[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j Jé3>rel793 79 inauguration des arbres de la liberté et de la fraternité, il a dit : « Premier emblème de notre liberté, arbre que nous vénérerons à jamais, crois, élève tes rameaux majestueux dans les airs; qu’ils publient nos serments de vivre libres ou mourir. Dis que la face de l’univers va changer, que tous les tyrans tomberont, que l’homme a reconquis irrévoca¬ blement sa grandeur, sa dignité première, qu’il est désormais aussi parfait que lorsqu’il sortit des mains de l’auteur de tous les êtres; dis qu’il a oublié tous les temps pour ne se sou¬ venir que de l’époque de sa liberté; dis enfin que le vrai, que le beau, le juste, auront seuls droit sur son cœur; que l’égalité et la liberté sont le centre de tons ses désirs et de toutes ses pensées. « Elève de l’égalité et de la liberté, arbre chéri de la fraternité, porte aussi ton front dans les airs, annonce à l’univers que la France ne forme qu’une famille, est un peuple de frères, et que bientôt il en sera de même du monde entier. » Les autorités constituées ont aidé à enterrer l’arbre de la liberté. Elles ont donné l’accolade fraternelle à l’arbre de la fraternité, en expri¬ mant que c’était pour tous nos frères les sans-culottes de la République. On a dansé la Carmagnole autour des arbres sacrés, chanté l’hymne de la liberté, suivi des couplets patriotiques. Alors tous les citoyens ° o nfo ndush épét aient sans cesse : Vive la liberté! Vive la République! Vive la Montagne ! La fête s’est terminée par un autodafé de titres féodaux et du monstre Mirabeau donné par le citoyen Bordier, par une illumination et des danses. Les autorités constituées se sont retirées dans le même ordre qu’elles étaient parties. Ducloux, maire; Tesmoing, Madoc, Mer¬ cier, officiers municipaux; B ou te vill ain , procureur cle la commune; Moyse, secré¬ taire-greffier. La Société, en conséquence de ces précédents arrêtés, arrête, d’après l’invitation de la municipalité, que le présent sera signé par les membres du bureau de ladite société. Bordier, président; Brouet, vice-prési¬ dent ; Marti y, secrétaire; Bavinier-L ans on, secrétaire. La Société populaire de Saint-Calais, départe¬ ment de la Sarthe, invite la Convention à rester à son poste jusqu’à ce que le gouvernement soit solidement établi. Insertion au « Bulletin » (1). Suit V adresse de la Société populaire de Saint-Calais (2). La Société populaire de Saint-Calais, département de la Sarthe, à la Convention nationale. « De Saint-Calais, le 16 brumaire de l’an II de la République fran¬ çaise, une et indivisible. « Citoyens législateurs, « Il ne vous a pas fallu quarante ans, comme (1) Procès-verbaux de la Convenlion , t. 27, p. 42. (2) Archives nationales, carton C 286, dossier 835. au législateur Moïse, pour conduire le peuple français à la terre promise, une seule année vous a suffi pour arriver à ce terme heureux. Les fou¬ dres et les orages se sont brisés contre la Mon¬ tagne, et le code sacré du bonheur des Français ou plutôt de tous les hommes, en est sorti scellé du sceau de la philosophie et de la sagesse hu¬ maine. Mais ce n’est point assez, citoyens légis-, lateurs, de nous avoir montré la terre promise ; il faut nous en mettre en possession. Restez donc à votre poste jusqu’à ce que le grand œuvre que vous avez fait pour notre bonheur soit af¬ fermi, et que nous puissions en goûter les fruits en paix. « Le grand et terrible exemple que vous avez donné à l’univers entier, en livrant au glaive de la loi les membres mêmes de votre sein qui s’opposaient au salut du peuple, doit faire trem¬ bler tous les ennemis de la République et les faire rentrer dans le néant. « Conservez donc cette attitude imposante qui frappe de terreur nos ennemis, et qui im¬ prime à notre République un caractère de gran¬ deur qui la fera respecter de toutes les puis¬ sances étrangères. « Bollé, président de la Société populaire de Saint-Calais, département de la Sarthe, district de Saint-Calais; Blavette, secré¬ taire; Charles Latousche, secrétaire. » Le citoyen Voilier écrit de Mouzon, qu’aidé d’un gendarme national, dont il ignore le nom, il a découvert 4 émigrés. Cette découverte a en¬ richi le trésor national de 7 à 8,090 livres et purgé la République de 4 monstres. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du citoyen Voilier (2). « Citoyens, « Persuadé qu’il est du devoir d’un républi¬ cain de ne point épargner la gente aristocratique, j’ai, sur le. rapport qui m’a été fait de l’inci¬ visme de M. Quoê, ex-avoué de Sort-le-Château (Solre-le-Château), examiné scrupuleusement sa conduite et ayant trouvé que la loi contre les émigrés pouvait l’atteindre, j’en ai sollicité l’exécution auprès de la municipalité du lieu, qui a fait droit à ma demande. Sur-le-champ, 100 pièces de 24 livres ont été versées dans les coffres de la République par le père de l’accusé, et M. Quoë fils a été déclaré émigré. Cette dé¬ couverte a éveillé la justice de la municipalité qui, après un examen sévère de la conduite des habitants de Sors-le-Château, a été obligée de convenir que M. Quoë n’était pas le seul cou¬ pable. Trois autres ont subi le même sort, en sorte qu’en un jour, le Trésor national s’est trouvé enrichi de 7 à 8,000 livres, et ce sol de la liberté purgé pour jamais de quatre de ses ennemis qu’une coupable ou aveugle indulgence avait laissés impunis. « Salut et respect. « Vollier, professeur de langues, « Mouzon, ce 7e jour de la lre décade du (1) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 27, p. 42. (2) Archives nationales, carton C 286, dossier 835. 80 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j rL li'!mair,e anJJ J 17 décembre 179; second mois de la 2e année de la République, une et indivsible. « J’observerai qu’un citoyen gendarme dont j'ignore le nom a partagé avec moi l’honneur de cette découverte, » Les autorités constituées de Lesmont écrivent que, sur une population de 500 individus dont cette commune est composée, elle a fourni 51 dé¬ fenseurs à la patrie; et, quoique frappée de sté¬ rilité depuis cinq ans, elle a déposé 3,000 livres sur l’autel de la patrie. Elle invite la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des autorités constituées de Les¬ mont (2). La commune de Lesmont, aux citoyens représen¬ tants du peuple français. « La commune de Lesmont, chef-lieu de can¬ ton de l’Aube, qui n’a de population effective que 500 individus, a fourni 51 hommes pour la défense do la République, ce qui revient au 10e do sa population individuelle. « Si toutes les communes étaient animées du même esprit et fournissaient des défenseurs à la patrie dans la même proportion, sur 25 mil¬ lions d’êtres, nous aurions 2,500,000 combat¬ tants. « Chaque commune peut cependant faire le même effort ; il s’ensuit que nous avons beaucoup de ressources et que la cause de la liberté doit triompher. « Les citoyens de Lesmont ont tâché de ré¬ pondre par des sacrifices pécuniaires au géné¬ reux dévouement de la jeunesse; la stérilité absolue de leurs vignes pendant cinq ans ne les a pas empêchés de faire un sacrifice de 3,000 li¬ vres; ce sont des Spartiates austères et laborieux qui réparent ces offrandes par des privations. « Continuez, braves représentants, l’exercice de vos pénibles et importantes fonctions jusqu’à l’affermissement de la République, c’est le vœu de toutes les communes du canton, qui ont imité le chef -lieu. « Agréez l’expression de notre sincère recon¬ naissance. « Les officiers municipaux, juge de paix et as¬ sesseurs de Lesmont, « Massez, maire; Pertuizot, juge de paix; C. Michaut; Bourcier; Prévôt; P. Mi-ch aut; Thomas; Cousin, procureur de la commune. « A Lesmont, le 5e jour du second mois de l’an II de la République une et indivisible. » Les administrateurs du département de Seine-et-Marne envoient les glands d’or de leur ban¬ nière qu’ils ont brûlée. Ils demandent en échange du fer pour armer les défenseurs de la patrie; 10,000 sont prêts à marcher pour la cause de la liberté, mais 8,000 sont sans armes. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 43. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 812. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 43. Suit la lettre des administrateurs du départe¬ ment de Seine-et-Marne (1). Les administrateurs du département de Seine-et-Marne, à la Convention nationale. « Melun, le 24 brumaire de l’an II de la République, une et indivisible. « Nous avons brûlé la bannière de notre dé¬ partement qui aurait pu servir aux ennemis de la République, une et indivsible, de signe impie de fédéralisme; il nous en reste les glands d’or qui y étaient attachés, ornements dont le pouvoir monarchique couvrait toujours tout ce qu’il exposait aux regards du peuple. Nous vous les envoyons pour en tirer un parti plus utile au profit du peuple à cause de leur valeur. Ce n’est point assez que de tous les points de la République l’or et l’argent arrivent au Trésor national, il faut encore armer du fer vengeur nos jeunes citoyens de la première réquisition, 10,000 sont levés dans notre département pour défendre la cause de la liberté, mais 8,000 sont sans armes et brûlent du désir de se mesurer avec nos ennemis. Vous ne pouvez plus longtemps retarder leur impatience. Paris, dans ce mo¬ ment, offre le spectacle le plus révolutionnaire par rétablissement de nombre de forges pour la fabrication des armes; elles doivent produire mille fusils par jour. Nous devons donc vous faire connaître la quantité de ceux nécessaires à armer nos volontaires et en solliciter auprès de vous le plus prompt envoi. « Ne perdez pas un instant pour porter le dernier coup ; le fanatisme est détruit dans notre département, il ne divise plus l’intérieur par ses moyens perfides, nombre de prêtres vien¬ nent journellement abjurer leur erreur et livrer aux flammes le titre honteux de leur charlata¬ nisme. « Les membres de V Administration du dépar¬ tement de Seine-et-Marne. » (Suivent 9 signatures.) La Société populaire de Saint-Girons écrit qu’à la nouvelle de la destruction de la Vendée, elle a célébré une fête en l’honneur de la liberté. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre de la Société populaire de Saint-Girons (3). La Société populaire de Saint-Girons, à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Après avoir appris la grande nouvelle de la destruction de la Vendée, qui consolide à jamais les fondements de notre liberté, nous avons ressenti le tressaillement de la joie la plus vive; l’ardeur de nos braves citoyens a ac¬ quis un nouveau degré, nous sommes tous prêts à porter la mort chez les tyrans ennemis des peuples, et à ne rentrer dans nos foyers qu’après (1) Archives nationales, carton C 284, dossier 823. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 43. (3) Archives nationales, carton G 286, dossier 835.