176 ARCHIVES PARLEMENTAIRES La Sambre et la Meuse ne véront plus leurs eaux souillées qu’une dernière fois, par le reste du sang des hordes esclaves. Achevez, courageux Montagnards, la destinée du monde. Vous touchez à son grand développement. Bientôt le territoire sacré de la République aura vomi tout ce qu’il a d’impur. Bientôt l’Aigle Romaine dans sa fuite rapide, sera abbatue; la nouvelle Carthage, non moins superbe et téméraire que l’ancienne, sera humiliée et détruite; les rois chercheront un asile que la terre et la mer leur refuseront. Rome moderne, mais Rome vertueuse étonnera l’univers par sa splendeur. Les peuples resaisis de leurs droits et reconnaissants envers leurs libérateurs, régneront pour leur bonheur. S. et F. » Arpin, Bernoville, Dumont, Dacheux, Delaporte, Prudhomme, Bigand, Sarazin, Fagard, Donet, Dufour, Morilliard, Bardeaux, Beranger, Dupla-quet , Philippeau [et 5 signatures illisibles] 35 Un membre annonce que le département de la Somme vient d’ouvrir une souscription pour la construction d’une frégate destinée à aller combattre les infâmes Anglais. La Convention nationale en décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin (l). [Amiens, 21 mess. II] {2). « Freres et amis, Bientôt les tyrans ne seront plus : leurs cohortes d’Esclaves ont essayés la force et le courage des hommes libres. Persuadés de leur entière défaite, ils fuient à l’approche des soldats de la liberté. Il est donc vrai, en politique comme en physique, que les Montagnes dominent, abritent et protègent les plus belles contrées du globe. Les vents, les orages, les tempêtes vont se briser contre leur majestueuse immobilité. C’est dans les augustes flancs du Sinaï français que bouillonne le patriotisme, que réside ce génie tout puissant, cet amour sacré de la liberté. Comme un nouveau Dieu des aquilons, il enchaine la fureur des tyrans de la terre et de la mer, force le monde moral à faire luire sur notre horizon, des jours plus fortunés et plus sereins, en réfléchissant jusqu’aux extrémités du Nord, la lumière et la chaleur dont il est le foyer. Citoyens amis, voilà l’ouvrage de nos Représentai, de nos freres d’armes. Ils ont brisés nos fers, sachons jouir de leur bienfait; empressons-nous de consolider leurs travaux ; nous allons respirer un air pur, le sol de la République Française ne sera plus infecté du souffle malfaisant des esclaves. Le sombre Anglais rentre sous les étendarts honteux de Pitt. L’Allemand inquiet et farouche, va raconter dans son repaire les défaites humiliantes de Cobourg. Tous vont, en reprenant leurs chaînes, gémir de nos triomphes, trop lâches pour essayer de partager notre bonheur. (l) P.V., XLI, 267. J. Sablier, n° 1439. (2) C 309, pl. 1201, p. 7. Imprimé par Caron-Berquier, imprimeur des autorités constituées du départ1. - CONVENTION NATIONALE Continuons, freres et amis, de mériter d’être libres. Vainqueurs dans les armées de terre, songeons à affermir la gloire des Français Républicains sur l’empire des mers. Les vils esclaves de Georges ont déjà apprécié notre valeur sur cet élément qu’ils regardoient comme leur héritage. Eh bien ! Freres et amis, montrons à ces âmes mercénaires ce que peuvent des Français rendus à la dignité d’hommes. Réunissons-nous, réunissons nos offrandes civiques pour les employer à la construction d’une frégatte qui porte la terreur et l’effroi chez l’infâme Anglais, et tous ceux qui oseroient insulter au Pavillon tricolore. Notre sol vous offre les bois et les ouvriers nécessaires à cette construction. Des marins, vos concitoyens, brûlent d’impatience de prendre le commandement et le soin de ce Bâtiment. Confié à vos frères, il sera invincible comme leurs cœurs. Leur antique et franche loyauté en est le présage. Hâtons donc l’exécution de cette forteresse ambulante et destructive : qu’elle aille bientôt annoncer aux 2 extrémités du globe, le bonheur des Français devenus libres, et leur inébranlable résolution d’ab-horer, de détruire les tyrans qui oseroient essayer de leur redonner des fers. Les Administrateurs du Département de la Somme ont arrêté que cette adresse sera imprimée et envoyée aux Districts qui en feront passer des exemplaires à toutes les Municipalités et sociétés populaires établies dans leur arrondissement. Le produit des offrandes patriotiques sera versé dans chaque Commune, entre les mains du Greffier de la Municipalité qui en tiendra registre. Les Agens nationaux des Communes enverront le montant de ces dons, avec la liste de ceux qui les auront fournis, au Secrétaire du District : celui-ci le fera passer à l’administration du Département. Elle fera imprimer la liste des noms des Communes ceux des citoyens et citoyennes qui auront fait des offrandes. Les Sociétés populaires sont invitées à seconder le zèle de leurs frères et à presser cette collecte patriotique par tous les moyens que le Républicanisme pourra leur dicter; elles penseront, sans doute, que des Commissaires pris dans leur sein pour la surveiller dans les diverses communes du District où elles sont établies, ne pourroit que produire les plus grands avantages. » BLOQUEL (présid.), CRÉPIN, PETIT, LOISEL, WALLET (Administrateurs), DEMAUX (secrét. gal). Délivré conforme au registre. 36 Joseph d’Hedouville, cultivateur à Brandon-villers, district de Vitry-sur-Marne, ci-devant général commandant les avant-postes de l’armée du Nord, se plaint de sa détention, fruit de la haine et de l’intrigue, oppose sa conduite aux faits qui lui sont imputés, et réclame justice. « Rendez -moi, dit-il, à mes exploitations; que mon repos puisse du moins être utile à la République, et que je cesse d’être confondu avec les ennemis de la révolution. » Sur sa demande, convertie en motion, la Convention nationale décrète l’envoi de sa pé-176 ARCHIVES PARLEMENTAIRES La Sambre et la Meuse ne véront plus leurs eaux souillées qu’une dernière fois, par le reste du sang des hordes esclaves. Achevez, courageux Montagnards, la destinée du monde. Vous touchez à son grand développement. Bientôt le territoire sacré de la République aura vomi tout ce qu’il a d’impur. Bientôt l’Aigle Romaine dans sa fuite rapide, sera abbatue; la nouvelle Carthage, non moins superbe et téméraire que l’ancienne, sera humiliée et détruite; les rois chercheront un asile que la terre et la mer leur refuseront. Rome moderne, mais Rome vertueuse étonnera l’univers par sa splendeur. Les peuples resaisis de leurs droits et reconnaissants envers leurs libérateurs, régneront pour leur bonheur. S. et F. » Arpin, Bernoville, Dumont, Dacheux, Delaporte, Prudhomme, Bigand, Sarazin, Fagard, Donet, Dufour, Morilliard, Bardeaux, Beranger, Dupla-quet , Philippeau [et 5 signatures illisibles] 35 Un membre annonce que le département de la Somme vient d’ouvrir une souscription pour la construction d’une frégate destinée à aller combattre les infâmes Anglais. La Convention nationale en décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin (l). [Amiens, 21 mess. II] {2). « Freres et amis, Bientôt les tyrans ne seront plus : leurs cohortes d’Esclaves ont essayés la force et le courage des hommes libres. Persuadés de leur entière défaite, ils fuient à l’approche des soldats de la liberté. Il est donc vrai, en politique comme en physique, que les Montagnes dominent, abritent et protègent les plus belles contrées du globe. Les vents, les orages, les tempêtes vont se briser contre leur majestueuse immobilité. C’est dans les augustes flancs du Sinaï français que bouillonne le patriotisme, que réside ce génie tout puissant, cet amour sacré de la liberté. Comme un nouveau Dieu des aquilons, il enchaine la fureur des tyrans de la terre et de la mer, force le monde moral à faire luire sur notre horizon, des jours plus fortunés et plus sereins, en réfléchissant jusqu’aux extrémités du Nord, la lumière et la chaleur dont il est le foyer. Citoyens amis, voilà l’ouvrage de nos Représentai, de nos freres d’armes. Ils ont brisés nos fers, sachons jouir de leur bienfait; empressons-nous de consolider leurs travaux ; nous allons respirer un air pur, le sol de la République Française ne sera plus infecté du souffle malfaisant des esclaves. Le sombre Anglais rentre sous les étendarts honteux de Pitt. L’Allemand inquiet et farouche, va raconter dans son repaire les défaites humiliantes de Cobourg. Tous vont, en reprenant leurs chaînes, gémir de nos triomphes, trop lâches pour essayer de partager notre bonheur. (l) P.V., XLI, 267. J. Sablier, n° 1439. (2) C 309, pl. 1201, p. 7. Imprimé par Caron-Berquier, imprimeur des autorités constituées du départ1. - CONVENTION NATIONALE Continuons, freres et amis, de mériter d’être libres. Vainqueurs dans les armées de terre, songeons à affermir la gloire des Français Républicains sur l’empire des mers. Les vils esclaves de Georges ont déjà apprécié notre valeur sur cet élément qu’ils regardoient comme leur héritage. Eh bien ! Freres et amis, montrons à ces âmes mercénaires ce que peuvent des Français rendus à la dignité d’hommes. Réunissons-nous, réunissons nos offrandes civiques pour les employer à la construction d’une frégatte qui porte la terreur et l’effroi chez l’infâme Anglais, et tous ceux qui oseroient insulter au Pavillon tricolore. Notre sol vous offre les bois et les ouvriers nécessaires à cette construction. Des marins, vos concitoyens, brûlent d’impatience de prendre le commandement et le soin de ce Bâtiment. Confié à vos frères, il sera invincible comme leurs cœurs. Leur antique et franche loyauté en est le présage. Hâtons donc l’exécution de cette forteresse ambulante et destructive : qu’elle aille bientôt annoncer aux 2 extrémités du globe, le bonheur des Français devenus libres, et leur inébranlable résolution d’ab-horer, de détruire les tyrans qui oseroient essayer de leur redonner des fers. Les Administrateurs du Département de la Somme ont arrêté que cette adresse sera imprimée et envoyée aux Districts qui en feront passer des exemplaires à toutes les Municipalités et sociétés populaires établies dans leur arrondissement. Le produit des offrandes patriotiques sera versé dans chaque Commune, entre les mains du Greffier de la Municipalité qui en tiendra registre. Les Agens nationaux des Communes enverront le montant de ces dons, avec la liste de ceux qui les auront fournis, au Secrétaire du District : celui-ci le fera passer à l’administration du Département. Elle fera imprimer la liste des noms des Communes ceux des citoyens et citoyennes qui auront fait des offrandes. Les Sociétés populaires sont invitées à seconder le zèle de leurs frères et à presser cette collecte patriotique par tous les moyens que le Républicanisme pourra leur dicter; elles penseront, sans doute, que des Commissaires pris dans leur sein pour la surveiller dans les diverses communes du District où elles sont établies, ne pourroit que produire les plus grands avantages. » BLOQUEL (présid.), CRÉPIN, PETIT, LOISEL, WALLET (Administrateurs), DEMAUX (secrét. gal). Délivré conforme au registre. 36 Joseph d’Hedouville, cultivateur à Brandon-villers, district de Vitry-sur-Marne, ci-devant général commandant les avant-postes de l’armée du Nord, se plaint de sa détention, fruit de la haine et de l’intrigue, oppose sa conduite aux faits qui lui sont imputés, et réclame justice. « Rendez -moi, dit-il, à mes exploitations; que mon repos puisse du moins être utile à la République, et que je cesse d’être confondu avec les ennemis de la révolution. » Sur sa demande, convertie en motion, la Convention nationale décrète l’envoi de sa pé- SÉANCE DU 27 MESSIDOR AN II (15 JUILLET 1794) - N" 37 177 tition au représentant du peuple sur les lieux, pour y statuer, s’il y a lieu (l). 37 Lemoine et Gossart, administrateurs du district de Valenciennes, se présentent à la barre. Victimes de la fureur des traîtres, ils ont éprouvé 11 mois de captivité, de douleurs et de souffrances. Le bombardement de leur ville ne put ébranler leur fidélité ; indignement livrés à l’ennemi, les tourmens, l’appareil des supplices, la mort elle-même, n’ont pas atténué leur fermeté; leurs soupirs étoient pour la prospérité de la république. Ils ne se plaignent pas des maux qu’ils ont soufferts; ils ne réclament ni secours ni indemnité ; ce sont des actions de grâces qu’ils viennent rendre aux pères de la patrie : c’est à eux qu’ils doivent la conservation de leurs jours; c’est le décret du 22 sept. dernier, qui met en arrestation les filles de Pourtalés, ex -maire de Valenciennes, qui les a arrachés d’une mort certaine; c’est cet acte de vigueur qui a fait trembler et pâlir les émigrés et les lâches royalistes qui les opprimoient. Ils ont brisé leurs fers pour se réfugier sur la terre sacrée de la liberté ; leurs premiers soins sont de faire éclater les sentimens de joie, de sensibilité, de reconnoissance, qu’ils transmettront à leurs enfans (2). L’ORATEUR : Représentants du peuple français, Vous voyez devant vous 2 administrateurs du district de Valenciennes, victimes de la tyrannie des ennemis de la France : mais surtout de la fureur des traîtres, des émigrés et des lâches royalistes de cette commune. Nous nous trouvons rendus à notre patrie et à la Liberté après 11 mois de captivité, de douleurs et de souffrances. Les horreurs d’un bombardement de 43 jours et 43 nuits le plus long et le plus cruel que l’on ait éprouvé n’ont jamais pû nous faire manqué de fidelité à nos devoirs et au serment que nous avons fait de deffendre la République et de mourir pour elle. Livrés ensuite aux satellites du tyran de l’autri-che par la trahison et la noirceur des contre révolutionnaires qui ont vendu et livré la place de Valenciennes, et qui par la ont deshonoré les courageux efforts et la résistance opiniâtre d’une portion des citoyens de cette Commune. On a employé en vain contre nous les persécutions les plus inouïes. Ni les tourmens, ni les menaces de la mort, ni l’appareil des supplices, ni la longueur de notre captivité, rien enfin n’a pû ebranler notre constance, notre fermeté et nous trouvions toujours un grand motif de consolation dans nos vœux et nos désirs ardens pour le Bonheur et la prospérité de la République. Nous lui avions consacré notre existance, nous aimions (l) P.V., XLI, 267. (2) P.V., XLI, 267. B'", 27 mess. toujours nos sermens et nous étions décidés à les sceller de notre sang. Citoyens Législateurs, nous sommes toujours dignes de la Patrie puisque nous avons prouvé que nous étions prest de mourir pour elle. Mais ce ne sont pas des plaintes sur nos maux que nous venons déposer dans votre sein, ni des secours que nous venons vous demander pour réparer une partie de nos pertes. Ce sont des actions de grâces que nous venons rendre aux Peres de la Patrie. Ce sont des expressions de notre joye et de nos sentimens que nous venons manifester dans ce temple auguste, dans cette enceinte sacrée de la Liberté. Représentans du Peuple, si nous existons encore c’est a vous, c’est à la Convention Nationale que nous le devons, et que nos femmes et nos enfans doivent aussi la conservation des jours de leurs maris et de leur peres. Vous avez daignez ordonner par un décret du 22 7bre dernier (vieux stile) que les filles de Pourtalés, ex maire de Valenciennes qui se trouvaient à St Quentin seroient mises en état d’arrestation et tenues pour otages de notre sûreté ; c’est ce décret salutaire et bienfaisant pour nous, qui nous a arraché aux horreurs d’une mort certaine. Cet acte de rigueur a fait trembler et pâlir les émigrés, les aristocrates et les lâches royalistes qui nous opprimoient; et du fond de notre cachot nous avons apperçu toute l’étendue du pouvoir de la Représentation Nationale et de la terreur qu’elle inspi-roit à ses ennemis. Législateurs, c’est surtout depuis l’époque de ce décret qu’il nous eut été doux de mourir et de répandre jusqu’à la derniere goûte de notre sang pour notre Patrie. Nous ne pourrons jamais vous retracer les sentimens de joye, de sensibilité et de Reconnoissance que votre Bienveillance a fait naître dans nos cœurs. Ces sentimens ne s’affaceront jamais et nous les transmettrons à nos enfans qui comme nous bénirons toujours nos souffrances puisqu’elles nous ont attiré les regards des Peres de la Patrie. Les grands succès des armées de la République n’ont point été ignorés à Valenciennes, dans cette commune theatre de tant de maux et de trahison, ils ont porté la terreur dans l’ame corrompue des ennemis de la Patrie, et tandis qu’ils cherchoient les moyens de se préparer par la fuite au supplice inévitable qui les attend tous, nous avons trouvé l’occasion de briser nos fers et de venir nous réfugier sur la terre sacrée de la Liberté. Encore quelques jours le lieu de nos souffrances sera purifié par les soldats de la Liberté et la République sera vengée. Nos premiers pas sont dirigés vers vous, Citoyens Législateurs. En agréant nos hommages et notre reconnoissance, daignés aussi recevoir le serment que nous réitérons entre vos mains de demeurer constamment attachés à la République une et indivisible et de vivre libres ou mourir (l). [Vifs applaudissements] Les deux administrateurs présents à la barre, sont admis aux honneurs de la séance (2). [Cochon (sic pour Colombel ?) et Briez, représentans du peuple à Valenciennes lors du siège, rendent (il C 309, pl. 1201, p. 8, signé Le Moine, Gossart. (2) Mon., XXI, 225. 12 SÉANCE DU 27 MESSIDOR AN II (15 JUILLET 1794) - N" 37 177 tition au représentant du peuple sur les lieux, pour y statuer, s’il y a lieu (l). 37 Lemoine et Gossart, administrateurs du district de Valenciennes, se présentent à la barre. Victimes de la fureur des traîtres, ils ont éprouvé 11 mois de captivité, de douleurs et de souffrances. Le bombardement de leur ville ne put ébranler leur fidélité ; indignement livrés à l’ennemi, les tourmens, l’appareil des supplices, la mort elle-même, n’ont pas atténué leur fermeté; leurs soupirs étoient pour la prospérité de la république. Ils ne se plaignent pas des maux qu’ils ont soufferts; ils ne réclament ni secours ni indemnité ; ce sont des actions de grâces qu’ils viennent rendre aux pères de la patrie : c’est à eux qu’ils doivent la conservation de leurs jours; c’est le décret du 22 sept. dernier, qui met en arrestation les filles de Pourtalés, ex -maire de Valenciennes, qui les a arrachés d’une mort certaine; c’est cet acte de vigueur qui a fait trembler et pâlir les émigrés et les lâches royalistes qui les opprimoient. Ils ont brisé leurs fers pour se réfugier sur la terre sacrée de la liberté ; leurs premiers soins sont de faire éclater les sentimens de joie, de sensibilité, de reconnoissance, qu’ils transmettront à leurs enfans (2). L’ORATEUR : Représentants du peuple français, Vous voyez devant vous 2 administrateurs du district de Valenciennes, victimes de la tyrannie des ennemis de la France : mais surtout de la fureur des traîtres, des émigrés et des lâches royalistes de cette commune. Nous nous trouvons rendus à notre patrie et à la Liberté après 11 mois de captivité, de douleurs et de souffrances. Les horreurs d’un bombardement de 43 jours et 43 nuits le plus long et le plus cruel que l’on ait éprouvé n’ont jamais pû nous faire manqué de fidelité à nos devoirs et au serment que nous avons fait de deffendre la République et de mourir pour elle. Livrés ensuite aux satellites du tyran de l’autri-che par la trahison et la noirceur des contre révolutionnaires qui ont vendu et livré la place de Valenciennes, et qui par la ont deshonoré les courageux efforts et la résistance opiniâtre d’une portion des citoyens de cette Commune. On a employé en vain contre nous les persécutions les plus inouïes. Ni les tourmens, ni les menaces de la mort, ni l’appareil des supplices, ni la longueur de notre captivité, rien enfin n’a pû ebranler notre constance, notre fermeté et nous trouvions toujours un grand motif de consolation dans nos vœux et nos désirs ardens pour le Bonheur et la prospérité de la République. Nous lui avions consacré notre existance, nous aimions (l) P.V., XLI, 267. (2) P.V., XLI, 267. B'", 27 mess. toujours nos sermens et nous étions décidés à les sceller de notre sang. Citoyens Législateurs, nous sommes toujours dignes de la Patrie puisque nous avons prouvé que nous étions prest de mourir pour elle. Mais ce ne sont pas des plaintes sur nos maux que nous venons déposer dans votre sein, ni des secours que nous venons vous demander pour réparer une partie de nos pertes. Ce sont des actions de grâces que nous venons rendre aux Peres de la Patrie. Ce sont des expressions de notre joye et de nos sentimens que nous venons manifester dans ce temple auguste, dans cette enceinte sacrée de la Liberté. Représentans du Peuple, si nous existons encore c’est a vous, c’est à la Convention Nationale que nous le devons, et que nos femmes et nos enfans doivent aussi la conservation des jours de leurs maris et de leur peres. Vous avez daignez ordonner par un décret du 22 7bre dernier (vieux stile) que les filles de Pourtalés, ex maire de Valenciennes qui se trouvaient à St Quentin seroient mises en état d’arrestation et tenues pour otages de notre sûreté ; c’est ce décret salutaire et bienfaisant pour nous, qui nous a arraché aux horreurs d’une mort certaine. Cet acte de rigueur a fait trembler et pâlir les émigrés, les aristocrates et les lâches royalistes qui nous opprimoient; et du fond de notre cachot nous avons apperçu toute l’étendue du pouvoir de la Représentation Nationale et de la terreur qu’elle inspi-roit à ses ennemis. Législateurs, c’est surtout depuis l’époque de ce décret qu’il nous eut été doux de mourir et de répandre jusqu’à la derniere goûte de notre sang pour notre Patrie. Nous ne pourrons jamais vous retracer les sentimens de joye, de sensibilité et de Reconnoissance que votre Bienveillance a fait naître dans nos cœurs. Ces sentimens ne s’affaceront jamais et nous les transmettrons à nos enfans qui comme nous bénirons toujours nos souffrances puisqu’elles nous ont attiré les regards des Peres de la Patrie. Les grands succès des armées de la République n’ont point été ignorés à Valenciennes, dans cette commune theatre de tant de maux et de trahison, ils ont porté la terreur dans l’ame corrompue des ennemis de la Patrie, et tandis qu’ils cherchoient les moyens de se préparer par la fuite au supplice inévitable qui les attend tous, nous avons trouvé l’occasion de briser nos fers et de venir nous réfugier sur la terre sacrée de la Liberté. Encore quelques jours le lieu de nos souffrances sera purifié par les soldats de la Liberté et la République sera vengée. Nos premiers pas sont dirigés vers vous, Citoyens Législateurs. En agréant nos hommages et notre reconnoissance, daignés aussi recevoir le serment que nous réitérons entre vos mains de demeurer constamment attachés à la République une et indivisible et de vivre libres ou mourir (l). [Vifs applaudissements] Les deux administrateurs présents à la barre, sont admis aux honneurs de la séance (2). [Cochon (sic pour Colombel ?) et Briez, représentans du peuple à Valenciennes lors du siège, rendent (il C 309, pl. 1201, p. 8, signé Le Moine, Gossart. (2) Mon., XXI, 225. 12