SÉANCE DU 20 BRUMAIRE AN III (10 NOVEMBRE 1794) - N“ 23 83 PÉRÈS : Un particulier ayant dit qu’on avilissent mal à propos le gouvernement, on lui répondit que les patriotes étaient incarcérés, que les aristocrates étaient élargis, et l’on insista sur le renouvellement des comités [parce qu’ils n’avaient point la confiance du peuple] (130). On dit : « Nous serons appuyés fortement, car toutes les tribunes de demain seront pour la motion. » (. Mêmes murmures.) DU ROY : Je n’ai été dans aucun groupe. [Au reste il ne s’étonne point de cette ressemblance de ses opinions avec celles des citoyens, qu’il trouve très patriotiques.] (131) PÉRÈS : J’ai entendu un autre citoyen, qui paraissait très échauffé, dire : « Mais quand vous auriez les tribunes, vous n’auriez pas la majorité de la Convention. » On lui répondit : « Tais-toi, aristocrate ; tu es un modéré. » Il fut chassé et battu. {Murmures.) Tous ces faits se sont passés en présence de beaucoup de personnes, et elles en déposeront au comité de Sûreté générale. Du Roy a cherché à calomnier ce comité; il a traité Reubell de fripon et de voleur. DU ROY : Ce sera une explication à avoir. GOUPILLEAU (de Fontenay) : Je demande la parole pour une motion d’ordre. {Murmures.) *** : Comment voulez-vous qu’on nous respecte si nos collègues eux-mêmes nous traitent de contre-révolutionnaires ? Duquesnoy vient de dire : « Il faut se défaire de ces coquins, parce que ce sont des contre-révolutionnaires. » {Un mouvement d’indignation s’élève dans une partie de l’Assemblée. - Duquesnoy parle dans le tumulte.) PÉRÈS : Tous ces faits se rapportent à ceux qui vous ont été cités par Duquesnoy. On excite les citoyens les uns contre les autres, en les empêchant d’avoir confiance dans la Convention. {Murmures dans une partie de l’Assemblée, applaudissements dans l’autre.) Une voix : Ce n’est pas ici qu’il faut dire ce qui se passe dans les groupes. PÉRÈS : Je vous le répète, on ne s’occupe que d’avilir les comités de gouvernement, parce qu’on les craint. Je demande la lecture des lettres de Suisse. [Cette proposition est appuyée par Clau-zel]. (132) GOUPILLEAU (de Fontenay) : La discussion qui s’est élevée tient trop essentiellement à la chose publique pour que la Convention puisse prendre légèrement une détermination. On a présenté des faits qui ont été combattus; on parle de pièces qui ont été lues dans les quatre comités, de renseignements particuliers, de rapport ; je pense que plus les moments sont orageux, plus la Convention doit être calme. Nous (130) Débats, n° 780, 738. (131) Débats, n° 780, 738. (132) Débats, n° 780, 738. avons traversé les orages de la révolution, nous franchirons encore ce pas. {Applaudissements.) Je demande que la Convention invite tous les citoyens à l’ordre et à la tranquillité; que les quatre comités soient tenus de faire un rapport circonstancié, de lire les pièces, et que la Convention, ne voyant que la chose publique, sévisse de la manière la plus sévère contre tous ceux qui cherchent à porter atteinte à la liberté. {Applaudissements. ) Je demanderai que, dans cette discussion, les représentants du peuple s’élèvent à la hauteur où ils doivent rester ; qu’ils ne considèrent les individus que pour les atteindre, s’ils sont coupables. Je demande le renvoi du tout aux quatre comités, et que la séance soit levée. La proposition de Goupilleau est adoptée. On demande que les comités fassent un rapport. Le tout est renvoyé aux comités (133). 23 État des dons patriotiques faits à la Convention nationale, depuis et compris le 11 brumaire, Van troisième de la République une et indivisible, jusques et compris le 20 du même mois (134). Du 11 brumaire. La société populaire de Laclayette, district de Marcigny, département de Saône-et-Loire, a envoyé, pour la construction d’un vaisseau, la somme de 1 356 L en assignats. La société populaire de Bel-Air-les-Foires, ci-devant Saint-Christophe, district de Marcigny, a envoyé, pour la construction du vaisseau Le Vengeur, la somme de 187 L en assignats. Du 12. Rien. Du 13. La société populaire de Noyon a fait déposer, par le citoyen Coupé, député de l’Oise, la somme de 549 L 12 s. en numéraire, plus deux pièces d’argent de la Belgique, données pour 3 L 6 s., et une pièce de Lesage, donnée pour 12 s, plus en assignats, 849 L 10 s. En tout, 1399 L 2 s. Le comité révolutionnaire de La Roche-foucault, département de la Charente, a envoyé, pour les frais de la guerre, la somme (133) P.-V., XLK, 109. C.Eg., n° 814. (134) P.-V., XLK, 109-112.