SÉANCE DU 9 THERMIDOR AN II (MATIN) (27 JUILLET 1794) - N‘,s 15-17 545 15 [La Sté des amis de la liberté et de l’égalité de Victurnien (l) à la Conv.; Victurnien, 5 prair. II] ( 2). Citoyens Représentans Votre décret du 23 floréal a été lu dans la dernière seance de la Société; un silance de respect et d’admiration a régné pendant cette lecture, des larmes d’attendrissement ont coulé de tous les yeux. Ce spectacle a produit la plus vive émotion, et tous les membres levés par un mouvement spontané ont demandé qu’il vous fut fait une addresse pour vous remercier d’un décret si intéressant pour l’humanité, dont vous n’avés puisé le modèle dans les siècles qui ont précédé notre Révolution; Vous ne l’avés pu trouver que dans vos cœurs grands et sensibles. Cultivateurs, artisans, sexagénaires ou infirmes, vous ne serés plus réduits à invoquer la mort pour terminer votre vie, dont l’ingratitude et la dureté de ceux à qui vous aviés donné le jour pressaient le dernier instant, parce que, courbés sous le poids du travail plus que sous celui des années, vous ne leur étiés plus utiles; votre vieillesse sera honorée n’étant plus couverte des lambeaux de la misère. Et vous, tendres mères, vos mamelles ne seront plus taries par l’indigence; des moyens de subsistance vous sont assurés pour allaiter et nourir les enfans que vous aurés donné à la République; Représentans, quels titres pour vous, pour être inscrits sur la liste honnorable de ceux qui ont mérité une place dans le panthéon; montrés toujours, Citoyens représentans, cette même énergie que vous avés déployée avec tant de succès ; marchés toujours du même pas, et vous aurés la plus douce des jouissances, celle d’être chéris, honorés, respectés, comme les pères d’une patrie qui vous devra son existance, sa liberté, et son bonheur; la société de victurnien invoque l’être suprême pour la conservation de vos jours si précieux à la République, et si chers à nos cœurs. Valeau (présid.), Verdilhac (secrét.). Mention honorable, insertion au bulletin (3). 16 [La Sté Révol. du ch. lieu et con d’Ecoyeux (4), à la Conv.; Ecoyeux, 20 Mess. II] [ 5). Législateurs Ce n’étoit pas assés pour vous d’avoir proclamé les Droits de l’homme et la Constitution française; Vous avés déclaré solemnellement que le peuple français reconnoît l’Etre Suprême, et l’Immortalité de l’ame. L’Immortalité sera votre récompense. Des assassins ont essayé de nous enlever deux têtes chères et utiles à l’accomplissement de vos (l) Ci-dev. St-Victurnien, distr. de St-Junien, Hte-Vienne. (2| C 314, pl. 1256, p. 3. (3 1 Mention marginale du 9 thermidor. (4 Distr. de Xantes, ci-dev1 Saintes, Charente infre. (5) C 314, pl. 1256, p. 4. glorieux travaux; Leurs complots ont été déjoués; notre Société se réjouit, et vous félicite du renversement de ces projets parricides; Malgré que notre sol soit stérile en matières salpétriques, notre attelier a fourni au district son contingent, le premier, et notre chaudière va continuellement, nuit et jour, et ne cessera qu’à l’entier épuisement des matières. Représentans, continués votre ouvrage avec la même ardeur, que votre courage ne se laisse point abattre par les factions qui vous entourrent. nos biens, nos bras, et nos vies sont à vous pour les anéantir. Voilà, Législateurs, notre offrande, et nos désirs. MERVAINS (?) (Présid.), j. BUISSON (secrét.), DORAT (secrét.), Godetz, Braud, Gautrel, Sénéchaud, Fleurimon, Sablon, Richardau, Godet, J. VlNET (?),PERDRIJIAT. Mention honorable, insertion au bulletin (l). 17 [La Sté popul. et républ. de Ville-en-Tardenois (2) à la Conv.; s.d.] ( 3). Citoyens Représentans Nous venons d’arroser des larmes de la recon-noissance votre décret sur les Secours à domicile; grâces à vos lumières, à vos travaux, enfin l’indigence non coupable trouvera des secours jusques-là hasardés, peut-être prodigués, à l’oisiveté, à l’intempérance; L’agriculteur, ce nerf de l’état, jouira de la considération due à ses travaux nourriciers; respecté en proportion de son utilité, il s’élèvera à la hauteur de son état et se respectera lui-même ; il fécondera par zèle, par amour de la patrie, un sol qu’il ne cultivait jadis que par l’appât du gain, motif indigne de l’homme. oui, Citoyens, d’après vos décrets, dictés par la sagesse, l’humanité va respirer; L’homme fait redoublera d’efforts pour fertiliser les champs qui lui assurent des ressources; Le vieillard décrépit mangera avec reconnoissance le pain que vous lui assurez et qui lui est dû; la jeunesse, qui n’aura plus à craindre la surcharge d’une famille trop nombreuse, suivra l’impulsion de la nature, formera des neuds, l’espoir, la ressource de la patrie : heureuse, la france, d’avoir, pour la gouverner, des philosophes aussi éclairés dans la route du bien qu’incapables d’en dévier ! heureuse, la france d’avoir, par vous, substitué la raison, l’humanité, au machiavélisme des cours ! déjà toute l’europe éclairée vous regarde comme les Solon de cette terre heureuse; Vous en êtes encore les Scipion par vos collègues députés à nos armées Achevez donc, Citoyens; avancez toujours, d’un pas ferme, vers l’immortalité qui vous attend; restez à votre poste; Continuez à nous faire entendre la voix de la Raison; nos bras sont à vous et à la patrie, pour la faire respecter. 1 Mention marginale du 9 thermidor. 2 Distr. de Reims, Marne. 3 C 314, pl. 1256, p. 5. 35 SÉANCE DU 9 THERMIDOR AN II (MATIN) (27 JUILLET 1794) - N‘,s 15-17 545 15 [La Sté des amis de la liberté et de l’égalité de Victurnien (l) à la Conv.; Victurnien, 5 prair. II] ( 2). Citoyens Représentans Votre décret du 23 floréal a été lu dans la dernière seance de la Société; un silance de respect et d’admiration a régné pendant cette lecture, des larmes d’attendrissement ont coulé de tous les yeux. Ce spectacle a produit la plus vive émotion, et tous les membres levés par un mouvement spontané ont demandé qu’il vous fut fait une addresse pour vous remercier d’un décret si intéressant pour l’humanité, dont vous n’avés puisé le modèle dans les siècles qui ont précédé notre Révolution; Vous ne l’avés pu trouver que dans vos cœurs grands et sensibles. Cultivateurs, artisans, sexagénaires ou infirmes, vous ne serés plus réduits à invoquer la mort pour terminer votre vie, dont l’ingratitude et la dureté de ceux à qui vous aviés donné le jour pressaient le dernier instant, parce que, courbés sous le poids du travail plus que sous celui des années, vous ne leur étiés plus utiles; votre vieillesse sera honorée n’étant plus couverte des lambeaux de la misère. Et vous, tendres mères, vos mamelles ne seront plus taries par l’indigence; des moyens de subsistance vous sont assurés pour allaiter et nourir les enfans que vous aurés donné à la République; Représentans, quels titres pour vous, pour être inscrits sur la liste honnorable de ceux qui ont mérité une place dans le panthéon; montrés toujours, Citoyens représentans, cette même énergie que vous avés déployée avec tant de succès ; marchés toujours du même pas, et vous aurés la plus douce des jouissances, celle d’être chéris, honorés, respectés, comme les pères d’une patrie qui vous devra son existance, sa liberté, et son bonheur; la société de victurnien invoque l’être suprême pour la conservation de vos jours si précieux à la République, et si chers à nos cœurs. Valeau (présid.), Verdilhac (secrét.). Mention honorable, insertion au bulletin (3). 16 [La Sté Révol. du ch. lieu et con d’Ecoyeux (4), à la Conv.; Ecoyeux, 20 Mess. II] [ 5). Législateurs Ce n’étoit pas assés pour vous d’avoir proclamé les Droits de l’homme et la Constitution française; Vous avés déclaré solemnellement que le peuple français reconnoît l’Etre Suprême, et l’Immortalité de l’ame. L’Immortalité sera votre récompense. Des assassins ont essayé de nous enlever deux têtes chères et utiles à l’accomplissement de vos (l) Ci-dev. St-Victurnien, distr. de St-Junien, Hte-Vienne. (2| C 314, pl. 1256, p. 3. (3 1 Mention marginale du 9 thermidor. (4 Distr. de Xantes, ci-dev1 Saintes, Charente infre. (5) C 314, pl. 1256, p. 4. glorieux travaux; Leurs complots ont été déjoués; notre Société se réjouit, et vous félicite du renversement de ces projets parricides; Malgré que notre sol soit stérile en matières salpétriques, notre attelier a fourni au district son contingent, le premier, et notre chaudière va continuellement, nuit et jour, et ne cessera qu’à l’entier épuisement des matières. Représentans, continués votre ouvrage avec la même ardeur, que votre courage ne se laisse point abattre par les factions qui vous entourrent. nos biens, nos bras, et nos vies sont à vous pour les anéantir. Voilà, Législateurs, notre offrande, et nos désirs. MERVAINS (?) (Présid.), j. BUISSON (secrét.), DORAT (secrét.), Godetz, Braud, Gautrel, Sénéchaud, Fleurimon, Sablon, Richardau, Godet, J. VlNET (?),PERDRIJIAT. Mention honorable, insertion au bulletin (l). 17 [La Sté popul. et républ. de Ville-en-Tardenois (2) à la Conv.; s.d.] ( 3). Citoyens Représentans Nous venons d’arroser des larmes de la recon-noissance votre décret sur les Secours à domicile; grâces à vos lumières, à vos travaux, enfin l’indigence non coupable trouvera des secours jusques-là hasardés, peut-être prodigués, à l’oisiveté, à l’intempérance; L’agriculteur, ce nerf de l’état, jouira de la considération due à ses travaux nourriciers; respecté en proportion de son utilité, il s’élèvera à la hauteur de son état et se respectera lui-même ; il fécondera par zèle, par amour de la patrie, un sol qu’il ne cultivait jadis que par l’appât du gain, motif indigne de l’homme. oui, Citoyens, d’après vos décrets, dictés par la sagesse, l’humanité va respirer; L’homme fait redoublera d’efforts pour fertiliser les champs qui lui assurent des ressources; Le vieillard décrépit mangera avec reconnoissance le pain que vous lui assurez et qui lui est dû; la jeunesse, qui n’aura plus à craindre la surcharge d’une famille trop nombreuse, suivra l’impulsion de la nature, formera des neuds, l’espoir, la ressource de la patrie : heureuse, la france, d’avoir, pour la gouverner, des philosophes aussi éclairés dans la route du bien qu’incapables d’en dévier ! heureuse, la france d’avoir, par vous, substitué la raison, l’humanité, au machiavélisme des cours ! déjà toute l’europe éclairée vous regarde comme les Solon de cette terre heureuse; Vous en êtes encore les Scipion par vos collègues députés à nos armées Achevez donc, Citoyens; avancez toujours, d’un pas ferme, vers l’immortalité qui vous attend; restez à votre poste; Continuez à nous faire entendre la voix de la Raison; nos bras sont à vous et à la patrie, pour la faire respecter. 1 Mention marginale du 9 thermidor. 2 Distr. de Reims, Marne. 3 C 314, pl. 1256, p. 5. 35