84 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE l’âme pure reposera avec sécurité. C’est à la patrie seule qu’il faut des sacrifices, et non aux hommes. Quelle foudre vengeresse éclate sur la tête de l’orgueilleux et du despote qui, en maîtrisant l’opinion, cherche à enchaîner la liberté ! Nous voulons être libres en obéissant à la loi qui planne également sur tous les individus. Nous la chérissons avec ardeur cette liberté sainte, cette égalité précieuse. Par elles seules nous pouvons être heureux. Elles seront votre ouvrage, législateurs, et l’objet de toutes vos solicitudes. Votre tâche est immense, votre courage est grand, vos moyens sont sûrs, la confiance vous entourre. Que faut-il de plus pour consommer cette grande œuvre ? Le peuple français attend de vous son bonheur et sa gloire, son espoir ne sera pas vain. Nous jurons de nouveau de nous serrer autour de la Convention nationale, point unique de ralliement pour les amants de la République démocratique. C’est de ce sénat auguste que découlera la rosée bienfaisante qui vivifiera à jamais la liberté. Recevez, pères de la patrie, notre serment. Il est digne de vous et dicté par l’amour pur du patriotisme qui enflamme nos cœurs. Vive la Convention nationale, vive la République, une, indivisible et démocratique ! Finaz ( secrét .), Girel (présid.)[e t 50 autres signatures]. j [Le juge de paix du con de Seyssel, à la Conv.; Seyssel, 18 therm. II] (1) Représentants, Mon dévouement pour la Convention nationale sera éternel, mon amour et mon respect pour les loix qui émanent d’elle sont sans bornes ! Quoi ! Pendant que nos armées pulvérisent les satellites des tyrans couronnés, ils cherchent à rescuciter (sic) parmi nous leurs agens assassins ! Jusqu’à quand serés-vous exposés à de nouveaux dangers ? Que ne puis-je réunir toute la force possible pour détruire d’un clein d’œil, non seulement les tyrans rois, mais encore tous ceux qui, par des projets parricides, cherchent à entraver vos utiles travaux, et, ce qui est pire encore, à attenter à votre vie ! Je ne puis trouver des expressions assés vives pour vous témoigner l’horreur et l’indignation dont j’ai été saisis au récit de l’attentat dirigé contre la Convention entière. Qui aurait jamais pu imaginer qu’il y eût parmi vous des traîtres et des scélérats tels que ceux qui viennent de subir la peine due à leurs forfaits ? Quoi ! Robespierre n’avait-il échappé au glaive si justement dirigé contre lui que pour plonger le poignard plus avant dans vos seins ? Quoi, ce monstre avoit eu l’audace de vouloir faire servir à l’exécution de son projet criminel cette ardente jeunesse qui, de toutes parts, est (1) C 313, pl. 1251, p. 21. accourue au champ de Mars pour s’y instruire des moyens destructeurs de la tyrannie. Gloire vous soit rendue d’avoir encore une fois sauvé la République ! Vous avés fait justice de ces infâmes conspirateurs, mais, citoyens représentants, ce n’est pas tout, le nombre de leurs complices est peut-être plus grand que l’on ne pense : il n’est pas possible que ce scélérat (Robespierre) par ses discours astucieux et enchanteurs ne se soit fait des partisans, faites donc fouiller dans tous les coins de Paris, faites fouiller dans les départements, et certes vous parviendrés à découvrir ceux qui, comme lui, cherchent à dominer et gouverner en despote, qui, comme lui, sous le masque du plus pur patriotisme, servent la cause de nos ennemis. Ce ne sera que lorsque tous les faux patriotes et les intrigants seront démasqués et punis que nous pourrons jouir paisiblement du bonheur dont nous vous sommes redevables. Mon cœur est inondé de joie à cette perspective consolante, qui y suscite le sentiment ardent de la reconnoissance que je viens vous exprimer. Acceptés-en l’hommage; il est aussi sincère de ma part que justement mérité de la vôtre. Oui, représentants, vos vertus et vos lumières nous garantissent un avenir heureux et votre zèle infatigable ne contribue pas peu à nous en convaincre. Achevés, courageux Montagnards, la destinée du monde, vous touchés à son grand développement. Bientôt le territoire sacré de la République aura vomi ce qu’il a d’impur. Restés sans crainte à votre poste pour le salut de la patrie, c’est le vœu de tous les Français. Que le fer et le poignard des assassins ne vous intimident pas. Conservés cette sécurité imposante : investis comme vous l’êtes de l’amour du peuple, les traits des tyrans ne pourront vous atteindre, leurs complots infâmes échoueront, leurs vils supposts seront anéantis ! Oui ils le seront avant que vous renonciés à lancer sur eux la foudre dont ils cherchent vainement à se garantir. Comment le peuple pourrait-il ne pas vous dévouer sa vie, lorsque vous sacrifiés la vôtre pour lui ? Comment, étant unis d’intérests, d’inclination et de sentimens et ne devant faire qu’un, le peuple et ses représentants n’attein-draient-ils pas un but auquel ils tendent également ? Oui, pères de la patrie, le ciel protecteur de nos efforts communs ne souffrira pas que nous redevenions la proie des tyrans et des hipocri-tes. En vain nos ennemis, dans le génie de leur rage, essaieront-ils d’aiguiser les poignards émoussés du fanatisme et de la guerre civile ! En vain essaieront-ils encore d’assassiner les représentants du peuple ! il est un terme à tant de forfaits : l’Etre suprême, qui veille visiblement sur leur sort et sur les destinées d’un peuple digne de lui ne leur laissera que le regret d’avoir manqué leur coup, la honte et le remord d’un crime stérile, si toutes fois ils en sont encore susceptibles. Continués, sauveurs de la République, à faire connaître à l’univers entier l’horreur de la SÉANCE DU 28 THERMIDOR AN II (15 AOÛT 1794) - N° 10 85 nation française pour les rois et, ce qui est le même, pour les crimes et les vices, et son amour pour la République et les vertus qui la caractérisent. Nous avons juré la République ou la mort, une confiance aveugle en nos représentants. Notre serment ne sera pas vain et, avec des armes pareilles, on n’est jamais vaincu. Vive la République, vive la Convention ! Gouz. k [La sté popul. d’Ambérieux (1), à la Conv.; dAmbérieux, 15 therm. II] (2) Représentant d’un peuple qui sera toujours libre, que votre infatiguable surveillance continue toujour à sauver la chose publique ! Redoublés d’activité. Des monstres de l’humanité veulent sans cesse s’abbreuver du sang de leurs semblables. Des traîtres — hé quoi, des traîtres ! — veulent toujours annéantir la cause du peuple, veulent faire couler le sang des patriottes et perdre la patrie. Mais déjà vous avez prévu aux maux qu’ils nous préparoient. Déjà vous avés mis hors de la loi la tête de tous ces conspirateurs. Nous espérons de votre zèle que les bras, soutient de ces têtes criminel, y seront mis à leur tour. Brave peuple parisien, ta conduite dernière te donne de nouveaux droits à notre reconnaissance et resserre à jamais la douce fraternité qui unit tous les sorts. Croyés, infatiguables montagnards, que la société populaire d’Ambérieux restera inébranlablement attachée à la masse de la Convention : tel est le serment qu’elle vient de renouveler encore aujourd’hui. Croyés que le peuple connoît sa souveraineté et croyés aussi que le peuple saura faire tomber toutes les vengeances nationales sur la tête de tous ceux qui voudront lui usurper ses droits sacrés. Infatiguables hommes dévoués à la cause de la liberté, restés dans une permanante activité, frappés tous les traîtres. La chose publique vient de remporter une grande victoire. La chose publique ne peut être perdue que par des traîtres, et autant de fois on les démasque, représentants, autant de victoires ! Vive la République ! Merlin ( membre du bureau), Bertrand ( pré - sid.), J. Bonnet (du bureau), Compagnon ( membre du bureau). 1 [Les sans-culottes composant la sté popul. de Pont-de-Vaux (3), à la Conv.; s.d. ] (4) Citoyens représentans, Si la victoire est à l’ordre du jour dans nos armées, elle ne l’est pas moins à la Convention (1) Ain. (2) C 316, pl. 1267, p. 4. Mentionné par B ", 2 fruct. (3) Ain. (4) C 316, pl. 1267, p. 5 Mentionné par 5*n, 2 fruct. nationale. Quel triomphe en effet pour la liberté que celui remporté par la masse pure des représentans dans les journées à jamais mémorables des 9, 10 et 11 thermidor ! Quel bonheur pour les Français ! La République est encore une fois sauvée et son salut est votre ouvrage, législateurs fidèles. La perfide éloquence, l’astucieuse popularité, l’insolente audace, la feinte sévérité révolutio-naire, tous les crimes enfin des Robespierre, des Couthon, des Saint-Just, des Henriot, des Dumas sont venus en un jour échouer contre l’imposante et inébranlable fermeté de la Convention. Ils ont enfin trouvé leur juste récompense dans le trépas et dans l’oprobre, tous les factieux qui jusqu’à ce jour ont essayés de froisser la République car ils ne peuvent la détruire ! Qu’a produit contre elle la trahison de Dumouriez ? La fuite, le mépris du traître et des victoires à la patrie. Qu’a produit la conspiration d’Hébert ? La mort du conspirateur et de ses complices ! Qu’a produit l’infâme conjuration de Robespierre ? Le désespoir de nos ennemis, la mort du traître, la gloire de la Convention, l’affermissement de la République, le bonheur des Français. Vous les déjouerez toutes, citoyens représentans, ces factions liberticides. Qu’ils tremblent, les imitateurs des Robespierre et des Hébert ! Vous les découvrirez tous. L’œil de la vertu est l’accusateur du crime. Restez fermes à votre poste, citoyens représentans, et le peuple français n’a rien à redouter. C’est le vœu que renouvelle la société populaire de Pont-de-Vaux. Elle vous y invite en rendant hommage à la constance, au courage intrépide que vous avez montrés dans cette lutte audacieuse mais impuissante des factieux anéantis. Jamais vous ne parûtes plus grands, jamais vous ne fûtes plus dignes du peuple que vous représentez. Courage, représentants, les lâches conspirateurs n’emportent que son exécration, vous acquérez chaque jour de nouveaux droits à son amour. Recevez aussi nos actions de grâce, généreux Parisiens dont le patriotisme a secondé les travaux de nos législateurs. Les sans-culottes de Pont-de-Vaux vous imiteront, ils surveilleront, ils démasqueront les traîtres et les conspirateurs, ils s’attacheront constament à la Convention nationale. Ils cesseront plustôt de vivre que de soufrir qu’il lui soit porté la moindre atteinte. Vive la liberté, vive l’égalité, vive la Convention, vive la République ! Voilà notre prière, nos serments et nos vœux. S. et F. ! Terrât (secret.), Sotton (présid.), Mortel (secrét.), André. m [Le directoire du départ ‘ de lAin à la Conv.; Bourg, 15 therm. II] (1) Représentans, Vous venez encore une fois de bien mériter de la patrie en lançant la foudre nationale sur (1) C 313, pl. 1251, p. 22. Mentionné par Bm , 2 fruct.