Séance du 6 Prairial An II (Dimanche 25 Mai 1794) Présidence de PRIEUR (de la Côte d’or) La séance est ouverte par la lecture des lettres et adresses. 1 Les Sociétés populaires de la Rochelle (1), de la Montagne-de-Georges (2) près Auxerre, de Sarzeau, département du Morbihan, de plai-sians département de la Drôme, et celle de Néronde, département de la Loire, félicitent la Convention nationale sur son énergie et sur les mesures qu’elle prend contre les conspirateurs; elles applaudissent aux décrets salutaires qui assurent le triomphe de la vertu; elles invitent la Convention à rester à son poste (3). a [La Sté popul. de La Rochelle, à la Conv.; 24 flor. 11] (4). « Représentant Tandis que les tyrans ligués contre la liberté française, unissaient en vain leurs armes et leurs efforts autour de nos frontières, une faction, plus à craindre qu’eux, tramait dans notre sein ses intrigues criminelles. En sapant dans ses fondemens la morale publique, en corrompant l’esprit du peuple, en le jetant par l’odieux système de l’athéisme et du matérialisme dans une nuit sans flambeau, dans un océan sans rivages, elle cherchait à nous suggérer tous les crimes dont la calomnie s’était empressée de nous noircir. Elle voyait dans l’anéantissement des principes les plus sacrés et les plus consolateurs, son triomphe et notre perte. Mais la justice nationale a frappé les auteurs de ces manœuvres abominables et la Raison étemelle dont ils osaient attester l’empire, a confondu leurs dernières espérances. Le peuple français, dans la conquête de sa liberté, n’a pu méconnaître la source dont elle émane. Les vertus, la probité ne furent pas en vain mises à V ordre du jour. Revêtues de leur indestructible sanction, elles affrontent maintenant toutes les conspirations et tous les pièges. (1) Charente-Inférieure. (2) Yonne. (3) P.V., XXXVIII, 107. Bln, 10 prair. (1er suppl‘). (4) C 306, pl. 1155, p. 1; J. Sablier, n° 1340; M.U., XL, 102. Les tyrans voulaient tromper l’univers sur le peuple français, vous opposez aux traits de leur haine envenimée la déclaration solennelle des principes de ce peuple généreux, et l’univers n’aura plus désormais qu’à l’imiter. Entre les deux écueils de la superstition et de l’athéisme, l’édifice de la saine philosophie. Grâces vous soient rendues !... En vain la malveillance voudrait-elle encore trouver des armes dans nos vertus. En vain voudrait-elle nous ramener par ces vertus mêmes au joug que nous avons brisé. Qu’ils frémissent les perfides qui ne verraient pas dans la religion de la nature, la destruction de toute espèce de fanatisme, de toutes les erreurs dont ce monstre s’est nourri. Qu’elles sentent que le Dieu des prêtres s’est à jamais anéanti parmi nous devant le Dieu de l’univers. Que l’être insolent et coupable qui voudrait désormais lever une tête altière entre nous et la divinité, soit à l’instant frappé de l’animadversion publique et de la vengeance des lois. Ainsi vous consommerez votre ouvrage, ainsi l’hommage des cœurs sera le seul culte que présenteront à l’Etre Suprême les fêtes qui lui seront consacrées; et la République, affermie par les sentiments les plus dignes de l’homme, bravera tous les orages, et verra dans sa gloire toujours croissante, les siècles s’écouler et ses destinées s’accomplir ». Barbet (présid.), Bouet, Poutier, Poutier. h La Société populaire de la Montagne de Georges, séante à Charbuy près Auxerre, félicite la Convention sur la découverte de la conspiration des Hébert et des Ronsin, sur le décret du 18 floréal, par lequel le peuple français reconnaît l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme, et l’invite à rester à son poste (1). c [La Sté popul. de Sarzeau, à la Conv.; 4 flor. II] (2). « Citoyens représentons, Vous avez lancé le vaisseau de la République; d’infâmes scélérats, soudoyés par les tyrans ont (1) Bin, 10 prair. (1er suppl1). (2) C 306, pl. 1155, p. 2. Séance du 6 Prairial An II (Dimanche 25 Mai 1794) Présidence de PRIEUR (de la Côte d’or) La séance est ouverte par la lecture des lettres et adresses. 1 Les Sociétés populaires de la Rochelle (1), de la Montagne-de-Georges (2) près Auxerre, de Sarzeau, département du Morbihan, de plai-sians département de la Drôme, et celle de Néronde, département de la Loire, félicitent la Convention nationale sur son énergie et sur les mesures qu’elle prend contre les conspirateurs; elles applaudissent aux décrets salutaires qui assurent le triomphe de la vertu; elles invitent la Convention à rester à son poste (3). a [La Sté popul. de La Rochelle, à la Conv.; 24 flor. 11] (4). « Représentant Tandis que les tyrans ligués contre la liberté française, unissaient en vain leurs armes et leurs efforts autour de nos frontières, une faction, plus à craindre qu’eux, tramait dans notre sein ses intrigues criminelles. En sapant dans ses fondemens la morale publique, en corrompant l’esprit du peuple, en le jetant par l’odieux système de l’athéisme et du matérialisme dans une nuit sans flambeau, dans un océan sans rivages, elle cherchait à nous suggérer tous les crimes dont la calomnie s’était empressée de nous noircir. Elle voyait dans l’anéantissement des principes les plus sacrés et les plus consolateurs, son triomphe et notre perte. Mais la justice nationale a frappé les auteurs de ces manœuvres abominables et la Raison étemelle dont ils osaient attester l’empire, a confondu leurs dernières espérances. Le peuple français, dans la conquête de sa liberté, n’a pu méconnaître la source dont elle émane. Les vertus, la probité ne furent pas en vain mises à V ordre du jour. Revêtues de leur indestructible sanction, elles affrontent maintenant toutes les conspirations et tous les pièges. (1) Charente-Inférieure. (2) Yonne. (3) P.V., XXXVIII, 107. Bln, 10 prair. (1er suppl‘). (4) C 306, pl. 1155, p. 1; J. Sablier, n° 1340; M.U., XL, 102. Les tyrans voulaient tromper l’univers sur le peuple français, vous opposez aux traits de leur haine envenimée la déclaration solennelle des principes de ce peuple généreux, et l’univers n’aura plus désormais qu’à l’imiter. Entre les deux écueils de la superstition et de l’athéisme, l’édifice de la saine philosophie. Grâces vous soient rendues !... En vain la malveillance voudrait-elle encore trouver des armes dans nos vertus. En vain voudrait-elle nous ramener par ces vertus mêmes au joug que nous avons brisé. Qu’ils frémissent les perfides qui ne verraient pas dans la religion de la nature, la destruction de toute espèce de fanatisme, de toutes les erreurs dont ce monstre s’est nourri. Qu’elles sentent que le Dieu des prêtres s’est à jamais anéanti parmi nous devant le Dieu de l’univers. Que l’être insolent et coupable qui voudrait désormais lever une tête altière entre nous et la divinité, soit à l’instant frappé de l’animadversion publique et de la vengeance des lois. Ainsi vous consommerez votre ouvrage, ainsi l’hommage des cœurs sera le seul culte que présenteront à l’Etre Suprême les fêtes qui lui seront consacrées; et la République, affermie par les sentiments les plus dignes de l’homme, bravera tous les orages, et verra dans sa gloire toujours croissante, les siècles s’écouler et ses destinées s’accomplir ». Barbet (présid.), Bouet, Poutier, Poutier. h La Société populaire de la Montagne de Georges, séante à Charbuy près Auxerre, félicite la Convention sur la découverte de la conspiration des Hébert et des Ronsin, sur le décret du 18 floréal, par lequel le peuple français reconnaît l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme, et l’invite à rester à son poste (1). c [La Sté popul. de Sarzeau, à la Conv.; 4 flor. II] (2). « Citoyens représentons, Vous avez lancé le vaisseau de la République; d’infâmes scélérats, soudoyés par les tyrans ont (1) Bin, 10 prair. (1er suppl1). (2) C 306, pl. 1155, p. 2. SÉANCE DU 6 PRAIRIAL AN II (25 MAI 1794) - N° 1 611 voulu son naufrage, et s’agitent en tous sens pour y réussir, mais par la sagesse de vos mesures révolutionnaires et votre surveillance infatigable, vous déjouez sans cesse leurs abominables complots. Vous en recevez des félicitations de tous les coins de la République; nous y joignons les nôtres. Elles vous sont bien acquises. Continuez à livrer au glaive de la loi tous les traîtres et les conspirateurs qui oseraient encore souiller le sol de la liberté et tenter d’y corrompre l’esprit public. Restez fermes et inébranlables à votre poste, ne descendez de la Montagne que lorsque votre immortel ouvrage aura atteint toute sa perfection, que lorsqu’il sera parfaitement à l’abri des orages et des conjurations. Le plus beau sort vous en est réservé; celui d’être heureux du bonheur d’un peuple libre ». Lerot (présid.), Thébaut, Borilleret. d [La Sté de Plaisians, à la Conv.; s.d.] (1). « Citoyens représentans, Les sans-culottes composant la Société montagnarde de Plaisians, canton de Molans, district de Nyons, département de la Drôme, vous félicitent sur les lois sages que vous avez données à la République et sur la mâle énergie avec laquelle vous avez dévoilé la conspiration; il n’appartenait qu’à vous de découvrir de si horribles complots, de faire punir les coupables et de sauver la patrie; c’est ce que vous avez fait. Nous transmettrons à la postérité vos glorieux travaux et vos immortels exemples. Pères de la patrie, ne dédaignez point le faible hommage de notre reconnaissance pour tous les bienfaits dont vous avez comblé vos enfans en les conduisant au port du salut et de la gloire, nous vous invitons à continuer vos illustres travaux et à rester à votre poste jusqu’à ce que le soleil de la liberté ait dissipé même les moindres ombres des tyrans qui souillent encore la terre. Précipitez tous les ennemis de notre patrie du haut de la Roche Garpienne (sic), c’est votre devoir et le nôtre de savoir mourir pour vous si on ose attenter à vos jours, nous ne descendrons jamais du haut de la montagne que nous habitons que pour saigner et purger le marais et crier avec les poumons de vrais montagnards, vive la Montagne, vive la Convention et vivent nos représentans ». Leydier (maire et présid.), Endignoux, Fernex. e [La Sté popul. de Néronde , à la Conv.; 30 germ. m (2). « Représentans, Si le courage des patriotes pouvait être ébranlé, si leur énergie républicaine pouvait se refroidir, ce serait sans doute à la nouvelle de la découverte des conspirateurs qui vous ont entourés. Mais grâces soient rendues à votre fermeté, à la surveillance intrépide de vos comités. Nous ap-(1) C 306, pl. 1155, p. 3. (I z ) C 306, pl. 1155, p. 4. prenons la punition des traîtres presqu’aussitôt que leurs crimes. C’est par les mesures vigoureuses que vous prenez, que nous verrons bientôt la liberté s’affermir et la République se reposer sur ses bases inébranlables, semblable à ces rochers orgueilleux contre lesquels les vagues de la mer viennent se briser et qui triomphent même de la destruction des siècles. Continuez, Représentants, vos glorieux travaux; n’abandonnez pas le gouvernail d’un vaisseau que vous dirigez avec tant de sagesse au milieu des écueils et des tempêtes. L’amour de tous les français sera votre récompense. Vous jouissez déjà de la gloire d’avoir sauvé plusieurs fois la patrie. Restez donc à votre poste, ne déposez la massue d’Hercule que lorsqu’il n’y aura plus de monstres à combattre. Le peuple est là pour vous soutenir et vous défendre. Il saura mourir pour la liberté. Les lâches tyrans qui veulent la détruire n’ont pas même la perspective d’une victoire profitable. Leurs succès, s’ils pouvaient en avoir, ne feraient qu’avancer leur chute puisqu’ils nous faciliteraient les moyens d’embrasser les peuples qu’ils oppriment et qui, secrètement ,nous tendent les bras. Les événements qui viennent de se passer ont été pour le peuple des traits de lumière. Quoi ! des hommes qu’il avait honorés de sa confiance ont osé conspirer contre sa liberté ! Ceux qu’ils croyait ses plus intrépides défenseurs n’étaient que des traîtres qui cherchaient à lui donner des fers et qui suivaient cet infernal projet avec d’autant plus de facilité qu’ils étaient à l’abri du soupçon ! A quel degré de scélératesse le cœur de l’homme pervers peut-il donc s’élever ? Cette pensée serait bien affligeante pour l’humanité si à côté de ces crimes nos annales n’offraient à la postérité des traits innombrables de courage et d’actions vertueuses. Représentants, vous avez donné au peuple une sublime leçon en mettant à l’ordre du jour la vertu, la probité, la justice. Sans vertus point de République. Rappelez vous que dans Rome libre on accusait devant le peuple ceux qui cherchaient à le corrompre ou à gagner ses suffrages par des manières affectées. Défions-nous donc de ceux qui veulent se populariser à tous prix, qui préconiseraient le vice même s’ils pensaient espérer de parvenir par ce moyen aux places et aux emplois. Rappelez-vous que Rome eut ses censeurs dans ses beaux jours, et que l’époque où cette institution cessa d’avoir lieu fut celle de la perte des mœurs et de la liberté. Législateurs, les fonctions publiques doivent être le patrimoine de la vertu et de la probité. Le patriotisme ne tient pas aux déclamations, à l’emportement, s’il ne doit pas reposer ou s’induire de quelques actions modelées avec art et dont le motif est souvent impur. Le patriotisme a pour base nécessaire la probité. Le véritable patriote est essentiellement honnête homme, et il est rare que l’homme qui toute sa vie a pratiqué les vertus sociales, qu’on a reconnu bon père, bon mari, juste et bienfaisant envers ses semblables, ne soit patriote. Représentants, nous avons mis comme vous à l’odre du jour la vertu, la probité, la justice. Les Société populaires ne sont pas seulement des écoles de civisme, elles doivent l’être encore de toutes les vertus. Guerre aux intrigants, aux ambitieux, aux fripons, aux hypocrites qui se couvrent du manteau du patriotisme pour sé-SÉANCE DU 6 PRAIRIAL AN II (25 MAI 1794) - N° 1 611 voulu son naufrage, et s’agitent en tous sens pour y réussir, mais par la sagesse de vos mesures révolutionnaires et votre surveillance infatigable, vous déjouez sans cesse leurs abominables complots. Vous en recevez des félicitations de tous les coins de la République; nous y joignons les nôtres. Elles vous sont bien acquises. Continuez à livrer au glaive de la loi tous les traîtres et les conspirateurs qui oseraient encore souiller le sol de la liberté et tenter d’y corrompre l’esprit public. Restez fermes et inébranlables à votre poste, ne descendez de la Montagne que lorsque votre immortel ouvrage aura atteint toute sa perfection, que lorsqu’il sera parfaitement à l’abri des orages et des conjurations. Le plus beau sort vous en est réservé; celui d’être heureux du bonheur d’un peuple libre ». Lerot (présid.), Thébaut, Borilleret. d [La Sté de Plaisians, à la Conv.; s.d.] (1). « Citoyens représentans, Les sans-culottes composant la Société montagnarde de Plaisians, canton de Molans, district de Nyons, département de la Drôme, vous félicitent sur les lois sages que vous avez données à la République et sur la mâle énergie avec laquelle vous avez dévoilé la conspiration; il n’appartenait qu’à vous de découvrir de si horribles complots, de faire punir les coupables et de sauver la patrie; c’est ce que vous avez fait. Nous transmettrons à la postérité vos glorieux travaux et vos immortels exemples. Pères de la patrie, ne dédaignez point le faible hommage de notre reconnaissance pour tous les bienfaits dont vous avez comblé vos enfans en les conduisant au port du salut et de la gloire, nous vous invitons à continuer vos illustres travaux et à rester à votre poste jusqu’à ce que le soleil de la liberté ait dissipé même les moindres ombres des tyrans qui souillent encore la terre. Précipitez tous les ennemis de notre patrie du haut de la Roche Garpienne (sic), c’est votre devoir et le nôtre de savoir mourir pour vous si on ose attenter à vos jours, nous ne descendrons jamais du haut de la montagne que nous habitons que pour saigner et purger le marais et crier avec les poumons de vrais montagnards, vive la Montagne, vive la Convention et vivent nos représentans ». Leydier (maire et présid.), Endignoux, Fernex. e [La Sté popul. de Néronde , à la Conv.; 30 germ. m (2). « Représentans, Si le courage des patriotes pouvait être ébranlé, si leur énergie républicaine pouvait se refroidir, ce serait sans doute à la nouvelle de la découverte des conspirateurs qui vous ont entourés. Mais grâces soient rendues à votre fermeté, à la surveillance intrépide de vos comités. Nous ap-(1) C 306, pl. 1155, p. 3. (I z ) C 306, pl. 1155, p. 4. prenons la punition des traîtres presqu’aussitôt que leurs crimes. C’est par les mesures vigoureuses que vous prenez, que nous verrons bientôt la liberté s’affermir et la République se reposer sur ses bases inébranlables, semblable à ces rochers orgueilleux contre lesquels les vagues de la mer viennent se briser et qui triomphent même de la destruction des siècles. Continuez, Représentants, vos glorieux travaux; n’abandonnez pas le gouvernail d’un vaisseau que vous dirigez avec tant de sagesse au milieu des écueils et des tempêtes. L’amour de tous les français sera votre récompense. Vous jouissez déjà de la gloire d’avoir sauvé plusieurs fois la patrie. Restez donc à votre poste, ne déposez la massue d’Hercule que lorsqu’il n’y aura plus de monstres à combattre. Le peuple est là pour vous soutenir et vous défendre. Il saura mourir pour la liberté. Les lâches tyrans qui veulent la détruire n’ont pas même la perspective d’une victoire profitable. Leurs succès, s’ils pouvaient en avoir, ne feraient qu’avancer leur chute puisqu’ils nous faciliteraient les moyens d’embrasser les peuples qu’ils oppriment et qui, secrètement ,nous tendent les bras. Les événements qui viennent de se passer ont été pour le peuple des traits de lumière. Quoi ! des hommes qu’il avait honorés de sa confiance ont osé conspirer contre sa liberté ! Ceux qu’ils croyait ses plus intrépides défenseurs n’étaient que des traîtres qui cherchaient à lui donner des fers et qui suivaient cet infernal projet avec d’autant plus de facilité qu’ils étaient à l’abri du soupçon ! A quel degré de scélératesse le cœur de l’homme pervers peut-il donc s’élever ? Cette pensée serait bien affligeante pour l’humanité si à côté de ces crimes nos annales n’offraient à la postérité des traits innombrables de courage et d’actions vertueuses. Représentants, vous avez donné au peuple une sublime leçon en mettant à l’ordre du jour la vertu, la probité, la justice. Sans vertus point de République. Rappelez vous que dans Rome libre on accusait devant le peuple ceux qui cherchaient à le corrompre ou à gagner ses suffrages par des manières affectées. Défions-nous donc de ceux qui veulent se populariser à tous prix, qui préconiseraient le vice même s’ils pensaient espérer de parvenir par ce moyen aux places et aux emplois. Rappelez-vous que Rome eut ses censeurs dans ses beaux jours, et que l’époque où cette institution cessa d’avoir lieu fut celle de la perte des mœurs et de la liberté. Législateurs, les fonctions publiques doivent être le patrimoine de la vertu et de la probité. Le patriotisme ne tient pas aux déclamations, à l’emportement, s’il ne doit pas reposer ou s’induire de quelques actions modelées avec art et dont le motif est souvent impur. Le patriotisme a pour base nécessaire la probité. Le véritable patriote est essentiellement honnête homme, et il est rare que l’homme qui toute sa vie a pratiqué les vertus sociales, qu’on a reconnu bon père, bon mari, juste et bienfaisant envers ses semblables, ne soit patriote. Représentants, nous avons mis comme vous à l’odre du jour la vertu, la probité, la justice. Les Société populaires ne sont pas seulement des écoles de civisme, elles doivent l’être encore de toutes les vertus. Guerre aux intrigants, aux ambitieux, aux fripons, aux hypocrites qui se couvrent du manteau du patriotisme pour sé-