifesté le même vœu, en présence de la cour même et ont prié le représentant de les dispenser du délai de trois jours pour les forma¬ lités de publications requises par la loi, eu égard qu’il n’y a pas d’oppositions à redouter. En conséquence, le représentant prenant en considération un si bel exemple a déféré à ladite demande et les conjoints se sont donné la main et ont chacun prononcé hautement et à intel¬ ligible voix, s’épouser en légitime mariage, et qu’au survivant appartiendrait ce qui se trou¬ vera dans la communauté, à charge des dettes. Ce fait, le représentant du peuple a déclaré au nom de la loi, que lesdits Pierre-Nicolas Huet et Marie-Élisabeth Buisson étaient unis en mariage. Fait et clos en la maison commune les jour, mois et an avant dit, et ont, lesdits époux, signé avec ledit représentant les citoyens Char¬ pentier et Raguideau ses secrétaires, Gérome et baron de Lisle, administrateurs du district d’Étampes, Sureau, juge de paix du canton d’Étampes et les officiers municipaux de la commune de Saint-Sulpice défanatisé, lequel nom sera à l’avenir ajouté à celui de Favières, et substitué à celui de Monsieur Saint-Sulpice. ( Suivent 1 3 si gnatures. ) Et le lendemain, se sont présentés les officiers municipaux de ladite commune de Favières défanatisé, lesquels ont dit qu’ils avaient re¬ connu qu’il restait dans leur église un soleil, un ciboire et un calice inutiles' au culte, dont ils désirent faire don à la patrie, priant le citoyen Couturier de s’en charger pour les déposer sur l’autel de la patrie, et ont signé avec moi. Heret, officier; Boucher, officier; baron Dë-lisle, procureur syndic; Chateau, pro¬ cureur; Clipel, secrétaire; Couturier. Deuxième procès-verbal (1). Suppression de la paroisse de Saint-Ton, sur la demande des habitants. Remise faite de V argen¬ terie. Pension consentie au curé supprimé. Le douzième jour du second mois de l’an deux de la République française, une et indivisible. Moi, Jean-Pierre Couturier, représentant du peuple, étant à Saint-Sulpice, district d’ɬ tampes sur ce qui m’a été représenté par la com¬ mune et les adminisrtateurs du district qui m’accompagnaient qu’il existait à Saint-Yon, à une demi-lieue de Saint-Sulpice, une église sur une haute montagne isolée, et qui, depuis quel¬ ques années a été plusieurs fois volée; que le curé non seulement est paralytique, mais encore en état d’arrestation pour cause d’incivisme, ce qui rend cette église supprimée de fait, et qu’il ne s’agit plus que de prononcer cette suppres¬ sion - et de réunir cette cure à la paroisse de Boissv-sous-Saint-Yon, excepté le hameau de Fougères et des Conardières dont les habitants demandent à être réunis à Saint-Sulpice, appelé actuellement Favières défanatisé. Pour vérifier la vérité de l’exposé, je me suis transporté ce jourd’hui en ladite église de Saint-Yon, où après avoir reconnu pleinement la vérité de l’exposé, et en outre l’inexécution des lois relatives aux cloches et aux argenteries d’éelise, ainsi que des titres de propriété de la fabrique, j’ai fait comparaître les personnes qu’il a été possible de rassembler sur une mon¬ tagne où il n’y a que cinq maisons, compris celle du curé, du maître d’école et du bedeau, savoir : les citoyens Jean-Baptiste Deverdisse, curé, con¬ signé chez lui par le renvoi en fait par les comités de surveillance d’Étampes réunis, pour ladite cause de paralysie, Claude Leroi, maintenant dit Libre depuis que le nom de roi est devenu odieux au peuple, maître d’école, et chantre, et encore greffier de la municipalité, et membre du comité de surveillance, Henri Feuilleret, Jean-Pierre Bienaimé, Jean-Claude Guiot, Jac¬ ques Mercier, Jean-François Légat, Jean -Bap¬ tiste Feuilleret, en présence desquels et à (1) Archives nationales, carton C 278, dossier 735,