SÉANCE DU 30 FRUCTIDOR AN II (MARDI 16 SEPTEMBRE 1794) - N“ 31-33 219 31 Le représentant du peuple Charles Delacroix écrit à la Convention pour lui annoncer qu’on l’avoit trompée, ainsi que les Jacobins, en disant que les patriotes de Sedan [département des Ardennes] étoient chassés de leurs foyers, qu’il n’a-voit fait arrêter que six scélérats complices de Mogue mis en arrestation par ordre du comité de Salut public. Insertion au bulletin, renvoi au comité de Sûreté générale (53). Charles Delacroix, représentant du peuple dans les départemens des Ardennes et de la Meuse, à la Convention nationale (54). Citoyens-collègues, On en a imposé aux Jacobins et sans doute à la Convention, en disant que les patriotes de Sedan étoient chassés de leurs foyers ; j’ai dû faire arrêter six scélérats complices de Mogue, arrêté déjà par ordre du comité de Salut public. Les preuves de leurs crimes sont transmises au comité de Sûreté générale, qui vous en rendra compte. Du reste mes opérations se sont bornées à quelques changements dans les autorités constituées. Ils étoient nécessités par mes découvertes. Je ne pouvois y laisser les suppôts de ceux que je venois de faire arrêter, de ces prétendus patriotes en qui Levasseur avoit mis sa confiance, et dont il dit textuellement dans sa lettre du 24 prairial dernier, qu’ils la méritent peu. Quoiqu’il en soit, citoyens-collègues, je suis à mon poste, et je prouverai à la Convention que la calomnie même, ne peut empêcher un homme de bien faire son devoir. Salut et fraternité. Signé, Delacroix. Passe pour le renvoi, s’est écrié ISORE, mais je ne vois pas qu’il soit nécessaire de décréter l’insertion d’une lettre injurieuse à l’un de mes collègues. La Convention a néanmoins décrété l’un et l’autre (55). 32 Les administrateurs du département de police font passer l’état des détenus dans les maisons de justice, d’arrêt et de détention du département de Paris à l’époque du 28 du courant, se montant, au total, à 5 141. (53) P.-V., XLV, 290. (54) Bull., 30 fruct. ; Débats, n° 727, 511 ; J. Mont., n° 140 ; M. U., XLIII, 487 et 499 ; J. Fr., n° 722 ; F. de la Républ., n° 437 ; Mess. Soir, n° 759 ; Ann. R. F., n° 287 ; C. Eg., n° 760 ; J. Perlet, n° 724 ; J. Paris, n° 625. (55) Mess. Soir, n° 759. Insertion au bulletin, et renvoi au comité de Sûreté générale (56). [Etat des détenus conforme aux feuilles journalières remises par les concierges des maisons d’arrêt du département de Paris, le 28 fructidor an 77] (57) Maison de justice du département 554 Petite-Force 242 Pélagie 143 Magdelonnettes 132 Abbaye 40 Bicêtre 741 La Salpétrière 416 Chambre d’arrêt, à la Mairie 26 Luxembourg 398 Maison de suspicion, rue de la Bourbe 355 Picpus, faubourg Antoine 85 Les Carmes, rue de Vaugirard 185 Les Angloises, rue Victor 131 Les Angloises, rue de l’Oursine 103 Les Angloises, faubourg Antoine 64 Ecossois, rue des fossés Victor 83 Lazare, faubourg Lazare 272 Belhomme, rue Charonne, n° 70 22 Bénédictins Anglois, rue de l’Observatoire 82 Maison du Plessis 364 Maison de repression, rue Victor 44 Maison de Coignard, à Picpus 33 Montprin 48 Fermes Caserne des Petits Pères 121 Caserne, rue de Sève 119 Caserne des Carmes, rue de Vaugirard 75 Vincennes 264 Total général 5 141 33 Le vérificateur général des assignats prévient la Convention qu’il doit être brûlé dans le jour au local des ci-devant Capucins, la somme de 16 000 000 L en assignats, provenant des domaines nationaux et rentes extraordinaires, lesquels joints aux 2 326 000 000 déjà brûlés, forment une somme totale de 2 342 000 000 (58). [Bochart, pour le Vérificateur Général des assignats, au président de la Convention nationale, Paris le 29 fructidor an 77] (59) Citoyen Président, Je te prie de prévenir la Convention nationale, qu’il sera brûlé aujourd’hui au local des ci-devant Capucines la somme de seize mil-(56) P.-V., XLV, 290. (57) C 319, pl. 1307, p. 30. (58) P.-V., XLV, 291. Bull., 30 fruct. (59) C 318, pl. 1290, p. 17. J. Mont., n° 140 ; M. U., XLIII, 487 ; J. Fr., n° 722 ; Ann. R. F., n° 289 ; J. Perlet, n° 725 ; J. Paris, n° 625.