SÉANCE DU 2 FRUCTIDOR AN II (19 AOÛT 1794) - N° 1 281 h [Le c. de surv. révol. de la comm. de Romoren-tin (1), à la Conv.; Romorentin, 7 therm. Il] (2) Liberté, égalité, ou la mort ! Citoyens représentans, A la lecture des nombreuses et éclatantes victoires que les armées de la République viennent de remporter sur les tirans et leurs lâches satellites, nous avons éprouvé la joie la plus vive. Tant de succès et de triomphes sont dus à la valleur de nos soldats; nous les devons plus particulièrement encore à vos soins et aux mesures fermes que vous employez sans cesse pour le bonheur de tous les Français. Continuez, sages législateurs, vos glorieux travaux; vous acquérez tous les jours de nouveaux droits à notre reconnoissance. Restez fermes à votre poste jusqu’à ce que le dernier des tirans soit annéanti. Comptez sur nous, comptez sur de vrais républicains qui vous seconderont de tout leur pouvoir et verseront s’il le faut jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour le maintien de la liberté et de l’égalité. Beaumont, Frottier, Delatremblais, Bonser-gent, Diais et une signature illisible (3). i [Le c. de surv. et révol. de la comm. et con d’Yssingeaux (4), aux c ns représentans du peuple français à la Conv.; Yssingeaux, 23 therm. II] (5) Liberté, égalité, ou la mort ! Citoyens représentans, L’énergie qui vous a toujours cara[c]térisé et votre œuil toujours surveillant ont enfin découvert les attentats les plus noirs; des nouveaux tirans qui vouloient s’élever par leurs sourdes intrigues ont enfin pu échapper à votre vigilance : nous pourrons dire que si les fameuses journées des 14 juillet et 10 aoust (stille esclave) terassèrent le despotisme, si celle du 21 janvier tua la tirannie en frappant le tiran, en dévoilant les trames infernales des ses suppôts, celle du dernier n’est pas moins intéressante, elle a frappé du glaive de la loy Robespière, cet homme qui, sous l’ombre des sentiments soutenus depuis la révolution et les plus purs, avoit sçu en imposer au point de prétendre à devenir le tiran absolu. (1) Loir-et-Cher. (2) C 319, pl. 1300, p. 6. Mentionné par Bin, 3 fruct. (suppl1). (3) Mention marginale : Renvoyé à la commission des dépêches par le comité de pétition et de correspondance le 11 therm. II. Signé Cordier. (4) Haute-Loire. (5) C 319, pl. 1300, p. 4. Mentionné par B “, 3 fruct. (suppl1). Mais si le bonheur a fait échouer ses noirs projets, si sa puissance, si sourdement contestée a été anéantie, que ne devons-nous pas faire pour observer tous les intrigans qui, sous un dehors vif et imposant, possèdent les sentiments les plus impurs ! Oui, citoyens, vous l’avez déjoué, cet homme et ses suppôts, vous avés déployé une énergie prompte, vous avés sauvé la patrie, nous avons le bonheur de vous posséder et la République triomphera. Grâces donc soient rendues à votre génie tutélaire, les projets sinistres des décemvirs ont été renversés, les tentatives qu’ils ont fait pour perdre la patrie ont contribué à la sauver. Elles seront dans l’istoire un monument éternel de honte élevé à leur crime et à leur forfait. Oui les lâches ne passeront à la postérité que par le véhicule de leurs intrigues et de leurs complots avortés. Que n’avons-nous le sombre pinceau d’Young pour crayonner avec des couleurs fortes et hardies les trames criminelles ourdies dans l’ombre par les vils oppresseurs de la patrie ! Nous les employerions avec le même carra[c]tère qui nous porte à vous témoigner la part que nous avons pris aux dangers où vous avoit réduit le scéllérat Robespière, et la satisfaction que nous avons ressenti du triomphe absolu que votre énergie vous a procuré et à tous les vrays républicains. Veuillés donc, citoyens, continuer vos pénibles travaux. Surveillés sans cesse les projets, et ne pas perdre de vue surtout tous les intrigans qui n’ont de républicanisme que dans la bouche, et ne craignent pas de compromettre l’innocent pour parvenir à leurs noirs projets; et nous jurons que, de notre côté, nous fairons notre possible à vous seconder à découvrir tous les ennemis de la République. S. et F. Les membres composant le comité de surveillance d’Yssingeaux : Réséda Dayral, Oudin, Joubert ( présid .), Berjat, Jamond, Gential, Farandon. j [Les membres composant le c. de surv. révol. de la comm. d’Agen (1), à la Conv.; Agen, 22 therm. II] (2) Législateurs, Une nouvelle révolution vient de s’oppérer dans le sein de la Convention nationnalle. Des monstres se couvrant du manteau du patriotisme préparoient des fers aux républicains français ! Des fers à qui ? A des Français ! Et ils ont pu croire un moment pouvoir paraliser l’énergie républicaine ! Et ils ont pu douter que tous les Français sont prêts à s’armer d’un poignard pour percer le sein du premier scélérat qui auroit la témérité de s’ériger en maître ! Qu’ils tremblent, leurs coadjuteurs, s’il en existe encore ! Qu’ils aprenent que la liberté est impérissable, que le cri de mort aux tyrans, mort aux ambitieux frappe de toutes parts leurs (1) Lot-et-Garonne. (2) C 319, pl. 1300, p. 2. Mentionné par B‘n , 3 fruct. (suppl l). 282 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE oreilles, qu’ils reçoivent enfin la punition réservée à leurs forfaits ! Législateurs, quel spectacle vous venés de donner à la France, à l’Europe entière ! En abatant les têtes du nouveau Catilina et de ses nombreux complices, vous venés de prouver que la vertu a entièrement remplacé le crime, et que vous êtes toujours debout pour sévir contre les oppresseurs de l’humanité. Pères du peuple, recevés nos félicitations sur l’énergie que vous avés déployée dans les journées orageuses du 9 et 10 thermidor, et sur la joye que vous font éprouver vos nouveaux triomphes. Dutrouilh l’aîné ( présid .), Caussade ( secrét .) et 10 autres signatures. k [La Ie cie des canoniers volont. nat. soldés du départ ‘ du Cantal, aux c"* représentants composant la Conv. nat.; Grenoble (1), 22 therm. II] (2) Liberté, égalité, guerre à mort aux ennemis du peuple souverain ! Citoyens représentants, Pères de la patrie, au bruit des dangers qui ont menacé la liberté et la Convention nationale, nos cœurs ont frémi d’horreur... Non, le crime ne pourra jamais prévaloir sur les vertus. La Montagne triomphera toujours des efforts et des trames ourdies par les monstres qui se font un jeu de l’estime du peuple pour mieux s’abreuver de son sang. Vous êtes là, infati-guables Montagnards. L’œil de la vigilance vous accompagne, et vos vertus arrêtent aussitôt dans leur marche odieuse ceux qui veulent s’élever au-dessus du peuple. Le glaive de la loi frappe les tyrans et purge le sol de la liberté. Plus les dangers ont été grands, plus vous avez montré de force et d’énergie. Restez à votre poste, le peuple vous y a placés, et la République triomphera de tous ses ennemis. Quant à nous, citoyens représentants, nous jurons un attachement inviolable à la Convention nationale. Ce serment ne peut être oublié parmi nous, étant l’emblème de notre guidon et gravé dans nos cœurs. Citoyens représentants, nous vous adressons en même temps la somme de 269 liv. 15 sols, produit d’une collecte faite parmi nous, et nous la destinons à être employée à la construction du vaisseau Le Vengeur qui doit remplacer et immortaliser les braves républicains qui composaient cet équipage, morts si glorieusement pour la cause publique. Ce vaisseau va bientôt voguer sur les mers et va porter la mort à cette race perfide des infâmes Anglais, et sur touts les points, la République sera sauvée. Et, pour ce raliement à la Convention, vive la République, vive la Montagne ! Guillaume ( capitaine commdt), Besse (1er lieut1) et 16 autres signatures (3). (1) Isère. (2) C 318, pl. 1291, p. 7. (3) Mention marginale : Reçu les 269 liv. 15 s. le 2 fructidor. Signé Ducroisi. 1 [Le receveur de l’agence nat. de l’enregistrement et des domaines nat. du distr. de Decize-le-Rocher (1), à la Conv.; Decize, 25 therm. II] (2) Citoyens représentants, Vous avez décrété dans votre sagesse que la probité, les vertus étoient à l’ordre du jour. Oui, c’est sur cette double garrentie que doit reposer le bonheur de la République, celui de l’Europe entière. Vainement le crime travesti sous des formes séduisantes et perfides tenteroit-il d’altérer la pureté de ces principes, tôt ou tard le voile épais dont il s’envelope se déchire, la vérité perce, le coupable se montre tel qu’il est et finit par recevoir le prix dû à ses forfaits. Le glaive national qui ne devoit atteindre et frapper que les têtes coupables étoit devenu un objet de terreur et d’effroi pour l’innocence confondue dans la foulle des personnes véritablement suspectes. Un astucieux machiavéliste, un perfide sous les dheors imposants du bien public, méditoit depuis longtems, dans le sanctuaire même des loix, un sisthème destructeur de tout vrai principe. Combien d’innocentes victimes n’a-t-il pas sacriffié à ses vues ambitieuses ! La proscription ou la mort préludoient déjà les excès auxquels devoit se porter un jour la cruauté de sa perfidie. C’étoit au sein de la représentation natio-nalle que le Catillinat de nos jours, cet autre Cromvel, comme eux les mains dégoûtantes de sang, vouloit se fraiyer une routte à l’hotorité souveraine; mais le génie tutélaire qui veille sans cesse sur les destinées de la République a sçu déranger les plans combinés de cette détestable conjuration. Que sa mémoire et son nom, celui de tous ces coupables complices soyent à jamais en exécration ! Périssent comme eux tous ceux qui tenoient à ce sisthème d’usurpation ! S’il étoit réservé à votre vigilance de démasquer les traîtres, il ne falloit rien moins que le courrage et l’attitude imposante qui ont fait disparoître les dangers dont vous étiés menacés. Puisse un exemple aussi salutaire paraliser les mains paricides qui oseraient porter atteinte à la souveraineté du peuple dans la personne de ses représentants ! Qu’ils sachent, ces lâches conspirateurs, que l’unité, l’indivisibilité et l’authorité suprême de la République reposent essentielement sur le respect dû à la représentation nationale qu’on ne saurait violer impunément. En témoignage des vœux que forme ici le receveur de la régie des biens nationaux du district de Decize, daignez agréer, citoyens représentants, l’offrande de 25 livres qu’il dépose sur l’autel de la patrie pour être offerte à celui qui, le premier, a ozé affronter les dangers lorsqu’il s’est agi d’arrêter les conspirateurs. S’il doit s’honnorer des blessures qu’il en a reçu, je crois devoir à son patriotisme et à son courage ce léger tribut de reconnoissance. S. et F. (1) Nièvre. (2) C 318, pl. 1291, p. 9.