192 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j � ïjjSrean17o3 maire 86,000 livres : ce n’est pas ici qu’on croit aux revenants. « Les cloches ont quitté leurs antiques de¬ meures et se rassemblent en foule au chef -lieu; il y a assez longtemps qu’elles annoncent inu¬ tilement la mort, il faut qu’elles la donnent elles-mêmes aux ennemis de la patrie. « Les prêtres ont renoncé à leur enrôlement ecclésiastique ; les ci-devant saints ont évacué les églises, leurs dépouilles bientôt iront se purifier au creuset national : c’est ainsi que la raison vient élaguer enfin les’débris de la superstition. « Il est notoire quefnous n’avons pas du blé pour six semaines, et nous en avons déjà fourni 7,500 boisseaux pour secourir l’armée de la Moselle. « Voilà des faits mille fois plus signifiants que des phrases étudiées, que des adresses pom¬ peuses; c’est à ces faits que l’on reconnaît l’élé¬ vation de l’esprit républicain, et c’est ainsi que nous adhérons aux grandes et salutaires mesures de la Convention; c’est ainsi que nous sentons leur justice et leur nécessité, que nous approu¬ vons leur énergie salutaire. Continuez, fiers représentants d’un peuple qui mérite sa liberté ; guerre éternelle aux despotes, punition sévère de tous traîtres et de tous conspirateurs contre la liberté; c’est le vœu sacré des véritables répu¬ blicains, c’est celui des administrateurs sans-culottes du district de Bar-sur-Seine. « Fait au directoire du district de Bar-sur-Seine, le 16 frimaire de la deuxième année de la République française, une et indivisible. « Flocard; Th. Colombyn; Legouest ; Josselin ; Vincent; Gabriel. » Les citoyens Lequinio et Laignelot, représen¬ tants du peuple, écrivent de Rochefort que Ri¬ vière, fournisseur des bougies de la marine, a expié ses vols sous le couteau de la justice; ils font part des différentes mesures qu’ils ont prises, et la lecture de leur lettre donne lieu au décret suivant : « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu la lecture de la lettre des citoyens Lequinio et Laignelot, représentants du peuple près l’ar¬ mée de l’Ouest, qui annoncent que le citoyen Decheseau (Deehezeaux), ci-devant député, est arrêté, et que son procès s’instruit au tribunal révolutionnaire de Rochefort, « Décrète (1) que le comité de sûreté générale enverra sans délai aux citoyens Lequinio et Lai¬ gnelot les pièces et renseignements qu’il peut avoir concernant le citoyen Decheseau (2). » Compte rendu du Moniteur universel (3). On lit la lettre suivante : Lequinio et Laignelot, représentants du peuple, à la Convention nationale. « Rochefort, le 12 frimaire, l’an II de la République. « Nous avons oublié dans notre dernière, citoyens nos collègues, de vous apprendre que fl) Sur la motion de Monnel, d’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 282, dossier 792. (2] Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 76. (3) Moniteur universel [n° 81 du 21 frimaire an II Rivière, l’officier municipal, et fournisseur des bougies de la marine dont nous vous avions fait passer des échantillons, a expié ses vols sous le couteau de la justice du peuple; c’est peut-être le premier fournisseur qui ait reçu ce qu’un si grand nombre d’entre eux a mérité. Il faut espérer que nous n’en resterons pas là. Nous avons saisi sur l’un d’entre eux 1,200 sacs qui n’étaient pas conformes au modèle, et sur un autre 3,300 livres de laine des Landes, et sur un autre environ 600 couvertures; il y a lieu de croire que, par ces moyens, nous parviendrons enfin, non pas à les rendre probes, car il faudrait changer leur cœur ou leur en donner un, mais au moins à leur faire fournir de bonnes marchan¬ dises. « Nous avons reçu hier un arrêté du comité de sûreté générale, pour faire mettre en arrestation le citoyen Deehezeaux, ci-devant député; il y a près d’un mois que nous avons, sans les con¬ naître, rempli les intentions du comité; et s’il n’y avait pas eu d’affaire plus pressée, le tribunal révolutionnaire se serait déjà occupé de lui; comme ce tribunal est bien au pas, nous invi¬ tons le comité de nous faire passer les pièces qu’il peut avoir contre Deehezeaux. Cela évitera les frais qu’il en coûterait pour le transporter lui-même à Paris. « Nous vous avons déjà dit que l’esprit révolu¬ tionnaire se forme grandement dans ces con¬ trées; pour que vous en jugiez sainement, ce sera sans doute assez de vous apprendre que l’échange de la monnaie métallique pour des assignats, se fait à tel point que la caisse du receveur du district de Marennes s’est trouvée insuffisante, et que nous avons été contraints de donner un ordre pour aller prendre des assi¬ gnats chez le payeur général à La Rochelle ; un seul citoyen de cette municipalité de Marennes a fait échanger 12,000 livres, et ce qui est bien plus beau de sa part, c’est que, pour ne point se faire connaître, ü a fait faire cet échange par une main tierce. Nous saisissons cette occasion pour vous rappeler la demande que nous vous avons déjà faite de supprimer toute la monnaie métal¬ lique, hors les gros sous; c’est le seul moyen, selon nous, de donner aux assignats tout leur crédit, et une libre circulation à toutes les denrées. « Signé : Laignelot et Lequinio. » Le citoyen Ducroisy, chef du bureau des pro¬ cès-verbaux de la Convention nationale, lui fait hommage de quelques exemplaires d’une chan¬ son qu’il a composée sur le calendrier républi¬ cain. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). (mercredi 11 décembre 1793], p. 326, col. 3]. Les Annales patriotiques et littéraires [n° 343 du 20 fri¬ maire an II (mardi 10 décembre 1793), p. 1553, col. 1] reproduisent le Moniteur avec quelques légères variantes. M. Aulard : Recueil des acles et de la cor¬ respondance du comité de Salut public, t. 9, p. 113, reproduit textuellement le Moniteur. (V) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 76, [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I g décembre 1793 193 Suit le texte de la chanson du citoyen Ducroisy d’après le Journal des Débats et des Décrets (1). LE MOIS DE FÉVRIER AUX MOIS UE JANVIER ET DE MARS Couplets sur le calendrier républicain. Air : Du Prévôt des marchands. Messieurs de Mars et de Janvier, Vous vous moquiez de Février : Près de trois fois six cents années Entre vous je fus comprimé; Mais enfin des âmes bien nées Viennent secourir l’opprimé. Quand je n’avais que vingt-huit jours, Sur trente-un vous comptiez toujours : Avril en me prêtant sa lune, Secondait votre lâcheté; Maintenant je ferai fortune, A l’ombre de la liberté. Tous les quatre ans un jour de plus Dans les miens se trouvait inclus. Par cet arrangement bizarre, Quelquefois je comptais vingt-neuf : Mais aujourd’hui tout se répare; La France ouvre un siècle tout neuf. Le temps reprenant son vrai cours, Chaque mois aura trente jours. Dans le calendrier de Rome Je fus déshérité par vous : Mais, grâce aux lumières de Romme (2), L’égalité règne entre nous. Dans le nouveau calendrier Je perds le nom de Février. Ce nom ne disait pas grand’chose; Les vôtres ne valaient pas mieux : Mais sous le titre de Ventôse, J’épure la terre et les cieux. Au changement que Fabre (3) a fait, Nous gagnerons tous en effet i Car cet élève de Molière Grave nos noms en lettres d’or, Depuis le gai Vendémiaire Jusqu’au superbe Fructidor. Rien de plus doux que Germinal. Rien de plus gai que Floréal. Tous ont, à la métamorphose Gagné des noms bien composés Nivôse même et Pluviôse Sont heureusement baptisés. Primidi mène à Duodi, Tridi, Quarlidi, Quintidi, SexlidC\ ient, Septidi passe Puis Octidi, puis Nonidi Et puis gaîment on se délasse Dans le repos du Décadi. Trois fois cent, plus trois fois dix jours, Du travail auront le secours; Ce fut la volonté d’un sage (4) : Mais des pontifes charlatans Mettaient tous les jours en chômage Et commandaient l’abus du temps. (1) Journal des Débals el des Décrets, frimaire an II, p. 318. (2) Romme, rapporteur du comité d’instruction publique, pour le nouveau calendrier. (3) Fabre d’Eglantine, auteur du Philinle de Mo¬ lière et de Y Intrigue épislolaire, rapporteur de la Commission chargée des nouvelles dénominations des mois et des jours. (4) Antonin ordonna, par un édit, qu’il y aurait trois cent trente jours de travail. lr« SÉRIE,' T. LXXXI. Nous remplaçons les vieux élus * Par les talents et les vertus : Voilà nos dieux, voilà nos guides; Et laissant là le rit romain, Les cinq jours des sans-culottides Sont fêtés du républicain. Au bout de trois ans, reviendra L’an que Sextile on nommera. La Grèce eut ses Olympiades : Avec pompe on les célébra, Mais nous aurons nos Franciades Que l’univers adoptera. Par le citoyen Ducroisy, chef de la deuxième division du comité des décrets de la Convention nationale. Le citoyen Bernard (de Saintes), représentant du peuple, envoie à la Convention un arrêté qu’il a pris contre les émigrés. Il lui demande son ap¬ probation. Renvoyé à la Commission chargée de la loi concernant les émigrés (1). Compte rendu du Bulletin de la Convention (2). Le représentant du peuple Bernard écrit de Montbéliard, le 14 frimaire, et fait passer un arrêté qu’il a pris contre les émigrés de ce pays, et les valets des tyrans, dont il a provisoirement fait séquestrer les biens et vendre les meubles. Il envoie aussi le procès-verbal de la cérémonie qui a eu lieu lors de la prestation du serment de fidélité à la France des citoyens de ce district. Il y joint un petit déjeuner d’argent doré, la croix avec sa chaîne, la mitre, gants et souliers, avec une petite boîte d’or, d’émail et de dia¬ mants, le tout provenant d’un aventurier qu’un prince avait fait évêque, pour couvrir ses débau¬ ches, et qui a suivi les dames de la cour de Mont¬ béliard. Le reste de sa garde-robe se vend con¬ jointement avec des harnais de chevaux; l’as¬ semblage est parfait. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 76. (2) Supplément au Bulletin de la Convention natio¬ nale du 9e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II (lundi 9 décembre 1793). D’autre part, le Journal de Perlel [n° 444 du 20 frimaire an II (mardi 10 dé¬ cembre 1793), p. 73] et Y Auditeur national [n° 444 du 20 frimaire an II (mardi 10 décembre 1793), p. 73] rendent compte de la lettre de Bernard dans les termes suivants : I. Compte rendu du Journal de Perlet. « Les représentants du peuple dans le départe¬ ment de la Côte-d’Or y prennent des mesures vigou¬ reuses contre les ennemis de la chose publique. « Un aventurier, disent-ils, qu’un prince avait fait évêque, a oublié, à Montbéliard, sa croix, sa mitre, sa boîte, sa bague, le portrait et l’éventail de sa maîtresse; nous vous les envoyons. » II. Compte rendu de Y Auditeur national. Bernard, représentant du peuple, écrit de Mont¬ béliard qu’il a pris un arrêté pour la séquestration et la vente des biens des émigrés de ce district. Il annonce l’envoi d’une grande caisse remplie de croix, calices, crosses, mitres, bagues, joyaux, bi¬ joux, etc., tous effets abandonnés par Sa Seigneurie l’évêque de Montbéliard, lorsqu’il a pris la fuite, 13