SÉANCE DU 18 FRUCTIDOR AN II (4 SEPTEMBRE 1794) — N°* 1 227 Continuez vos travaux; montres-vous toujours avec le courage et l’énergie que vous venez de développer, nous serons toujours près de vous ou avec vous, et au premier signal du danger nous irons vous entourer et nous vous ferons un rempart de nos corps. Braud (président), Bassinet (secrétaire). e [La société populaire et montagnarde de Ver-dun-sur-Garonne à la Convention nationale, le 23 thermidor an II\ (6) Liberté Egalité République ou la mort Citoyens représentans, Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de cette époque à jamais mémorable dans les fastes des peuples libres, de ce jour qui éclaira la chute du trône d’airain, et vit briser le sceptre de fer, sous lequel la France gémissoit depuis tant de siècles, de ce 10 août devenu immortel par la glorieuse insurrection qui rappelera à la postérité reconnaissante le triomphe de la Liberté sur le despotisme. Ils n’en seront pas moins consacrés dans l’histoire, les sentiments de haine et d’exécration dont le peuple français ne cesse d’être animé contre les tyrans et les conspirateurs, qui voudroient attenter à sa liberté. Eh ! c’est à un tel peuple, à une nation de républicains, que des traîtres ont osé former l’odieux projet de présenter un maître ! Couthon, Saint Just, et toy surtout le Cathi-lina de la conjuration républicide tramée avec autant de scélératesse que d’hypocrisie jusque dans le sanctuaire de la liberté, perfide Robespierre ! armé d’une confiance usurpée, couvert des bienfaits de la patrie, vous aviez conspiré sa perte, mais le génie de la Liberté, qui ne fut jamais le vôtre, l’énergie de la Convention nationale premier objet de votre tyrannie, les vertus et le courage du peuple français lâchement trahi par vous, ont déjoué vos infâmes complots. Vils et atroces conjurés, c’est par des flots de sang républicain que vous vouliez nous ramener sous le despotisme; et ne savez-vous pas que si nous méprisons et détestons les tyrans nous excécrons encore plus la tyrannie ? C’est sur les cadavres sanglants de vos incorruptibles collègues, de nos vertueux représentans, que vous vouliez relever un trône abhorré; mais si le crime avoit effacé de vos cœurs corrompus le souvenir des généreux efforts dont s’immortalisa un peuple fier et indépendant pour l’anéantissement de la royauté, la glorieuse époque du 10 août ne devoit-elle pas vous les rappeler ? La République entière applaudit à votre juste supplice, et l’excécration nationale vous poursuit jusque dans le fond de vos tombeaux. Illustre aéropage des français ! Représentans fidèles et courageux défenseurs de la cause du peuple, vous avez encore une fois sauvé la (6) C 320, pl. 1 315, p. 9. patrie, cimenté son triomphe par l’anéantissement de tous les traitres; que le glaive de la loi arrache les masques dont se couvrent les conspirateurs pour égarer le peuple, et la révolution déblayée par vous des scélérats qui entravent sa marche, parviendra avec rapidité au terme heureux vers lequel la dirigent vos lois régénératrices. Le salut de la République vous ordonne de rester au poste où les suffrages de vos concitoyens vous ont appelés; le vaisseau de l’Etat vous est confié, vous en répondés, et il ne vous suffit pas de l’avoir sauvé de la tempette, vous devez le conduire dans le port. Comptez sur le zèle et le courage de tous les républicains, ils vous sont entièrement dévoués; ordonnez et nous volons tous à l’instant vous faire un rempart de nos corps. Vive la République une et indivisible ! Vive la Convention nationale ! Les citoyens composant la société populaire et montagnarde de Verdun-sur-Garonne. Lamagdeleine (juge de paix, président), Jauglas fils (vice-président), Pujol, Pilon, Cerandouble (secrétaires). P.S. L’adresse cy dessus a été signée sur le registre de la société par tous les membres de cette dernière. f [Le maire et les officiers municipaux de la commune de Montflanquin, département du Lot-et-Garonne, à la Convention nationale, le 23 thermidor an II\ (7) Représentans du peuple, Des nouvelles perfidies, des nouvelles trahisons viennent d’éclater jusques dans le sein de la Convention. La liberté a été menacée. Les jours de la Représentation nationale ont encore couru de nouveaux dangers. Le scélérat Robespierre et ses infâmes complices avoient projetté la destruction de la République et formé l’ex-cécrable dessein de charger les français de nouvelles chaines, de les replonger dans les horreurs de la tirannie, et de convertir nos jours de triomphe en des jours de deuil et de désolation. Une commune perfide, secondant leurs coupables projets, avoit déjà creusé le précipice ou dévoient s’engloutir les droits sacrés de l’homme et du citoyen. Mais votre sagesse a découvert leurs trames criminelles et votre énergie les a heureusement déjouées. La foudre a été lancée du haut de la sainte Montagne et les têtes conspiratrices sont tombées sous le glaive de la loy. Restés à votre poste, Représentans du peuple, veillés sur le dépôt sacré qui vous a été confié. Continués à nous donner des lois sages qui assurent notre bonheur sur les bazes de la liberté et de l’égalité, et tandis que nos armées victorieuses se couvrent de lauriers et multiplient nos conquêtes, continués à déffendre nos droits, et le peuple toujours reconnaissant et (7) C 319, pl. 1 305, p. 10. 228 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE disposé à sacrifier sa fortune et sa vie pour maintenir vos décrets et à vous faire un rempart de son corps pour vous déffendre des conspirateurs, demeurera constamment attaché à la Convention nationale qui sera toujours son unique point de raliement, tels sont les vœux, telles sont les dispositions de nos concitoyens et particulièrement des membres composant la municipalité de Montflanquin. Buays (maire) et huit autres signatures. g [Les secrétaires-commis de la municipalité et les commissaires de police de la commune de Nancy à la Convention nationale, le 14 thermidor an II\ (8) Citoyen législateurs, Profondément affectés de l’attentat médité contre la Convention, nous n’avons pu voir sans horreur à la tête d’un complot aussi noir, des Législateurs dont les travaux jusques là nous avoient paru aussi solides que civiques. Effrayés des dangers qu’a courus la Nation entière par ceux dont vos jours ont été menacés, nous ne pouvons être rassurés que par la certitude du châtiment qu’ont déjà sans doute subi les auteurs d’un pareil forfait. Heureux les citoyens de Paris, que votre voix a détrompés, que votre conduite ferme et courageuse a maintenus dans le devoir; ils ont acquis la reconnoissance de la République entière. Moins occupés de vous faire des phrases que pressés d’épancher nos cœurs dans votre sein, nous vous prions, citoyens législateurs, de croire à toute l’étendue de notre joie de voir cette crise tourner à notre avantage commun, nous nous empressons de vous en adresser l’assurance, et nous vous prions d’agréer l’hommage de notre respect, le serment que nous faisons de rester fermement attachés à la Convention et d’abhorrer et vouer à l’excécra-tion publique toute espèce de faction destructive de l’unité et de l’indivisibilité de la République. Salut et fraternité. Selan (secrétaire-greffier) et 24 autres signatures. h [La société régénérée des sans-culottes montagnards de Mont-Libre, département des Pyrénées-Orientales, à la Convention nationale, s.d .] (9) Citoyens Représentants, Nous avons frémi d’horreur et d’indignation en apprenant les nouveaux complots tramés contre la Liberté, la République et la Convention. Nous eussions voulu tous individuellement être à portée de vous, comme nos braves frères les Parisiens pour vous faire un rempart de nos corps, vous prouver par cet acte combien nous chérissons la Convention et que nous serons toujours prêts à répandre jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour la maintenir malgré les factieux, les conspirateurs et les scélérats qui ne se couvrent des couleurs du patriotisme que pour asservir plus sûrement la Patrie. Grâces vous soient à jamais rendues, citoyens représentants, vous avez sauvé la Liberté et la République dans les journées à jamais mémorables des 9 et 10 thermidor, en terrassant le monstre hypocrite qui couvert du masque de toutes les vertus, en avoit imposé aux amis de la Liberté qu’il vouloit rendre aux fers.; nous vous félicitons de la male énergie que vous avez développée dans la conspiration du Catilina Moderne, de l’infâme Robespierre et d’avoir purgé la Convention des scélérats qui complices du Cromwell français, vouloient d’un peuple libre, en faire un d’esclaves. Citoyens représentants, nous vous invitons à rester à votre poste, pour assurer le bonheur d’un peuple immense qui a remis ses pouvoirs en vos mains pour établir sa félicité. Nous vous invitons à ne point vous désaisir du timon du vaisseau de la République, jusqu’à ce que les traitres et les tyrans coalisés, pulvérisés par la foudre républicaine, leurs malheureux esclaves rendus à la Liberté, viennent vous demander amitié et fraterniser avec nous. La société pénétrée du grand principe qu’un homme n’est rien eu égard à la Patrie, qu’il ne peut être jugé qu’à sa mort, émet un vœu, elle propose à votre sagesse de décréter qu’on ne puisse crier dans quelque occasion que ce puisse être, vive tel ou tel; ce cri d’enthousiasme enivre l’orgueil de celui qui en est l’objet, excite son ambition et finit presque toujours par en faire un traitre; que ce cri soit réservé pour célébrer les obligations que nous devons à la seule Convention. Vive la Convention. Richard (président), Blanc, Augusti (secrétaires). i [L’administration du département des Pyrénées-Orientales à la Convention nationale, le 23 thermidor an II\ (10) Citoyens représentai, De nouveaux orages viennent de gronder sur vos têtes, la foudre de la tyrannie était prête d’éclater, tout est disparu avec l’éclair, le canon de la liberté a retenti dans nos Pyrénées, et le tocsin de la République a sonné dans tous nos cœurs, le serment de vivre libre ou de mourir n’a point été prononcé en vain. Quel genre de conspiration pourrait donc arrêter un moment les efforts des vrais Républicains, non les traîtres, les conspirateurs seront frappés dans (8) C 320, pl. 1 315, p. 14. (9) C 320, pl. 1 315, p. 13. (10) C 319, pl. 1 305, p. 15.