506 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j e novembre 1793* et la postérité apprendra avec étonnement l’im¬ mensité de vos travaux et l’attitude fièro et imposante que leurs conséquences ont inspirée en un instant à la nation entière dans un mo¬ ment où le vrai éclipse le faux, un moment où par un décret la Montagne a invité la France fibre à oublier les noms futiles de saints, les noms qui rappellent la féodalité. La ville d’ Aire croit devoir étendre le principe d’une loi aussi sage en demandant à changer le nom insigni¬ fiant et mal appliqué qu’elle porte, en celui de Ville centrale; sous l’empire de la raison et de la vérité l’utilité générale doit trouver place dans chaque chose; les habitants de la ville d’Aire réunis espèrent que vous recueillerez favorablement une demande dictée sur des principes vraiment républicains. » (Suivent 142 signatures.) II. PÉTITION DTI CONSEIL GÉNÉRAL ET DE LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE FaREMOUTIER, DIS¬ TRICT DE ROZOY, DÉPARTEMENT DE SEINE-ET-Marne (1) : Suit le texte de cette 'pétition d'après un docu¬ ment des Archives nationales (2). Le conseil général de la commune de Faremoutier, et la société populaire établie en cette ville, à la Convention nationale. « Législateurs. « Les habitants républicains de la commune de Faremoutier ne peuvent plus conserver à leur cité un nom qui ne présente que l’idée d’un monastère établi par une fille fanatique. « Ils demandent que la cité de Faremoutier s’appelle désormais le Mont de l’Égalité. Ce nouveau nom leur rappellera sans cesse l’idée de la plus belle vertu d’un peuple libre; vertu qu’ils sont jaloux de maintenir parmi eux, caT il n’est point de liberté sans l’amour de l’Égalité. » ( Suivent 15 signatures .) Extrait du registre des délibérations de la Société républicaine de la ville de Faremoutier, dis¬ trict de Rozoy , département de Seine -et-Marne (3). Séance du sextidi de la première décade du deuxième mois de l’an second de la Républi¬ que française, une et indivisible. (1) La pétition du conseil général et de la Société populaire de Faremoutier n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 16 brumaire an II; mais en marge de l’original, qui se trouve aux Archives naiionales, on lit : « Renvoyé aux comités d’instruction publique et de division, le 16 du 2» mois. » (2) Archives nationales, carton F17 1008% dos¬ sier 1382. (3) Archives nationales, carton F17 1008% dos¬ sier 1382. Présidence du citoyen Cordelier. Le citoyen Réal, représentant du peuple et commissaire de la Convention à la surveillance de la fabrique du papier des assignats à Cour-talin, est entré et a pris séance dans l’assemblée. Le président lui a adressé un discours par lequel il lui a témoigné combien l’assemblée était péné¬ trée de reconnaissance de sa démarche de ce qu’il voulait bien l’honorer de sa présence; il l’a prié, au nom de la société, de vouloir bien répandre sur tous ses membres, et sur tous les assistants les lumières de la Montagne de la Convention, les échauffer du feu sacré de cette sainte Montagne, de purifier, avec les eaux abondantes de sa source inépuisable, les cœurs de ceux que l’aristocratie et le fanatisme pou¬ vaient avoir corrompus ; il l’a invité à prendre séance dans l’ assemblée et à lui faire le même honneur toutes les fois qu’il pourra, sans com¬ promettre les devoirs de sa mission et les intérêts de la République. Le citoyen Réal a félicité la société sur son établissement, sur le bien qui devait en résulter pour l’intérêt de la République, en déjouant, par sa surveillance, les manœuvres des ennemis d© la liberté et de l'égalité, il a promis à la société de consacrer tous ses moments de loisir à venir coopérer à ses travaux; il est ensuite monté à la tribune et a prononcé un discours plein d’éner¬ gie, par lequel il a démontré tous les avantages que promettait au peuple français la Çlonsti-tition républicaine. Ce discours a été couvert des applaudisse¬ ments les plus vifs et les plus réitérés, enfin des cris prolongés de Vive la République, une et indivisible! vivent la Liberté et l'égalité! vive la Montagne, Vivent les sans -culottes, guerre aux tyrans et aux fanatiques! Sur la motion d’un membre, l’assemblée a arrêté à l’unanimité que ce discours serait inséré au procès-verbal, imprimé, et distribué à tous les membres de la société et aux membres des sociétés voisines. Sur la proposition d’un membre, l’assem¬ blée a arrêté qu’il serait envoyé une députa¬ tion à la municipalité de cette commune pour l’inviter à obliger tous les citoyens à décorer l’extérieur de leurs maisons des signes de la liberté et de l'égalité par un drapeau tricolore, et le président a nommé, pour composer cette députation, les citoyens Picard, Jean Vaumo-rin, Lemaire et Cochin. Un membre a représenté à l’assemblée qu’ au¬ trefois la ville de Faremoutier se nommait le mont Eboriac, que celui de Faremoutier lui avait été substitué par les ci-devant religieuses dudit heu, pour consacrer la mémoire de la nommée Fare, première abbesse du ci-devant monastère de ce heu ; qu’un heu peuplé par des répubhcains ne pouvait plus porter un nom qui laisserait des traces toujours existantes du fanatisme religieux : il a demandé que ce nom fût changé en celui de la Montagne ou du Mont fraternel, sa motion a été appuyée par diffé¬ rents membres, et avant de la mettre aux voix, le président l’a divisée en deux parties, la première si le nom de Faremoutier serait supprimé, et la seconde quel serait celui qui lui serait substitué. Sur la première question, et après une suf¬ fisante discussion, il a été arrêté que le nom de Faremoutier serait supprimé. Sur le seconde, plusieurs membres ont pré¬ senté différents noms à substituer à celui de [Convention nationale,] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 7™™�” 1793 507 Faremoutier, et après aussi une discussion suffisante il a 4té arrêté à l’unanimité que le nom de Mont de l’Egalité serait substitué à •celui de Faremoutier. Enfin il a été encore arrêté que le vœu de l’assemblée à cet égard, serait porté par une •députation au conseil général de la commune de Faremoutier, qui serait invité à le prendre en considération, et pour composer cette dépu¬ tation le président a nommé les citoyens Pi¬ card, Pierre-Alexis Vaumorin, Savry et la citoyenne Lallemand, femme Cochin. Un membre de la société a demandé qu’il fût fait une adresse à la Convention pour la féliciter sur ses travaux, sur les mesures rigoureuses qu’elle avait prises depuis le trente et un mai, l’inviter à rester à son poste jusqu’à la paix et à laisser le citoyen Dubouchet, l’un de ses membres, dans le département de Seine-et-Marne jusqu’à ce qu’il ait achevé de le purger de la 'présence des aristocrates, des gens sus¬ pects et des malveillants, dont il était infecté. Cette motion a été applaudie et arrêtée par 1’assemblée, et pour rédiger cette adresse le président a nommé le citoyen Picard, qui a demandé que la président lui fût adjoint, ce qui a été approuvé par la société. j Pour extrait : Cordeelier , président; Debussy, secrétaire; Houis, secrétaire. Séance du 1? brumaire, l’an II de la République française une et indivisible. (Jeudi, 7 novembre .1793). Un secrétaire fait lecture du procès-verbal de la séance du 5 de ce mois. La rédaction est approuvée (1). Factieux Granet observe que sa mauvaise santé ne lui permet pas d’occuper la place de secrétaire, à laquelle les suffrages de ses col¬ lègues l’ont appelé. « La Convention nationale décrète que le �membre qui a réuni le plus de suffrages après Factieux Granet fera en sa place les fonctions de secrétaire. Le bureau a indiqué Merlin {de Thionville), et l’Assemblée l’a nommé secrétaire (2). U) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 31. (2) Ibid. Suit la lettre adressée par Factieux Grand au Président de la Convention (1) : Factieux Granet, à Lafoy, Président de là Con¬ vention nationale. « Président, « Ma mauvaise santé ne me permettant pas d’occuper la place de secrétaire à laquelle les suffrages de mes collègues m’ont appelé, je prie l’Assemblée de permettre que le citoyen Bouret remplisse j>our moi ces fonctions. « Le 17 brumaire l’an II de la République, une et indivisible. » Lettre du citoyen Lapotaire, procureur syndic du district d’Hennebont, département du Mor¬ bihan, qui annonce à la Convention que 37 lobs de biens d’émigrés estimés 261,200 livres, ont été vendus 1,065,375 livres, ce qui donne un excédent de 804,175 livres. Insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre du citoyen Lapotaire (3) : Lapotaire, procureur syndio du district d'Men-nebont, département du Morbihan, au citoyen Merlin, représentant du peuple à la Conven¬ tion nationale. « Paris, le 16e jour de brumaire, l’an II de la République une et indivi¬ sible. « Citoyen représentant, « Le directoire du district vient de me faire passer la note des biens des émigrés qu’il a déjà vendus depuis le 5 de septembre au 14 octobre. 37 lots de biens avaient été estimés valoir 261,200 livres, et ils ont été vendus 1,065,375 livres. Ce qui donne un excédent de 804,175 livres. Il désirerait que cette opération fût connue, je ne puis mieux m’adresser qu’à vous, et je vous prie de vouloir bien y donner la publicité que vous jugerez convenable. « Lapotaire. » Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (4). La Convention applaudit à l’annonce que lui fait Merlin (de Douai) de la vente de 37 lots de biens d’émigrés qui, estimés 200,000 li¬ vres, ont été vendus 1 million 65,000 livres. Lettre du procureur général syndic du dépar¬ tement du Pas-de-Calais, par laquelle il annonce qu’on a procédé le 9 à la vente de 6 maisons d’émigrés, situées dans la commune de Saint-(1) Archives nationales, carton C 278, dossier 746. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 32. (3) Archives nationales, carton C 280, dossier 766. (4) Annales patriotiques et littéraires [n° 311 du 18 brumaire an II (vendredi 8 novembre 1793), p. 1143, col. 2].