114 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j S"ï™”mbre ïda" y. Motion d’un membre relative a l’établisse¬ ment d’un tribunal révolutionnaire DANS CHAQUE DÉPARTEMENT (1). A. Compte rendu de V Auditeur national (2). TJn député d'Eure-et-Loir annonce que son département a exprimé le vœu d’avoir un tri¬ bunal révolutionnaire, afin de débarrasser les maisons d’arrêt des accapareurs, des aristo¬ crates et des malveillants de tout genre qu’elles renferment. Par cette mesure, justice sera faite promptement et les innocents seront remis en liberté. La Convention a chargé le comité de Salut public d’examiner la question de savoir s’il ne conviendrait pas d’établir dans chaque départe¬ ment un tribunal révolutionnaire. B. Compte rendu du Mercure universel (3). Un membre demande que l’on renvoie au comité de Salut publie la question de savoir s’il ne conviendrait point d’établir un tribunal révolutionnaire dans chaque département. Ce renvoi est décrété. C. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (4). Un membre annonce que dans le départe¬ ment d’Eure-et-Loir, les maisons d’arrêt sont remplies de malveillants, d’accapareurs, de contre-révolutionnaires, de gens suspects. Il demande la formation d’un tribunal révolu¬ tionnaire dans son département. La Convention renvoie cette proposition au comité de Salut public. VI. Admission a la barre d’une députation de LA SECTION DES GRAVILLIERS QUI VIENT DÉPOSER, DANS LE SEIN DE LA CONVENTION, LES DÉPOUILLES DE L’ÉGLISE SAINT-NlCO-las-des-Champs (5). A. Compte rendu du Moniteur universel (6). La section des Gravilliers est introduite ; à sa (1) La motion de ce membre, dont il nous a été impossible de découvrir le nom, n’est pas mention¬ née au procès-verbal de la séance du 22 brumaire 'an II; mais il y est fait allusion dans les comptes rendus de cette séance publiés par les divers jour¬ naux de l’époque. (2) Auditeur national [n° 417 du 23 bi'umaire an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 3]. (3) Mercure universel [23 brumaire an II (mer¬ credi 13 novembre 1793), p. 4], i (4) Journal des Débats el des Décrets (brumaire an II, n° 420, p. 296). (5) L’admission à la barre de la section des Gra¬ villiers n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 22 brumaire; mais il y est fait allusion dans les comptes rendus de cette séance publiés par les divers journaux de l’époque. i (6) Moniteur universel [n° 55, du 25 brumaire an II (vendredi 15 novembre 1793), p. 222, col. 3]. tête marche une troupe d’hommes revêtus d’ha¬ bits sacerdotaux et pontificaux : la musique sonne l’air de la Carmagnole et celui de Màlbo-rough s'en va-t-en guerre. On apporte des ban¬ nières, des croix, et à l’instant où le dais entre, on joue l’air : Ah! le bel oiseau! Tous les citoyens de cette section se dépouillent à la fois, et de dessous les travestissements du fanatisme, on voit sortir des défenseurs de la patrie, couverts de l’uniforme national. Chacun jette le vête¬ ment qu’il vient d’ôter, et l’on voit sauter en l’air les étoles, les mitres, les chasubles, les dalmatiques, au bruit des instruments et aux cris répétés de Vive la liberté ! vive la Républi¬ que ! L'orateur à la barre, et élevant un jeune enfant. Le peuple immense de la section de Gravilliers, désabusé des prêtres et des saints, a fait choix d’un enfant pour vous exprimer ses vœux. Ses oreilles n’ont pas encore entendu le mensonge; il n’a encore appris que la déclaration des droits de l’homme qu’il sait par cœur. L’enfant lit avec grâce un discours qui est un hommage à la raison et à la Convention. Les applaudissements se répètent. On demande, au milieu des transports du plus vif enthousiasme, que l'enfant reçoive du P résident le baiser fra¬ ternel : il est porté au fauteuil du Président au bruit des acclamations et des instruments qui font retentir la salle d'accords patriotiques. Deux prêtres de cette section déposent leurs lettres de prêtrise ; l’un d’eux offre une dispense que le pape lui a vendue dans le temps que cette espèce de marchandise n’était pas encore pro¬ hibée en France. L’assemblée décrète l’impression et l’envoi du procès-verbal à tous les départements. B. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (1). La séance allait se lever. Bourdon (du Loiret) demande qu’il soit permis aux sans-culottes de la section des Gravilliers de se présenter à la Convention. ( Accordé. ) Le tambour se fait entendre. Quatre sapeurs, revêtus de chasubles et le sabre sur l’épaule, ouvrent la marche. L’avant-garde et une partie des citoyens, pareillement vêtus, les suivent. La musique exécute un air d’église, le plus triste qu’elle ait pu choisir. Chacun avait un air con¬ trit... Tout à coup la musique joue l’air de la Car¬ magnole, et voilà nos sacrificateurs qui dansent avec beaucoup de gaité et offrent un spectacle très pittoresque. Derrière eux étaient un dais, des croix et des guidons. L’orateur était placé sous le dais; puis venait le buste de Marat, accompagné par les orphelins de la patrie. La députation s’arrête; l’orateur est à la barre. Il annonce à l’assemblée que la section, persuadée que le ministre de la Eaison doit être pur comme son culte, a chargé un jeune enfant, dont l’âme n’est ternie encore d’aucun préjugé, d’exprimer son vœu; l’enfant parle. Il fait à la Convention hommage des hochets du fanatisme. Tandis qu’il parle, les citoyens qui portent des ornements et qui sont placés dans toutes les parties de la salle, font voler à la (1) Journal des Débats el des Décrets (brumaire an II, 0�420, p. 306). [Convention nationale;] ARCHIVES PARLEMENTAIRES* [ £ bruma*re an U 115 1 J (12 novembre 1793 barre les chappes et les chasubles. Les cris de Vive la République! vive la Montagne ! se mêlent à Ça ira, et sont répétés par le peuple qui est au-dehors. Cette séance est terminée par l’abjuration de deux prêtres de la section des Gravilliers, La Convention décrète la mention honorable de la conduite des citoyens de la section des Gravilliers, insertion au Bulletin du discours de l’enfant et de l’hymne des orphelins. Elle ordonne l’envoi de son procès-verbal de ce jour à tous les départements et lève la séance à cinq heures. C. Compte rendu du Mercure universel (1). _ Des citoyens de la section des G-ravilliers, vêtus de chappes, de chasubles, d’étoles, de mitres, entrent en dansant : Ça ira. Ils portent plusieurs dais. Bous l’un est le buste de Lepeletier. Mais après avoir pris séance dans les gradins, les républicains se sont dépouillés de. ces dorures, de ces vêtements et brimborions de l’hypo¬ crisie. Ils ont été jetés en l’air, au bruit des applaudissements et des cris, et remis en paquets après avoir, avec justice, servi de jouets à ceux qui ne croient plus aux vieilles idoles. Un enfant a porté la parole, et, réuni à ses camarades, ils ont fait entendre l’hymne suivant, sur l’air chéri : Français, quelle métamorphose Transforme nos saints en lingots? La raison est enfin éclose, Elle anéantit les cagots. (bis) De leurs ridicules mystères Effaçons jusqu’au souvenir; Que notre dogme à l’avenir Soit d’être heureux avec nos frères. Français, la vérité, qui brille à tous les yeux, La liberté, l’égalité : voilà quels sont nos dieux ! Voûte si longtemps profanée Par le plain-chant du calotin, Tu ne seras plus parfumée Que par l’ encens républicain. (bis) Réjouis-toi, tes destinées Loin d’un clergé sot et fripon, A la nature, à la raison Seront désormais consacrées. Français, la vérité, qui brille à tous les yeux, La liberté, l’égalité : voilà quels sont nos dieux ! Sur le tombeau du fanatisme Et d’une absurde trinité, Éclairons le patriotisme Du flambeau de la vérité. (bis) Aux discordes du culte antique Faisons succéder l’union, Et que notre religion Soit d’adorer la République. Français, la vérité, qui brille à tous les yeux, La liberté, l’ égalité : voilà quels sont nos dieux! L’Assemblée en a décrété l’impression et l’en¬ voi du procès-verbal de la séance à tous les départements. (1) Mercure universel [24 brumaire an II (jeudi 14 novembre 1793), p. 216, col. 2]. D. Compte rendu de V Auditeur national (1). La séance a été terminée par l’offrande que sont venus faire les citoyens de la section des Gravilliers des chasubles, chapes et autres ha¬ bits de prêtres dont ils s’étaient vêtus et qu’ils ont déposés au milieu de vifs applaudissements. Le cortège était accompagné d’une musique mi¬ litaire, jouant des airs chéris de la liberté. Un orphelin de sept ans a été l’organe des senti¬ ments de la section; un autre a chanté un hymne patriotique. Cette 'cérémonie a excité des trans¬ ports d’allégresse; le récit, ainsi que le discours du jeune orphelin, seront imprimés et envoyés aux départements. E. Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (2). La séance a été terminée par l’entrée d’une véritable procession. C’étaient des citoyens de la section des Gravilliers qui, presque tous couverts d’habits d’église, ont commencé leurs chants par l’air Alléluia et les ont terminés par la Carmagnole, qu’ils ont dansée revêtus de chapes, de surplis, etc. La marche était termi¬ née par un dais, sous lequel était le buste de Lepeletier, assassiné par un esclave des rois. Ce spectacle a été vivement applaudi, surtout au moment où tous les citoyens, se débarrassant de leurs habits sacerdotaux, les ont jetés dans l’enceinte de la barre, comme pour se purifier de les avoir un instant portés. F. Compte rendu du Journal de la Montagne (3). La section des Gravilliers termine la séance par l’hommage des dépouilles de l’église de Saint-Nicolas-des -Champs. Un jeune orphelin de la patrie, dont les préjugés religieux n’ont point encore atteint l’esprit, sert d’organe aux ci¬ toyens des Gravilliers et reçoit l’accolade du Président. VII. Un ci-devant prêtre de l’église Saint-Nicolas-des-Champs se plaint de ne pas être marié (4). Compte rendu du Mercure universel (5). Un ci-devant prêtre de l’église du ci-devant S aint-Nioolas -des -Champs se plaint de n’avoir (1) Auditeur national [n° 417 du 23 brumaire an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 6]. (2) Annales patriotiques et littéraires [n° 317 du 24 brumaire an II (jeudi 14 novembre 1793), p. 1470, col. 1]. (3) Journal de la Montagne [n° 164 du 23e jour du 2e mois de l’an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 1212, côl. 2]. (4) Le discours de ce prêtre, qui faisait proba¬ blement partie de la députation de la section des Gravilliers, n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 22 brumaire an II; mais il y est fait allusion dans le compte rendu de cette séance publié par le Mercure universel. (5) Mercure universel [24 brumaire an II (jeudi 14 novembre 1793), p. 217, col. 1].