292 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE 11 Les sans-culottes républicains du deuxième bataillon de la Montagne, au camp de la Fraternité, admirent l’attitude calme et imposante de la Convention dans la journée du 9 thermidor; ils l’invitent à continuer de frapper sans pitié les malveillants et les traîtres de l’intérieur, et à rester à son poste. Ils jurent de ne prendre de repos que quand il n’existera plus de tyran. Mention honorable, insertion au bulletin (24). [Les sans-culottes du deuxième bataillon de la Montagne campés au camp de la Fraternité à la Convention nationale, s. d. ] (25) Armée des Pyrénées Orientales Division de Monlibre Bayonette en avant Représentans du peuple le plus généreux mais le plus terrible pour les tyrans, les traitres et les conspirateurs, Vous l’avez encore une fois sauvée la chose publique, et la patrie reconnoissante vous doit encore une fois sa liberté; plus hippocrite que toutes celles qui l’avoient précédée, une nouvelle faction préparoit encore la ruine de la Révolution, habiles dans l’art de feindre de nouveaux Catilina qui n’avoient coopéré à l’anéantissement du fanatisme et de la monarchie que pour se frayer un chemin plus assuré vers la tyrannie, se croyaient déjà au moment de voir exécuter leurs perfides projets. Le peuple, qu’ils avoient eu l’art de tromper par une fausse apparence de patriotisme (mais que la lumière de la vérité éclaire) devoit être d’après leur calcul liberticide, l’instrument de leurs manœuvres infernales. Les monstres ! ce n’étoit pas assez pour eux que de régner, il leur falloit un trône élevé sur les cadavres sanglants des patriotes et des vrais amis du peuple. Au récit de ces nouvelles outrageantes pour l’humanité, l’indignation et la fureur se sont emparés de nos âmes, mais ces sentimens ont bientôt fait place à celui de la reconnoissance la plus pure et la plus juste envers ceux qui ont su nous conserver la liberté que la trahison alloit nous ravir. Législateurs, le peuple vous a vus calmes à votre poste dans les momens les plus orageux, braver par votre fermeté les dangers qui vous menaçoient; il vous a admiré et la patrie a été sauvée, continués par ce même caractère que vous avez si bien soutenu dans le moment le plus critique de la révolution, à inspirer l’effroi aux malveillans et aux traitres de l’intérieur, restés à votre poste la voix de la patrie vous l’ordonne, pour nous nous l’avons juré et nous renouvelons devant vous ce serment sacré, nous (24) P.V., XLV, 99. (23) C 320, pl. 1 316, p. 8. ne prendrons du repos que quand il n’existera plus de tyrans. Vive la République, vive la Convention, périssent les traitres et les conspirateurs. Gal, commandant, suivi de plus d'une page de signatures. 12 Le premier bataillon de Paris, ci-devant des grenadiers, campé sur le Mont-Cenis, exprime à la Convention nationale, dans des termes forts et brûlants, sa vive reconnaissance pour le courage avec lequel elle a envoyé à l’échafaud le plus dangereux et le plus coupable des tyrans. Comme vous, s’écrit-il, nous serons inébranlables sur la Montagne; nous n’en descendrons que quand nous n’aurons plus d’ennemis. Républicains de l’intérieur ! pressez-vous autour de la Convention; qu’elle soit pour tous, notre unique point de direction, et le bonheur nous est assuré. Vive la République! Vive les Montagnards ! Mention honorable, insertion au bulletin (26). [Le premier bataillon de Paris à la Convention nationale, du Mont-Cenis, le 1er fructidor an II] (27) Représentants du plus vertueux peuple du monde, Vous venez de remporter la bataille décisive : la liberté est à jamais assise sur les droits sacrés du peuple. Les rois frémissent de votre intrépide fermeté. Leurs esclaves sont désarmés, et l’univers vous admire. Il a donc disparu, ce trop célèbre oppresseur de la pensée et de l’égalité ! mortels insensés, qui méditez l’usurpation des droits du peuple, tremblez; la Convention est toute entière sur la Montagne; la foudre est dans ses mains; nos bataillons sont armés; si elle dit un mot l’Europe est affranchie. Mânes de nos guerriers ! Vous allez être vengés. En vain la victoire vous appela dans les plaines de Fleurus ! En vain nos intrépides marins avoient vaincu l’hideuse famine ! tant de gloire, le fruit de tant de travaux, alloit disparaître sous la main d’un perfide meurtrier. Déjà ses lâches partisans l’ont suivi à l’échaffaud; la vertu respire, et le crime est confondu. Paris, cité célèbre ! nous nous enorgueillissons d’être tes enfants. O nos chers parents ! nous avons partagé vos dangers, nous jouissons de votre gloire. Malheur aux ambitieux ! Malheur à qui porterait atteinte à la représentation nationale ! Nous leur jurons la mort. (26) P.-V., XLV, 99. M.U., XLIII, 375-376; Ann. Patr., n° 615. (27) C 320, pl. 1 316, p. 9. Bull., 20 fruct.; Débats, n° 717, 352. SÉANCE DU 20 FRUCTIDOR AN II (6 SEPTEMBRE 1794) - N° 13-17 293 Comme vous, augustes législateurs, nous serons inébranlables sur la Montagne. Nous n’en descendrons que quand nous n’aurons plus d’ennemis. Républicains de l’intérieur, pressez-vous autour de la Convention, qu’elle soit pour tous notre unique point de direction, et le bonheur nous est assuré ! Vive la République ! Vive les Montagnards ! Dumoulin (chef du bataillon) suivi d’une page de signatures. 13 Le représentant du peuple Berlier envoyé dans les départements du Nord et Pas-de-Calais, envoie à la Convention nationale un arrêté qui apporte des modifications à celui par lequel Saint-Just et Le Bas avoient ordonné l’arrestation de tous les ci-devant nobles qui se trouvoient dans ces deux départements, sans distinction d’âge, de sexe, et surtout sans admettre aucune exception résultante de leur conduite. Renvoyé aux comités de Salut public et de Législation (28). 14 La société populaire de Gençay [département de la Vienne], a appris avec enthousiasme la chûte du nouveau tyran; elle jure de mourir plutôt que de cesser d’être libre. Elle rappelle qu’elle a fourni un cavalier jacobin et 1 530 L 12 s 6 d pour aider à son équipement. Mention honorable, insertion au bulletin (29). [La société populaire de Gençay à la Convention nationale, le 5 fructidor an II] (30) Citoyens représentants, La société populaire du canton de Gençay a appris avec enthousiasme la chute du nouveau tiran et de ses vils suppôts. Restez à votre poste, vous seuls pouvez faire triompher la république de tous ses ennmis. Vous connoisez le fil des trames ourdies par la trahison et la tirannie. Punissez les traitres, les hypocrites et les intrigants, et d’une main toujours ferme, conduisez le vaisseau de l’état au port. - Pour nous, nous jurons de mourir plutôt que de cesser d’être libres. Le sacrifice de nos vies et de nos fortunes ne nous arrêtera jamais dans la défense d’une si belle cause. Ce canton composé de cultivateurs et ouvriers, dont très peu sont au-dessus du besoin, a cependant dès le premier pluviôse envoyé au (28) P.-V., XLV, 100. Gazette Fr., n° 980; J. Perlet, n° 714; J. Mont., n° 130. (29) P.-V., XLV, 100. (30) C 320, pl. 1 316, p. 6, Bull., 21 fruct. (suppl.). chef lieu de ce district pour les défenseurs de la patrie 136 chemises, 12 linceuls, trois paires de bas, trois paires de souliers, un habit, un gilet, une culotte et huit galons d’or. Des trois cavaliers jacobins, montés, armés et équipés, offerts par ce district, un est membre de cette société, et nous avons fourni 1 530 L 12 s 6 d pour aider à son équipement. Déjà ces généreux Spartiates sont partis pour aller se mesurer avec les esclaves coalisés contre notre liberté. Agréés, citoyens législateurs, ces différents dons, ils sont faits par des républicains, qui comme vous jurent une haine étemelle aux rois et à tous leurs valets et qui ne veulent de paix qu’après l’anéantissement de tous ces monstres à face humaine. Les membres composant la société populaire du canton de Gençay. Doricet (président), Baroi, Vantage (secrétaires). 15 Les membres du comité de Correspondance de la société populaire montagnarde de Seloncourt, département du Doubs, applaudissent à la mort du tyran Robespierre, l’invitent à punir toutes les trames criminelles et à sauver la patrie. Us informent la Convention qu’ils exercent jour et nuit une surveillance active pour empêcher qu’aucun traître ne puisse s’évader en gagnant les rochers du département du Mont-Terrible; ils demandent qu’on leur envoie le bulletin de la Convention nationale. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoyé au comité de Correspondance (31). 16 Les administrateurs du district d’Autun [département de la Saône-et-Loire] informent la Convention que, pendant qu’elle écrasait les conspirateurs, ils vendoient 908 125 L des biens qui n’avoient été estimés que 425 881 L. Insertion au bulletin, renvoyé au comité des Domaines nationaux (32). 17 L’agent national du district de Beaugency [département du Loiret] annonce que, dans le cours de la première décade de Fructidor, des biens d’émigrés, estimés 3 140 L, se sont vendus 15 585 L. Il observe qu’en récapitulant, depuis le 11 ventôse jusqu’au 10 fructidor, les biens d’émigrés vendus s’élèvent à la somme de 1 053 200 L, leur estimation étant de 573 248 L. Insertion au bulletin (33). (31) P.-V., XLV, 100. (32) P.-V., XLV, 100. (33) P.-V., XLV, 101.