[Assemblée nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [14 juin 1791.] 213 blique leur a manqué et ils ont été obligés de payer eet engagement forcé. je demande que chaque commune s’assemble au 1er juillet pour taxer (Murmures.) les moissons, et que les moissonneurs soient mandés à cette assemblée pour convenir des prix avec les propriétaires. M. Démeunier. La rédaction de la loi que le préopinant vous propose, n’est pas aussi facile qu’il le pense. Le comité de Constitution vous présentera, après que vous aurez terminé le Code pénal, un Code municipal et un Code de police correctionnelle. Le comité d’agriculture et de commerce s’est aussi occupé, de concert avec le comité de Constitution, des moyens de réprimer les désordres qui ont eu lieu l’année dernière dans le temps des moissons ; ces moyens font partie d’un plan général de police ruiale qui va être livré à l’impression. Peut-être, relativement aux moissons dans les départements du Nord, pourra-t-on rendre un décret provisoire ayant pour objet de prévenir les désordres dont on vient de parler. Je demande que M. le président soit chargé d’écrire sur-le-champ à t\l. le rapporteur chargé de ce travail, pour savoir s’il peut détacher de son travail général une disposition sur cette matière, disposition, qui deviendrait ensuite partie intégrante du Code rural. (La proposition de M. Démeunier est adoptée.) M. de Saint-Martin. Je m’étonne que le comité de révision ne vous rende pas compte, comme vous l’en aviez chargé, de son travail sur la révision; il est cependant important de savoir si le bruit qui se répand que le comité de révision doit vous faire renverser toute la Constitution, a quelque fondement. Ces bruits alarment les amis de la Constitution et secondent l’espoir de ses ennemis. Pour faire cesser ces alarmes, je demande qu’il soit enjoint à ce comité de se renfermer exactement dans la besogne quilui a été confiée. M. Démeunier, au nom des comités de Constitution et de la révision des décrets. L’Assemblée a désiré connaître le point où sont parvenus en ce moment les comités de Co; stiiution et de révision, dans le travail dont ils sont conjointement chargés. J’observe d’abord que ce travail n’est pas de nature à être aussi promptement terminé que ie préopinant se l’imagine. Avant qie vous fassiez la révision de vos décrets, il vous reste encore beaucoup de choses à terminer : après le Gode pénal judiciaire, vous aurez à vous occuper du Gode municipal, du Code de la police correctionnelle, seul moyen de rétablir Perdre dans les différentes parties du royaume. Vous avez encore à déterminer ce qui concerne les conventions nationales, quelque chose pour le complément du pouvoir exécutif et encore quelques autres partit s . Le comité de Constitution est prêt à donner la dernière main à ces projets ; ii se livrera ensuite entièrement au travail de la révision. Mais, pour satisfaire l’impatience de l’Assemblée, je vais lui montrer comment les deux comilés ont subdivisé leur travail. Je ne répondrai pas aux soupçons du préopinant; car certes il serait trop étrange qu’on recueillît dans les journaux des assertions dénuées de tout fondement, pour accuser les projets et les intentions de vos comités; et il est très notoire que les juurnaux ne s’attachent qu’à calomnier sans cesse et les membres de celte Assemblée et des comités, et que, dès qu’ils peuveut rencontrer un sujet de troubles et d’agitation, ils le saisissent avec empressement. Voici donc comment se sont conduits vos comités de Constitution et de révision; ils ont divisé leur travail entrois parties : 1° Ils se proposent de faire une Charte constitutionnelle dans laquelle iis rédigeront, en un petit nombre d’articles fon lamen'aux, les bases de votre Constitution; en réduisant ainsi e s articles on petit nombre, vous laisserez une plus grande latitude aux législatures, vous augmenterez le nombre de ceux dont vos successeurs pourront corriger les imperfections ; 2° Nous vous présenterons quelques projets de lois, constitutionnelles ou réglementaires, nécessaires, soit pour compléter l’organisation sociale, soit pour donner de l’activité à la législature et au gouvernement; 3° Enfin, nous examinerons si parmi vos décrets purement réglementaires (et j’insiste sur ce mot), si parmi vos décrets purement provisoires, il a’en est pas quelques-uns dont ii serait de votre devoir de corriger les imperfections, ou meme de prononcer l’abrogation. Quant aux bases de notre travail, nous avons pensé que son état fondamental devait ê!re de laisser aux législatures la plus grande latitude, et de renfermer les bases de votre Constitution. dans une Charte constitutionnelle, plus capable, que des décrets isolés, de résister aux orages, aux troubles qui pourront encore suivre la Révolution. Nous avons pensé qmj, pour être resserrés dans celte Charte, plusieurs de ces décrets exigeraient une rédaction nouvelle; mais que, quant à la substance, ils devaient rester les mêmes, quelque forme qu’il fût nécessaire de leur donner. Enlin, vos comités, espérant toujours que vous pourrez achever vos travaux avant même que toutes les élections soient terminées, me chargent de vous prier de vous occuper incessamment, et de vous occuper, sans relâche, de différents travaux constitutionnels qui vous restent à faire. ( Applaudissements .) L’ordre du jour est la discussion du projet d'instruction à envoyer aux colonies. M. Deferanon, au nom des comités de Consti talion, des colonies, de la marine, d' agriculture et de commerce. Messieurs, les instructions pour les colonies, préparées dans votre comité colonial, ont été examinées et discutées avec le plus grand soin dans vos comités de Constitution, d’agriculture et de commerce et de marine; ils y ont fait les corrections qu’exigeaient les principes de votre Constitution et vos derniers décrets sur les colonies. Le résultat de leur travail est un plan de Constitution adopté à la colonie principale, celle de Saint-Domingue, et dans lequel il n’y aura rien à changer,� pour les autres colonies, que le nombre des établissements, etc. Je vais donner lecture de ce document à l’Assemblée. M. Duport. Permeltez-moi, Messieurs, une courte observation. Peut-être le titre d’instruction a égaré l’Assemblée; ici il s’agit d’uu travail en 300 articles. La lecture de ce projet sera très longue, très fatigante et peu fructueuse; il me semble qu’il serait plus utile qu’avant d’être 214 [Assemblée nationale. J ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [14 juin 1791. J mis en délibération, il fût livré à l’impression, pour qu’un put le méditer à loisir et le discuter ensuite article par article. M. Iîefermon, rapporteur. L’Assemblée nous avait ordonné de lui présenter aujourd’hui cette instruction comme extrêmement urgente; et, en effet, les commissaires dont vous avez décrété depuis longtemps l’envoi dans les colonies, ne sont pas encore partis, parce qu’ils attendent des instructions, et que celles-ci, qui feront voir aux colonies que l’Assemblée nationale s’occupe de leur Constitution, sont les meilleures dont on puisse les charger. Je crois donc qu'on ne saurait mettre trop de célérité dans l’envoi de ces instructions. Si toutefois l’Assemblée croit devoir ordonner au préalable l'impression du travail de ses comités et le livrer à la discussion article par article, je n’ai nul motif de m’y refuser. M. de Tracy. Le dernier décret de L Assemblée sur les colonies ayant paru devoir être suivi d’une instruction, et cette instruction ayant éprouvé beaucoup de lenteurs dans sa confection, le même m mbre vous dit que le plan de Constitution était la meilleure instruction que l’on pût envoyer. Cependant, l’Assemblée en jugea autrement, et décréta l’envoi de l’instruction présentée par M. Dupont. Pourquoi cette instruction n'est-elle pas encore envoyée? Pourquoi, dans les bureaux du ministère, comme dans vos comités, fait-on toujours la même réponse? Le plan de Constitution est la meilleure instruction. Pourquoi s’oppose-t-on à renvoi des décrets; surtout à l’envoi des forces qui doivent en assurer l’exécution? Espère-t-on de faire rétrograder l’Assemblée nationale? Je demande que l’on n’attende pas pour le départ des commissaires, et pour l’envoi des décrets qu’ils doivent porter dans les colonies, la discussion, qui peut être très longue, de l’instruction que l’on vous présente aujourd’hui. Et u’abord, c’est une très grande question que de savoir si, ayant donné l’initiative exclusive aux assemblées 'coloniales, nous devons leur faire un plan de Constitution;