502 . | Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j f» 1,rmna!;J a“ £ 1 1 'I 19 novembre I district de Lille, qui vont instruire la Conven¬ tion des victoires importantes remportées sur le fanatisme et lui en offrir les dépouilles. Plus de prêtres, plus d’église dans cette commune, il n’y reste pas le moindre vestige du culte catho¬ lique, la raison y a un temple et la philosophie règne dans tous les cœurs. « La Convention entendra avec quelque inté¬ rêt le récit des députés, lequel contient des cir¬ constances remarquables. Je t’invite à les intro¬ duire à la barre. « Châles. » Suit le texte de V adresse des citoyens d’Armen-tières d’après un document des Archives natio¬ nales (1). « Citoyens représentants, « Les prêtres et leurs adhérents aristocrates, en s’emparant du cœur et do l’esprit de tout le peuple d’Armentières, ville importante par sa situation sur l’extrême frontière du départe¬ ment du Nord, régnaient en despotes sur toutes ses volontés et sur toutes ses actions. « Ceux-là par leurs insinuations perfides, et ceux-ci par leurs conseils hypocrites étaient parvenus, dès les premiers jours de la Révolution, à persuader à ce peuple crédule qu’il n’y avait rien de plus précieux pour lui que de conserver l’esclavage des préjugés et des erreurs auxquels on l’avait accoutumé. « Arrêtés pendant trois ans par les manœuvres les plus scélérates de ces vils agents de la tyran¬ nie, tous les efforts et toutes les tentatives des vrais patriotes de cette cité malheureuse furent inutiles ou méprisés. « Mais, grâce au bon génie qui veille au salut 4e la République, grâce à la terreur qu’inspire la guillotine en permanence, et à la conduite abominable des prêtres, le menu peuple d’Ar¬ mentières, après une commotion violente et préparée par les infatigables amis de la liberté, est sorti de son stupide aveuglement, et a quitté le marais fangeux du fanatisme pour monter sur la montagne sainte, d’où il vient de déclarer, dans une séance publique de la Société popu¬ laire et révolutionnaire, établie depuis un mois, dans ce repaire de la superstition, qu’il avait toujours été égaré et trompé par ses prêtres, et que, dès ce jour de triomphe, pour son bon¬ heur, il protestait qu’il ne voulait plus de prêtres, ni d’église romaine, mais bien un temple national où, au heu d’apprendre à faire la guerre à la raison, ù la liberté et à l’humanité, il s’instruirait de ses devoirs et de par l’organe de ses amis et de ses frères. « C’est ce même peuple d’Armentières, ci¬ toyens représentants, qui nous envoie ici pour faire hommage à la Convention et de son cœur républicain et de tous les vols ecclésiastiques qui ont si longtemps fait l’objet de son délire et de sa vénération. Vous verrez, par le procès-verbal de cette séance mémorable que nous dé¬ poserons sur le bureau, que son arrêté prêtricide contient le vœu unanime et général des habi¬ tants de cette commune qui, la première, a donné dans le département du Nord, empoisonné des vapeurs du fanatisme, le terrible exemple d’une des actes et de ta correspondance du comité de Salut public de M. Auter d, il) Archives nationales j 'carton C 278, dossier�743. vengeance philosophique, si nécessaire aux in* térêts et au salut de la patrie. « Pour moi (1), citoyens représentants, qui suis aujourd’hui l’organe de ce peuple désabusé, je me suis fait un bonheur, en brûlant tous mes faux titres ecclésiastiques en sa présence, de lui prouver que j’ai toujours été persuadé que l’huile inutile qui faisait les prêtres n’avait pas plus de vertu que celle qui faisait les rois, et que, de tous les êtres malfaisants qui s’efforcent d’arrêter les succès de la République, les prêtres sont les plus dangereux et les plus scélérats. » Inventaire des argenteries trouvées à la ci-devant église paroissiale d’Armentières et en la maison hospitalière des ci-devant sœurs Sainte-Marie de ladite commune, transférées au directoire du district de Lille, pour en faire hommage à la Convention nationale, suivant " délibération de la commune dudit Armentières, en date du 22 brumaire, d’après l’arrêté de la Société populaire et révolutionnaire dudit lieu, en date du même jour, comme il suit (2) : Cinq remontrances, dont une venant dudit hôpital; Sept calices, dont un venant aussi dudit hôpital; Six petites cuillers, dont une venant dudit hôpital; Sept patènes, dont une venant dudit hôpital; Cinq ciboires, dont un venant dudit hôpital; Deux boîtes aux huiles et un petit crucifix, le tout en vermeil et argent; Pesant, savoir : Le vermeil, soixante-dix marcs trois onces. Et l’argent, trente-six mares, trois onces. Observant -qu’il s’est trouvé à l’une des re¬ montrances quelques fausses pièces, dont cinq d’aucune valeur et quatre pâles mortes, pesant ensemble deux gros. Ainsi fait, inventorié et pesé, en présence des administrateurs du directoire du district de Lille, par les citoyens Biscop et Lefebvre Yau-broucq, orfèvres, le vingt-quatre brumaire, en triple, l’un pour être à ladite municipalité, l’autre pour rester audit directoire et le troisième pour être porté avec lesdites argenteries et pierres à la Convention nationale, par les sans-culottes Top et Duchâteau, membres de la So¬ ciété révolutionnaire d’ Armentières. N orf, président; Bayaet aîné; P. -F. Lefeb¬ vre; Vanbroucq; Constant Biscop. Extrait du proeès-verbdl de la Société populaire de la commune d’ Armentières du 20 brumaire (3). Aujourd’hui vingt brumaire, premier jour de repos de l’ère de La République, célébré en cette commune, tous les corps administratifs, civils et militaires furent rassemblés, rue de la République, tous les enfants des deux sexes depuis 8 jusqu’à 15 ans, portaient des tableaux représentant roi, prince, duc, marquis, saint, sainte, titres, papiers, procès civils et criminels des ci-devant nobles. La Société populaire, dont les plus anciens (1) Le citoyenTDuchâteau. (2) Archives nationales, carton�G 278, dossier 743. (3) Ibid. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. j 19 �Xe«93 503 portent les drapeaux des ci-devant' confréries, le comité de surveillance de cette commune, douze députés de celle de Lille étaient du cortège, qui traversa toute la cité et se rendit sur la place d’armes où un feu était préparé pour y recevoir tous les restes d’effigies qui insul¬ taient encore à l’égalité. Toute la masse du peu¬ plé se livra à des danses, et des airs de vive la République furent répétés des milliers de fois. L’on se porta ensuite à la Société populaire où le peuple réitéra le serment de vivre libre ou. de mourir. Le citoyen Duchâteau, curé de Frielinghien, commune du canton, remit â la Société ses lettres de prêtrise dont le brûlement a été décrété et exécuté dans la salle de ses séances, séance tenante, pendant lequel brûlement, un député de la Société de Lille a chanté l’hymne des Marseillais. _ Un membre a ensuite demandé à ce qu’il n’y ait plus de prêtres soi-disant constitutionnels ni inconstitutionnels, qu’ils ne soient salariés que viagèrement ; que les temples que la Con¬ vention nationale, par des vues politiques, a jugé à propos de laisser jusqu’alors à la disposi¬ tion des ministres du culte catholique soient réunis aux domaines nationaux, pour être employés pour hôpitaux, casernes, halles, etc. Il est ainsi au procès-verbal. H. Top, président; Bat art jeune ; Droulet, secrétaire. Arrêté de la Société populaire et révolutionnaire d’Armentières, district de Lille, département du Nord (1). La Société populaire et révolutionnaire d’Ar¬ mentières, dans sa séance extraordinaire et mémorable du 22 brumaire, sur la motion de différents de ses membres, a arrêté que dans un état républicain il ne devait point y avoir de culte publiquement reconnu; de culte dont les ministres soient salariés par la nation entière ; qu’il fallait porter le dernier coup au fanatisme en déclarant qu’il ne sera plus reconnu d’indi¬ vidus sous la dénomination de curé, de vicaire et de prêtre, constitutionnel ou non; que les édifices qu’ils appelaient églises, serviraient désormais de temples dédiés à la liberté, à l’éga¬ lité et au bon sens; que les marques du fana¬ tisme qui les décorent maintenant y seraient remplacées par les emblèmes sacrés de tout ce qui peut contribuer à éclairer le peuple et à propager le républicanisme; que. les droits de l’homme y seraient gravés au front d’un autel dédié à la patrie; que la Constitution, ce chef-d’œuvre de L’esprit humain, y serait encadrée par extraits et servirait d’ornement à ce temple; que les vieillards et les enfants, images parlantes des deux âges de la nature, s’y rassembleraient foutes les décades et y tiendraient heu de tous les saints, de toutes les Vierges et de toutes les images qui ont servi si longtemps à nous fana¬ tiser,, à nous abuser et à endormir notre raison ; que tout le peuple, ce jour-là, s’y rassemblerait aussi, et que lés vrais amis de la chose publique y prêcheraient les bonnes mœurs, la charité envers le prochain, surtout envers lés indigents, l’amour sacré de la patrie et les droits de la li¬ berté et de Légalité que tout homme apporte en naissant. Ces morales vaudront bien lés men¬ songes dont ces prêtres, que la patrie vient de rejeter de son sein, empoisonnaient nos cœurs et nos esprits. En conséquence, cette Société a arrêté que quatre commissaires se transporteraient à l’ins¬ tant à la municipalité d’Armentières, pour l’exé¬ cution et les mesures à prendre à ce sujet ; que les argenteries qui se trouveraient dans les ci-devant églises seraient transportées sur-le-champ au directoire du district de Lille; que ces mêmes commissaires porteraient aux re¬ présentants du peuple ce redoutable arrêté qui anéantit enfin tous les insectes du fanatisme, pour y donner leur approbation, et qu’ils le porteraient aussi, ce foudroyant arrêté, à nos frères de la Société révolutionnaire de Lille. Pour copie conforme : Signé : Casimir Delacroix, président; B ayart jeune et Duchosal, secrétaires. Aujourd'hui, vingt-deux brumaire, l’an deuxième de la République une et indivisible. Nous, membres composant le conseil général de la commune d’Armentières, assemblés au lieu ordinaire de nos séances, ayant pris en grande considération l’arrêté de la Société popu¬ laire et révolutionnaire de eette ville, dont le contenu précède, avons délibéré unanimement qu’il serait exécuté selon sa forme et teneur, En conséquence, toutes les argenteries trou¬ vées dans le temple du culte fanatique, situé en cette commune, seront transférées à Lille pour en faire hommage à la Convention nationale, par le citoyen Top, président du comité de surveil¬ lance, en nous rapportant décharge, confor¬ mément au désir de la commune. Signé : Gombert, maire; Roilart, ofjfieier municipal; D élan gre, P. Horin, B. -P. Glorian, Caron, J.-B.-C. Mourit, P.- J. Desremaux, notables ; Dehem, Delacroix fils aîné, Vaillant, Burier. Le comité de surveillance d’Armentières, qui a pris communication de l’ arrêté de la Société populaire, de la décision de la municipalité qui précèdent, ravi de voir l’esprit public de cette ville à la, hauteur des vrais principes de la Révo¬ lution, a, en adhérant à ces grandes mesures, vu avec enthousiasme que la raison et le bon sens viennent de triompher de L’ignorance et du fanatisme. Armentières, le 22 brumaire, l’an II de la République. Signé : Tof, président; François Bayard jeune, Delsipe, Honoré Leclercq, Mer¬ cier, Viart et Droulez, secrétaires. Vu et approuvé avec la satisfaction républi¬ caine qui anime tous les défenseurs de la raison et les amis de la philosophie, par nous représen¬ tants du peuple envoyés près l’armée du Nord, le 23e jour de brumaire, Fan II de la République française. Signé : Châles et Isoré. Pour copie conforme : Signé : Bayart jeune et Droulet, secrétaires de la Société républicaine d' Armentières. Pour copie conforme à l'original : Gombert, maire (PArmentières. fl} Archives nationales , carton C 278', dossier 743.