440 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. -I fnov�bre m3U tricts de Laigle et d’ Argentan ne valent pas mieux que les autres. J’en tiens un, et trois autres ne m’échapperont pas. Enfin, je fais de mon mieux et j’agis. « Notre étranger promet de nous faire demain une nouvelle déclaration intéressante pour la République. Après ce nouvel interrogatoire, je le ferai passer au comité de sûreté générale. « Salut et fraternité. « Le Tourneur. » IX. Trieur de la Marne, représentant du peuple, dans les départements maritimes, aux représentants du peuple composant le comité de Salut pu¬ blic (1). « Vannes, le 3e jour du 2e mois de l’an II de la République française. « Nous étions occupés à Brest, citoyens col¬ lègues, à prendre, avec Jean Bon Saint-André et Bréard, les mesures de salut public relatives à la marine, lorsqu’il nous est arrivé un courrier extraordinaire qui nous annonça que les rebelles de la Vendée menaçaient le département du Morbihan, et qu’il était instant d’y faire passer des forces. Mes deux collègues ont pensé que je devais partir sur-le-champ pour Vannes, et re¬ quérir dans les villes que je trouverais sur ma route des gardes nationales pour pouvoir op¬ poser une force imposante aux rebelles. Je suis passé par Landerneau, Châteaulin, Quimper, Quimperlé et Hennebont, et partout j’ai trouvé un grand nombre de citoyens prêts à voler à la défense de Vannes, et je n’ai eu d’autre peine que celle de contenir leur zèle. 1000 hommes et 4 canons sont partis de Brest; des détache¬ ments de Lorient sont aussi arrivés et je compte qu’il y aura sous huit jours environ 3,000 hom¬ mes réunis à Vannes où je suis arrivé le 1er de ce mois. De bonnes nouvelles nous arrivent de la Vendée, mais nous avons été tant de fois trompés sur cet infernal pays, que je n’ai pas cru devoir suspendre la marche des forces qui se portent vers le Morbihan. J’ai fait part de leur arrivée à mes collègues qui sont à Rennes et à Nantes, et au général Rossignol que j’attends aujourd’hui. J’ai d’autant moins balancé à gar¬ der les troupes que le département du Morbihan est un de ceux qui demandent à être le plus surveillés. Toutes les administrations ont con¬ couru aux forces départementales et au fédéra¬ lisme ; le peuple des campagnes est gangrené de fanatisme, et on assure que plus de 200 prêtres réfractaires infectent les campagnes. « Je profiterai de mon arrivée dans le pays pour purger toutes les administrations, mais je suis dans le plus grand embarras pour les rem¬ placements. J’espère pourtant trouver quelques bons républicains dont les principes nous assu¬ reront le pays. Je profiterai du séjour des trou¬ pes pour opérer une régénération et une purga¬ tion complète. « Je suis secondé ici par le jeune Julien que j’y ai trouvé, il se conduit on ne peut mieux (1) Archives du ministère de la guerre , armée des Côtes de Brest , carton 5/13, liasse 2. dans la mission que vous lui avez donnée et il mérite à tous égards la confiance du comité. « Prieur (de la Marne) ; Blavier, secrétaire de la commission. « P. S. Lorient paraît régénéré, c’est un poste important. Tréhouart est à Belle-Isle. » X. Jean-Baptiste Le Carpentier, représentant du peuple, dans le département de la Manche, au comité de Salut public (1). « Valognes, le 4e jour de la 1er décade du second mois, l’an II de la République. « Citoyens collègues, « J’avais le pied dans la voiture pour me rendre à Cherbourg, lorsqu’un courrier extraor¬ dinaire m’est arrivé du département de la Manche, pour me remettre, avec une lettre des administrateurs, copie de celle qu’ils reçurent hier de mon collègue Garnier. Cette dépêche a provoqué une nouvelle mesure que vous trou¬ verez contenue dans-l’arrêté ci -joint. Garnier va marcher contre les rebelles, je vole à Cher¬ bourg. Je réponds sur ma tête de la sûreté de ces côtes. « Le Carpentier. » Arrêté (2). Nous, représentant du peuple, délégué par la Convention nationale dans le département de la Manche; Vu la lettre adressée hier aux administrateurs du département de la Manche par notre collègue Garnier, laquelle écrite de Muneville près la mer, à 10 heures du soir, nous a été transmise au¬ jourd’hui par les mêmes administrateurs, et dont il résulte que selon le rapport fait à notre col¬ lègue, les rebelles qui menaçaient Rennes, avaient tourné cette ville, que même le cri pu¬ blic assurait qu’ils étaient à Pontorson et que ces mouvements annonçaient de leur part l’in¬ tention de se jeter dans le département de la Manche. Considérant que le salut de ce département, comme celui de l’Ille-et-Vilaine et de la Répu¬ blique entière exige que les derniers coups de vigueur soient portés contre les rebelles et qu’il est nécessaire d’employer à cet effet les troupes formées dont nous pouvons encore disposer sans compromettre d’ailleurs la sûreté de nos côtes ; Avons, en vertu des pouvoirs à nous donnés, arrêté ce qui suit : Art. 1«. Le contingent du district de Coutances, levé dans le mois de juin dernier, actuellement orga¬ nisé en bataillon et armé avec une partie des (1) Archives nationales, carton AFii, 268, pla¬ quette 2257, pièce 32. (2) Archives nationales, carton AFii 268, pla¬ quette 2257, pièce 31. [Convention nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j m" 441 fusils envoyés de Caen par les représentants du peuple, partira au plus tôt pour se réunir, sous la direction de notre collègue, à Granville ou à Avranches, aux troupes déjà mises en mou¬ vement contre les rebelles. Art. 2. Attendu que sur les 1,500 fusils envoyés de Caen à Coutances, il en reste encore un certain nombre après l’armement dudit contingent, les administrateurs du département de la Manche sont chargés de convoquer, par la voie la plus prompte, les citoyens de la réquisition du 23 août dans l’étendue du district de Coutances, et d’en former provisoirement un bataillon pro¬ portionné à la quantité des armes restantes, à leurs ressources en casernes et à leurs facultés en subsistances. Art. 3. Ce bataillon réuni, organisé et armé avec toute la célérité possible, remplacera à Coutan¬ ces le bataillon du contingent dont nous ordon¬ nons le départ en l’article 1er. Art. 4. Les administrateurs du département sont in¬ vités à ajouter un nouveau degré à leur zèle pour suffire à tous leurs besoins en subsistances et casernement, et pour concourir, avec les re¬ présentants du peuple, au salut public. Art. 5. Si le danger augmente, le département de la Manche se lèvera tout entier. Valognes, le 4e jour du 2e mois, l’an II de la République. Signé : Le Carpentier. Certifié conforme : Le Carpentier. XI. Garnier de Saintes, représentant du peuple, près l’armée des côtes de Cherbourg, au comité de Salut public (I). « Granville, le 4 du 2e mois de l’an II de la République. « Vous n’ignorez pas, citoyens mes collègues, les progrès que font les brigarfds dans le dépar¬ tement de la Mayenne, ils menacent celui de la Manche, et Vitré est peut-être en ce moment en leur pouvoir. Les secours que j’attendais de Caen ne nous viennent pas et je vous avoue qu’un tel retard nous donne cruellement d’hu¬ meur. « Je vais me rendre demain matin à Avran-(1) Archives du ministère de la guerre, armée des Côtes de Cherbourg, carton 5 /1 7, liasse 2. ches, et là, avec le général Peyre, nous concer¬ terons la marche que nous devrons tenir, je le suivrai dans les différents points où elle devra se porter aussitôt que mes approvisionnements en subsistances et en munitions seront parvenus à Avranches. « Rennes demande nos forces, nous sommes bien disposés à les lui donner, mais nous sommes fort embarrassés de savoir de quel côté nous devons diriger notre marche, celle de l’ennemi ne nous étant pas plus connue que ses projets. « S’il perce dans le département de la Manche, s’il s’assure de plusieurs ports, il peut ménager une descente facile aux Anglais. « On ne sait point encore quelles sont les forces réelles des rebelles, mais ils parcourent des pays où ils ont beaucoup de partisans, et plus ils y stationneront, plus le nombre s’en accroîtra. Il faut donc les serrer de près si vous voulez qu’ils ne puissent ni se grossir, ni multiplier leurs ravages. Le moyen sûr de les exterminer est de faire avancer des forces du côté du Midi et de l’Est. Notre armée victorieuse doit les suivre de près et si elle s’avance vers eux, que du côté de la Sarthe et d’Eure-et-Loir il se forme aussi un noyau de forces, alors ils doivent être pres¬ sés en tous sens, et leur destruction ne sera pas longue. Mais si vous nous abandonnez à nos seuls moyens, nous seroùs incapables de résister, et une seule défaite, en annihilant nos forces, peut à la fois éteindre le courage de nos troupes et briser la digue qui peut les retenir. « Donnez donc les ordres les plus rapides pour qu’il nous arrive des secours tels, qu’en cas d’é¬ chec, une perte puisse être facilement réparée et empêche le succès de l’ennemi de devenir con¬ séquent. Je ne puis pas dire notre détresse à tout le monde, mais elle est extrême en armes, en munitions et en subsistances. Voyez donc ce que vous pouvez faire, mais que votre action soit prompte, car les triomphes tiennent sou¬ vent à la rapidité des mesures. « Je vous fais passer la proclamation que j’ai cru devoir faire pour obtenir à la fois des sub¬ sistances et des chevaux, mais les marchés, mal¬ gré les réquisitions, se garnissent si mal que Granville était sans pain aujourd’hui. « Un bâtiment chargé de grains a été retenu dans notre havre. Le dénuement absolu de l’armée, et la crainte de la voir manquer nous ont réduit à retenir cette cargaison. « Ce bâtiment était chargé pour Brest. J’ai senti tout ce qui pouvait résulter d’inconvé¬ nients d’arrêter cet envoi, d’après la persuasion où je suis que vous avez conçu un vaste système dont il serait dangereux d’entraver l’exécution. Mais entrevoir une armée prête à manquer, ou contrarier des vues politiques et combinées, le choix n’est pas difficile. « Cependant, comme le ministre de la marine demande à cette ville de lui fabriquer du bis¬ cuit et que nous n’avons pas un boisseau de grains pour cet usage, la cargaison va être ainsi convertie, on ne touchera à ce biscuit qu’à la der¬ nière extrémité, et s’il ne devient pas absolument urgent, il sera toujours à la disposition du mi¬ nistre. « On m’a remis la note d’un citoyen, inven¬ teur d’un cheval de frise dont on pourrait tirer le plus grand avantage, si l’exécution répond à ce projet, je vous fais passer le nom et la de¬ meure de ce particulier. .« Salut et fraternité, « Garnier de Saintes. »