[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. lence. Il arrivera qu’au moment où, pour l'exécution de votre décret, il faudra que vous voui occupiez de la marine, on vous forcera, en susci-citant des dangers à la chose publique, à délibérer sur autre chose ; par exemple sur l’armée de terre. Je crois de l’essence d’une assemblée libre, qui délibère sur des objets qui doivent amener la liberté... Je crois qu’il est convenable que cette Assemblée garde dans son sein l’indépendance nécessaire pour achever la Constitution. On vous dit qu’il est à souhaiter que vous indiquiez le moment et la convocation de la prochaine législature. Rieu ne serait plus dangereux, on multiplierait autour de vous les entraves, en suscitant des malheurs, des calamités publiques; ou vous retarderait infailliblement; car jamais vous ne pourrez fermer les yeux sur les intérêts et sur les souffrances même momentanées du peuple. Aujourd’hui au lieu de perdre votre temps, en vous livrant à une discussion aussi dangereuse, vous auriez pu rendre des décrets utiles à l’achèvement de la Constitution. (On demande à aller aux voix). J’entends dire au rapporteur que le décret ne fixe rien. Eh bien, c’est dans ce sens que j’ai dit qu’il était inutile. 11 veut que l’on convoque les législatures quand la Constitution sera finie; et certes, personne ici n’a d’autre intention... (On demande à aller aux voix.) Je crois de mon devoir de vous dire que si vous adoptez la mesure qu’on vous propose, vous verrez multiplier les obstacles, les difficultés... (On applaudit et Von murmure.) Je dis donc que l’Assemblée nationale ne doit pas compromettre ainsi la Constitution et la liberté... On croirait que la liberté, si précieuse, est un fardeau trop pesant pour elle. Je propose la question préalable. M. lie Chapelier. Je m’attendais bien à quelques objections contre ce projet de décret, qui n’est cependant que l’exécution du décret rendu sur ma motion, et en vertu duquel votre premier comité central avait été formé ; mais je ne m’attendais pas qu’on le présenterait comme inutile et dangereux. Il m’a toujours paru que la perte du temps venait de ce que nous n’avons pas un ordre du jour fixe. Il me semble indispensable, pour le salut de la Constitution, d'écarter de nous tout ce qui peut être laissé à la législature. J’avais souvent observé que des décrets qui pouvaient être renvoyés aux séances du soir occupaient une grande partie de celles du matin, et qu’on ne terminait pas des discussions commencées. J'ai senti qu’il était nécessaire de mettre la nation dans la confidence de nos travaux et d’apprendre aux comités l’époque fixe à laquelle ils doivent vous soumettre le résultat de leurs opérations. Voilà ce que vous avez demandé aux membres qui remplacent votre premier comité central; voilà l’esprit dans lequel ils ont rédigé le projet de décret qu’ils vous proposent. Certes, cette mesure dissipera l’impatience de la nation, en lui montrant le terme de vos travaux, en en accélérant la marche; et l’on dit qu’elle est dangereuse et inutile! Croyez-vous que, si l’ordre de vos délibérations était immuablement établi, la séance aurait été ce matin employée en grande partie à rendre des décrets qui appartenaient à une séance du soir? On prétend qu’il est dangereux d’arrêter qu’on ne s’occupera que d’objets constitutionnels, parce qu’on suscitera des mouverm-uts dans les départements, pour nous détourner de notre marche; mais quand nous nous occuperons des événements qui pourraient mettre obstacle à la [l9r janvier 1791.] 749 Constitution, ne travaillerons-nous pas à la Constitution? Ceux qui seraient d’une moindre importance se porteraient à des séances extraordinaires du soir, que l’Assemblée, qui jusqu’à ce jour s’est montrée infatigable, accordera sûrement sans difficulté. Il ne s’agit point de fixer le terme de la convocation de la législature; mais il faut, pour répondre aux ennemis de la Constitution, qui ne cessent de dire que nous voulons nous perpétuer, montrer que les objets constitutionnels nous occuperont privativement, et qu’après les avoir épuisés, nousconvoquerons nos successeurs. Il s’écoulera nécessairement, entre cette convocation et la nomination, deux mois, qui sufiiront pour décréter les matières indispensables de législation. (On applaudit.) (La question préalable, mise aux voix , est rejetée.) M. Buzot. Il y a dans la seconde section du travail du comité central des objets qui se rapprochent beaucoup do la première; pur exemple, la question sur les ordres de la chevalerie et de Malte. Je demande que ces objets soient ajoutés au projet que vient de nous présenter M. de Crülon. M. Camus . Il y a quatre mois que l’Assemblée, sur ma proposition, avait ajourné cette question, en ordonnant à son comité de Constitution, auquel devaient se réunir des commissaires de quelques autres comités, de lui en faire le rapport. Le comité n’a pas même été convoqué pour cet objet qui me paraît des plus instants. J’appuie doue la proposition de M. Buzot. (La proposition de M. Buzot est adoptée.) M . Moreau de Saiut-Méry . D’après la nature et la multiplicité des objets qui restent à traiter, il serait ditlicile de décider si l’Assemblée actuelle pourra réunir le vœu des colonies sur leur constitution, ou si elle devra déléguer à la prochaine législature le pouvoir de la déterminer. Mais, dans tous les cas, il y a deux objets à classer parmi ceux à discuter le matin. Le premier, c’est la représentation des colonies et par rapport à celles qui ont déjà des députés et par rapport à celtes qui doivent en avoir, d’après les decrets mêmes de l’Assemblée. Le deuxième, c’est de fixer l’époque où les colonies doivent s’occuper de nommer leurs représentants, à la prochaine législature, afin qu’ils s’y trouvent pour y soutenir leurs intérêts expliquer les motifs des parties de leur constitution, et éclairer sur des localités avec lesquelles on n’est pas eucoie assez familiarisé dans le royaume. Je demande donc q e l’Assemblée décrète qu’elle s’occupera, dans les séances du matin, de la représentation des colonies, et de tixer l’époque où elles doivent nommer leurs députés à la prochaine législature. M. de I�a Charrière. Je demande le renvoi de la proposition de M. Moreau au comité colonial. M. Moreau de Salnt-Méry. J’accepte ce renvoi. (Le renvoi est ordonné. ) M. IMonis. L’Assemblée a aussi ajourné la question très importante des substitutions. Je demande qu’elle fasse partie des objets détaillés dans le projet de décret.