262 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 123 juillet 1789.] aussi, en s’applaudissant du choix qu’elle a fait, ne doit-elle que des remerciments à ses illustres et courageux représentants. La ville de Chartres nous a chargés de cette honorable commission. Organes de la sensibilité de nos concitoyens de tous les ordres, permettez-nous, Nosseigneurs, de déposer à vos pieds le tribut de reconnaissance qui vous est si légitimement dû par tous les bons Français. Permettez-nous de joindre les élans de nos cœurs à ceux des habitants de cette ville, qui peuvent, à tous les moments, vous donner des marques non équivoques de la joie qu’ils ressentent de voir le meilleur et le plus chéri des Rois, réuni avec les représentants de la nation qui l’adore. Permettez-nous enfin de donner une adhésion pleine et entière aux arrêtés fermes et courageux qui opèrent le salut de la patrie, et jettent les fondements de la liberté future. Après nous être félicités avec vous de l'heureux présage que nous offre l’acte de bienfaisance et de justice que vient de faire notre monarque sensible , en rappelant auprès de sa personne sacrée les vertueux ministres, dont les lumières et les conseils ne peuvent que lui être très-utiles pour travailler conjointement avec vous, Nosseigneurs, au grand œuvre que votre ardeur infatigable se propose de perfectionner ; nous partirons pénétrés de la plus respectueuse admiration; nous ferons passer aisément dans les cœurs de nos concitoyens, les sentiments que votre présence nous a inspirés; bientôt nous aurons la douce satisfaction de les voir partager avec nous les flatteuses espérances que notre séjour ici nous a fait concevoir, et joindre les vœux les plus sincères à ceux que nous formons pour le bonheur et la conservation de tous les membres qui composent cette auguste Assemblée. Est entrée ensuite une députation de la ville de Saumur , qui a dit; Nosseigneurs, la ville de Saumur assemblée à la nouvelle qui s’est répandue dans le royaume, du calme rendu à la capitale par les soins de l’auguste Assemblée nationale, et la démarche attendrissante du meilleur des Rois, n’a retenti que de cris d’allégresse, de reconnaissance et d’ivresse, auxquels se sont mêlées l’acclamation et l’expression les plus vives et les plus énergiques d’une foule d’habitants du pays saumurois, qui y sont accourus. Une première délibération a manifeslé le 16 de ce mois, à Nosseigneurs, ces sentiments de vénération et de confiance dont les citoyens sont pénétrés; les derniers bienfaits que la nation en reçoit, redoublent en eux le désir d’en faire éclater leur transport; et comme l’hommage du cœur est le seul tribut digne de la vertu et du patriotisme, la ville de Saumur, organe du pays saumurois, vous offre le sien, Nosseigneurs, par ses députés, avec sa respectueuse et véritable adhésion à vos arrêtés. Lecture est faite d’un arrêté de la ville de Saumur. M. le Président répond à ces deux députations en ces termes : Vous êtes instruits , Messieurs , des sentiments paternels avec lesquels le Roi a cédé au vœu de l’Assemblée nationale; vous ne. pouvez douter du zèle des représentants de la nation ; ils ont droit d’exiger que les provinces aient une entière confiauee dans l’heureux accord qui règne entre le Roi et l’Assemblée nationale, et que le plus grand calme en soit la preuve: c’est le vœu de tous les bons citoyens. M. de Paule Lefèvre d’Orinesson, premier président du parlement, de Raris, ayant demandé d’être admis, est entré. Il a dit qu’il était chargé de présenter à l’Assemblée nationale l’hommage du respect et de la reconnaissance de sa compagnie, et de déposer sur le bureau l’arrêté de la Cour du 20 de ce mois. Lecture est faite de cet arrêté, qui est ainsi conçu : Du 20 juillet 1789. — « La Cour, toutes les Chambres assemblées, vivement touchée des témoignages d’amour et de bonté que le Roi est venu donner à sa bonne ville de Paris et à tous ses fidèles sujets ; « Considérant combien les derniers actes de zèle et de patriotisme de l’Assemblée nationale ont concouru au succès des déterminations paternelles du monarque pour le rétablissement du calme dans la capitale: « A arrêté que M. le premier président se retirera à l’instant par devers ledit seigneur Roi, à l’effet de lui exprimer la vive reconnaissance de la Cour; et qu’il se retirera par devers l’Assemblée nationale, et lui exprimera le respect dont la Gour est pénétrée pour les représentants de la nation, dont les travaux éclairés vont assurer à jamais le bonheur de la nation. » M. le Président répond : Monsieur, l’Assemblée nationale voit avec plaisir la justice et le respect que le parlement de Paris rend à ses décrets. Le chef de I illustre compagnie qui la première a eu le bonheur et le courage de prononcer hautement le vœu de la convocation des Etats généraux, doit jouir d’une douce satisfaction, en étant introduit dans cette auguste Assemblée. Une des plus essentielles occupations des représentants de la nation sera de faire rendre aux lois le respect auquel est intéressé le bien général et particulier, et ils acquerront par ce succès un titre de plus à la reconnaissance de tous les citoyens honnêtes et vertueux, et particulièrement a celle des tribunaux. La réunion sincère de tous les ordres, l’hommage fait à la chose publique par chacun de nous, des usages jusqu’ici respectés, des opinions anciennes, des prétentions privées, les utiles démarches qui en ont été le résultat, ne doivent laisser aux bous citoyens aucun doute du zèle pur et infatigable avec lequel l’Assemblée nationale est dévouée sans réserve au grand œuvre de l’heureuse régénération de l’Empire, avec lequel elle s’occupe du bonheur de la nation la plus généreuse et du Roi le plus digne de son amour. L’Assemblée nationale y voit encore l’heureux présage que, dans cette grande circonstance, aucune classe de citoyens ne laissera, par des considérations particulières, étouffer en elle le sentiment pur et généreux du patriotisme. M. de H’icolaï, premier président de la Chambre des comptes étant entré, a dit: Admis à l’honneur de paraître devant les augustes représentants de la nation, je me trouve heureux, Messieurs, d’avoir à vous offrir l’hommage des sentiments qui animeut la Chambre des comptes, et dont elle m’avait chargé d’être l’interprète auprès du trône. Rendez le calme à nos Listes foyers; vous [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [23 juillet 1789.] 263 êtes notre espoir : la patrie gémissante vous implore comme des divinités tutélaires. Nos cœurs, notre reconnaissance décernent déjà la palme du patriotisme à vos vertus, à votre courage; couronnez vos travaux; et puisse le bonheur public être bientôt votre ouvrage et votre récompense! La Chambre des comptes, Messieurs, a l’honneur de vous proposer par ma voix, tous les renseignements qu’elle pourra vous donner, lorsque vous vous occuperez des linances. On fait lecture de l’arrêté qui a été déposé sur le bureau, et qui est conçu ainsi qu’il suit: Du 18 juillet 1789. — ■ « La Chambre, sur le récit de ce qui s’est passé hier, a arrêté que M. le premier président ira, dans ce jour, porter au pied du trône ses respectueuses félicitations sur le rétablissement du calme dans la capitale, que l’on doit à la loyauté et à la présence du Roi. « La compagnie se repose sur !e premier président, pour exprimer dignement les sentiments qui l’animent; elle le charge de faire part de son arrêté à l’Assemblée nationale, et de lui offrir l’hommage de tous les renseignements qu’elle peut lui donner, lorsqu’elle s'occupera des Finances. « Arrête en outre que deux de MM. les conseillers-maîtres se transporteront incessamment à l’IIôtel-de-Ville, pour remettre à MM. de la commune une copie de la présente délibération. » M. le Président répond : L’Assemblée nationale reçoit avec satisfaction l’hommage de la Chambre des comptes. Le bonheur ‘de la nation est le seul vœu des représentants de la nation; c’est le seul but de leurs travaux. Elle voit dans l’offre des renseignements sur les Finances que lui fait la compagnie que vous présidez, une nouvelle preuve de son désir de se rendre utile il l’Etat. L’Assemblée nationale y aura recours avec confiance, et ne doute pas d’y trouver les moyens de servir le désir impatient dont elle est animée de terminer l’ouvrage important du rétablissement des finances. A la suite de ces deux députations, on en annonce une de la cour des aides . M. de Paule Barentin, premier président de cette cour, entre, et remet un arrêté sur le bureau; il prononce le discours suivant: Messieurs, la cour des aides, créée par la nation assemblée, croirait manquer à son devoir le plus sacré, si elle différait à vous offrir l’hommage de son respect. Elle a rempli constamment l’honorable mission qui fut donnée, en 1355, aux généraux des Finances. Tant que son zèle n’a point été arrêté, tant que sa voix n’a point été étouffée par les ennemis du bien public, les peuples ont été heureux; mais ces jours fortunés se sont écoulés promptement. Des augmentations d’impôts, une répartition arbitraire, des extensions abusives, des vexations de tous les genres, tout présentait, depuis long-j temps, un désordre qui ne pouvait subsister. Toujours Frère de son illustre origine, la cour des aides n’a jamais cessé d’invoquer l’Assemblée de la nation à qui elle devait son existence: ce vœu fut le premier dont elle osa frapper les oreilles d’un jeune Roi avide de la vérité tant qu’il ne consulta que sou cœur. Les maux publics ont été portés à leur comble par les ennemis de la patrie; un nouveau cri s’est fait entendre: la France n’a vu de remède à ses malheurs que dans l’Assemblée de la nation; ses vœux enfin ont été exaucés; la force de la nécessité a brisé les obstacles qu’on a semés sur cette heureuse convocation ; et tous les Français, à travers les nuages qui couvrent encore notre horizon, croient entrevoir ici le soleil de la félicité publique. La cour des aides, Messeigneurs , unit sa voix à celle de tous les citoyens patriotes. Elle ne vient point, par rna bouche, vous offrir ses lumières et ses services; elle attendra les ordres de cette auguste Assemblée, lorsque s’occupant du soulagement des peuples, elle daignera descendre dans les détails des impositions, des perceptions, des répartitions, et enfin de la législation qui régit ces différents objets: heureuse que vous daigniez sanctionner l’estime publique qui a toujours marché à ses côtés, parce qu’elle a toujours suivi la route du devoir et de l’honneur. Qu’il me soit permis aussi, Messeigneurs, de regarder comme le plus beau jour de ma vie celui où j’ai l’honneur d’être l’organe de la cour des aides auprès de cette auguste Assemblée; elle devient d’autant plus chère à la nation, qu’elle vient de cimenter l’amour du Roi pour ses peuples et leur fidélité à sa personne sacrée. Elle m’a chargé, Messeigneurs, de vous témoigner son respect et de vous offrir ses remer-cîments sur les mesures que votre sagesse et votre fermeté vous ont inspirées pour concourir au rétablissement de la paix dans la capitale: c’est l’objet principal delà mission dont ma compagnie m’a honoré, et de son arrêté que je demande la permission de remettre sur le bureau. Lecture est faite de l’arrêté de cette cour ainsi qu’il suit: « Ce jour, les Chambres assemblées, la cour a arrêté que M. le premier président se reiirera dans le jour par devers l’Assemblée nationale, à l’effet de lui témoigner son respect et lui offrir ses remercîments sur les mesures que sa sagesse et sa fermeté lui ont suggérées pour concourir au rétablissement de la paix dans la capitale. « Signé : VIVIEN DU GOUBERK. » M. le Président répond: L’Assemblée nationale se rappelle avec satisfaction que la cour des aides doit son origine au vœu national exprimé par les Etats généraux de ce royaume ; elle reçoit avec plaisir le témoignage de son respect et l’offre des renseignements qu’elle fait par votre organe; elle me charge, Monsieur, de vous en donner l’assurance. L’Assemblée a paru voir avec satisfaction ces différentes députations: elle a applaudi aux discours qui ont été prononcés. Un membre rend compte à l'Assemblée des scènes tragiques qui se sont renouvelées hier à Paris, dont MM. Foulon et Berthier ont ôté les malheureuses victimes. De nouveaux troubles agitent la capitale; les divers districts sont divisés entre eux d’opinions et d’intérêts. M. de Iially-Tollendnl. Messieurs, un jeune homme éploré est entré ce matin chez moi, s’est précipité à mes pieds m’embrassant les genoux : « 0 vous, Monsieur, qui avez passé votre vie à pleurer un père, à réhabiliter sa mémoire, par ce nom sacré, Monsieur, intercédez pour moi auprès