514 (Convention nàtionale.] ARCHIVÉS PARIËIENTaIKES. j f d si j’ai le bonheur qu’ils puissent servir à conso¬ lider la liberté, l’ égalité et �indivisibilité de notre République. « Maintenant, législateurs* je vais vous parler le langage d’un fils qui s’intéresse ardemment à la prospérité de la mère patrie, et celui d’un père qui chérit et adore ses enfants, puisque la nature m’a procuré ce bonheur qui fait la jouissance du philosophe et de tous les Coeurs vertueux. Comme on ne peut disconvenir que la population est la source des richesses d’un bon gouvernement, aussi bien que sa félicité, je désirerais, représentants du peuple, qué voils prononciez une loi qui oblige toutes les mères qui seront reconnues avoir les faoultés de pou¬ voir élever leurs enfants, de les nourrir elles -mê¬ mes jusqu’à l’âge de six ans, qu’ils entreraient alors dans les maisons d’éducation nationales pouf y recevoir l’instruction convenable aux ré¬ publicains et conforme aux avantages que la patrie a le droit d’attendre et d’exiger de tous ses enfants. Cette loi, la première de la nature, non seulement exciterait l’amour paternel et filial* mais encore conserverait à là République plus de 40 mille enfants qui périssent chaque année commune dans la main de nourrices négligentes, qui n’ont d’autre amour pour CéS jeunes abandonnés de leurs père et mère, que celui du gain qu’ils leur apportent. Cette loi donnerait à la patrie des Corps robustes et des brâS nerveux, capables de la défendre, au lieu d’un physique débile et presque toujours in¬ firme que les nourrices laissent gagner aux infor¬ tunées victimes qui leur sont confiées; « Pesez bien ces réflexions, pères de la patrie, et considérez que cette loi humaine et bienfai¬ sante conserverait à la République près d’un million de bras vigoureux en vingt années, qüe le luxe, la coquetterie et la paresse des mères insensibles aux cris de la nature et de leUr sang, seraient remplacés par un travail laborieux et par la tendresse maternelle; que les familles et les ménages seraient bien moins troublés parce que l’amour et l’amitié seraient plus purs entre les époux et qu’il y aurait plus de vertu et de régularité dans leur conduite; qu’enfin les arts, les sciences, les manufactures, en un mot tous les genres d’industrie utiles à la société et à la prospérité de la République, ne peuvent qu’en retirer un avantage des plus considérables. « Ne craignez pas, Législateurs, que cette loi entraîne des murmures et ne soit reçue avec empressement, car quels Sont les pères et mères qui pourraient réclamer contre la nature qui les favorise du bonheur de donner des citoyens à la patrie, et d’avoir la douce satisfaction d’élevef eux -mêmes leurs tendres rejetons? S’il pouvait en exister d’assez inhumains pour refuser sans cause légitime d’obéir à cette loi impérieuse, ne eut -on pas leur dire : regardez les animaux e toutes espèces, même les plus féroces, et voyez s’ils ont recours à d’ autres qu’à eux-mêmes uour élever et prendre soin de leurs petits ; s’ils Ae s’efforcent pas de les conserver par tous les moyens qui sont en leur pouvoir, et même d’exposer leur vie contre celui qui la leur ravit et qui les plonge dans une douleur amère qu’ils expriment par leurs cris plaintifs et lamentables. Prenez exemple sur eux, et bientôt Votis Con¬ naîtrez les douceurs de l’amour paternel. « Cependant comme on ne peut se dissimuler qu’il y ait beaucoup de mères sensibles qui, par leur situation physique ou morale, ont le malheur de ne pouvoir allaiter ni nourrir elles - mèmès leurs enfants, se trouvent dans l’impes-sibili+ê absolue d’avoir recours à des nourrices ; je désirerais alors, Citoyens législateurs* que tous Cv-s jeunes infortunés que le malheur sépare de leur mère soient mis sous la surveillance spéciale des fonctionnaires publics du lieu où se trouVe la noUrrioe, qu’ils seraient Chargés d’ins¬ pecter fréquemment ; et en cas de négligence de part ou d’autre, qu’une peine sévère leur soit infligée. Je désirerais aussi, pour qué les mères, dont le travail manuel apporte Un produit capa¬ ble de les faire exister et satisfaire aux nour¬ rices élevassent elles -mêmes leurs enfants, le pouvant toutefois par leurs facultés physiques, ü leur soit accordé une gratification proportion¬ nelle à la somme qu’exigent les nourrices, en sotte qüë cette libéralité nationale ne pourrait manquer d’exciter toutes les mères infortunées de nourrir elles-mêmes et de bien récompenser la patrie des sacrifices qu’elle semblerait faire en faveur de la nature. « Voilà, législateurs, les mesures que j’ai pensé devoir vous soumettre sur cet objet, l’un dés plus importants au gouvernement et à lâ régénération des mœurs; j’espère qu’elles vous seront aussi agréables qu’elles doivent l’être à tous les pères et mères qui connaissent les dou¬ ceurs de cet heureux titre et le pouvoir suprême du sentiment qu’il inspire. « Il ne me reste plus qu’un mot à vous dire, citoyens représentants, (Test de vous inviter à rester sur le Sommet de la Montagne jusqu’à ce que tous les tyrans soient écrasés ou qu’ils aient au moins supplié et obtenu grâce des nom¬ breux outrages qu’ils ont faits au peuple fran¬ çais. Pourriez-vous abandonner le vaisseau de l’Ëtat à des mains inhabiles au milieu de l’orage Non ! Vous attendrez, que l’atmosphère et que l’horiZon de la République soient purifiés des vapeurs et des exhalaisons qui les ont infectés; après quoi, vous pourrez rentrer dans vos foyers pour y recevoir le tribut de vos im¬ mortels travaux. Tels sont nos vœux, je désire, les voir accomplis pour le salut de ma patrie et de la liberté. « Et Vive la République ! « R ou y, implacable ennemi des tyrans, rue des Lombards, n° 29. » On lit fine lettre du ministre dé la guerre, qui fait passer à la Convention uiië somme dé 88 li¬ vres que 6 canonniers du 7e régiment d’artille¬ rie offrent à la patrie . Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du ministre de la guerre (2). Le ministre de la guerre au citoyen Président de la Convention nationale. « Paris, le 12 frimaire, an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyen Président, « Je t’envoie, au nom de 6 canonhierS dû 7e régiment d’artillerie, une somme de 38 livres, 1) Procès-verbaux dé la Convention, t. 26, (j. 306. 2) Archives nationales, carlbn C 283, dbgsiér 809, [Convention nationalè.] ARCHIVES provenant d’amendes prononcées à leur profit contre deux marchands de vin convaincus de contravention à la loi du maximum, et qu’ils n’ont acceptée qiie pour en faire l’hommage à la patrie. Le procureur syndic de la commune de Sarreguemines me fait passer cette somme pour en faire l’offrande en leur nom. « Salut et fraternité. « J. Boüchotte. » Par une autre lettre, le ministre de la guerre fait passer une somme de 50 livres que le con¬ seil général de la cômfiiüne de Verdun-sur-Meuse a reçue d’un républicain pour don patriotique. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du ministre de la guerre (2). Le ministre de la guerre, au citoyen Président de la Convention nationale. « Paris, le 12 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique une et indivisible. « Citoyen Président, « Je t’envoie une somme de 50 livres que le Conseil général de la commune de Verdun -sur - Meuse a reçue d’un républicain pour don patrio¬ tique, et qu’il me fait passer pour en faire l’of¬ frande à la patrie au hbin de ce républicain. « Salut et fraternité. « J. Boüchotte. » Le citoyen Rousseau, artiste, vient présenter à la Convention nationale le plafi èt les divisions d’un nouveau méridien républicain. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi àii comité d’instruction publique (3). Compte rendu du Êulletin de la Convention (4). Le citoyen Rousseau, artiste, a présenté à la Convention nationale le plan et les divisions d’un nouveau méridien républicain, qui divise l’équateur en dix heures, l’heure en dix minutes, et la minute en dix secondes, pour le temps vrai, avec le rapport de l’ancien cadran solaire Sour la latitude de Paris, suivant les principes écrétés pour le temps moyen. Mention honorable. La Société populaire et républicaine de Mont-faucon félicite la Convention sur ses travaux* et (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 306. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 809. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 306. (4) Bulletin de lü Convention du 2e jour de la 2® dé¬ cade 'du 3*> mois de l’àii ÎI (lüftdi 2' déceinbré 1793). parlementaires. («“£“1““ 615 l’ihvite à rester à Son posté jusqu’à l’affermisse¬ ment de la République. Mention honorable, insertion aü « Bulletin » (i). Suit l'adresse de la Société populaire et répu¬ blicaine de Montfaucon (2). La Société populaire et républicaine de Mont-faucon, à la Convention nationale. « Représentants du peuple, « Nos cœurs n’avaient pas attendu jusqu’à ce jour pour applaudir et adhérer à vos décrets à jamais mémorables du 31 mai et dù 2 juin. Noüs avions déjà senti la nécessité d’ extirper de votre sein oes contre-révolutionnaires ét désorganisateurs qui, depuis trop longtemps, entravaient vos opérations et cherchaient à introduire l’anarclne la plus désastreuse, en éloignant cette sainte Constitution à laquelle nous devons notre bonheur. « La longue détention et la mort funeste du citoyen Jean -Baptiste Jamon notre président, de cet excellent patriote, qui, après avoir consa¬ cré ses jours et ses veilles au bonheur de ses concitoyens, a péri victime des rebelles de Lyon, oüt mis Obstacle à ce que l’expression pure èt Sin¬ cère de notre vœu et de nos sentiments vôuS fût présentée plus tôt. «. Restez à votre poste, citoyens représentants, n’abandonnez pas la chose publique, qu’elle ne soit affermie sur des bases inébranlables. La patrie en danger vous réclame en ces moments de crise et d’agitation qu’avant de vous séparer, les satellites des tyrans ne souillent plus la terre de la liberté; que les ennemis intérieurs soient confondus et anéantis; que la souveraineté na¬ tionale, l’unité et l’indivisibilité de la Répu¬ blique soient universellement reconnues. Alors, comblés des bénédictions du peuple, vous irez jouir dans le sein de vos familles des fruits de vos travaux et recevoir, de la piue juste recon¬ naissance de vos compatriotes, les couronnes civiques que vous auront méritées votre cou¬ rage et vos vertus républicaines. « Salut et fraternité. « La Société populaire et républicaine de là ville de Montfaucon. « R. E guillou, président; J. Court, secré¬ taire; Dühem, secrétaire. « Le conseil général de la commune dé Mont* faucon, lecture prise de l’adressé ci-dessus par la Société populaire et républicaine de cette ville, applaudissant avec joie et empressement à tons les sentiments qu’elle exprime, y donne son adhésion pleine et entière, ne pouvant trop manifester sa reconnaissance pôur tôüt ce que la Convention a fait pour le bonheur de» Français. « En la maison commune dudit Montfaucon» . (1) Procès-Verbaux de la Convention, t. 26, p. 306* (2) Archives nationales, carton C '285, doftier 831.