254 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE cherchaient à s’envelopper, on appercevait toute l’horreur du crime. Vous les avez terrassés encore une fois et votre énergie nous promet des destinées dignes des beaux jours de Sparte et d’Athènes. Continuez, législateurs, anéantissez les ti-rans, terrassez les factions, et le monde entier qui devra sa liberté au peuple français n’oubliera pas que les représentans de ce peuple en ont été les artisans, et vous vivrez dans la mémoire des hommes comme ces héros de l’antiquité que nous n’avons pu nous empêcher d’admirer sour la verge même du despotisme et l’empire des préjugés (1). Mention honorable, insertion au bulletin (2). c [Les admin du distr. de Neuville ( 1), à la Conv.; Neuville, 18 therm. II] (3) Citoyens représentans, un nouveau Catilina s’étoit élevé parmi vous. Dévoré d’une soif secrète il marchoit au pouvoir suprême par les sentiers détournés d’un patriotisme simulé; une municipalité rebelle sonnoit le tocsin de la révolte contre la volonté nationale; la liberté étoit menacée, les patriotes étoient opprimés, le peuple français alloit perdre en un jour le fruit de 6 années de sacrifices. Votre perspicacité, à travers du masque de l’imposture, a sçu découvrir l’homme ambitieux, votre courage a fait justice des traîtres, grâces vous en soient rendues. Pour nous, toujours attachés à l’autorité nationale, nous ne connoîtrons jamais les individus; toujours en garde contre toute espèce d’idolâtrie, nous ne serons esclaves que des loix émanées d’elle. Notre devise sera dans tous les tems : Vive la République, vive la Convention nationale ! R. Lannier ( présid .), Guérin (ve présid.), Clot-tereau, La vie, Desnoyer, Druilhes ( agent nat.), Lavinnier-Lanson. Mention honorable, insertion au bulletin (4). d [L’adminn du distr. de Mirande (5) à la Conv.; arrêté en conseil permanent le 18 therm. Il] (6) Citoyens représentants, A la nouvelle de l’affreuse conspiration que vous venés de déjouer, nos cœurs se sont d’abord livrés à l’indignation, mais les sentiments d’admiration et de reconnoissance que (1) La présente certifiée conforme : Foucquez, Débon-neau, secrétaire. (2) Mention marginale du 1er fruct. signée P. Barras. (3) C 319, pl. 1299, p. 3. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl1). (4) Mention marginale du 1 er fruct. signée P. Barras. (5) Gers. (6) C 319, pl. 1299, p. 4. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl1). nous ont inspiré votre courage et votre énergie ont bientôt succédé à ce premier mouvement. Quels sont donc ces hommes, ou plutôt ces monstres, qui vouloient substituer leur volonté à la volonté nationale, qui regardoient leur patrie comme une proye et la République comme un domaine, qui dévoient leur appartenir ? Quoi, sélérats, vous prétendiés, à l’aide d’une réputation usurpée, donner des chaînes au peuple le plus libre de l’univers ! Pensiés-vous donc que depuis 4 ans il eût versé son sang et bravé tous les fléaux de la guerre pour se donner des maîtres et relever un trône sur le pied destal de la liberté ? Croyés-vous faire courber sous votre joug un peuple fier et courageux qui fait trembler tous les rois de l’Europe ? Les monstres, ils ne voyent dans la révolution qu’une représentation pragmatique dont ils croyoient pouvoir changer la seine (sic) au gré de leur coupable ambition, comme un acteur change les décorations d’un théâtre au gré de ses désirs. Mais la liberté se rit de leurs efforts impuissants. La République sera impérissable comme elle et se lèvera triomphante sur les cadavres des traît[r]es et des oppresseurs. Avec quelle astucieuse perfidie n’avoient-ils pas cependant ourdi leurs complots ! Ils s’étoient couvert des masques les plus séduisants pour mieux tromper le peuple. On les entendoit continuelement parler de vertu et leurs cœurs nourrissoient les plus noirs des crimes; ils invoquoient sans cesse la divinité mais s’étoit pour l’outrager, car il ny a que les hommages de l’homme juste et vertueux qui sont dignes d’elle; ceux de l’homme criminel lui sont des outrages. Ils parloient de modestie et leurs cœurs étoient pétris d’orgueil; ils ne voyoient qu’eux dans la République et vouloient s’attirer des hommages qui n’appartenoient qu’à la liberté. En cela ils n’ont fait que suivre la marche de tous les factieux. C’est ainsi par exemple que Brissot et ses complices assuroient qu’ils vouloient l’indivizibilité de la République lorsqu’ils tâchoient de la fédéraliser; que Du-moulies (sic) profitoit de son attachement au gouvernement républicain tandis qu’il me (sic) visoit le rétablissement de la royauté; c’est ainsi enfin que Chaumette parloit en faveur de la liberté des cultes tandis qu’il cherchoit à établir le dogme intollérant de l’athéisme. Mais vous avés déjoué tous ces complots par votre sagesse et votre énergie; vous venés de sauver encore une fois la liberté en faisant tomber les têtes des monstres qui vouloient attenter à la souveraineté nationale. Et par là vous vous êtes acquis un titre de plus à la reconnoissance du peuple et à l’immortalité. Puisse cette terrible leçon de justice et de sévérité effrayer tous les conspirateurs et déjouer les coupables projets de tous les enemis de la liberté ! Puisse cet acte d’une injuste rigueur être le dernier que vous ayés à exercer contre les membres de la représentation nationale ! Puisse-t-il enfin corriger la nation française de cest angouement dangereux auquel elle se laisse trop facilement entrener à l’égard des hommes qui ont acquis de la célébrité ! Peuple fier et jaloux, apprends à n’estimer jamais que la vertu et à n’idolâtrer que la liberté.