SÉANCE DU 3 BRUMAIRE AN III (24 OCTOBRE 1794) - N° 10 17 Vous avez anéanti des factions et des factieux de tous les genres. Il en était qu’un courage moindre que le votre eût craint, envers qui la crainte eût substitué pour ordre du jour la lâcheté sous le titre d’indulgence, à la justice et à la sévérité. Mais non, la France entière n’a qu’à se louer de ses représentans, et la France entière a tout lieu d’espérer que jamais ils ne se deshonnoreront par un pas rétrograde. Tous les dangers ne sont pas encore passés, tous les scélérats ne sont pas exterminés, et semblables au serpent, ils sont plus à craindre à mesure qu’ils sont plus cachés. Toutes les factions ne sont pas anéanties, et sans doute d’après certaines circonstances, il y a tout lieu de croire qu’elles sont prêtes de saisir le premier moment qu’elles croiront favorable pour se manifester. Ce moment serait celui où la désunion parmi vous, si vous pouviez en être susceptibles, laisserait s’en-tr’ouvrir le gouffre horrible, où l’aristocratie, la malveillance et tous les autres partis de scélérats, toujours dans une sourde et noire activité contre nous, cherchent sans cesse à nous plonger. Politiques plus habiles et plus grands que ceux qui veulent contre balancer et détruire par leurs menées secrettes et basses les mesures de votre sagesse, déjouez leurs complots en vous tenant unis d’opinions, tellement que vous soyez quand au moral un tout indissoluble. Agissez au nom du peuple, faites son bonheur, vous seul avez sa confiance, il ne connait que la convention, elle seule est investie de ses pouvoirs, il ne reconnait d’autre pouvoir légitime que le vôtre et pour conserver exclusivement entre vos mains l’exercice de ce pouvoir qu’il vous a confié, il est en masse ou sur la frontière armé contre ses ennemis du dehors, ou dans l’intérieur, le surveillant actif et permanent des hommes perfides qui cherchent à le trahir. Tels sont, citoyens representans, les principes de la société populaire et républicaine de Méréville qui vous adresse des félicitations sur vos travaux glorieux, sur la chûte du triumvirat et d’une infinité d’autres factions que vous avez anéanties. Tous les républiquains qui composent cette société adressent à la Convention l’assurance du plus parfait dévouement et d’obéissance à la loy, le serment inviolable et sacré de n’aimer et ne souffrir que la République une et indivisible et de tout sacrifier ce qui lui est particulier au bonheur de tous et au maintien de la Constitution que vous avez décrétée. Vive la République, vive la Convention, vivent les sans culottes et périssent les traitres et les tirans. Les membres composant le comité de correspondance, archiviste et commisaire adjoints. Perrot, Barrellier, Tersimiere, Ducorat, archiviste adjoint, Baptiste Laudry, adjoint ne sait pas signer. h Les citoyens composant la société populaire de Nantes et les tribunes, à la Convention nationale, le 15 vendémiaire, l’an troisième de la République une et indivisible. Représentans du peuple français, A peine sortis de l’oppression odieuse sous laquelle nous avions si longtemps gémi, environnés de périls chaque jour renaissans, notre énergie s’est accrue en raison de nos dangers; et dans un premier mouvement nous nous sommes empressés d’adhérer à l’adresse de Dijon, qui sembloit satisfaire à toute l’indignation que nous inspirent les ennemis de la République. Citoyens représentans, nous ne pensions pas alors que les factions pourroient s’en servir comme d’un nouveau moyen de perpétuer les troubles qui n’ont que trop longtemps déchiré le sein de la patrie; nous n’avions pas assez réfléchi sur quelques erreurs de cette adresse, qui contrastent, d’une manière trop frappante, avec les sages principes qui vous animent. Dévoués sans réserve à la représentation nationale, nous avons cru devoir vous renouvelle� dans cette circonstance, le serment de la regarder toujours comme le seul centre de tous les pouvoirs, et même de toutes les opinions; comme le seul point de ralliement de tous les vrais patriotes; de la seconder de tout notre pouvoir dans ses travaux immortels, et d’immoler toute espèce de faction à la prospérité publique. Qu’il est doux pour nous, pères de la patrie, de voir qu’en ce moment la justice a succédé à la terreur; que, grâce à vos soins, l’homme a repris son énergie ; qu’on lui a restitué la jouissance de ses facultés physiques et intellectuelles; que le frère peut embrasser son frère; que l’ami peut s’épancher dans le sein de son ami ; que le citoyen, par son industrie, peut faire de nouvelles spéculations pour la prospérité commune ! Citoyens représentans, achevez votre ouvrage... Faites tomber, sous la hache de la loi, des hommes indignes de ce nom, qui, pour satisfaire une barbare cupidité, un instinct féroce, égorgent des femmes enceintes, des enfans à la mamelle : faites disparoître du sol de la liberté ces cannibales qui voudroient dénaturer, dégrader le caractère national, et faire d’un peuple franc, à qui les vertus sociales ont toujours été si chères, un peuple d’anthropophages. Frappez, Législateurs, frappez au nom de l’humanité ; la nature outragée tant de fois demande vengeance; la terre est impatiente de s’abreuver du sang des tigres, qui l’ont si souvent rougie de celui de l’innocent (31). (31) Débats, n° 765, 737-738. Bull., 7 brum. ; Moniteur, XXII, 371.