224 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { 3 Sivô,®b1B JL de quelque nation qu’ils soient, elle fonde six places destinées aux citoyens de toutes les nations qui, voudront se consacrer, dans leur pays, à l’éducation de leurs concitoyens sourds-muets. Art. 74. x « Ces places seront données de manière que chacune d’elles soit occupée par des citoyens d’une nation différente, et qu’il n’y ait jamais en même temps deux citoyens d’un même pays. Tableau des communes où il sera établi des écoles pour l’éducation des sourds-muets, avec celui des départements compris dans l’arron¬ dissement de chacun de ces établissements. Paris : Nord, Ardennes, Aisne, Pas-de-Calais, Somme, Oise, Marne, Seine-et-Mame, Aube, Seine-et-Oise, Yonne, Loiret, Eure-et-Loir, Eure, Seine-Inférieure, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire. Bordeaux ]: Bec-d’Ambès, Basses-Pyrénées, Hautes -Pyrénées, Ariège, Pyrénées-Orientales, Aude, Haute-Garonne, Tarn, Gers, Landes, Lot-et-Garonne, Dordogne, Charente, Charente-Inférieure, Vienne, Deux-Sèvres. Bennes : Ven¬ dée, Calvados, Orne, Sarthe, Maine-et-Loire, Mayenne, Manche. Clermont : Loire-Inférieure, Ille-et-Vüaine, Morbihan, Côtes-du-Nord, Finis¬ tère, Puy-de-Dôme, Indre, Cher, Nièvre, Saône-et-Loire, Allier, Creuse, Haute-Vienne, Corrèze, Rhône, Loire, Haute-Loire, Cantal, Lot, Avey¬ ron, Lozère, Isère. Grenoble : Ain, Mont-Blanc, Ardèche, Drôme, Hautes -Alpes, Alpes-Mari¬ times, Hérault, Gard, Hautes-Alpes, Var, Bou¬ ches-du-Rhône, Corse. Nancy : Meurthe, Meuse, Moselle, Bas-Rhin, Vosges, Haute-Saône, Haute-Marne, Côte-d’Or, Doubs, Jura, Mont-Terrible. AMEXE AU llAPPOltT DE MAIGNET Compte rendu à la Convention nationale, de ce qui s’est passé à l’établissement des sourds-muets, dans la séance tenue en présence des Membres du Comité de secours publics : présenté au nom de ce Comité, pour servir de suite au rapport de Mnignet sur les sourds-muets. (Im¬ primé par ordre de la Convention nationale (1). Le comité des secours publics, chargé de pré¬ senter à la Convention nationale l’organisation des établissements qu’elle se proposait de créer en faveur des �ourds-muets, a voulu s’assurer par lui-même jusqu’à quel point cette nouvelle espèce de secours pourrait être utile à celui à qui on allait l’offrir, et quels avantages la Répu¬ blique, qui allait en faire les fonds, pourrait en retirer. Plus la renommée élevait les procédés qui sont employés avec le sourd-muet pour le porter dans le sein de la société, plus le comité crut devoir se tenir en garde contre elle, afin de ne céder qu’au sentiment de la conviction. Il (1) Bibliothèque de la Chambre des députés : Collection Portiez (de l'Oise), in-4°, t. 33, n° 50. arrêta qu’il se transporterait dans l’établisse¬ ment qui est sous la direction du citoyen Sicard; son premier soin fut de laisser ignorer, et aux instituteurs et aux élèves, sa délibération, ainsi que le jour où' elle serait exécutée. En prenant ainsi à l’imprévu toute l’école, il fut assuré que ce qui allait se passer dans la séance ne pourrait être que le résultat du bon ou mauvais enseignement, et non le fruit d’une bonne ou mauvaise mémoire : mais il ne tarda pas à se convaincre que cette précaution était parfaitement inutile dans un établissement où, pour réussir, le nom même de charlatanisme doit être méconnu; où le grand art de l’institu¬ teur doit être d’étudier la nature auprès de son élève, de bien saisir les procédés qu’elle emploie pour lui faire parvenir le genre d’instruction qu’elle lui destinait, et d’employer fidèlement ces mêmes procédés pour lui transmettre l’édu¬ cation qui doit le civiliser, en mettant son élève à portée de rendre sensible et d’expliquer aux autres ce qu’il voit, ce qu’il sent. Il a bientôt réfléchi que là l’instruction n’est point le fruit de la mémoire, mais celui de la réflexion, du sentiment, et que conséquemment l’élève doit être également prêt à répondre à quiconque l’interroge, pourvu qu’il parvienne à se faire entendre, puisque sa réponse doit être toujours l’explication de ce qui se passe en lui. Aussi toutes les réponses que nous firent ces élèves étaient-elles le fruit de la méditation la plus réfléchie. Que n’étiez-vous tous présents, citoyens, à cette séance, pour partager la satisfaction que nous éprouvions à mesure que les développe¬ ments acquéraient plus d’intérêt ! Nulle de¬ mande n’arrêtait le citoyen Massieu, un des élèves du citoyen Sicard. Les réponses les plus ingénieuses et les plus justes étaient autant d’images qui peignaient au naturel la chose qu’il présentait; certes, les amis de la monar¬ chie auraient eu à rougir eux-mêmes du rôle qu’ils jouent sous un roi s’ils avaient lu la défini¬ tion que Massieu donna à cette question : Qu’était un roi f Votre comité a cru, citoyens, qu’il devait vous faire partager sa satisfaction, et qu’au moment où vous alliez vous occuper de la formation de ces établissements, il était de son devoir de vous présenter tout ce qui pourrait vous faire sentir de plus en plus la nécessité de soutenir, d’encou¬ rager, de propager cette découverte, l’une des plus étonnantes et des plus utiles qui aient été faites; le comité a engagé le citoyen Massieu de transcrire lui-même et de vous présenter le tableau d’une partie de cette séance. Il suffira pour vous faire connaître combien, en vous acquittant envers le sourd-muet, vous aurez encore travaillé pour toutes les autres classes des citoyens. Vous verrez, dans les quatre tableaux que le citoyen Massieu nous a remis, et que nous fai¬ sons imprimer à la suite de ce compte, le langage simple de l’homme de la nature, qui saisit le premier outil qui tombe sous sa main, qui se sert du premier mot qui s’offre pour exprimer sa pensée, sans se mettre en peine s’il l’emploie dans l’acception que l’usage lui a donnée; vous y remarquerez des qualités actives à la place de ce que nous appelons verbes, parce que dans le système de Sicard, qui est celui de l’homme sauvage, il n’y a d’autre verbe que le verbe être, et qu’ainsi le sourd-muet doit dire, (Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | � Sécembîe 1793 225 voyant, regardant, et non voir, regarder qui sont de pures abstractions. Ce tableau vous présentera les facultés de l’homme moral, de l’homme intellectuel, qui naissent tous deux de l’homme physique, base essentielle de toutes les facultés de l’intelli¬ gence et de la volonté; vous admirerez sans doute, comme nous, l’heureux moyen de faire passer dans l’âme du sourd-muet les idées les plus abstraites et les plus métaphysiques, et vous désirerez, ainsi que nous, que tous ceux qui se destinent à l’intéressante fonction de former des hommes viennent apprendre, de ce¬ lui que la nature a condamné à ne jamais par¬ ler, l’art d’énoncer ses pensées avec la rigoureuse justesse de la saine logique et de la plus parfaite grammaire. Ainsi, en fondant une école centrale pour l’instruction des maîtres qui se consacreront à l’éducation des sourds-muets, la Convention ne borne pas son bienfait à cette classe infortunée; elle offre à tous les instituteurs les seuls moyens d’acquérir de grandes lumières dans l’art si difficile de renseignement, témoins des efforts qu’il faut faire et des procédés toujours nou¬ veaux qu’il faut imaginer pour faire passer dans l’esprit des élèves les grands principes de raison universelle et la métaphysique du langage, ils se convaincront que l’art analytique qui exige tant de justesse dans l’esprit, est le seul moyen pour faire parvenir au perfectionnement de la raison et à la conquête de toutes les connais¬ sances humaines; üs y apprendront le grand danger d’exercer la mémoire autrement qu’en lui confiant ce que l’intelligence a cherché et compris et que, par conséquent, la mémoire ne doit être qu’un satellite attaché auprès de la raison qu’il ne doit jamais précéder. Les sourds-muets ne savent rien par cœur et ils répondent surtout; c’est que leur instituteur n’est que leur égal et jamais leur maître, qu’ils ne pensent et ne parlent jamais d’après lui, mais bien d’après eux : c’est enfin qu’on ne leur apprend aucune science, mais qu’ils les refont toutes. Ce sera donc avoir bien mérité de l’humanité entière, que d’avoir assuré à la postérité, qui déjà s’ap¬ prête à juger nos travaux, la conservation d’une méthode qui peut être étendue à toutes les parties, à tous les genres d’instruction; ce sera avoir rempli le grand devoir d’un législateur qui, dans ses institutions, doit faire en sorte qu’elles se prêtent un mutuel appui, et qu’elles tendent à se perfectionner les unes par les autres. N° 1. Tableau analytique pour conduire les sourds-muets à l’intelligence des actions, voir, regarder, -fixer, considérer, pénétrer, examiner et comparer, par Jean Massieu, sourd-muet, élève de Sicard et répétiteur à l’institution de Paris. Voyant Ouvrant yeux. Entrant objet dans yeux. ( Ouvrant yeux. Regardant .......... < Entrant objet dans yeux. Arrêtant yeux sur objet. Ouvrant yeux. Entrant objet dans yeux. Arrêtant yeux sur objet. Retenant yeux sur objet. Voyant tous les côtés d’objets. Considérant ......... � Regardant tous les côtés d’objets. i Fixant tous les côtés d’objets. / Ouvrant yeux. \ Entrant objet dans yeux. Pénétrant ........... < Arrêtant yeux sur objet. I Retenant yeux sur objet. \ Enfonçant yeux dans objet. Fixant, 1” SÉRIE. T. LXXXII. 15 226 [Convention nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 2| "93 ..2 objets. Examinant objet ..................... ( objet } Compte rendu par Maignet, sur l’établissement des sourds-muets. N° 1 iis. ■ — Explication Du tableau analytique 'des premières opérations de l'âme, par analogie avec celles de l’organe de la vue par Sicard. Voyant ...................................... Voyant, voyant .............................. Regardant. Voyant, voyant, voyant ...................... Fixant. Voyant, voyant, voyant, voyant .............. Considérant. Voyant, voyant, voyant, voyant, voyant. ..... Pénétrant. Voulant .......................................................... Voulant, voulant ........... . ...................................... Désirant. Voulant, voulant, voulant ......................................... Aimant. Voulant, voulant, voulant, voulant ................................. Se passionnant. Voulant, voulant, voulant, voulant, voulant ....................... Brûlant. Idéant ............... ; .......... .. ...... Idéant, idéant .......................... Pensant. Idéant, idéartt, idéant ...... . ............ Méditant. Idéant, idéant, idéant, idéant ........... Réfléchissant. Idéant. idéant, idéant, idéant, idéant.... Approfondissant. Les difficultés de la métaphysique et de toutes les connaissances humaines naissent du peu de soin que les savants ont apporté à tout décom¬ poser et à tout réduire aux idées élémentaires. Il aurait donc bien mérité de la patrie celui qui aurait dévoilé le grand art des décomposi¬ tions et de l’analyse. Quel avantage pour les générations futures, si tout était tellement sim¬ plifié qu’en partant d’un résultat et en mar¬ chant à reculons par la méthode analytique, on arrivait à l’idée simple et élémentaire ! C’est ce qu’on verra dans le tabWu ci-dessus, et dans le premier, dont il est explicatif; on y remarquera d’abord le mot voyant, et sur la même ligne, les mots idéant et voulant; c’est dans ces trois éléments qu’est tout l’homme considéré dans ses opérations physiques, intel¬ lectuelles et morales. La première opération de l’œil, opération nécessaire, et par conséquent involontaire et forcée, est de voir. Quand il s’ouvre, il n’est pas maître de ne pas voir. La première opération de l’esprit est d’idéer ou recevoir des images, aussitôt qu’un des sens, qui sont en quelque sorte ses portiers, l’aver¬ tissent de là présence d’un objet; ainsi, l’idée n’est pas plus volontaire que le voir, et l’idéer est à l’esprit ce que le voir est à l’œil. Mais si l’œil s’arrête sur le voir, s’il voit deux fois, il ne voit pas seulement, il regarde, et le regarder se compose du voir. Aussi regardant répond-il sur la même ligne à voyant deux fois. Si l’esprit s’arrête sur l’idéer comme l’œil sur le voit, l’esprit regarde à sa manière, et nous appelons ce regard le penser. Le penser se compose donc de l’idéer, comme le regarder se compose du voir. Il en est de même des [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [ 2f S'ambre 1*793 autres opérations dont l’analyse doit se faire sur ce modèle. Si le cœur sort de l’indifférence, qui est pour lui ce que les ténèbres sont à l’oeil, ce que l’absence des objets est à l’esprit, sa première opération est le vouloir, mais le vouloir dans lé moindre degré, et ce vouloir est encore involon¬ taire. L’homme qui ne peut pas ne pas voir, quand il ouvre les yeux, qui ne peut pas ne pas idéer quand un objet frappe un de ses sens, ne peut pas ne pas vouloir quand on lui présente un objet fait pour la nature de son être. Mais ce vouloir devient désir comme le voir devient regard, comme l’idéer devient penser quand le cœur s’y arrête; ainsi des autres opérations. Le voir est donc le premier chaînon des opé¬ rations organiques; l’idéer le premier chaînon des opérations intellectuelles, et le vouloir le premier chaînon des affections et de toutes lès passions. C’est à ces trois grandes branches que tiennent tous les développements de l’esprit et du cœur humain; tout l’homme est dans voir, idéer et vouloir. Cet œil physique, cet œil intérieur et cette flamme cachée qui font de l’homme un être triple en quelque sorte, et un composé si mer¬ veilleux; tout cela se développe et se comprend parfaitement par les lois de l’analogie. Toute la science des abstractions naît sans effort de ces idées élémentaires. Compte rendu par Maignet sur l’établissement des sourds-muets. VOIR LE TABLEAU SUIVANT. Explication du second tableau analytique , par Sicard. L’éducation d’un sourd-muet serait insuffi¬ sante si elle n’était parfaite; le vague dans lequel le jetteraient les à peu près des mau¬ vaises définitions ne serait jamais rectifié par la communication avec ce qui l’entoure, puisque cette communication est nulle. Tout doit donc être rigoureux avec lui, et les demi-con¬ naissances seraient plus dangereuses que l’igno¬ rance même. Tous les mots abstraits doivent donc subir la plus scrupuleuse décomposition possible : chacun doit former un centre où aboutissent comme autant de rayons tous ceux qui mènent à celui dont on veut déterminer la signification, ou plutôt il faut établir une échelle tellement graduée, que tous les intermé¬ diaires soient parfaitement égaux, et qu’il n’y ait pas plus loin du pénultième au dernier échelon que du sol au premier et du premier au second. Il faut, s’il est possible, que tout naisse d’une première idée, que cette première 227 idée se trouve sous toutes les autres, qu’il n’y ait de différence que dans le plus ou le moins de degré comme on le voit dans ce tableau. Com¬ parer se compose de voir, et n’est absolument parlant que voir assez pour avoir la connais¬ sance parfaite de deux objets rapprochés ët vus ensemble. Le mot comparer à ses camarades : ce n’est pas du mot voir qu’il est parti, il était bien plus naturel de chercher les éléments les plus voisins du résultat, et de se demander que fait-on avant de comparer ? On examine. Que fait-on avant d’examiner ? On pénètre. Que fait-on quand on pénètrel On considère. Que fait-on quand on considère ? On fixe. Que fait -on quand on fixeî On regarde. Que fait-on quand on regarde ? On voit. Mais quand on voit, regarde-t-on? Quand on regarde, fixe-t-on? Quand on fixe, considère-t-ont Quand on consi¬ dère, pénètre-t-on? Quand on pénètre, exa¬ mine-t-on 9 Quand on examine, eompare-t-on? Non. L’esprit peut s’arrêter à chacune de ses opérations sans passer à la suivante; mais pour peu qu’on prononce plus fortement cha¬ cune de ces opérations, cette opération plus for¬ tement prononcée sort de sa classe et passe à la i u périeure. Ainsi un regard prononcé est la fixité: la fixité devient la considération; celle-ci la pénétration; la pénétration, l’examen; et d’un double examen, de 1 ’ examen de deux objets résulte la comparaison, dans laquelle il n’entre absolument que l’idée de voir; mais c’est le voir au plus haut degré, le voir qui n’était d’abord qu’une eimple action non voulue de l’organe de la vu , et qui a été le regard aussi¬ tôt que l’esprit s’est arrêté sur cette opération. Mais aussitôt qu'on est arrivé à ce premier élément compositeur de l’idée Collective et abstraite de comparer, on est sûr que le chemin était précisément celui qu’il fallait prendre : car on est descendu du plus composé au moins composé, en retrouvant toujours dans chaque degré un élément du précédent. Dans examiner, se trouve pénétrer; dans pénétrer, considérer, comme on retrouve voir, dans regarder; et regarder, dans fixer; comme dans comparer; se trouvent tous les voir qui ont formé les ré¬ garder, tous les fixer, tous les considérer, tons les pénétrer et tous les examiner. Nous sommes donc sûrs de tenir tous les fils qui aboutissent à comparer quand nous avons dans la main tous les voir élémentaires écrits les uns sous les autres dans le tableau analy¬ tique que nous expliquons. Et que faut-il de plus pour comprendre le mot le plus abstrait, l’idée la plus métaphysique? Noùs descendons de comparer à voir, et nous montons aussi de voir à comparer, et parcourant sans effort cette échelle soit en montant, soit en descendant, nous refaisons en quelque sorte ce langage en liant tout ce qui s’attire et s’appelle, et connais¬ sant tout le domaine d’une expression qui résulte de plusieurs idées, nous apprenons à n’en jamais abuser. C’est en suivant cette marche analytique et synthétique que nous éprouvons tous les mots de la langue, et que nous évitons tout F arbitraire et toute la prétendue sÿno-nimie. voir tableau page 229, 228 [Convention nationale]. ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { 2| aTcembre MM N° II. — Procédé analytique pour conduire le s sourds-muets à l' intelligence des actions, voir, regarder, fixer, pénétrer, considérer, examiner et comparer, ' Massieu, sourd-muet, élève de Sicard, et répétiteur à l'institution de Taris. par . Voyant.... ) Voyant. . . . ) Voyant.. .. ) Voyant.... ) Viyant.... ) Voyant.... j Voyant.... j Voyant.... ) Voyant.... } Voyant.... j Voyant.... ] Voyant.... ; Voyant.... ) Voyant.... j Voyant.... ) Voyant.... j Voyant.... ) Voyant.... ) Voyant.... ) Voyant.... j Voyant.... ) Voyant.... \ Voyant.... \ Voyant.... ) Voyant..,, ) Voyant.... \ Voyant.... ) Voyant.... ) Voyant.... ') Voyant..,, j Voyant.... } Voyant.... j Regardant... rdant.... \ ( Fix; [•dant.... / Regardant. Regardant, Regardant, Regardant. . . . Regardant.... Regardant.... Regardant.. .. Regardant.... Regardant. . . . Regardant. . . . Regardant. . . . Regardant. . . Regardant. Fixant. Considérant./, Fixant . , pénétrant. . ant..1� Fixant. Fixant. . Fixant. Considérant.. Considérant. . \ Pénétrant. | Fi * Considérant../ Regardant. ... J V Fixant. Regardant.... I Examinant t COMPARANT. Voyant.... Voyant..., Voyant. . . Voyant... Voyant... Voyant... Voyant... Voyant... Voyant. . . Voyant... Voyant.. Voyant.. Voyant. , Voyant.. Voyant.. Voyant. . Voyant.. Voyant. . Voyant. . Voyant.. Voyant.. Voyant.. Voyant.. Voyant. Voyant. Voyant. Voyant. Voyant. Voyant. Voyant. Voyant. Voyant. Fixant. | Regardant.... | Regardant. ... | Regardant.,.. t ? Fixant. * | Regardant.... } 1 Regardant.... j Regardant..., J Regardant.... j Regardant.... j Regardant.... | Regardant.... ‘ j Regardant.... � Regardant.... ... ) Regardant... Regardant..* Considérant.* ’ Pénétrant. Fixante Fixant. Fixant. Fixant. Fixant, Considérant., y . Examinant. Considérant.* \ Pénétrant. . > Considérant., t Compte j Regardant.. I ' Fixant. / J Regardant. . . . rendu par Muignet sur l'établissement des sourds et muets. Pour voir ou savoir si deux objets sont égaux ou iné¬ gaux. Les rapports des objets. f Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, f J nivôse an 11 ( 23 décembre 1793 229 N° III. Pkocédé synthétique pour conduire les sourds et muets à V intelligence de la fusion du lieu , et de la qualité passive dans le radical actif , de la règle â' apposition de l'objet , du service et de la nécessité des prépositions , par Périer, élève du citoyen Sicard. image Massieu ....... . . image frappant ........ image Table ............ ........ Table ............ image Baguette ......... 4 images non liées. Massieu. Frappant. Table. Baguette. 4 images non liées, Massieu Frappant Massieu*.; Frappant | Massieu est frappant. 2 images liées, un tableau. TableCU �rappaQt i 3 images, 2 liées, 1 non liée. 1 Tableau, plus une image. Massieu est . f . T .. 1 Massieu est frappant AM] être ara] être cause, être qui fait, qui agite nappani iaoie { Table est frannée É] être é], être effet, être qui reçoit, qui souffre ( 2 tableaux séparés, non liés. Massieu est frappant ..... 2 images liées, 1 tableau 4 * 3 . Table est frappée ........ 2 images liées, 1 tableau ) 1* 3 4 * 1 1,0*4 Massieu est frappant] Massieu est etre frapp] Massieu etre est frapp. «ître Massieu.... Massieu être est frapp.... Massieu est frapp. Table est frappée] Table est être frapp] Table est frapp. être 1 Tal)le«--« Table être est frapp.... Table est frapp. 1** 4 4 * * * * 4 . 4 4 4 S Massieu est frapp.... Massieu frapp est.... Massieu frapp es.... Massieu frape nv.. Massieu frappe. Massieu frappe Table e*st frapp... ée ..... 4 images, 2 Tableaux non encore liés. 1 4î3* 4 i S 3 4 ) i . 4*4, Massieu frappE Table EST frappée ..... Massieu frappe Table frappée f Massieu frapp* Table est frappee 11* 1 44*3 il 4 3 Massieu flUPPe table fRAPPée ......... Massieu frappe Table ........ ] Massieu frappt Table. Massieu frappe table .................. 4 images, 2 tableaux liés, fondus ensemble, 1 grand tableau. 1, » * * Massieu frappe table ( � images, 2 tableaux fondus ensemble, i grand tableau, plus une image non liée. Baguette. Massieu frappe table baguette Masfu � table; ) Massieu frappe baguette. Massieu frappe table \ ( « 2 tableaux séparés, le dernier non vrai. Massieu frappe baguette i l l s i 1 Massieu frappe table baguette.... 2 tableaux mis à côté l’un de l’autre et mal lies, lies à faux. 5 Baguette. 5 Baguette servant. 5 Baguette instrument. i. t 3 i b Massieu frappe table 1 4*1 Massieu frappe table Massieu frappé table 4 Massieu frappe table instrument Baguette. I Massieu frappe table avec Baguette... Un grand tableau complet. Compte rendu par Maignet sur V établissement des sourds1 et muets.] i ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { 23 Sombre " 93 230 [Convention nationale.] Explication du troisième tableau, par Périek. Les idées se groupent d’ elles-mêmes dans l’esprit; elles y forment naturellement des tableaux; mais quand il s’agit de rendre ces tableaux sensibles, il est indispensable de recou¬ rir à des moyens conventionnels pour conser¬ ver aux figures qui les composent la physiono¬ mie et l’attitude qu’elles ont dans la pensée. Un commerce non interrompu avec nous donne à l’enfant qui jouit de tous ses sens l’habitude de ces conventions; il entend dire : papa est bon, papa aime son fils, le cheval de papa, et il emploie le lien, il suit la règle d’appo¬ sition de ce que nous appelons grammaticale¬ ment l’objectif ou l’objet, il fait usage des pré¬ positions. Le sourd-muet est privé de ees avantages. Seul, au milieu de ses semblables, il ne peut rien obtenir de l’imitation. Il faut lui apprendre à parler notre langue sans en avoir aucune autre qui puisse servir d’objet de comparaison, qui fournisse au moins les premières bases de la cor¬ respondance; il faut créer avec lui l’idiome dans lequel on veut qu’il pense et s’exprime, ou plutôt il faut en créer-deux tout à la fois. Prenons-le même à l’instant où il est parvenu à faire des abstractions, à distinguer la forme de la matière, à sentir qu’il est besoin de les désigner séparément, il n’en croira pas moins qu’il lui suffit de les nommer l’une après l’autre pour qu’elles se disposent dans l’esprit de l’audi¬ teur comme elles le font dans le sien, et il négli¬ gera de les lier. Le raisonnement vient au secours de l’ins¬ tituteur qui enseigne un élève dont il peut être entendu. Posez d’abord ce triple principe, que la matière est toujours revêtue d’une forme quelconque, que tout être substance est suscep¬ tible de plusieurs formes, et que les mêmes formes se retrouvent dans des êtres de diffé¬ rentes natures. Faites-lui remarquer ensuite que toutes les fois qu’on offre, soit à son oreille, soit à ses yeux, le signe représentatif d’un être subs¬ tance, il n’est pas le maître de ne pas se le peindre sous une forme qui, étant pour l’ordi¬ naire celle qu’il a le plus communément, peut ne pas se trouver la même que lui attribue celui qui veut communiquer avec lui; qu’ alors, il doit dépouiller cette forme et substituer celle que lui donne l’auteur de la pensée et que, pour provoquer ce jeu dans l’esprit de l’auditeur, il devient nécessaire d’employer un signe aver¬ tisseur, un mot nouveau qui lie la qualité à la substance. Cette courte explication, appuyée de quelques exemples, conduira sans effort l’élève à la contexture de la phrase. Avec le sourd-muet, il faut prendre une autre marche; il faut parler à ses sens, c’est le seul moyen de communication qui existe encore entre lui et son guide. Il faut bâtir et bâtir silentement qu’il puisse remarquer et la coupe et la position de chaque pierre de l’édifice, distinguer le ciment des matériaux, et apercevoir jusqu’à la moindre jointure. Après lui avoir mis sous les yeux des images isolées, nous commençons à en lier deux et à substituer au lien que nous avait offert la na¬ ture, celui convenu pour notre langue. Vient le mot table, dont la place seule indique le ser¬ vice; mais pourquoi cette sorte de privilège! Voilà ce à quoi nous devons répondre. Il est le sujet d’une seconde proposition. Table est frap¬ pée. Mais la pensée est infiniment rapide; la parole ou l’écriture en sont devenues la peinture; et tout portrait doit ressembler à son original. La parole et l’écriture ne sauraient donc, sans violer cette condition de rigueur, comporter plus dé figures qu’il n’est strictement indispensable. Supprimons donc tout ce qui peut l’être sans nuire à la vérité du tableau. D’abord, ce sont les deux derniers éléments du grand lien, un seul nous suffit pour attester son existence. Les terminaisons ant é représenta¬ tives de sa dénomination générique être, dispa¬ raîtront aussi; car dès que l’être est déterminé, pourquoi conserverions-nous un signe vague et désormais inutile? Ces deux premières suppressions nous font pressentir qu’il en est encore d’autres au moins possibles, et nous nous demandons s’il est bien essentiel de Conserver deux liens, lorsque nous ne voulons plus former qu’un ballot, lorsque nous avons transporté le premier lien au milieu des deux paquets? Nous nous demandons encore si la qualité passive frappée a besoin d’être exprimée; si elle ne pourrait pas être fondue dans celle active, frappant. Nous faisons l’action, et nous restons convaincus qu’il est impossible qu’un être frappe sans qu’il y ait un objet frappé. Le radical frappe peut donc réunir cette double idée, son influence s’étend donc jusque sur le mot table : il est donc inutile de répéter l’action et la position de l’objet; après, l’action suffit pour le faire reconnaître. Cette convention établie, si nous faisons suivre immédiatement le terminatif, il devien¬ dra lui-même un second objet, et nous aurons présenté un tableau faux. Répétons encore l’action, -et il ne nous sera plus permis de douter que la baguette n’est point frappée comme la table; nous la verrons même frappant, mais frappant sous l’impulsion de la main. Dès lors, nous soupçonnerons la nécessité d’un signe de plus, qui nous avertisse du rôle particulier qu’elle joue. Les prépositions ne sont réelle¬ ment que des modificatifs : elles forment à la vérité une espèce à part; mais elles rentrent dans le grand genre, et c’est assez pour m’auto¬ riser à y prendre d’abord une expression avec laquelle nous soyons déjà familiarisés; ainsi, nous partirons d’un point connu pour arriver à l’intelligence d’un mot qui, donné sans cette précaution, n’aurait jamais été compris. La qualité servant deviendra notre boussole; nous la traduirons ensuite par le mot instrument, enfin, par celui avec qui ne saurait pas être entendu. Cette préposition nous devient très pré¬ cieuse pour arriver à la décomposition des ellyptiques connus sous la fausse dénomina¬ tion d’adverbes. Fortement se résout par avec une main forte, et ce pas devient le dernier que nous avions à faire pour embrasser tout le sys¬ tème grammatical, pour connaître la valeur et le service de toutes les espèces de mots qui entrent dans la composition du discours. Un membre [Monnel (1)], au nom du comité des décrets, fait lecture de plusieurs pièces rela-(1) D’après la minute du décret qui existe aux Archives nationales, carton G 286, dossier 849.