164 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE succès de nos armées et la derroutte de nos ennemis extérieurs sembloient nous annoncer l’anéantissement des derniers des tirands. Ils habitoient parmi vous, ces monstres qui, avides du sang des humains, alloient allumer infailliblement la torche de la guerre civille par la sédition. Ils vouloient, disons-nous, en Cromwel et Catilina, usurper les droits sacrés de la nature : la liberté et l’égalité. Grâces vous soient rendues, dignes représentants, vous avez dévoilé leurs forfaits, vous avez livré les coupables aux rigueurs des loix, et leurs têtes hideuses abatues ont été le prix de tant de crimes. Le peuble français vous doit encore sa liberté. Vous venez de nouveau de sauver la patrie. Combien de droits n’avez-vous pas à sa recon-noissance ? Elle vous en donnera les premiers témoignages, et nous qui sommes ses enfants et ses deffenseurs, pourrions-nous y être moins sensibles ? Non sans doute. Nous avons juré la liberté, l’égalité et l’indivisibilité de la République, nous aimons à le répéter et nous ne serons pas parjures. Nous promettons de nouveau une entière soumission aux loix, un attachement inviolable à la représentation nationnalle et jurons de la deffendre contre tous ceux qui seraient assez lâches pour oser attenter à son authorité légitime. Tels sont, dignes représentants, les sentiments que nous nous empressons à vous témoigner. Recevez-en les expressions que nous ne démentirons jamais. Achevez vos pénibles travaux et en jouissant du bonheur que vous nous avez fait recouvrer, nous ne cesserons de répéter : vive la montagne, vive la République, vive les sans-culottes et périssent tous les tyrans et leurs supôts ! Habert ( capit .), Peiremanche ( capit .), Berard ( lieut '), Hue {chef de bon) [et une quarantaine d’autres signatures (sous-officiers, grenadiers, volontaires)]. [Applaudissements ] b [La sté républicaine de Cassaigne (1), à la Conv.; Cassaigne, 18 therm. II] (2) Représentans, Tandis que nos armées victorieuses de toutes parts ne trouvent presque plus d’esclaves à combatre, faut-il que des nouveaux Catilina songent à nous donner des fers ? Les traîtres ! Ils ne préconisoient nos triomphes que pour s’en approprier le fruit ! Ils ne se montraient les amis de la vertu que pour nous préparer plus sûrement les chaînes du crime ! Ils ne sont plus ! Leur nom ne passera à la postérité qu’avec le cachet de l’opprobre; puisse leur juste sort épouvanter les scélérats qui seroient tentés de les imiter ! Pour vous, dignes représentans, soyés toujours imperturbables à votre poste et que vos mains ne posent la massue populaire qu’elle n’aît fait disparaître de dessus la terre tous les (1) District de Condom, Gers. (2) C 316, pl. 1269, p. 58. Mentionné par B 1er fruct. monstres qui en veulent au règne de la liberté. Vive la République ! Vive la Convention nationale ! Roser ( présid .), Duprat (secret.), Buzet (se-crét.). c [La sté républicaine de L’Isle-Jourdain (1), à la Conv.; 17 therm. II] (2) Représentans du peuple, Un infâme triumvirat menaçait la liberté; les têtes des meilleurs citoyens étaient proscrites, un hypocrite astucieux, un tigre altéré de sang, digne émule des Catilina et des Cromwel, Robespierre, se croyant déjà sur le trône, désignait ses victimes avec audace et dictait insolament ses volontés suprêmes. Le scélérat ! Il oubliait qu’il était au milieu des représentans des Français. Vous avez senti l’outrage fait à la majorité du peuple, et sa tête est tombée. Le même instant a plongé dans le néant ses complices et ses vils satellites et la liberté s’est relevée triomphante. Grâces immortelles vous soient rendues, fidèles représentans. Votre vertu, votre fermeté ont étouffé le monstre que sa dissimulation profonde rendait l’ennemi le plus redoutable de la liberté. Braves Parisiens, ralliés autour de la Convention, vous l’avez sauvée des poignards des assassins; recevez l’expression de notre reconnaissance. Comme vous, tous les Français lui feront un rempart de leurs corps, et de leurs armes un appui. Que la journée du 9 thermidor soit à jamais fameuse dans les fastes de la révolution française et que la postérité la plus reculée ne puisse entendre le récit des travaux de la Convention sans s’écrier : ils furent les sauveurs de la patrie ! Soulan (présid.), Cavaré ( secrét .), Esparseil ( secrét .). d [La municipalité, le c. de surveillance et la sté popul. de Montrevel (3), à la Conv.; Montre-vel, 20 therm. II] (4) Citoyens représentants, La patrie est encore une fois sauvée; les traîtres ont disparu avec les ombres de la nuit et le soleil de la liberté brille avec plus d’éclat sur tout le territoire de la République. Grâces vous soient rendues, citoyens représentants, de votre courage héroïque, du dévouement généreux qui vous a fait compter vos jours pour rien à la vue du danger de la patrie. Le bruit s’étoit répandu dans la commune qu’une grande conjuration contre la représentation nationale venoit d’être découverte; les (1) Gers. (2) C 316, pl. 1269, p. 59. (3) Ain. (4) C 313, pl. 1252, p. 49. SÉANCE DU 30 THERMIDOR AN II (17 AOÛT 1794) - N° 1 165 citoyens attendent le courrier avec impatience, quelques-uns vont au-devant de lui hâter son arrivée et tous se rendent dans le lieu des scéances de la société avec des sentiments d’inquiétude heureusement dissippés par la lecture des papiers publics, qui a tenu une partie de la nuit. Tous les citoyens ont été saisis d’indignation et d’horreur en apprenant l’audace des conspirateurs; nous aurions voulu pouvoir franchir en un instant l’espace qui nous sépare de nos représentants, leur faire un rempart de nos corps, les deffendre ou mourir avec eux. L’issue de ce complot perfide doit épouvanter tous les factieux, tous ces hommes corrompus qui conservent l’espoir criminel de détruire la liberté et d’établir leur fortune sur les maux de la patrie. Qu’ils voyent Robespierre sur 1 ’échaffaud et qu’ils tremblent ! un pareil sort les attend. Tirans de l’Europe, vous luttés en vain contre les brillantes destinées du peuple français; si vous rassemblés vos satellites, ce n’est que pour les livrer en masse au fer des soldats de la liberté; si, dans l’intérieur de la République, vos lâches émissaires, habiles à distinguer les hommes corrompus, s’en servent pour ourdir des complots ce n’est que pour conduire les conspirateurs à l’échaffaud. Quel espoir peut donc vous rester ? Le peuple français est debout; il ne compte pas ses ennemis, il les extermine; ses mandataires veillent pour lui; ils ont mérité toute sa confiance et ils achèveront la tâche honorable qui leur a été imposée. Nous vous en conjurons, citoyens représentants, restés à votre poste, continués du haut de la montagne votre surveillance active sur toutes les factions, sur tous les intrigans, les dilapi-dateurs de la fortune publique, les gens sans mœurs qui deviennent bientôt des conspirateurs. Le peuple français attend de vous le maintien de sa liberté et l’affermissement de son bonheur et il vous devra ce bienfait. Vive la République ! Vive la Convention ! Ruy (présid. de la sté popul. ) et 39 autres signatures. e [Les juges composants le tribunal du distr. de Melle et le commissaire nat., aux cns présid. et membres de la Conv.; Melle (1), 23 therm. Il] (2) Citoyens représentans, Des intriguants, des ambitieux, des Catilina enfin cherchèrent à étouffer la République dès son berceau; vous vous levâtes : ils rentrèrent dans le néant. Tout à l’heure, les Robespierre, les Couthon, les Saint-Just et autres, oubliant vos serments, osèrent porter une main impure sur l’arche de la liberté. De suite ils ont payé de leurs têtes leurs audaces et leur forfaits. La nation entière a applaudi à votre énergie. Courage, législateurs, courage ! Restés à votre poste, vous êtes le palladium des Français, vous (1) Deux-Sèvres. (2) C 313, pl. 1252, p. 48. sauverez la République et le bonheur des peuples sera votre ouvrage. S. et F. ! Dabbaye, Aymé aîné, Laubier, Jacquiau, Garnier ( commissaire nat.), Martin Bessé {greffier). f [Les membres composant le tribunal criminel du départ1 de la Charente-Inférieure, à la Conv.; Xantes, 21 therm. II] (1) Législateurs, Nous avons partagé votre indignation sur la nouvelle conspiration que votre surveillance vient de démasquer et de détruire. Notre admiration a bientôt pris la place de tout autre mouvement : nous sommes parfaitement rassurés et nous nous reposons sur vos vertus et sur votre énergie. L’exécrable chef de la dernière tyrannie, dans son discours du 7 prairial, nous disoit « que la vigilance des représentans du peuple est plus que jamais nécessaire ». Il devoit savoir cependant que la vigilance de nos immortels représentans est infatiguable et qu’elle ne peut nous manquer dans aucun tems. Continuez, législateurs, ces travaux en tout genre que le peuple français ne peut se lasser d’aprouver et d’admirer. Continuez de sauver la patrie et notre liberté, et recevez à ce sujet les protestations les plus vives de notre entier dévouement et de notre juste reconnaissance. S. et F. ! Savigny, Lemercier (présid.), Marchant-Joyeux, Desbains, Héard ( accusateur public), MlGNÉ (greffier). g [La sté popul. de Vallon-sur-Ardèche (2), à la Conv.; s.d. ] (3) Citoyens représentans, Vous avés sauvé la République. Le peuple vous doit sa liberté. L’orgueil s’étoit servi de l’opinion pour se frayer un chemin à la tyrannie. Dans nos campagnes, nous occupant des travaux de nos champs en républicains sincères, nous n’avons connu qu’un seul guide : la Convention nationalle et ses loix. Nous vous bénissons de les avoir fait triompher. Notre confiance est dans votre fermeté. Les destinées du peuple françois sont déposées dans vos mains. Ne cessés à veiller sur elles. Nous donnerons avec transport nos vies à votre deffense. L’Etre suprême exaucera nos vœux. Un grand peuple vous devra son bonheur. Chante (présid.), Dupont ( secrét .), Payan (se-crét.). Le conseil général de la comune adhère avec transport à l’adresse ci-dessus : Puaux (off. mun.), Ginovier (off. mun.), Valladier (off. mun.), Ollier (notable), Martin (notable), Dupont (off. mun.) et 2 signatures illisibles. (1) C 313, pl. 1252, p. 47. (2) Ardèche. (3) C 316, pl. 1269, p. 62.