26 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE la vengeance et au glaive de la loi qui ne pèsera plus dorénavant que sur leurs tetes. Pour vous, dignes objets de notre vénération et de notre amour, forts de la force d’un peuple encore une fois affranchi par vous et qui désormais vous servira de rempart, soutenez hardiment les dogmes sacrés contenus dans votre touchante adresse! que le faible, le patriote, l’innocent, celui qui ne soupire que pour le bonheur de tous, à qui le sien n’est pas un seul et continuel objet de spéculation, soient assurés de toute la protection de la loi, mais aussi que les usurpateurs soient poursuivis partout où ils seront, qu’ils ne trouvent plus d’azile et qu’il ne leur reste plus d’autre perspective que la punition de leurs crimes. Les habitans de Douai n’auront pas reçu en vain les germes de bonheur que vous venez de jetter dans leurs âmes, pleins d’admiration pour vos travaux, ils suivront avec empressement la route délicieuse que vous leur tracez et propageant la doctrine consolante que vous venez de consacrer, ils se montreront dignes d’un si grand bienfait. Vive la République, vive la Convention nationale. Salut, amour et respect. Suivent une douzaine de signatures. i [Les secrétaires, chefs de bureaux et commis du district révolutionnaire d’Amboise, à la Convention nationale, s. dJ] (52) Liberté, Égalité, guerre aux méchants, paix aux bons citoyens. Citoyens Représentans, Pénétrés du plus sincère attachement et du plus pur amour pour la Convention nationale, nous avons sans doute adhéré de coeur a toutes les adresses de félicitation qui vous ont été faites sur vos glorieux travaux. Mais l’evene-ment du 9 thermidor, cet evenement fameux qui fit tomber la tête du plus scélérat et du plus sanguinaire de tous les tyrans, de cet homme exécrable qui ayant étouffé dans son ame pervertie jusqu’au moindre germe d’humanité, abusoit du plus beau titre du monde pour mettre toute la République en deuil, pour teindre de sang le sol entier des François, pour semer partout l’épouvante et l’effroi et qui sem-bloit ne vouloir regner qu’au milieu des tombeaux et du carnage; cet événement ne nous permet plus une adhésion seulement intérieure. A la vue de ce règne de vertu que vous avez substitué à ce règne de sang qui désoloit tous les départemens, de ce régné de justice qui attire a vos dignes collègues actuellement en mission, les bénédictions d’un peuple bon et sensible, notre langue se délié et nos coeurs brûlent de s’épancher. Dignes Représentans, que n’avez vous pu etre tesmoin des allarmes mortelles qui ont si cruellement agité les meilleurs citoyens ! Vous eussiez vu dans le silence respectable des nuits les epoux arrachés des bras de leurs tendres et tremblantes compagnes. Les pères arrachés à leurs familles désolées et fondant en larmes pour etre plongés dans d’affreuses maisons d’arrêt; vous eussiez vu la tristesse et la consternation peintes sur tous les visages. L’air n’étoit plus frappé que de gemis-semens et les poumonts resserrés ne le res-piroient qu’avec peine. Vos coeurs paternels et sensibles auroient-ils résistés a ce spectacle douloureux? Non, vos coeurs déchirés, vos coeurs qui ne sont animés que du désir d’établir d’une manière constante et durable le bonheur et la prospérité du grand peuple dont vous etes les mandataires, se fussent hâtés d’arreter le cours de ces scenes sinistres qui ont fait couler tant de larmes. Citoyens représentans, l’exécrable auteur de tant de maux, Robespierre n’est plus ; mais n’avoit-il point de complices? et s’il en avoit, sont-ils bien tous punis ? Le sol de la République est-il entièrement purgé de tous ces vils intrigans qui à la faveur du nom glorieux de patriote meditoient dans le secret la perte de tous ceux qu’ils croyoient capables de contrarier leurs horribles complots? Que ser-viroit la mort du chef, si ses vils suppôts res-piroient toujours ! Tallien a été assassiné par qui ? quel monstre a mis le poignard à la main de ces scélérats : ils n’osent se montrer les perfides : ils craignent moins la mort que de faire découvrir leur infâme parti. Les traitres, est-ce à Tallien, seul qu’ils en vouloient? non sans doute, ils vouloient perdre la Convention entière et nous ne pouvons la venger, voila notre douleur. Représentans, ne pensez pas qu’en appelant sur eux votre solicitude, nous veuillons détourner votre surveillance des autres ennemis de la chose publique. Loin de nous cette criminelle intention, maintenez le gouvernement révolutionnaire ; guidé par la justice, il est la sauvegarde du vrai patriote et n’est redoutable qu’au méchant. Citoyens representans nous vous renouvelions notre attachement, il sera inviolable et c’est en jurant de vous le conserver jusqu’au tombeau que nous voulons consacrer nos noms. Nous vous invitons a rester a votre poste, c’est vous qui avez abbatu le tyran, c’est vous qui avez fondé le gouvernement républicain, c’est vous qui rendez nos armées triomphantes, achevez votre glorieuse carrière Vive la Convention nationale ! Salut et fraternité. (52) C 325, pl. 1403, p. 22. Suivent une quinzaine de signatures.