630 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE nous devons nous attendre qu’ils emploieront le poison, cette arme favorite des rois. Mais le génie de la liberté veille, nous lui devons l’existence de Collot, nous devrons à notre surveillance active la conservation de citoyens précieux à la patrie, et le plomb ou le fer des assassins ne pourra les atteindre qu’à travers le cœur des patriotes. L’orateur conclut à ce que la section Chalier choisira dans son sein un nombre d’hommes dont le patriotisme bien prononcé et bien constant serve de bouclier aux représentans du peuple, et singulièrement à ceux qui composent les Comités de salut public et de sûreté générale plus en butte à la rage de Pitt par la nature de leurs travaux, plus exposés par la prolongation de leur séance jusque bien avant dans la nuit. Il demande que ces citoyens ne puissent quitter d’un instant le représentant du peuple auquel ils seront attachés, lorsqu’il se rendra ou reviendra du lieu des séances, et que l’arrêté à prendre soit communiqué aux quarante-sept sections qui s’empresseront, l’on ne peut en douter, d’y adhérer et de concourir à la formation du bataillon sacré auquel la nation française va confier ce qu’elle a de plus cher. L’objet mis en délibération, l’Assemblée générale, considérant qu’il est du devoir de tous les patriotes de veiller et conserver au péril de leur vie celles de apôtres de la liberté, que c’est par le dévouement le plus généreux qu’ils peuvent répondre à la confiance de la République entière qui a confié à la Commune de Paris le dépôt le plus sacré et effacer jusqu’à la plus légère trace de la calomnie dont les méchans ont voulu noircir les parisiens. Considérant qu’aucune section ne peut sans manquer aux autres, arrêter aucune mesure partielle sur un objet aussi majeur et aussi constant, et que d’ailleurs ce n’est que d’après l’assentiment de la Convention nationale que le vœu des patriotes peut recevoir son accomplissement, Arrête qu’une députation se rendra demain dans le sein de la Convention à l’effet de lui communiquer sa proposition, lui exprimer l’ardeur avec laquelle elle a été accueillie, le désir brûlant de tous les citoyens de couvrir de leurs corps la représentation nationale, et la prie d’arrêter sur le champ et le mode de formation du nouveau bataillon sacré, et la proportion dans laquelle chaque section y contribuera, et enfin la nature du service auprès de chaque membre (1). 42 h La section de Bonne-Nouvelle dit avoir juré unanimement de servir de rempart contre les assassins à la représentation nationale. Que les despotes sachent, dit-elle, que pour éteindre la liberté, il faudroit autant d’assassinats qu’il existe de Français (2). (1) C 306, pl. 1155, p. 16 (1), signé Lambin, Langlois, Dauterre; (2) Noulin (présid.) , Lambert, Langlois. (2) P.V., XXXVHI, 115. Bin, 7 prair. (suppl‘); J. Mont., n° 30; Rép., n° 157; J. Lois, n° 605; J. Fr., n° 609; M