[28 juin 1790.J [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. m les religieux et les militaires au-dessus de soixante-dix ans, ou bien il me paraît nécessaire de constater l’impossibilité où l’on est de le faire. M. Lucas. Je m’oppose à l’article proposé. Si on a des largesses à faire, je les réclame pour cinq millions d’hommes qui n’ont pas de pain. On demande la division de l'article proposé. — On réclame la question préalable sur la division. — L’Assemblée décide qu’il y a lieu à délibérer. M. Robespierre. J’invoque la justice de l’Assemblée en faveur des ecclésiastiques qui ont vieilli dans le ministère, et qui, à la suite d’une longue carrière, n’ont recueilli de leurs longs travaux que des infirmités. Ils ont aussi pour eux le titre d’ecclésiastique et quelque chose de plus, l’indigence. Je demande la question préalable sur l’article proposé, et que l’Assemblée déclare qu’elle pourvoira à la subsistance des ecclésiastiques de soixante-dix ans qui n’ont ni pensions ni bénéfices. M. l’abbé Grégoire. Permettez à un jeune homme de réclamer en faveur de la vieillesse : c’est un bel exemple à donner que d’apprendre à la respecter. Je ne pense pas qu’il faille adopter l’article proposé, mais seulement améliorer, proportionnellement à leur âge, le sort de ceux dont le traitement sera au-dessous de 3,000 liv. (On demande la priorité pour la motion de M. Robespierre.) Plusieurs membres réclament de nouveau la question préalable sur tous les amendements. La question préalable est mise aux voix et adoptée. M. Lucas et d’autres membres renouvellent la demande de la question préalable sur l’article II proposé par le comité. L’Assemblée, consultée, rejette l’article 11 du projet imprimé. M. Chatrian, curé de Saint-Clément, dont les pouvoirs ont été vérifiés et reconnus réguliers, est admis à remplacer M. l’abbé Bastien, député de Tout et Vie, démissionnaire. M. Chatrian se présente à la tribune et prête le serment civique. M. de Pardieu, secrétaire, lit deux notes adressées à M. le président, par M . le garde des sceaux, relatives aux décrets sanctionnés ou acceptés par le roi. Expéditions en parchemin pour être déposées dans les Archives de V Assemblée nationale : « 1° D’une proclamation sur le décret du 23 avril, concernant la coupe du quart de réserve des bois de l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen; « 2° D’une proclamation sur le décret du 9 mai, relatif à la signature des assignats; « 3° D’une proclamation sur le décret du 20 du même mois, portant qu’à l’avenir il ne sera reçu dans les galères de France aucune personne condamnée par des jugements étrangers; « 4° De lettres patentes sur le décret du 14 mai, pour la vente de quatre cents millions de domaines nationaux; « 5° De lettres patentes sur le décret du 30, concernant lçs mendiants ; « 6° De lettres patentes sur le décret du 31, relatif à l’instruction pour la vente des quatre cents millions de domaines nationaux; « 7° D’une proclamation sur le décret du premier de ce mois, concernant la forme, la valeur et le nombre des assignats; « 8° De lettres patentes sur le décret du 5, qui autorise les officiers municipaux de Bessens, district de Gastelsarrazin, à imposer la somme de 800 livres en deux ou quatre ans; « 9° De lettres patentes sur le décret du même jour, qui autorise les communautés de Saint-Patrice, Ingrande, Saint-Michel et desEssarts, à imposer la somme de 5,000 liv. entre elles, au marc la livre de leur brevet de taille ; « 10° De lettres patentes sur le décret du même jour, qui autorise les officiers municipaux de la ville d’Issoudun à faire un emprunt de 24,000 liv.; M. l’abbé Eudes, député de Gaux, demande l’autorisation de s’absenter pendant un mois. M. de Caylus, député de Saint-Flour, fait une demande semblable, également pour un mois. Ces congés sont accordés. Plusieurs membres proposent de faire ce soir une séance extraordinaire pour s’occuper de l’affaire du commerce au delà du Cap de Bonne-Espérance ’. Cette motion est adoptée. Sur la proposition de M. Le Chapelier, l’Assemblée décide que son comité de Constitution lui présentera des articles tendant à prévenir les désordres qui pourraient survenir tant par rapport aux livrées que par rapport aux armoiries . La séance est levée à trois heures. ASSEMBLÉE NATIONALE. PRÉSIDENCE DE M. LE PELLETIER. Séance du lundi 28 juin 1790, au soir (1). La séance est ouverte à six heures du soir. M. Dumouchel, secrétaire, donne lecture des adresses suivantes : Adresse de la communauté de Palladru, qui offre à l’État, en excédant de son don patriotique, la somme de 457 liv. 17 sols. Adresses des officiers municipaux et habitants de la ville de Montargis et de celle d’Auxerre, qui s’élèvent avec force contre la déclaration d’une partie de l’Assemblée. Adresse de la municipalité de Grignan, qui annonce que la contribution patriotique des habitants s’élève à la somme de 8,000 livres, quoique presque tous soient indigents : elle se soumet - d’acquérir les biens possédés par le chapitre collégial de cette ville, dans son territoire. Adresse des communautés de Sainte-Gauburge-sur-Rille et de Viroflay, près Versailles. Cette dernière demande la permission de faire un emprunt de 600 livres pour subvenir à de pressants besoins. Adresses des religieux Cordeliers des couvents de Doullens, Mailly, Roye et Pérorme, qui déclarent que, malgré les efforts des ennemis du bien public, ils adhèrent de tout leur cœur à tous les décrets de l’Assemblée nationale, et notamment à celui qui, ôtant au clergé ses immenses richesses, détruit le principe des abus qui déshonoraient la religion chrétienne, et rapproche les ministres des autels de l’institution divine. Adresses des gardes nationales de la ville de Fécamp et des citoyens de la ville d’Haguenau, nouvellement incorporés dans la garde nationale de cette ville, qui ont solennellement prêté le serment civique. Adresses des assemblées primaires du canton de Bussière, département de la Dordogne, de la seconde section du canton de Miradoux. Adresses des assemblées électorales du district de la campagne de Lyon, du district de Dinan, du district de Josselin, du district de Baguères et du district de Strasbourg. Adresses des électeurs du département de la Gironde et du département du Bas-Rhin. Toutes ces assemblées adhèrent, avec une respectueuse reconnaissance, aux décrets de l’Assemblée nationale, et la conjurent de ne pas se séparer avant d’avoir terminé le grand ouvrage de la Constitution, qu’elle a si glorieusement commencé. Adresse de l’armée confédérée du Rhin, assemblée à Strasbourg le 22 du présent mois de juin, et formée par les gardes nationales de plusieurs départements, unies fraternellement aux troupes de ligne de la garnison de cette ville. « C’est, « disent-elles, sur l’autel de la patrie, au milieu « d’un peuple immense, professant différents « cultes, mais réuni pour la liberté, que nous « avons juré obéissance pour tous les décrets « de l’Assemblée nationale, et haine implacable « pour les traîtres qui chercheraient à tromper « le peuple et à le soulever contre ces mêmes « décrets acceptés ou sanctionnés par le roi. » Adresse de 400 citoyennes de la même ville, qui, le jour de la fédération énoncée ci-dessus, prêtèrent avec transport, sur l’autel de la patrie, le serment d’instruire leurs enfants à chérir et maintenir de tout leur pouvoir la Constitution. Adresse de la ville de Grécy en Brie ; elle fait soumission d’acquérir des biens nationaux pour la somme de deux millions. Acte patriotique des jeunes citoyens de Saint-Marcellin, âgés depuis 10 jusqu’à 14 ans, constitués en une troupe séparée de gardes nationales, de l’agrément de leurs parents, et avec l’autorisation de la municipalité, qui ont fait bénir un drapeau aux couleurs de la nation, portant pour devise: La valeur n'attend pas le nombre des années , et ont prononcé le serment suivant : « Nous jurons, en présence de l’Être suprême, « d’être fidèles à la nation, à la loi et au roi, « d’écouter avec respect et docilité les instruc-« tions qui nous expliqueront la Constitution du « royaume, et que nous ne cesserons d’étudier « et mettre en pratique comme les premiers de-« voirs de l’homme et du citoyen. » Cette cérémonie s’est faite dans l’église des RR. PP. Carmes. Le P. Vallier, religieux et préfet du collège, a fait à ces jeunes élèves une exhortation touchante, dont l’objet principal est de faire chérir et respecter une sage Constitution qui promet incessamment la plus heureuse régénération de l’Empire français. La ville de Saint-Marcellin, profondément pénétrée des principes de la Constitution, voudrait pouvoir en électriser tous ses citoyens, la leur faire sucer avec le lait dans la plus tendre enfance. Délibération de la municipalité de cette ville, portant soumission d’acheter tous les biens na-(1) Cette séance est incomplète au Moniteur.