[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. H4*™™™ îm 277 ont pris, et desquels ils attendent le meilleur effet. Barère lit les arrêtés. Voici en substance ce qu’ils portent : Saint-Just et Lebas ont arrêté : 1° que tout militaire qui serait trouvé caché dans quelqu’ en¬ droit de la ville que ce soit serait fusillé sur-le-champ (1); 2° Que la municipaüté de Strasbourg four¬ nirait une certaine quantité de souliers pour les défenseurs de la patrie ; ceux des habitants qui ne se prêteront point à cette mesure seront regardés comme mauvais citoyens et mis à l’amende; 3° Qu’il serait fait un emprunt de deux millions aux riches pour le soulagement des pauvres et la réparation des fortifications (2)' 4° Qu’il serait créé une commission pour veiller à l’approvisionnement de la place. 5° Que les administrateurs qui n’obtempére¬ ront pas aux réquisitions faites par les agents du gouvernement seront enfermés jusqu’à la paix. La Convention approuve ces divers arrêtés. Sur la proposition du même membre [Ba¬ rère (3)], d’après le rapport du même comité, la Convention rend les décrets suivants : « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport du comité de Salut public, « Décrète que le citoyen Faure, représentant du peuple envoyé dans le département de la Mo¬ selle pour la formation des corps de cavalerie, est investi des pouvoirs illimités attribués aux représentants du peuple près les armées; il est chargé spécialement d’épurer les autorités cons¬ tituées (4). » Suit le texte d'une 'pétition de la Société popu¬ laire de Nancy qui donna lieu au décret ci-des¬ sus (5). Les sans-culottes de Nancy, réunis en Société populaire, à la Convention nationale. a. Nancy, le 8e jour du 2e mois de l’an II de la République française une et indivisible. « Citoyens représentants, « Les Sociétés populaires sont les sentinelles du peuple, elles sont les rochers contre lesquels viennent se briser les efforts des aristocrates pour détruire la liberté; elles sont spécialement chargées, pour le propre intérêt du peuple de surveiller et de dénoncer les corps administra¬ tifs, soit qu’elles les voient oublier leurs devoirs dans l’exécution des lois, soit qu’elles les voient professer des sentiments contraires aux princi-(1) Voy. ci-dessus, même séance, p. 275, cet arrêté d’après un document des Archives nationales. (2) Voy. ci-dessus, même séance, p. 274, cet arrêté, d’après un document des Archives nationales. (3) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 277, dossier 723. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 319. (5) Archives nationales, carton F*1 ii, Meurlhe, n° 1. pes de l’unité et de l’indivisibihté de la Répu¬ blique. « Pénétrés de ces importantes vérités, persua¬ dés qu’en vous dénonçant un corps administra¬ tif contre lequel nous avons à imputer les faits les plus graves, vous vous empresserez de le frapper, nous avons arrêté que nous vous dénoncerions le département de la Meurthe comme étant, en grande partie, composé de fédéralistes, d’ennemis de la liberté et de l’égalité, d’hommes faibles peu propres, consé¬ quemment, à soutenir et propager notre révolution, d’hommes ineptes ou orgueilleux qui n’ont d’autre mérite que le titre dont ils sont revêtus ; enfin d’égoïstes dont tout le soin se porte à conserver leurs places par cela seul qu’elles conviennent à leurs intérêts, quoique leurs intérêts soient opposés à ceux de leurs administrés. « Nous croyons, citoyens représentants, qu’il nous suffira d’énoncer les faits que nous impu¬ tons au département de la Meurthe pour vous prouver que nous n’avançons contre lui rien qui ne soit rigoureusement vrai. « En conséquence, nous vous dénonçons le département : « 1° Comme ayant, au mépris du vœu bien prononcé des sans-culottes de Nancy, nommé maire de cette ville un prêtre nommé Géhin, connu pour un fédéraliste et chassé de la Société populaire comme ayant tenu une conduite répréhensible dans l’affaire de la municipalité gangrenée de Nancy, destituée par votre décret du 24 août, relativement à son indigne conduite contre Marat Mauger et la Société populaire. « Nous vous le dénonçons pour avoir, au mépris de la Société populaire bien prononcée en faveur du citoyen Brisse pour être nommé maire de Nancy, après la démission du prêtre Géhin, tergiversé plus de quinze jours pour donner à ce citoyen la place de chef de notre commune, et pour ne la lui avoir donnée qu’ après y avoir été en quelque manière forcé par la Société populaire, qui avait envoyé au directoire successivement trois députations pour cet effet; « 2° Pour avoir, au mépris du vœu du peuple de Nancy, destitué de sa place d’instituteur le citoyen Pitoy parce qu’il avait combattu avec énergie les principes liberticides des .traîtres Salle, Molievaut et autres déserteurs de la cause populaire; « 3° Nous vous dénonçons le département de la Meurthe pour avoir, au mépris de la loi qui fixe le maximum du blé à 14 livres, auto¬ risé les fermiers à le vendre à 21 livres, ce qui a maintenu le prix du pain à un taux qui devait empêcher le pauvre de s’en procurer; « 4° Nous vous dénonçons ce département pour avoir refusé d’adopter les mesures de sûreté générale qui lui sont proposées par la Société po¬ pulaire, notamment pour s’être refusé, jusqu’à trois fois, de revêtir d’une commission des députés choisis par notre société pour aller à Phalsbourg se réunir aux représentants du peuple, aux généraux et aux commissaires du pouvoir exécutif pour concerter avec eux les mesures propres à repousser les ennemis du territoire de la République, sous prétexte d’une économie mercenaire et ridicule, tandis qu’eux-mêmes, sans calculer les intérêts de leurs admi¬ nistrés, s’étaient livrés à des déprédations dont l’utilité se bornait à recevoir des nouvelles pour eux seuls; 278 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAMES, j l“v�mbre tra1 « 5° Nous vous dénonçons le département pour avoir forcé le peuple de Nancy, choqué de ses refus, à se porter en masse au heu de ses séances, pour lui demander définitivement l’envoi de ses deux députés à Phalsbourg et l’avoir posé par cette démarche à être calomnié par les malveillants. Nous le dénonçons pour' avoir tenu à ce peuple de sans -culottes un langage commun aux despotes de l’ancien régime ;