32 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j bru.n�® pour faire l’office, il est inutile de conserver les ornements qui y étaient nécessaires; que déjà plusieurs communes des environs de Paris se sont distinguées en envoyant à la Convention nationale leurs saints, châsses et autres objets servant au culte; qu’à la vérité la commune de Rambouillet a fait deux sacrifices considérables de l’argenterie de son église, mais qu’il serait encore digne d’elle de donner un nouveau témoignage de son dévouement civique, surtout dans ce moment de crise, en faisant à la Con¬ vention nationale un nouveau don de tout ce qui lui reste des marques de la superstition. En conséquence, le même membre propose de nommer des commissaires à l’effet : premiè¬ rement de procéder, en présence du gardien des effets mobiliers de l’église, à l’inventaire, des¬ cription et (enlèvement de tous les ustensiles d’or et d’argent de la ci-devant fabrique tels que ciboires, patènes, calices, soleils, croix et autres objets de même nature. Deuxièmement, que ces mêmes commissaires fussent chargés de faire enlever les broderies et galons des chasubles et autres ornements d’église, qu’ils réuniraient aux objets massifs, comme aussi que ces mêmes commissaires fus¬ sent autorisés à faire vendre à l’encan et au profit de la commune, attendu leur peu de valeur, les étoffes provenant desdits ornements, dont du lout ils dresseraient procès-verbal qui serait déposé aux archives. Troisièmement qu’il soit nommé un membre du conseil à l’effet de se transporter auprès des citoyens Robin et Besson, représentants du peuple, de leur communiquer la lettre du ci¬ toyen Larue à la municipalité de Rambouillet, leur faire les observations nécessaires à ce sujet et leur faire part des intentions de rassemblée sur l’hommage et le don qu’elle fait à la Con¬ vention. L’assemblée consultée, ouï le procureur de la commune, adopte les trois propositions. Pour l’exécution des deux premières, nomme les citoyens Horeau, jeune officier municipal et Lesieur, membre du conseil. Et pour l’exécution de la troisième, nomme le citoyen Dufour,4 maire, qu’elle invite à rédi¬ ger l’acte d’offrande et la pétition relative aux moyens d’améliorer le sort de la commune. Tour expédition conforme : Tour Vabsence du maire, Sanson l’aîné, officier municipal ; Macdar, secrétaire-greffier. Les administrateurs de l’hospice rue de Marat apportent l’argenterie de la chapelle de cette maison. Mention honorable est décrétée (1). Un grand nombre de prêtres abjurent ce mé¬ tier (2). Compte rendu de V Auditeur national (3). Un membre annonce que les prêtres du dépar¬ tement de l’Eure et plusieurs de celui des Deux-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 156. (2) Ibid. (3) Auditeur national [n® 416 du 22 brumaire Sèvres, ont fait des autodafés de leurs lettres de prêtrise. La Convention nationale décrète, sur la pro¬ position d’un membre [Thuriot (1)1 que le co¬ mité des finances fera, sous huit jours, son rap¬ port sur le traitement à accorder aux prêtres qui ont renoncé à leurs paroisses, ou auxquels les paroisses ont renoncé (2). Compte rendu du Moniteur universel (3). Thuriot. Assez et trop longtemps la Répu¬ blique a soldé l’armée du fanatisme et de Ter¬ reur. Si l’homme philosophe était vindicatif, il pourrait dire au prêtre : « Nous t’assurons les richesses que .tu nous a promises après la mort dans le Paradis. » (On rit et on applaudit. ) Mais l’humanité est la vertu du philosophe; le prêtre est un homme, il est donc son frère : aidons-le à s’éclairer, et n’empêchons pas, en le réduisant an II (mardi 12 novembre 1793), p. 4.) D’autre part, le Journal de Perlel [n» 416 du 22 brumaire an II (mardi 12 novembre 1793), p. 339] rend compte de l’abjuration de ces prêtres dans les termes suivants : « Quelques prêtres viennent successivement à la barre se dépouiller de leur caractère et demander le baptême civique. « Ce n’est pas à Paris seulement ou dans les envi¬ rons que les principes de la philosophie triomphent. « Plusieurs membres annoncent que dans les dépar¬ tements voisins de ceux qu’on a si cruellement fana¬ tisés, entre autres dans celui des Deux-Sèvres, les prêtres abdiquent journellement leurs fonctions et rendent hommage solennel à la raison. ( Vifs applau¬ dissements.) » (1) D’après les divers journaux de l’époque. Thuriot présenta sa motion aussitôt après que Chabot eut demandé l’insertion au Bulletin, avec mention honorable, de la pétition des 56 Sociétés populaires de Paris relative à la suppression du trai¬ tement des prêtres (voy. ci-dessus, p. 21). Le dé¬ cret, auquel cette motion donna lieu, aurait donc dû figurer, dans le tome 25 du procès-verbal, à la page 151, c’est-à-dire immédiatement après le para¬ graphe qui vise l’admission à la barre de la péti¬ tion des 56 Sociétés populaires. Or, le rédacteur du procès-verbal, nous ignorons pour quelle raison, a inséré ce décret beaucoup plus loin, à la page 157, si bien que nous nous sommes trouvés dans l’obli¬ gation de scinder en deux une discussion qui, d’après les comptes rendus de tous les journaux, aurait dû former un bloc. Le lecteur s’en rendra aisément compte en juxtaposant le compte rendu publié par le Moniteur : 1° de l’admission à la barre des 56 So¬ ciétés populaires; 2° de la motion de Thuriot. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 156. (3) Moniteur universel [n° 53 du 23 brumaire an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 216, col. 1]. D’autre part, le Journal des Débats et des Décrets (brumaire an II, n° 419, p. 285), le Journal de Perlet [n° 416 du 22 brumaire an II (mardi 12 no¬ vembre 1793), p. 339] et le Journal de la Montagne [n° 163 du 22e jour du 2e mois de l’an II (mardi 12 novembre 1793), p. 1199, col. 2] rendent compte de la motion de Thuriot dnas les termes suivants : I. Compte rendu du Journal des Débals et des Décrets. Thuriot. Assez et trop longtemps la nation fran¬ çaise a salarié l’armée contre-révolutionnaire du fanatisme. Si l’homme philosophe était vindicatif, il pourrait dire aux prêtres : « Nous vous abandon¬ nons les biens que vous nous aviez promis dans l’autre vie. » Mais l’humanité n’aura pas à murmu¬ rer des succès de la raison. Si l’on se hâtait de sup¬ primer le traitement des hommes que la République [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I brumaire an II 33 1 i (11 novembre 1793 au désespoir, les progrès de la vérité. Vengeons-nous, par le bien que nous lui ferons, du mal qu’il nous a fait. Je demande qu’en attendant l’époque où l’opinion publique sera bien prononcée, le comité des finances soit chargé de présenter, sous huit jours, un projet de décret pour accorder du secours aux prêtres qui, n’ayant pas de res¬ sources, renonceraient à leurs fonctions ecclé¬ siastiques. Les propositions de Chabot et de Thuriot sont décrétées. Massabio, prêtre, vient à la barre renoncer au sacerdoce; il a brûlé ses titres et n’en veut d’autre que celui de bon citoyen. Mention honorable est décrétée (1). Compte rendu du Moniteur universel (2). Le citoyen Massabiau. Je ne viens pas vous dire : « Hier j’étais prêtre, aujourd’hui je ne le suis plus, il y a longtemps que j’ai abjuré cet payait, il pourrait en résulter des impressions con¬ traires à la liberté. Il faut nous venger en faisant le bien pour les prêtres quand ils faisaient le mal pour nous. Je demande qu’il soit fait un rapport premier sur des mesures provisoires; et quand l’opinion publique aura prononcé, nous prendrons une mesure définitive. (Applaudissements.) La Convention décrète la proposition de Thuriot. II. Compte rendu du Journal de Perlel. Thuriot est du même avis [celui de Chabot ]. Si les philosophes, -ajoute-t-il, étaient aussi vindica¬ tifs que les fanatiques, ils diraient aux prêtres : « Vous n’aurez plus de traitement ni de pension; mais nous vous assurons en revanche tous les biens et toutes les jouissances célestes que vous nous avez promis. » Mais il faut rendre le bien pour le mal. Je de¬ mande que le comité des finances présente, sous huitaine, un projet de loi préliminaire sur le traite¬ ment des prêtres, en attendant que la Convention prenne une mesure définitive, lorsque le vœu du peuple français sera mieux annoncé; ce qui ne tar¬ dera pas, sans doute, car la commune de Paris vient de lui donner l’impulsion. (Décrété.) La pétition [ celle des 56 Sociétés populaires de Paris] sera honorablement mentionnée au Bulletin. III. Compte rendu du Journal de la Montagne. Thuriot. Trop longtemps la République a salarié l’imposture et l’oisiveté. Enfin la vérité perce et les prêtres seraient bien étonnés, si le philosophe, dont ils ne peuvent plus étouffer la voix, allait leur dire : « Nous vous abandonnons les richesses que vous nous promettez dans le Ciel. Hâtez-vous d’en aller prendre possesssion. » J’appuie l’avis du préopinant [Chabot]; mais je demande que, sous huitaine, le comité des finances présente un projet sur la pension à accorder aux prêtres qui renonceront à ce qu’on appelait le minis¬ tère des autels. Cette proposition et celle de Chabot sont adop¬ tées. (1) Procès-verbaux de la Convention , t. 25, p. 156. (2) Moniteur universel [n° 53 du 23 brumaire an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 216, col. 2]. lre SÉRIE. T. LXXIX. odieux caractère. Mon entrée dans le sacerdoce fut un crime de la tyrannie, pardonnez à la piété filiale, si je garde le silence. (On applaudit.) Je vous demande le baptême civique, et vous dé¬ clare que je ne crois à d’autre religion qu’à celle de la vertu et de la patrie. « Je renonce à toute pension ou indemnité pour mes anciennes fonctions. » La mention honorable est ordonnée. Sur la proposition d’un membre, « La Convention nationale décrète que les ci¬ toyens Guillot, directeur des artistes de la fabri¬ cation des assignats, et Deperré, vérificateur en chef, sont mis en réquisition pour le service de la République et tenus de rester à leur poste (1). » « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu les commissaires du tribunal criminel révo¬ lutionnaire de Paris, qui présentent à la recon¬ naissance publique le citoyen Nicolas Tubeuf, qui a perdu un bras au service de la République et qui se trouve en proie au besoin le plus pres¬ sant, décrète qu’il lui sera accordé un secours provisoire de 150 livres, payable à la vue du pré¬ sent décret, et renvoie, pour le surplus, sa péti¬ tion au comité des secours publics et de la guerre réunis (2). » Compte rendu du Moniteur universel (3). TJne députation du tribunal révolutionnaire présente à la Convention un soldat du ei-devant régiment de la Martinique, lequel a perdu un D’autre part, le Mercure universel (22 brumaire an II (mardi 12 novembre 1793), p. 186, col. 1] et les Annales patriotiques et littéraires [n° 315 du 22 brumaire an II (mardi 12 novembre 1793), p. 1461, col. 2] rendent compte de l’abjuration de l’abbé Massabio dans les termes suivants : I. Compte rendu du Mercure universel. Un pétitionnaire : Législateurs, je ne viens point vous dire : hier j’étais prêtre, aujourd’hui je ne le suis plus; mais je vous le dirai : n’attribuez mon entrée dans les ordres qu’à mon respect pour la piété filiale. Dès longtemps, j’ai cru que les cultes devaient être abandonnés à i’imagination déréglée des individus. J’ai réclamé dans plusieurs brochures le mariage des prêtres et la suppression de leurs honoraires. En conséquence, je viens aujourd’hui, législateurs, vous demander le baptême civique, afin de me régénérer. Je vous le déclare: je ne crois à aucune religion qu’à celle de la vertu et de la patrie. (Applaudissements.) Je ne déposerai point ici mes lettres de prêtrise; depuis longtemps, les flammes les ont consumées; mais je renonce à ma pension comme prêtre et j’en fais don à ma patrie. (Applau¬ dissements.) Mention honorable. II. Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires. Le citoyen Massabiou, vicaire à Cahors, déclare qu’il ne reconnaît plus d’autre culte que celui de la vertu et de la patrie. < (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 156. (2) Ibid. (3) Moniteur universel [n° 53 du 23 brumaire an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 216, col. 1]. D’autre part, le Journal de la Montagne [n° 183 3