570 [Convention nationale]. ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [ t" frimaire an XI J l 21 novembre 1 du despotisme, par la pénible convalescence qui m’a forcé à rester à Sarrebruck, n’ayant pu, à cause de mon extrême faiblesse suivre mes collègues Soubrany et Richaud, qui se sont rendus, il y a 8 jours, au quartier général à Sarreguemines, je m’empresse d’ annoncer à la Convention nationale le succès des armes de la République dans cette partie de l’armée. « Hier, à six heures du matin, le petit camp de Sarrebruck, réduit à bien peu de monde à cause des forces qui en ont été tirées pour les porter sur différents points, devait attaquer les enne¬ mis dans leurs repaires (les colonnes de Sarre¬ guemines et de Sarrelibre devant agir en même temps), mais ces brigands n’ont pas eu le courage d’attendre les soldats de la liberté qui se réjouissaient de les faire entrer en danse pour une carmagnole, car à deux heures du matin ils ont abandonné les superbes positions qu’ils occupaient sur la rive droite de la Sarre, et ont battu en retraite. La troupe républicaine, co-mandée par le général Vincent , s’est mise à leurs trousses, et, par une marche forcée, est parve¬ nue à les joindre, sur les 10 heures, à une lieue de Saint-Imbert. « L’ennemi s’était déjà, retranché dans une position fort avantageuse, mais cela n’a pas empêché, que notre colonne, quoique bien infé¬ rieure en nombre, ne l’ait attaqué avec la plus grande valeur. Il a disputé le terrain avec beaucoup d’opiniâtreté, mais il n’a pu résister au zèle et à la bravoure d’hommes animés du désir d’-exter miner tons les tyrans et leurs satellites ;, il a été forcé de céder cette position et dé continuer sa retraite sur Saint-Imbert. La nuit les a empêchés de le pousser plus avant à cause des mauvais chemins et de la nouvelle position qu’il venait de prendre. a Nos troupes ont bivouaqué à une très petite distance de ce troupeau d’esclaves, espérant pouvoir, ce matin, l’engager à un combat, mais ils ont profité de la faveur de l’obscurité et de la grande quantité de feux qu’ils avaient allumés pour quitter leur position et opérer leur retraite qu’ils paraissent diriger sur Hambourg. « Ce matin* à 6 heures, nos troupes sont en¬ trées à Saint-Imbert, et poursuivent leur marche sur Limbach, où l’ennemi n’aura sûre¬ ment pas envie de s’arrêter. Les habitants de Saint-Imbert ont assuré avoir vu passer beau coup de voitures chargées de leurs classés. Jus¬ qu’à présent nous Savons eu que 3 hommes (L tués, et 1 5 de blessés; « La: colonne de Sarrelibre a aussi repoussé l’ennemi de ce côté ; elle a passé la Brême, et se dirige sur Toley. « Je ir ai pas encore eu de nouvelles officielle� de mes collègue • qui, sans doute, ne manqueront pas, ainsi que le général Hoche, d’apprendre à la Convention le succès qu’ont eu les colonne >> parties de Sarreguemines pour marcher sur Blieseastel qai, à’aprè' tons les rapports, est maintenant en notre pouvoir,, puisque dès hier soir l’ennemi a été forcé d’en évacuer les hau¬ teurs. Bulletin de la Convention du Ier jour de la lre décade dü 3e mois de l’an II (jeudi 21 novembre 1793); Moniteur universel [n° 63 du 3 frimaire an II (sa¬ medi 23 novembre 1793), p. 255, col. 1]; Journal des Débats et des Décrets { frimaire an. II, ns 42$, p.il). Auêard t Recueillies actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 548. « Nous avons lieu d’espérer que sous peu nous serons en mesure pour faire repentir les hordes d’esclaves de leur entreprise téméraire sur le sol de la liberté. « Je rappelle à la Convention nationale la let..re que je lui ai écrite le 18 du courant; j’en joins ici copie (I) et l’invite à prononcer promp¬ tement sur une demande qui intéresse essen> tiellement la chose publique. « Ehrmann. « P. -S. Le chef de brigade Lombari. com¬ mande ici en l’absence du général Vincent ; ce brave républicain, que l’armée de la Moselle a surnommé le Père Dnchesne, a été, avant-hier. conduire des tirailleurs à la barbe de l’ennemi pour l’inquiéter dans son camp; quelques-uns de ces tirailleurs n’étant pas encore au fait de cette manière de guerroyer, s’étaient réunis au moment où un détachement ennemi se dis¬ posait à faire un. feu de file sut* eux. Il se hâta; de s’approcher de ces tirailleurs en leur criant et en leur faisant signe du bras de s’éparpiller; dans eet instant il îeçut une balle qui lui a traversé la main; cependant, quoique très blessé, le courage ne l’a point abandonné et il n’a pas discontinué son service. « Ehrmanx. >> Le conseil général du district de Verdun invite la Convention à rester à son poste et la félicite des mesures sages et vigoureuses qu’elle a prises contre les mandataires infidèles "qui étaient dans son sein. Il annonce que lés citoyens de la pre¬ mière réquisition de ce district ont formé deux bataillons qui attendent avec impatience l’ordre de voler aux frontières. Mention honorable et insertion an « Bulle¬ tin » (2). Suit ta iettr ; dm conseil général dm district de Verdun (3). Le procureur syndic du district de Verdun , département de la Meuse, à la Convention nationale. « Verdun, le 22e brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Représentants d’un peuple fibre, « Enfin la liberté triomphe et la patrie sera sauvée, la louve autrichienne, cette femme altière et sanguinaire n’existe plus, déjà plusieurs conspirateurs ont payé de leur tête le prix dé leurs forfaits et de leurs crimes, partout les traîtres sont démasqués, partout le vengeance nationale les poursuit, la Vendée n’existe plus, Lyon, cette ville rebelle, est soumise, bientôt Toulon s’éclipsera, partout les républicains sont victorieux, partout les vils esclaves dés despotes couronnés sont terrassés ; déjà tous les citoyens de ce; district non mariés,, depuis l’âge de Ï8 ans jusqu’à 40 ont forme 2 bataillions, et attendent avec la plus vive impatience l’ordre ( 1 ) Cettecopie n’était pas jointe ; mais nous avons: inséré la lettre d’Efirmaian à, la séance du 22< brur maire. (Voy. ci-dessus, ,p. 96.) (2) Procès-verbaux, de la Convention, t. 26y p. 6. (3) Archives nationales, carton G 284, dossier 819. (.Convention nationale J ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ! Vf frimai?e a" ” 571 i 21 novembre 1793. de voler aux frontières pour se réunir à leurs braves frères d’armes qui combattent la cause (si >) de notre liberté. « Le conseil général de ce district et ses administrés ne reconnaissent d’autres lois que celles émanées de ta sagesse, ils ne cessent d’applaudir aux mesures sages et rigoureuses que tu as prises contre les mandataires infi¬ dèles que tu avais dans ton sein; ils t’invitent à rester à ton poste jusqu’à la parfaite consoli¬ dation de la République et à continuer de mar¬ cher d’un pas aussi ferme dans la carrière que tu as si glorieusement remplie jusqu’à présent. « Cirard. » Le président de la Société populaire de Cany écrit, du 28 brumaire, que la veille, dans la séance de là Société, les citoyens se sont empressés d’of¬ frir des chemises neuves, du vieux linge pour faire de la Charpie, un sabre, des épaulettes» des boucles d’oreilles, boucles à souliers, jetons d’ar¬ gent à effigie royale. Cette Société invite la Con¬ vention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du président de la Société popu¬ laire de Gany (2). Le président de la Société populaire de la com¬ mune de Cany, à la Convention nationale. « Gany* chef-lieu de district, département de la Seine-Inférieure, ce 28 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Hier a été pour moi le jour où j’ai éprouvé la plus douce satisfaction de ma vie. Comme président de la Société populaire, je pouvais à peine suffire à recevoir les dons que venaient offrir à la patrie mes concitoyens, dont l’énergie républicaine se montrait dans tout son jour. Dans cette seule séance, ont été apportés sur le bureau : chemises neuves pour nos défenseurs, vieux. linge pour faire de la charpie pour panser nos blessés, sabre pour fendre la tête au nommé le roi de Prusse, épaulettes, boucles à souliers, jarretières et crochets d’ argent pour faire des écus à la République, boucles d’oreilles d’or à convertir en achat d’un sabre pour couper les oreilles à Cobourg, pièces de mariage et louis d’or, à convertir en achat d’un sabre pour couper les oreilles de Pitt, pièces d’argent, assignats portant l’effigie de Capet et du tyran d’Es¬ pagne pour les purifier au creuset des em¬ preintes qu’elles portent. « Je remettrai au comité de surveillance les chemises neuves et la charpie que vont faire nos enfants avec le vieux linge, et je vais cher¬ cher une occasion pour te; faire parvenir lés espèces et matières d’or et d’argent. « Respect à la représentation nationale, salut et fraternité à ses membres. « Jean -Baptiste Leblé. » fl) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 7. (2) Archives nationales , carton G 283, dossier 802. Les membres composant la Société populaire et républicaine de Gany, chef -lieu de district, département de Seine-Inférieure, à la Con¬ vention nationale { 1 }. « Les sans-culottes de la commune de Cany, délivrés par 3 de tes membres, Lacroix, Louchet et Legendre, commissaires dans le départe¬ ment de Seine-Inférieure, du chef d’une muni¬ cipalité et d’autres fonctionnaires publies qui comprimaient leur énergie républicaine, ont profité aussitôt de ce bienfait pour se réunir et former entre eux une Société populaire dans laquelle ils montreront par leur exemple, com¬ bien l’amour sacré de la patrie, de la liberté et l’égalité sont dignes de tout être pensant. Ils ont dans leur première séance, arrêté d’une voix unanime de te féliciter sur tes sublimes tra¬ vaux auxquels ils adhèrent entièrement. Ils ne t’invitent pas de rester à ton poste, persuadés qu’ils sont que tu connais trop l’obligation de tes devoirs qui est de ne l’abandonner que lorsque les malveillants de tous les genres seront anéantis; que tu n’aies forcé, à l’aide de nos braves défenseurs, les tyrans, nommés rois, à convenir que toute leur horde ne vaut pas un vrai et brave sans-culotte et que toutes leurs fantaisies, qu’ils appellent couronnes, n’ont pas la dignité du bonnet rouge. « Respect à la représentation nationale. « Salut et fraternité à tous ses membres. » (Suivent 25 signatures.) Le citoyen Grillât (Gillat), de Belle-He-en-Mer, fait hommage à la Convention d’un hymne que lui a inspiré son amour pour la liberté. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre du citoyen GiUat (3). Au citoyen Président de la Convention nationale. « Belle-Isle-en-Mer, quartidi, de la 2® décade de brumaire, l’an II de la République une et indivisible. « Citoyen Président, « Dépourvu de fortune, je ne puis offrir à la patrie que les fruits de mes faibles lumières. Mon amour pour la liberté m’a inspiré un hymne dont je m’empresse de faire hommage à là Convention nationale. J’ai tâché, mais en vain, de le rendre digne du sujet que je voulais traiter; mais j’ai compté que le sénat français ferait grâce à la production en faveur de la bonne volonté de l’auteur. « Cillât. « HYMNE COMPOSÉ PAR LE CITOYEN CILLAT. L’Hymne des Montagnards. Rendons hommage, en vrais Français, Aux héros de notre patrie, Qui de l’infâme tyrannie Déconcertent tous les projets.. (bis) (I) Archives nationales, carton G 283, dossier 802. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 7; (3) Archives nationales, carton C 285, dossier 827,