SÉANCE DU 22 MESSIDOR AN II (10 JUILLET 1794) - N» 5 39 cret du 18 floréal; ils annoncent que leur ci-devant église est aujourd’hui consacrée à l’Etre-Suprême, et que ses dépouilles vont aller grossir le trésor national ; ils expriment la douleur dont ils ont été saisis à la nouvelle des dangers que Collot-d’Herbois et Robespierre ont courus ; ils demandent la vengeance la plus éclatante contre le traître qui a osé former un tel projet. Mention honorable, insertion au bulletin (l). [Pauillac, s.d.] (2). « Citoyens législateurs, Le fanatisme et tous les hochets ont disparu du sol de notre commune. Ces niches consacrées à d’illustres menteurs, ces autels érigés a l’avarice, ont fait place au temple de l’Eternel. Tous nos frères devenus plus instruits ont abjuré de trop longues erreurs; déjà le père éclairé par vos conceptions philosophiques eleve ses enfans a ne connoitre d’autre culte que celui de l’Etre Suprême, d’autres doctrines que celle d’aimer la patrie. Votre décret du 18 floréal a consolé ces âmes sensibles et timorées nourries dans la pratique des vertus; alarmées par les idées extravagantes des hébertistes, elles n’avoient apperçu jusque là que les folies scandaleuses du matérialisme. Etoient-ils vertueux ces monstres qui promettoient l’impunité aux crimes et le silence du tombeau aux fidelles et bons républicains ? Législateurs, la foudre de votre justice a frappé ces innovateurs perfides, à leur turbulente impiété ont succédé les idées vraies d’un Etre Suprême et de l’immortalité de l’ame. La France entière s’est levée, a porté ses regards vers cette voûte azurée qui atteste l’existence d’un créateur. L’espérance a pris la place du desespoir, l’amour de la patrie a ravivé toutes les âmes. Il etoit temps que l’homme qu’un énergique abandon pour la chose publique dirigeoit en tout, trouvât dans la perspective d’une vie future les consolations que lui méri-toient de si beaux sacrifices. La commune de Pauillaca converti son ancienne église en temple dédié à l’Etre Suprême. Tous nos vases appelés sacrés déposés dans les mains des administrateurs de notre District iront augmenter nos ressources et cesseront enfin d’être les instruments du mensonge et de l’avarice. Citoyens législateurs, notre réconnoissance pour tous vos travaux est dans notre amour pour vos vertus énergiques. Ce n’est pas un pilote craintif qui amène au port un vaisseau battu par la tem-pette, il nous falloit de hardis montagnards inébranlables aux orages des révolutions. Nos triomphes sont votre ouvrage et la France bénira a jamais les vertueux patriotes auxquels elle devra sa liberté et son bonheur. Mais citoyens représentants un cri de douleur a retenti sur tous les points de la République. Un monstre a attenté à la vie de Colot d’Herbois et de Robespierre. Que le châtiment le plus prompt venge la République, apprene à Pitt et a ses semblables que les tetes qui dirigent ces horribles forfaits tou-(l) P.V., XLI, 145. J. Sablier, n° 1429; Ann. R. F., n° 222; J. Fr., n° 654. (2) C 309, pl. 1200, p. 2. chent au moment de tomber et que l’univers éclairé par notre exemple scaura aussi détruire tous ses tyrans ». Saux ( off . mun.), Boutille, Gaillard, Ducas, Gaudin (off. mun.), CARTEJA (maire), Germain ( agent nat.), Lehaucelorne (notable), MOREIN, B.; LaU-MOINE, Dufour (notable), Sapenne ( secrét .). 5 La société populaire de Montagne-sur-Re-marde, ci-devant Saint-Arnoult, département de Seine-et-Oise, district de Dourdan, félicite la Convention nationale sur ses travaux, et témoigne son indignation de l’attentat dirigé contre Collot d’Herbois et Robespierre. Elle envoie le procès-verbal de la fête civique qui a eu lieu dans cette commune à l’occasion de la translation du salpêtre qui y a été fabriqué, et demande que des arbitres terminent toutes les contestations entre les citoyens. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de législation (l). [Montagne sur Remarde, 10 prair. II] ( 2). « Montagne célèbre, Ton sommet majestueux et ferme étonne l’univers qui te contemple et t’admire; de fragiles roseaux viennent te frapper et osent tenter ta chute, mais un coup de vent les abat et les terrasse. Une providence sage et protectrice en prenant le soin de te former pour mettre l’homme à l’abry de la tiran-nie, n’a pas voulu que le soufle de quelques quelques bêtes vénéneuses pût te renverser. Des monstres ont juré ta ruine. Le fer, le feu, voilà leurs armes chéries; mais qu’ils comptent les scélérats, qu’ils comptent leurs victoires, ou plutôt qu’ils rougissent du peu de fruit qu’ils retirent de leurs forfaits. Marat et Lepelletier en arrosant de leur sang l’arbre de la liberté l’ont fait fleurir. Robespierre et Collot d’Herbois, en évitant la mort qui les poursuit, reçoivent au nom du peuple français, une récompense de l’Etre Suprême, dont tu viens de proclamer solennellement l’existance. Comptes désormais que les victoires du dedans et du dehors te sont assurées. Continuez, législateurs, c’est ainsi que cet arbre chéri de la liberté étend ses racines; desja ses rameaux nous couvrent de leur ombre bienfaisante, des usurpateurs ambitieux et pervers pour nous empêcher la jouissance des bienfaits de la nature, nous plongeoient dans l’abime de l’ignorance ; mais grâces à vos soins, les lumières et les enseignements sont à l’ordre du jour. Dans notre commune l’éducation nationnale élève les enfans dans les sentimens du pur républicanisme, ainsi se formera l’esprit humain, dans le sens des bonnes mœurs et de la probité. Vous vous occupez de l’amélioration de l’agriculture; ainsi la terre qui porte les républicains fournira abondamment à leurs besoins; nous (l) P.V., XLI, 145. J. Sablier, n° 1429 (Montagne-sur-Marne); J. Fr., n° 654 (Montagne-sur-Mer) ; Mentionné par Ann. R.F., n° 222. (2) AA 46. Doss. 1364, p. 58. SÉANCE DU 22 MESSIDOR AN II (10 JUILLET 1794) - N» 5 39 cret du 18 floréal; ils annoncent que leur ci-devant église est aujourd’hui consacrée à l’Etre-Suprême, et que ses dépouilles vont aller grossir le trésor national ; ils expriment la douleur dont ils ont été saisis à la nouvelle des dangers que Collot-d’Herbois et Robespierre ont courus ; ils demandent la vengeance la plus éclatante contre le traître qui a osé former un tel projet. Mention honorable, insertion au bulletin (l). [Pauillac, s.d.] (2). « Citoyens législateurs, Le fanatisme et tous les hochets ont disparu du sol de notre commune. Ces niches consacrées à d’illustres menteurs, ces autels érigés a l’avarice, ont fait place au temple de l’Eternel. Tous nos frères devenus plus instruits ont abjuré de trop longues erreurs; déjà le père éclairé par vos conceptions philosophiques eleve ses enfans a ne connoitre d’autre culte que celui de l’Etre Suprême, d’autres doctrines que celle d’aimer la patrie. Votre décret du 18 floréal a consolé ces âmes sensibles et timorées nourries dans la pratique des vertus; alarmées par les idées extravagantes des hébertistes, elles n’avoient apperçu jusque là que les folies scandaleuses du matérialisme. Etoient-ils vertueux ces monstres qui promettoient l’impunité aux crimes et le silence du tombeau aux fidelles et bons républicains ? Législateurs, la foudre de votre justice a frappé ces innovateurs perfides, à leur turbulente impiété ont succédé les idées vraies d’un Etre Suprême et de l’immortalité de l’ame. La France entière s’est levée, a porté ses regards vers cette voûte azurée qui atteste l’existence d’un créateur. L’espérance a pris la place du desespoir, l’amour de la patrie a ravivé toutes les âmes. Il etoit temps que l’homme qu’un énergique abandon pour la chose publique dirigeoit en tout, trouvât dans la perspective d’une vie future les consolations que lui méri-toient de si beaux sacrifices. La commune de Pauillaca converti son ancienne église en temple dédié à l’Etre Suprême. Tous nos vases appelés sacrés déposés dans les mains des administrateurs de notre District iront augmenter nos ressources et cesseront enfin d’être les instruments du mensonge et de l’avarice. Citoyens législateurs, notre réconnoissance pour tous vos travaux est dans notre amour pour vos vertus énergiques. Ce n’est pas un pilote craintif qui amène au port un vaisseau battu par la tem-pette, il nous falloit de hardis montagnards inébranlables aux orages des révolutions. Nos triomphes sont votre ouvrage et la France bénira a jamais les vertueux patriotes auxquels elle devra sa liberté et son bonheur. Mais citoyens représentants un cri de douleur a retenti sur tous les points de la République. Un monstre a attenté à la vie de Colot d’Herbois et de Robespierre. Que le châtiment le plus prompt venge la République, apprene à Pitt et a ses semblables que les tetes qui dirigent ces horribles forfaits tou-(l) P.V., XLI, 145. J. Sablier, n° 1429; Ann. R. F., n° 222; J. Fr., n° 654. (2) C 309, pl. 1200, p. 2. chent au moment de tomber et que l’univers éclairé par notre exemple scaura aussi détruire tous ses tyrans ». Saux ( off . mun.), Boutille, Gaillard, Ducas, Gaudin (off. mun.), CARTEJA (maire), Germain ( agent nat.), Lehaucelorne (notable), MOREIN, B.; LaU-MOINE, Dufour (notable), Sapenne ( secrét .). 5 La société populaire de Montagne-sur-Re-marde, ci-devant Saint-Arnoult, département de Seine-et-Oise, district de Dourdan, félicite la Convention nationale sur ses travaux, et témoigne son indignation de l’attentat dirigé contre Collot d’Herbois et Robespierre. Elle envoie le procès-verbal de la fête civique qui a eu lieu dans cette commune à l’occasion de la translation du salpêtre qui y a été fabriqué, et demande que des arbitres terminent toutes les contestations entre les citoyens. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de législation (l). [Montagne sur Remarde, 10 prair. II] ( 2). « Montagne célèbre, Ton sommet majestueux et ferme étonne l’univers qui te contemple et t’admire; de fragiles roseaux viennent te frapper et osent tenter ta chute, mais un coup de vent les abat et les terrasse. Une providence sage et protectrice en prenant le soin de te former pour mettre l’homme à l’abry de la tiran-nie, n’a pas voulu que le soufle de quelques quelques bêtes vénéneuses pût te renverser. Des monstres ont juré ta ruine. Le fer, le feu, voilà leurs armes chéries; mais qu’ils comptent les scélérats, qu’ils comptent leurs victoires, ou plutôt qu’ils rougissent du peu de fruit qu’ils retirent de leurs forfaits. Marat et Lepelletier en arrosant de leur sang l’arbre de la liberté l’ont fait fleurir. Robespierre et Collot d’Herbois, en évitant la mort qui les poursuit, reçoivent au nom du peuple français, une récompense de l’Etre Suprême, dont tu viens de proclamer solennellement l’existance. Comptes désormais que les victoires du dedans et du dehors te sont assurées. Continuez, législateurs, c’est ainsi que cet arbre chéri de la liberté étend ses racines; desja ses rameaux nous couvrent de leur ombre bienfaisante, des usurpateurs ambitieux et pervers pour nous empêcher la jouissance des bienfaits de la nature, nous plongeoient dans l’abime de l’ignorance ; mais grâces à vos soins, les lumières et les enseignements sont à l’ordre du jour. Dans notre commune l’éducation nationnale élève les enfans dans les sentimens du pur républicanisme, ainsi se formera l’esprit humain, dans le sens des bonnes mœurs et de la probité. Vous vous occupez de l’amélioration de l’agriculture; ainsi la terre qui porte les républicains fournira abondamment à leurs besoins; nous (l) P.V., XLI, 145. J. Sablier, n° 1429 (Montagne-sur-Marne); J. Fr., n° 654 (Montagne-sur-Mer) ; Mentionné par Ann. R.F., n° 222. (2) AA 46. Doss. 1364, p. 58.