532 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j îéœmbre 179? nœuvres de cet individu, et l’ont fait arrêter lui-même. Cambon. Vous avez pris une grande mesure en décrétant un emprunt forcé d’un milliard; elle s’est exécutée à Paris, parce que votre pré¬ sence a empêché les taxes révolutionnaires ; mais dans les départements, où il n’y a pas eu de taxes révolutionnaires, l’emprunt forcé est nul. Au moins faudrait -il que ces taxes révolution¬ naires vinssent au Trésor public, puisque vous en paraissez dépositaires; eh bien, pas un avis, pas un sou n’est encore parvenu à la trésorerie nationale. (On murmure ) On veut être au-dessus de la Convention qui fait la révolution. Les ri¬ chesses provenant des dépouilles du culte de¬ vaient produire beaucoup d’argent; mais on est venu jeter dans la Convention ces objets, sans ordre, sans inventaire, et on publie qu’ils pro¬ duiront deux, trois milliards. En dernière ana¬ lyse, on verra que le gaspillage s’est encore em¬ paré de cette partie. Allouons tous les secours qui doivent être donnés aux pères de famille dont les enfants sont sur les frontières, c’est là qu’il ne faut point être avares. Mais il faut que toutes les taxes parviennent au Trésor public : car, at¬ taquer les richesses pour devenir riches, c’est se mettre à la place des tyrans. Je demande que les directoires de district nous envoyent la note de toutes les taxes révolutionnaires imposées dans lenr arrondissement, afin que ceux qui au¬ ront été taxés au-dessus de leurs moyens, trou¬ vent une ressource auprès des comités de Salut public et des finances, pour obtenir des réduc¬ tions, s’ils ne sont pas aristocrates. La proposition de Cambon est décrétée. La Convention charge les comités de Salut public et de sûreté générale de lui faire un rap¬ port sur la conduite des agents du conseil exé¬ cutif. « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu la lecture du projet du numéro 1 des « Annales du civisme et de la vertu », présenté par Léonard Bourdon, au nom du comité d’ins¬ truction publique, sur la motion d’un de ses membres, décrète que ce projet sera imprimé et distribué à tous ses membres. « Elle ajourne la discussion trois jours après la distribution (1). » Suit le texte du premier numéro des Annales du civisme et de la vertu, d'après le document im¬ primé (2). Annales du civisme et de la vertu, n° 1er, PRÉSENTÉ A LA CONVENTION NATIONALE, AU NOM DE LA SECTION DU COMITÉ D’INSTRUCTION PUBLIQUE CHARGÉE DE LEUR RÉDACTION, PAR Léonard Bourdon, député par le dépar¬ tement du Loiret. (Imprimé par ordre de la Convention nationale.) Citoyens, chargé par votre comité d’instruc¬ tion publique de la rédaction des Annales du ci-[5 (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 239. • (2) Bibliothèque nationale : 22 pages in-8° L* n° 38. Bibliothèque de la Chambre des députés : Col¬ lection Portiez (de l’Oise), t. 82, n° 3. Musée pédago¬ gique, n° 18893. visme et de la vertu, je ne me suis déguisé ni la difficulté d’un pareil travail, ni l’étendue des obligations qu’il m’imposait, ni les talents qu’il aurait fallu pour être à sa hauteur. Cet ouvrage destiné, d’après vos décrets, à être lu dans les assemblées populaires, les jours de décade, dans les écoles publiques, doit avoir le mérite que l’on désire dans les livres élémen¬ taires, vulgairement appelés classiques; il doit présenter un bon modèle de narration; le rédac¬ teur doit entièrement disparaître, l’auteur seul doit être vu. Toutes réflexions doivent être ban¬ nies : les traits cités doivent être assez bien choisis pour se louer eux-mêmes. Aucun terme hyperbolique, aucune expression triviale ni am¬ poulée ne doivent défigurer un style dont la pureté, la simplicité et le choix des mots propres sont les qualités principales. Nous aurions pu remplir ce numéro, et beau¬ coup d’autres ensuite, de récits plus saillants; nous aurions pu y réunir un ensemble de traits tous plus héroïques les uns que les autres; de ces traits qui provoquent d’autant plus l’admi¬ ration, qu’ils paraissent surpasser les forces or¬ dinaires de la nature. (L’énergie des républicains français, le sublime enthousiasme de la liberté, qui élève l’homme au-dessus de lui-même, nous garantissaient que les matériaux ne nous man¬ queraient pas.) Mais nous avons voulu ménager les jouissances de nos lecteurs; nous avons pensé que des traits de probité, de désintéressement dont la Conven¬ tion nationale avait entendu le récit avec intérêt, figureraient sans désavantage à côté de traits d’héroïsme dans des annales, dont l’objet est de présenter à la jeunesse française le tableau des vertus de leurs pères, de leurs contemporains; d’exciter et d’entretenir la sensibilité si naturelle à cet âge. Voici la marche que nous avons suivie. Chaque numéro contiendra d’abord un récit des premiers événements de la révolution ; les différents traits de civisme et de vertu seront variés de manière à éviter l’uniformité : tantôt ce sera un trait de désintéressement; une action héroïque lui suc¬ cédera et sera suivie d’un sentiment de piété fi¬ liale. Les actions vertueuses des corps, des indivi¬ dus, des vieillards, des femmes, des enfants, tra¬ cées successivement, nous fourniront un nouveau moyen de varier nos récits. Nous ne regrettons qu’une chose, c’est que, parmi la multitude de traits que nous avons déjà recueillis, il y en ait un grand nombre dont le nom des héros ne nous soit pas encore parvenu. Nous avons remarqué avec peine que, lorsqu’il s’agit d’un trait de vertu commun à plusieurs défenseurs de la patrie, on a eu soin de nous transmettre le nom de l’officier, et que souvent on a laissé dans l’oubli celui des soldats; nous prendrons les mesures nécessaires pour réparer cet oubli qui semble tenir aux injustices de l’an¬ cien régime, et qui est si opposé aux principes de la Bévolution. Chaque quartier nous donne¬ rons une table alphabétique des noms des ci¬ toyens dont les belles actions auront été citées précédemment, et cette table renverra au numéro sous lequel chaque trait aura été cité. En atten¬ dant, nous ne nommerons point l’officier, à moins que l’action ne lui soit personnelle, lorsque le nom des soldats ne nous sera point parvenu.