SÉANCE DU 17 THERMIDOR AN II (4 AOÛT 1794) - N0i 33-34 141 Les patricides Roberspierre sont morts, eux et leurs infâmes complices; la liberté était acquise, la liberté est assurée. Poursuivés, véritables amis du peuple, la glorieuse carrière où vous êtes lancés; mérités les couronnes immortelles qui vous sont destinées. Qu’ils sont heureux nos frères de Paris ! Que n’avons-nous partagé leurs allarmes et leurs dangers ! Leur sang et le nôtre est à vous, c’est le vôtre et celui de la même famille : puisque c’est pour vous et avec vous que nous voulons vivre libres ou mourir. Vive la liberté, vive la République ! Taconnf/t ( présid .), Darrere {secret.), Deiroc-quis {secret.). 33 Les yeux perçans du linx de la liberté, écrivent les administrateurs du département de l’Orne, ont sçu pénétrer les ombres épaisses à la faveur desquelles Robespierre, ce nouveau Catilina, tramoit la ruine de la République; le perfide est tombé lui-même dans le précipice qu’il creusoit sous les pas des hommes libres, grâces à la Convention nationale, grâces à la fidélité constante des citoyens de Paris à la Convention nationale. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Alençon, 13 therm. II] (2) Représentans L’hypocrisie vient donc encore une fois de laisser tomber le masque de la vertu, qu’elle ne cesse d’emprunter. Ce prétendu vertueux Robespierre, ou plutôt ce Robespierre si profondément méchant, si profondément traître , n’a pu échaper à votre vigilance active; les yeux perçans du lynx de la liberté ont su pénétrer les ombres épaisses à la faveur desquelles ce nouveau Catilina tramait la ruine de la République : le perfide est tombé lui-même dans le précipice qu’il creusait sous les pas des hommes libres, après avoir abusé si longtems de leur confiance. Heureusement le criminel a été puni aussitôt que ses affreux projets ont été connus : puisse-t’il être le dernier des monstres que vous ayez à terrasser ! Au sentiment subit d’horreur que la nouvelle d’un pareil forfait nous a inspiré, a bientôt succédé celui d’une juste admiration, en apprenant l’énergie sublime avec laquelle la Convention a su arrêter, dans son principe, l’embrasement que ce nouveau genre de conspiration aurait pu propager. Nous vous rendons grâces, représentans, de vos soins généreux; et vous qui proclamés chaque jour que les armées triomphantes, les soldats de la République qui se sont distingués dans les combats ont bien mérité de la patrie, (1) P.-V., XLIII, 20. Mentionné par Bln, 26 therm. (2‘‘ suppf). (2) C 312, pi. 1242, p. 14. certes, nous pouvons proclamer aussi avec la République entière que la Convention elle-même n’a cessé de bien mériter de la patrie. Nous félicitons nos frères de Paris, non de leur courage ordinaire, mais des témoignages nouveaux qu’ils viennent de donner de leur fidélité constante à la Convention. Nous félicitons les canonniers d’avoir tourné contre les traîtres les foudres que ces scélérats voulaient leur faire employer à assassiner la liberté avec la Convention. Législateurs ! L’administration du département de l’Orne ne changera jamais de principe : c’est celui de vivre libre ou mourir, c’est celui de ne reconnaître d’autre gouvernement que la République française, une et indivisible; c’est celui enfin d’être inviolablement attaché à la représentation nationale. Périssent, comme Robespierre et ses infâmes complices, tous les traîtres qui voudraient les imiter. Cimaroli, Legendre, Duprez, Baudouin, Leclerc, Renault [et 1 signature illisible]. 34 La commune de Mer(l) informe la Convention nationale, qu’à peine ses habi-tans ont été instruits des noirs complots ourdis contre la liberté, que tous se sont réunis pour exprimer leur indignation contre les représentans perfides, et les infâmes magistrats de Paris, qui ont levé l’étendard de la révolte et de la guerre civile, et pour jurer de rester inviolablement attachés à la Convention nationale. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [La sté popul. et les autorités constituées réunies à la comm. de Mer, à la Conu.; Mer, 12 therm. II] (3) Citoyens représentans, à peine instruits des noirs complots ourdis contre la liberté, à peine instruits des dangers qui vous ont menacés, nous apprenons que la liberté est encore une fois sauvée et que les monstres qui avaient formé l’orage sont ensevelis sous ses débris. Nous venons d’exprimer par un cri d’indignation toute l’horreur que nous inspirent les scélérats qui s’érigeaient en dominateurs de l’opinion publique, pour mieux aiguiser les poignards du despotisme; et contre les infâmes magistrats du peuple de Paris qui ont levé l’étendard de la révolte et de la guerre civile; et nous nous sommes tous levés en masse pour jurer de vous rester inviolablement unis. Citoyens représentants, étrangers à toutes les factions qui ont déchiré le sein de la République, à tous les crimes soudoyés par l’Angleterre, à toutes les passions violentes dont (1) Loir-et-Cher. (2) P.-V., XLIII, 20. Bm, 17 therm. (3) C 315, pl. 1260, p. 5; Bm, 20 therm. 142 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE le choc a troublé la tranquilité publique et entravé la marche du gouvernement, nous ne désirons, nous ne voulons que la destruction des tyrans, des factieux, des ambitieux et des traîtres; que la liberté, l’égalité et l’indivisibilité de la République; nous ne reconnaissons d’autre pouvoir légitime, d’autre point de ralliement que la Convention nationale, dont la masse est pure, comme le peuple souverain qu’elle représente. Non, la liberté ne périra jamais : le génie de la France veille sans cesse sur ses glorieuses destinées; et ce génie bienfaisant siège au milieu de vous sur la Montagne. Vive la République ! Vive la Convention Nationale ! Sëclure De Larelle ( présid . de la sté et maire), Galisset ( vice-présid . du distr.), Jeuffrent Roger ( présid . du c. révol), Bodin ( agent nat), Rosnay Fromel {juge près le tribunal) [et un nom illisible (celui du juge de paix)]. 35 La société populaire de Saarbourg (1) voue à la mort le Cromwel nouveau qui vient de paroître et ses complices; promet de se rallier toujours autour de la Convention nationale. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Saarbourg, 13 therm. II] (3) Citoyens représentans, Un Cromvel nouveau siégeait parmi vous ! Robespierre, sous le masque d’une popularité hipocrite, avait osé prétendre à l’absolu pouvoir ! Sans doute il n’est déjà plus, cet audacieux ennemi de la liberté ! Sans doute sa tête a expié ses forfaits et ses complices partageront bientôt le tombeau des conspirateurs nombreux que la révolution a mis au néant. Représentans du peuple, nous nous sommes toujours ralliés autour de vous; nous nous rallierons toujours autour de vous. Vous avés encore une fois sauvé la patrie. La patrie sera encore reconnaissante. Votre courage est digne d’elle... La liberté de votre pays vous occuperait exclusivement au milieu des ruines du monde. Nous frémissons d’horreur quand nous songeons aux dangers qui nous ont menacé. Quoi ! nous, des républicains allaient se réveiller esclaves courbés sous le joug odieux d’un dictateur ! Le peuple français !... Mais vous veilliés pour lui, et le peuple français est encore libre; il le sera toujours... Scélérats, qui prononçâtes tant de fois le mot de vertu, lorsque le crime était dans vos cœurs; le mot de peuple, lorsque vous le trahissiés; qui n’anvoyiés des conspirateurs à la mort que pour conspirer plus (1) Et non Strasbourg. Département de la Meurthe. (2) P.V., XLIII, 21. B m, 27 therm. (1er suppl1). Mentionné par J. Fr., n° 679; J. Sablier, n° 1479. (3) C 315, pl. 1260, p. 4. à votre aise, quel aveuglement était le vôtre! Comment pouviés-vous espérer d’asservir la République ! Servés d’exemple à ceux qui tenteraient de vous imiter ! Et puissiés-vous encore apprendre, avant votre supplice, qu’il n’est pas un Français qui n’enviera la gloire de vous avoir frappés et d’avoir délivré la terre de votre odieuse existence. Vertueux Parisiens, encore une fois les hommes libres vous doivent leur salut. Notre estime pour vous est égale à votre sagesse et à votre énergie. De nouveaux catilina vous avaient trompé; ils ne vous connaissaient pas; vous serés toujours pour le peuple, et jamais pour les conspirateurs. Et vous, dignes représentans, continués vos travaux; écrasés tous les traîtres; soyés toujours comme la nature; tous les orages, qui s’élèvent près de vous, doivent être pour purifier l’hori-son et faire luire sur la terre de la liberté les beaux jours qu’elle promet. A. Jordy (présid), Rigoine ( secrét .), Lagarde ( secrét .), Mackel (secrét), [et 98 autres signatures]. 36 Les administrateurs et les membres composant le tribunal du district de Saarbourg (1), témoignent leur surprise de ce que d’audacieux conspirateurs aient osé paroître, tandis que de toutes parts nos armées sont victorieuses; ils annoncent qu’eux et leurs concitoyens se sont réunis pour jurer une haine implacable à la tyrannie, et un attachement inviolable à la Convention nationale. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Les administrateurs et l’agent nat. du distr. de Saarbourg à la Conv.; Saarbourg, 13 therm. m (3). Citoyens représentans, Tandis que les soldats de la République la consolident chaque jour par de nouveaux succès, et que partout les armées des rois reculent épouvantées, que venons-nous d’entendre ? La tirannie a encore osé paraître ! un nouveau trône était au milieu de vous ! Les amis de la liberté, gémissant, se demandaient : où est donc la Montagne ?... La Montagne veillait sur la patrie; elle a écarté les dangers qui la menaçaient; elle a écrasé, elle écrasera toujours ses ennemis. O patrie ! Toi, qui es si chère au cœur des Français, toi, pour qui tes enfans font si volontiers tous les sacrifices, tu allais devenir la proie d’un nouveau despote ! Le peuple allait se (1) Meurthe. (2) P. V., XLIII, 21. Bi", 26 therm. (2e suppl1) et 27 therm. (1er suppl1). Mentionné par J. Fr., n° 679. (3) C 312, pl. 1242, p. 10 et 1.