76 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 1 ,|j sûreté générale de la Convention, ce qu’ils n’ob¬ tinrent qu’après plusieurs instances récidivées avec force. Que, depuis cette époque, la femme Charry qui a joui de sa liberté et a fait plu¬ sieurs voyages, tant à Saint-Cloud qu’autres lieux, a conservé paisiblement son domicile à Paris. Après lecture, le déclarant a signé le présent procès-verbal avec les membres du comité de sûreté générale. Stanley; Vadier; Louis (du Bas-Rhin); Jagot; Dubarran. L. Lettre d’Osselin à sa mère (1). « Ma mère, « J’ai remis avant-hier soir au comité révo¬ lutionnaire de la section Mutins Scœvola, ci-devant Luxembourg, une expédition de la dé¬ claration que m’a donnée le comité de surveil¬ lance de Versailles, laquelle constate la dénon¬ ciation que j’ai faite, le 25 du 1er mois, de la retraite de la femme Charry, au procureur gé¬ néral syndic du département de Seine-et-Oise et la démarche que j’ai faite le 6 du présent mois pour la suite de cette dénonciation. « J’ai confié cette pièce importante à ma justification (2), afin que le comité de la section en fît connaître les termes au comité de sûreté générale de la Convention. Il paraît que cette pièce n’a pas été remise au comité de sûreté générale puisque je n’ai pas vu que le rappor¬ teur en ait parlé dans son rapport. « Je vous prie de vous rendre, aussitôt la pré¬ sente reçue, chez le citoyen Délahaye, avoué, rue Saint-Merry, vis-à-vis de l’ancien hôtel Ja-baeh. « Vous le prierez de vous accompagner au comité de la section de Mutins Scœvola , situé à l’ancienne maison du séminaire Saint-Sulpice, pour réclamer cette pièce, et, dans le cas où elle aurait été portée au comité de sûreté gé¬ nérale, vous auriez la bonté de vous transpor¬ ter à ce comité à l’effet de vous faire délivrer une copie authentique de la pièce dont je vous parle. « Mon cœur est pur. Je suis votre fils, « Osselin. « A la Conciergerie, le 20 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Ne payez pas le commissaire, donnez-lui un reçu de cette lettre. » Compte rendu du Moniteur universel (3). Un membre : Notre collègue Osselin a écrit hier à la Convention une lettre qui a été ren¬ voyée au comité de sûreté générale, pour en faire un rapport aujourd’hui à 4 heures. Je de¬ mande que le rapporteur soit entendu. (1 ) Archives nationales, carton W 300, dossier 298, Jre partie, pièce 11. (2) Cette pièce ne figure pas au dossier. (3) Moniteur universel [n° 54 du 24 brumaire an_ll.(jeudi 14 novembre 1793), p. 220, col. 1 et 2]. Le Président. Voulland vient de me préve¬ nir que le rapporteur du comité de sûreté géné¬ rale va arriver dans l’instant. Dubarran, au nom du comité de sûreté géné¬ rale. Citoyens, votre comité de sûreté générale s’empresse d’exécuter le décret que vous avez rendu hier; il vient vous faire le rapport que vous lui avez demandé sur la lettre d’Osselin. Lorsque le comité vous proposa de décréter d’ ac¬ cusation ce député, il y avait été déterminé par les faits qu’il avait tirés des pièces dont il vous fit l’analyse. Aujourd’hui, il ne peut que vous lire les pièces elles -mêmes; vous jugerez ensuite si vous devez entendre Osselin. Le rapporteur lit les procès-verbaux dressés par les administrateurs de police, et le comité révolutionnaire de la section du Luxembourg, relativement à l’interrogatoire de la femme Charry et aux recherches qui ont été faites chez elle; ils contiennent les faits déjà énoncés par le comité de sûreté générale. Dubarran. Voilà, citoyens, l’ensemble des charges qui sont produites contre Osselin; c’est à l’accusateur public à leur donner le dévelop¬ pement dont elles sont susceptibles. Votre co¬ mité a rempli sa tâche en vous exposant les faits contre Osselin. C’est à lui maintenant à s’expliquer devant les tribunaux. Je suis chargé de vous proposer de passer à l’ordre du jour sur la demande d’Osselin. L’ordre du jour est adopté à l’unanimité. Le citoyen Bosinn, secrétaire-commis au bu¬ reau du contre-seing de la Convention nationale, fait don de deux chemises pour ses frères d’armes. Mention honorable et insertion « au Bulle¬ tin » (1). Les citoyens Métier et Charpentier, ci-devant prêtres de la paroisse de Saint-Aspais, à Melun, abjurent le sacerdoce et adressent leurs lettres de prêtrise pour qu’elles soient consumées dans l’autodafé que la philosophie prépare à tous ces odieux monuments du fanatisme qui ensan¬ glanta si souvent l’Europe entière. Insertion au « Bulletin » et renvoi au comité d’instruction publique (2). Suit un extrait de la lettre du citoyen Métier, d’après le Bulletin de la Convention (3). Métier, ci-devant curé de la paroisse Saint-Aspais, à Melun, commissaire délégué dans les districts, à Nemours et Melun. « J’ai quitté l’étole, il y a environ deux mois, dit-il, pour combattre l’aristocratie avec le ferme et le ver¬ tueux républicain Dubouchet. Je suspends un instant les coups que je porte aux crapauds et serpents, pour jurer au Sénat français que j’a¬ bandonne à jamais le métier de prêtre. Je lui (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 172. (2) Ibid. (3) Bulletin de la Convention du 4e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II (jeudi 14 no¬ vembre 1793). [Convention, nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j g 9S 77 Adresse mes lettres de prêtrise, afin qu’elles soient consumées dans l’autodafé que la philo¬ sophie prépare à tous les odieux monuments du fanatisme qui ensanglanta si souvent l’Eu¬ rope entière, avilit et dégrada trop longtemps l’espèce humaine. Je joins ici la profession do foi de mon vicaire : « La loi est la seule religion de l’homme libre; la liberté est son seul dieu. » « Encore un grand triomphe moral, pour la République écrivent de Rocheïort les représentants du peuple envoyés dans le dépar¬ tement de la Charente-Inférieure et circonvoi-sins : non pas sur les momeries presbytérales, elles n’existent plus dans ce pays; mais sur un sujet non moins sot et non moins enraciné qu’elles. Nous avons formé ici un tribunal révo¬ lutionnaire comme celui de Paris, et nous en avons nommé nous-mêmes tous les membres, excepté celui qui doit clore la procédure, le guil-lotineur : des citoyens assez zélés pour le salut de la République se sont présentés pour cet objet. Nous avons proclamé le citoyen Ance qui, le pre¬ mier, s’est écrié avec un noble enthousiasme : « C’est moi qui ambitionne l’honneur de faire tomber la tête des assassins de ma patrie. » Nous pensons qu’en peu de jours les juges le mettront à même de donner la preuve pratique du patrio¬ tisme avec lequel il vient de se montrer si au-dessus des préjugés. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de Lequinio et Laignélot (2). Lequinio et Laignélot, représentants, à la Convention nationale. « Rochefort, le 7e jour de la 2e décade de brumaire de l’an II. « Encore un grand triomphe moral, citoyens collègues, non pas sur les momeries presbytériales, elles n’existent plus dans ce pays, mais sur un préjugé non moins sot et non moins enraciné qu’elles. Nous avons formé ici un tribunal ré¬ volutionnaire comme celui de Paris, et nous en avons nommé nous-mêmes tous les membres, excepté celui qui doit clore la procédure, le guïllotineur ; nous voulions laisser aux patriotes de Rochefort la gloire de se montrer librement les vengeurs de la République trahie par des scélérats; nous avons simplement exposé ce besoin à la Société populaire. Moi, s’est, avec un noble enthousiasme, écrié le citoyen Ance, c’est moi qui ambitionne l’honneur de faire tom¬ ber la tête des assassins de ma patrie ! A peine a-t-il eu le temps de prononcer cette phrase, que d’autres se sont levés pour le même objet et ils ont réclamé du moins la faveur de l’ai¬ der. Nous avons proclamé le patriote Ance, guil-lotineur et nous l’avons invité à venir, en dînant avec nous, prendre ses pouvoirs par écrit et (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 172. (2) Archives nationales, carton C 278, dossier 736; Supplément au Bulletin de la Convention du 22 bru¬ maire an II (mardi 12 novembre 1793); Moniteur universel [n° 54 du 24 brumaire an II (jeudi 14 no¬ vembre 1793), p. 219, col. 1]; Journal des Débats et des Décrets (brumaire an II, n° 420, p. 291); Aulard i Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public , t. 8, p. 280. les arroser d’une libation en l’honneur de la République; nous pensons qu’en peu de jours les juges le mettront à même de donner la preuve pratique du patriotisme avec lequel il vient de se montrer si au-dessus des préjugés qu’il fut toujours intéressant aux rois et aux tyrans d’entretenir pour nourrir toutes les iné¬ galités sociales sur lesquelles s’étabüssait leur puissance. « La destruction des préjugés en ce pays rend encore un grand service à la République; c’est que l’on n’y a plus peur des revenants. En conséquence, les biens des émigrés s’y vendent très bien. La première vente, qui a eu lieu le 4 de ce mois, montait, dans l’estimation, à 18,000 livres, elle a été portée par les enchères à 34,000; la seconde, qui s’est faite hier, était es¬ timée 69,000 livres, elle a été portée à 123,000 li¬ vres : Ça va et Ça ira. « Une flotte vient encore de nous arriver ici de Toulon, nous venons de prendre à son égard les mêmes mesures qu’à l’égard du vaisseau Y Apollon ; le tribunal révolutionnaire tamisera tous ceux qui, sur l’un et l’autre de ces vais¬ seaux, venaient ici, pour substanter la rage et l’ambition du scélérat Pitt. « Laignélot; Lequinio. » Proclamation (1). Laignélot et Lequinio, représentants du peuple français, aux citoyens de la Charente-Infé¬ rieure. Citoyens, Une machination perfide a failli d’anéantir votre liberté; les infâmes satellites des tyrans, les Anglais, après avoir, avec lâcheté, corrompu par l’or quelques hommes de Toulon indignes du nom de Français; après s’être emparés, par la trahison, de ce port fameux ; après avoir égorgé les patriotes de cette cité malheureuse, et fait mourir sur l’échafaud deux représentants du peuple, les Anglais avaient formé le projet d’employer les mêmes moyens, la même trahi¬ son, la même scélératesse pour s’emparer des autres ports de la France les plus importants; c’est pour cela qu’ils avaient dépêché de Tou¬ lon quatre vaisseaux, l’un pour Rochefort, un autre pour Lorient et deux pour Brest. Sous prétexte de conduire dans ces ports les marins de l’arrondissement, ces vaisseaux étaient char¬ gés d’y répandre l’esprit d’insurrection, de fé¬ déralisme, de fanatisme et de royalisme, en un mot d’agir par toutes les voies pour tromper le peuple, se rendre maîtres des principaux ar¬ senaux, et préparer les habitants à la réception des vaisseaux anglais; ceux-ci devaient ensuite y entrer, comme à Toulon, sous prétexte de principes de paix et de fraternité, y désarmer, y massacrer les patriotes et vous réduire une seconde fois sous tous les jougs humiliants que vous venez de secouer par des efforts si cou¬ rageux, et après quatre ans de lutte et de sa¬ crifices de toute espèce. La Convention nationale était prévenue de ce projet exécrable, et c’est pour cela qu’elle s’était hâtée de nous envoyer au milieu de vous avant l’arrivée de ces hommes perfides qui venaient (1) Archives nationales, carton C 278, dossier 736.