SÉANCE DU 20 THERMIDOR AN II (7 AOÛT 1794) - N° 1 299 Saint-Just, monstres ! Vous ne nous parliez de la liberté du monde que pour nous mettre dans les fers. Vos cœurs étoient corrompus. La vertu, la justice n’étoient que sur vos lèvres, le vice règnoit au fond de vos âmes, et votre éloquence perfide ne servoit qu’à nous tromper. Il est donc vrai que la patrie vient d’éprouver les plus grands dangers. Les jours de ses représentants ont été menacés. Les assassins avoient aiguisé leurs poignards. Une commune abominable avoit préparé l’antre du crime dans son sein. Ils étoient prêts à fraper, mais le génie qui veille sans cesse sur les destinées du peuple françois a encore déjoué cette horrible conspiration. Déjà les principaux conjurés n’existent plus, et leurs complices n’échaperont pas à la vengeance nationale. Grâces vous soient rendues, vertueux montagnards, pour la fermeté avec laquelle vous vous êtes conduits dans ces momens d’allarmes. La République est sauvée. Vous avez bien mérité du genre humain. Et toi, peuple de Paris, toi qui vis naître, et qui as maintenu la révolution au milieu des orages qui l’ont si souvent couverte, reçois le tribut d’éloges et de recon-noissance que tu mérite à si juste titre. Que la conduite forcenée d ’Hanriot dirige désormais ta confiance à l’égard de ceux qui occuperont la même place et qui voudroient en abuser pour perdre la République. Que ton énergie soit toujours la même. Placé au centre des grands événemens, ta surveillance doit être continuelle. Le sénat français est sous ta sauvegarde. Tu ne souffriras pas qu’il soit immolé à la rage des nouveaux Cromvel, des triumvirs, des Catilina, et de tous les scélérats qui voudroient s’élever à la dictature. Représentans, vous venez de vous immortaliser. L’univers saura que vous avez juré de mourir au poste où la nation vous a placés, ou de la délivrer de tous ses ennemis. Restez-y constament attachés jusqu’à ce qu’il n’en existe plus sur la terre. Le signal de leur défaite est donné. La grande secousse qui vient d’avoir lieu redoublera l’énergie, le courage de nos guerriers, et bientôt la liberté n’aura plus d’écueils. Quant à nous, nous ne recconoîtrons jamais d’autre gouvernement que le gouvernement républicain, d’autres loix que celles qui émaneront de la volonté générale du peuple, d’autre autorité que la Convention, d’autre point de ralliement que la montagne, qui a, plusieurs fois, sauvé la patrie. Nous jurons, sous la voûte des cieux, nous jurons sur nos armes, en présence et sous les auspices de l’Eternel, dont le peuple françois se plaît à reconnoître l’existence, nous jurons de maintenir l’ordre dans l’intérieur, d’exterminer tous les traîtres, et, s’il le faut, d’abandonner nos foyers pour aller combattre les ennemis du dehors et faire un rempart de nos corps avant qu’ils puissent atteindre nos représentants. Vive la République ! Guerre à mort aux tyrans ! Lescallier (chef de légion), Louis Sazerac (. command ‘ du 3e bataillon), Dervaud (chef d’escadron), L.B. Friens (?) (adjud‘-gal) [et plus de 100 signatures]. p" [La commission centrale de bienfaisance à la Conv.; s.d.J( 1). Citoyens représentants, La commission centrale de bienfaisance, tant en son nom qu’au nom des indigents dont vous lui avez confié les intérests, vient vous exprimer les sentiments d’admiration et la juste reconnaissance qui vous sont dus par la nation entière. Elle est enfin affermie, cette liberté qu’une tyrannie, d’autant plus dangereuse qu’elle était mieux déguisée, menaçait d’annéantir par une horrible conspiration. Vous avez encore une fois sauvé la France, citoyens représentants; votre vigilance a prévu les dangers, dont elle a préservé la chose publique; l’idole est renversée; l’énergie du vrai patriotisme a terrassé l’astucieuse imposture dans cette séance à jamais mémorable et que l’avenir ne retracera qu’avec enthousiasme; depuis cet heureux moment, la vérité et la justice ont repris tous leurs droits. Dignes représentants d’un grand peuple, continuez vos glorieux travaux; ils ont fondé la République; votre courage et vos vertus forceront nos ennemis à la respecter. Vive la République une et indivisible, vive La Convention nationale ! Gastoldy (secrét.). [Les c 118 réunis de la comm. de Vie (2) à la Conv.; Vie. 14 therm. Il] (3). Représentants du peuple, Nous venons d’apprendre tout à la fois la scélératesse et le châtiment de l’exécrable Robespierre et de ses complices. S’il a employé cinq ans à vouloir préparer des chaînes au peuple françois, un seul instant vous a suffi pour l’effacer du sol de la liberté. Qu’ils sachent donc une bonne fois, les traîtres, que toujours votre seul souffle les anéantira. Grâces immortelles vous soient rendues ! Vous venez encorre de sauver la patrie. Nous n’ignorons, ni les dangers que vous ne cessez de courir, ni la reconnoissance que nous vous devons. Un sentiment d’indignation contre ce nouveau Catilina avoit d’abord rempli nos âmes, mais bientôt nous nous sommes livrés à la plus grande joye. Nous avons célébré la chute de tous ces monstres, comme la plus grande conquête pour la liberté, et c’est sur la place publique que, dans l’effusion de leurs cœurs, au bruit du canon et aux sons des instruments, tous les magistrats, les militaires et tous les citoyens, les femmes et les enfants de cette commune, ne formant qu’une assemblée de (1) C 315, pl. 1262, p. 6. (2) Meurthe. (3) C 315, pl. 1262, p. 5. Mentionné par B”, 29 therm. (2e suppl1). SÉANCE DU 20 THERMIDOR AN II (7 AOÛT 1794) - N° 1 299 Saint-Just, monstres ! Vous ne nous parliez de la liberté du monde que pour nous mettre dans les fers. Vos cœurs étoient corrompus. La vertu, la justice n’étoient que sur vos lèvres, le vice règnoit au fond de vos âmes, et votre éloquence perfide ne servoit qu’à nous tromper. Il est donc vrai que la patrie vient d’éprouver les plus grands dangers. Les jours de ses représentants ont été menacés. Les assassins avoient aiguisé leurs poignards. Une commune abominable avoit préparé l’antre du crime dans son sein. Ils étoient prêts à fraper, mais le génie qui veille sans cesse sur les destinées du peuple françois a encore déjoué cette horrible conspiration. Déjà les principaux conjurés n’existent plus, et leurs complices n’échaperont pas à la vengeance nationale. Grâces vous soient rendues, vertueux montagnards, pour la fermeté avec laquelle vous vous êtes conduits dans ces momens d’allarmes. La République est sauvée. Vous avez bien mérité du genre humain. Et toi, peuple de Paris, toi qui vis naître, et qui as maintenu la révolution au milieu des orages qui l’ont si souvent couverte, reçois le tribut d’éloges et de recon-noissance que tu mérite à si juste titre. Que la conduite forcenée d ’Hanriot dirige désormais ta confiance à l’égard de ceux qui occuperont la même place et qui voudroient en abuser pour perdre la République. Que ton énergie soit toujours la même. Placé au centre des grands événemens, ta surveillance doit être continuelle. Le sénat français est sous ta sauvegarde. Tu ne souffriras pas qu’il soit immolé à la rage des nouveaux Cromvel, des triumvirs, des Catilina, et de tous les scélérats qui voudroient s’élever à la dictature. Représentans, vous venez de vous immortaliser. L’univers saura que vous avez juré de mourir au poste où la nation vous a placés, ou de la délivrer de tous ses ennemis. Restez-y constament attachés jusqu’à ce qu’il n’en existe plus sur la terre. Le signal de leur défaite est donné. La grande secousse qui vient d’avoir lieu redoublera l’énergie, le courage de nos guerriers, et bientôt la liberté n’aura plus d’écueils. Quant à nous, nous ne recconoîtrons jamais d’autre gouvernement que le gouvernement républicain, d’autres loix que celles qui émaneront de la volonté générale du peuple, d’autre autorité que la Convention, d’autre point de ralliement que la montagne, qui a, plusieurs fois, sauvé la patrie. Nous jurons, sous la voûte des cieux, nous jurons sur nos armes, en présence et sous les auspices de l’Eternel, dont le peuple françois se plaît à reconnoître l’existence, nous jurons de maintenir l’ordre dans l’intérieur, d’exterminer tous les traîtres, et, s’il le faut, d’abandonner nos foyers pour aller combattre les ennemis du dehors et faire un rempart de nos corps avant qu’ils puissent atteindre nos représentants. Vive la République ! Guerre à mort aux tyrans ! Lescallier (chef de légion), Louis Sazerac (. command ‘ du 3e bataillon), Dervaud (chef d’escadron), L.B. Friens (?) (adjud‘-gal) [et plus de 100 signatures]. p" [La commission centrale de bienfaisance à la Conv.; s.d.J( 1). Citoyens représentants, La commission centrale de bienfaisance, tant en son nom qu’au nom des indigents dont vous lui avez confié les intérests, vient vous exprimer les sentiments d’admiration et la juste reconnaissance qui vous sont dus par la nation entière. Elle est enfin affermie, cette liberté qu’une tyrannie, d’autant plus dangereuse qu’elle était mieux déguisée, menaçait d’annéantir par une horrible conspiration. Vous avez encore une fois sauvé la France, citoyens représentants; votre vigilance a prévu les dangers, dont elle a préservé la chose publique; l’idole est renversée; l’énergie du vrai patriotisme a terrassé l’astucieuse imposture dans cette séance à jamais mémorable et que l’avenir ne retracera qu’avec enthousiasme; depuis cet heureux moment, la vérité et la justice ont repris tous leurs droits. Dignes représentants d’un grand peuple, continuez vos glorieux travaux; ils ont fondé la République; votre courage et vos vertus forceront nos ennemis à la respecter. Vive la République une et indivisible, vive La Convention nationale ! Gastoldy (secrét.). [Les c 118 réunis de la comm. de Vie (2) à la Conv.; Vie. 14 therm. Il] (3). Représentants du peuple, Nous venons d’apprendre tout à la fois la scélératesse et le châtiment de l’exécrable Robespierre et de ses complices. S’il a employé cinq ans à vouloir préparer des chaînes au peuple françois, un seul instant vous a suffi pour l’effacer du sol de la liberté. Qu’ils sachent donc une bonne fois, les traîtres, que toujours votre seul souffle les anéantira. Grâces immortelles vous soient rendues ! Vous venez encorre de sauver la patrie. Nous n’ignorons, ni les dangers que vous ne cessez de courir, ni la reconnoissance que nous vous devons. Un sentiment d’indignation contre ce nouveau Catilina avoit d’abord rempli nos âmes, mais bientôt nous nous sommes livrés à la plus grande joye. Nous avons célébré la chute de tous ces monstres, comme la plus grande conquête pour la liberté, et c’est sur la place publique que, dans l’effusion de leurs cœurs, au bruit du canon et aux sons des instruments, tous les magistrats, les militaires et tous les citoyens, les femmes et les enfants de cette commune, ne formant qu’une assemblée de (1) C 315, pl. 1262, p. 6. (2) Meurthe. (3) C 315, pl. 1262, p. 5. Mentionné par B”, 29 therm. (2e suppl1).